PROFIL PSYCHOLOGIQUE ◮ On m’a toujours dit que j’étais quelqu’un d’intelligent. Heureusement, parce que j’en ai conscience. Je sais que je ne suis pas un abruti fini, que j’ai un QI pas mal élevé par rapport aux autres. Cependant, je trouve que ça me rend un peu… imbu de moi-même, égocentrique, narcissique… Je ne sais quel mot utiliser pour écrire cette partie de ma personnalité. Disons que j’ai tendance à penser que les autres ne sont pas capables de réfléchir, à peser le pour ou le contre, je les trouve vachement impulsifs et j’ai l’impression qu’ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Si je devais parler de tout ce qui m’empêchait de me dire que j’étais comme les autres, j’écrirais un roman sur la condition humaine, je ne m’attarderai donc pas là-dessus. A l’Université, on disait que j'étais quelqu’un de compétitif et de très dynamique, et c’est ce qu’on m’a confirmé une fois rentré dans la vie active. On m’a également dit être quelqu’un de malin et de déterminé, mais ce n’est pas qu’au boulot. C’est vrai que quand j’ai quelque chose en tête, c’est pas en l’air. Lorsque j’ai un but, je le poursuis jusqu’au bout, et c’est avant tout pour pouvoir avoir quelque chose à faire dans sa vie. Il ne faut pas la gâcher en faisant la larve tous les jours. Il faut savoir en profiter et faire le maximum de choses. Je n’ai pas très envie de regretter le fait que ma vie ait été vide au moment où je m’apprête à rendre l’âme. J’ai envie de mourir en ayant eu une vie riche. Alors du coup, je suis quelqu’un d’opportuniste : dès que l’occasion de faire quelque chose d’enrichissante se propose, je la saisis. Et comme j’aime faire les choses bien, je me qualifierais comme quelqu’un de perfectionniste. Et je trouve qu’avec le fait que je sois observateur et patient dans l’âme, je dois être un atout pour USA Today. Arrêtons de parler de mes traits de caractère au boulot. Disons qu’en dehors de ma vie professionnelle, j’ai tendance à être généreux, à tel point que tous les soirs, je donne un repas au gardien de l’appartement pour lui permettre de faire quelque chose de plus intéressant avec le peu de sous qu’il gagne dans sa misérable vie. Mes connaissances ont tendance à dire que je suis franc. Certaines personnes se vexent parce que je suis un peu trop direct et cru dans mes propos, mais il faut savoir être réaliste. Du côté de ma famille, disons que je suis un peu différent des autres. Tout le monde croit en Dieu, mais moi, je ne crois que ce que je vois. Malgré ce fait, mes parents ont déjà essayé de me faire croire en une certaine idéologie, qui serait quelque chose de semblable à la religion, qui m’imposerait des contraintes pour pouvoir vivre selon des principes qu’on m’aurait imposés mais qui seraient innés depuis toujours chez les hommes. En vain. Mon esprit de libertin a fait que je ne croyais qu’en moi-même, et en les principes que je m’imposais moi-même. J’étais la preuve même que ces « principes innés depuis toujours chez les hommes » étaient du faux. Cependant, j’avais une phobie assez handicapante pour moi la nuit. Je me suis un peu trop mis en avant jusqu’ici, mais il est tant à présent de vous présenter mes faiblesses. J’ai peur que cette religion à laquelle je n’ai pas cru, ce Dieu auquel je n’ai pas cru et ces créatures étant les opposées de Dieu, soient réels. J’ai peur de me tromper, je suis quelqu’un qui a plutôt une grande confiance en soi, mais lorsque je réalise que j’ai tord, je m’enferme quelques temps chez moi pour pouvoir me maudire en paix et faire le point sur moi en me traitant de tous les noms qui veulent dire pareil qu’imbécile. Le problème, c’est que malgré les leçons que je prends quand je me trompe, je ne peux m’empêcher de toujours rebondir et croire que j’ai raison à chaque fois. Lorsque que quelqu’un n’est pas du même avis que moi, j’ai pour habitude de le laisser parler, un peu comme en démocratie, vu que c’est le régime dans lequel on est. Je ne lui dis pas de se la fermer, pour ne pas passer pour un partisan des autocraties, mais ce qui se passe dans ma tête, c’est que je ne l’écoute que partiellement, je reste fixé que mon propre avis, et lorsque j’ai tord, je ne l’admets jamais sur le coup. Il faut dire que je suis un peu mauvais joueur. Oh, je suis désolé, je parle trop. Un vrai bavard quand je m’y mets. Je sais que vous avez autre chose à faire que de savoir comment je me comporte dans la vie réelle, alors juste ne perdez plus votre temps, je vous paye un café pour m’excuser.

