Juliette traversa son appartement en courant, laissant ses livres et ses révisions dans le salon, se rappelant qu'elle devait se rendre à la banque pour retirer un chéquier. Pas qu'elle en avait particulièrement besoin, cependant à sa connaissance, à partir d'un certain temps, si les chéquiers n'étaient pas retirés, ils étaient détruits et il fallait alors recommencer les procédures de commandes. Toujours les procédures et la paperasse, toutes ces choses à respecter et qui prenaient tellement de temps. Du temps, que notre étudiante aurait voulu consacrer à son travail. Peu importe, elle fera d'une pierre trois coups : elle ira à la banque, passera ensuite à la bibliothèque pour rendre les quelques livres empruntés deux semaines plus tôt, puis pour finir fera les courses pour la semaine. Voilà, son planning était fait et si elle ne