CONDITION PHYSIQUE ◮ Tu veux ma photo ? Tiens, et admire ma personne. Tu l’as reçue ? C’est une photo plutôt récente, je l’ai prise il n’y a pas trop longtemps. Comme tu peux le voir, je suis brun, et c’est ma couleur naturelle. Les teintures ? Hors de question, ça ne fait qu’abîmer les cheveux et créer de nombreuses allergies. Alors je m’en méfie. Et puis ça me va très bien d’être brun, c’est une couleur classe, et ça sort de l’ordinaire d’avoir les cheveux bruns quand on a les yeux bleus. Ouais, t’as remarqué toi aussi que j’avais les yeux bleus. En même temps, c’est la première chose qu’on remarque chez moi, j’aurais dû t’en parler avant de te parler de mes cheveux. On m’a toujours dit que ce qui était bien avec moi, c’est que je les faisais très bien ressortir en m’habillant avec des hauts de toutes les nuances de bleu… C’est pas vraiment fait exprès, hasard total si le bleu est ma couleur préférée. Non, te moque pas de mon nez. Il est petit, je sais, t’es pas le premier, et hélas pas le dernier à me faire cette remarque. Oui, je sais aussi que mes oreilles sont petites, j’y peux rien ! Je tiens ça de mon père. C’était un petit homme, physiquement parlant. Je trouve néanmoins que mes lèvres ont une taille adéquate. J’aime bien avoir la barbe de quelques jours. J’ai souvent le menton qui pique du coup. J’ai aussi un semblant de moustache qui va avec, mais pas ce genre de moustache bien opaque qui montre bien que les vieux sont vieux. J’ai toujours trouvé ça moche, une moustache, mais quand j’ai vu que ça ne m’allait pas trop mal, j’ai adopté le style. Pour continuer dans la pilosité, je sais pas si t’as remarqué cette petite touffette de petits poils sous ma lèvre. Ca aussi, ça me va pas trop mal, alors je garde. Je trouve que ça me donne l’air d’un homme, un vrai. Sinon, comme sur cette photo tu ne peux rien voir d’autre que mon visage, et la moitié de mon corps habillé, je vais te décrire comment je suis sous mes vêtements. Je fais de la musculation depuis quelques années à trois pas de chez moi, alors mon corps est plutôt bien entretenu. J’espère juste ne pas arrêter d’un coup et passer au régime chips bière canapé télécommande, je veux pas d’une pastèque dans le ventre. Oh, j’oubliais, tiens. T’as reçu ? C’est une photo de mon tatouage : « Hakuna ♦ Matata ». Hakuna Matata, tu sais ce que ça veut dire, ça veut dire pas de soucis ! Et le losange ou le carreau, comme tu veux, symbolise la famille et la santé. Comme t’as pu le remarquer il est sur le haut de mon dos. Voilà tout. Ah, juste : c’est moi qui ai la plus grosse.

A PREVENIR EN CAS D'URGENCE ◮ MARY FOSTER • (meilleure amie) S’il devait m’arriver quelque chose, j’aimerais que ce soit Mary la première au courant. J’aimerais pas qu’elle s’inquiète si je disparais sans faire signe. Si je meurs, autant lui directement, plutôt que de l’affoler pour ensuite en rajouter une couche avec ma mort. Si j’ai des problèmes et que par chance je meurs pas, autant lui dire aussi, elle serait peut-être soulagée d’apprendre que je n’ai rien de « grave » si elle n’a pas de nouvelles avant, mais je préfère qu’elle soit au courant le plus tôt possible, sinon je passe au hachoir.

ANTHONY DONNER • (supérieur) C’est la moindre des choses de prévenir son supérieur lorsqu’il m’arrive un truc badant. C’est ça, la vie active. Si je suis absent sans motif, ça énerve, et à la longue, je risque d’en payer ma carrière. D’autant plus que je m’entends tout de même bien avec lui, il vaut mieux que je garde une bonne relation avec mon supérieur. C’est une des règles de la vie.

CURRICULUM VITAE ◮ Après avoir obtenu mon bac avec mention très bien, j’ai intégré l’Université de Californie où j’ai pu me spécialiser en journalisme. Après cinq ans d’études, et majeur de ma promotion, j’ai décroché mon diplôme. Après quoi j’ai été embauché par des petits journaux locaux pour faire les critiques du Septième Art. J’ai donc travaillé pendant sept ans pour ces journaux locaux jusqu’au jour où j’ai eu l’occasion d’intégrer l’équipe de USA Today, un journal national. A présent, ça va faire trois ans que je travaille au sein de cette équipe et que je pars récupérer mes informations sur le terrain.

PARCOURS PROFESSIONNEL ◮ Je suis né à Oakland, en Californie, le 8 mars 1980. Mon père américain et ma mère australienne m’ont appelé Eric, et ça fait maintenant trente trois ans que je suis parmi les vivants. Hélas, mes parents ne sont plus de ce monde, eux. Le drame était survenu pendant que j’étais à l’Université, en venant me voir pendant les vacances, ils ont été victime d’un accident de train. Reposez en paix.

Je ne suis pas un mec comme les autres. Je suis né avec une intelligence un peu trop grande à mon goût, je suis désolé, c’est les résultats qui le disent, et je suis loin de m’en vanter. Avec un QI qui atteint presque les 200, il est clair que je ne pense pas du tout comme tous les autres. C’est ce qui m’a causé un dossier volontairement médiocre pendant tout mon lycée –malgré le fait que je me sois rattrapé en terminale– par peur que les autres me prennent pour un intello. Je n’avais aucune envie d’être exclu, et ça, je le voyais que si j’avais des notes qui me correspondaient, j’allais être rejeté. Et moi je dis non merci à une vie comme ça. J’ai donc agi comme les autres voulaient que j’agisse. J’ai fait le pitre et amusé la galerie pendant des années, ce qui me valait d’être intégré.

Ce n’est qu’en 1997, année de ma terminale, que j’ai décidé de changer de comportement. Pourquoi ? On avait un devoir avec comme thème un sujet d’actualité à présenter. Dans les années 1990 à Oakland, une bande de policiers manipulaient les preuves, tabassaient les suspects et falsifiaient les rapports de police. Pour me la jouer un peu original, j’ai décidé de présente ce devoir comme un petit reportage avec toutes les informations que j’ai pu trouver sur internet ou en allant directement me renseigner auprès de policiers qui avaient travaillé sur l’affaire. C’est à ce moment-là que je me suis découvert une véritable passion pour le métier de journaliste et je me suis ressaisi. Mes notes ont augmenté et j’ai décroché mon bac avec une très bonne mention.

Université, me voilà. Je n’allais pas aller trop loin, l’Université de Californie était parfaite. Cinq ans d’études où j’ai pu rencontrer Mary Foster qui est maintenant quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. Cinq ans d’études donc pour finalement obtenir mon master avec journalisme en spécialité. Cette passion pour le journalisme m’a aidé à réaliser qu’amuser les gens juste pour ne pas qu’on me rejette, ça n’allait pas m’ouvrir de grandes portes et je ne pourrais pas faire ce que je veux dans la vie. Elle m’a appris aussi que je devais saisir cette chance d’avoir une grande intelligence pour contribuer à la construction de mon avenir. C’est ainsi que je sortis majeur de ma promotion.

Le diplôme en poche, j’ai vite cherché et trouvé du travail dans des petits journaux locaux. Ma tâche était de faire la critique du cinéma, des longs comme des courts métrages. Mais j’aimais pas ça. Ca me convenait pas. C’était pas intéressant. Moi, ce que je voulais, c’était faire partie d’un journal national et de pouvoir aller sur le terrain interviewer des personnes. Ca, c’était largement plus cool que de rédiger des critiques. En fait, le top, c’était de travailler sur des affaires de meurtres en séries. Glauque, mais tellement plus intéressant d’en savoir plus sur les raisons qui conduisent au meurtre, puis à le refaire encore et encore, les moyens utilisés et la manière d’échapper à la police. Les tueurs en série doivent être vraiment intelligents pour pouvoir élaborer de tels stratagèmes pour passer entre les mailles du filet de la justice. Et ça, ça me fascinait plus qu’autre chose. J’ai tout de même travaillé sept ans dans ce journal local jusqu’au jour où Mary, ma meilleure amie, m’a dégoté un entretien d’embauche aux bureaux de USA Today. En effet, elle travaille dedans, alors c’était plus facile de m’aider. Grâce à elle, j’ai un nouveau job, un job qui me plait et où je m’exploite pleinement. Opportuniste comme je suis, dès que l’occasion se présente, je voyage dans tous les Etats-Unis pour obtenir la moindre petite information sur les sujets que je traite. C’était parfait ! Ou presque… Anthony Donner, mon supérieur, est une personne que j’apprécie. Seulement, j’ai l’impression que ce n’est pas très réciproque. En trois ans, jamais il ne m’a laissé l’exclusivité sur un article, j’ai l’impression d’être là pour décorer, ou tout simplement pour occuper un poste auprès de l’équipe de ce journal. Tout revenait à Mary. J’ai conscience que cette fille a du potentiel, je la connais mieux que quiconque de toutes les façons, mais j’ai beau mettre toutes mes capacités en jeu, je n’ai jamais rien. La question qui se pose est : pourquoi ?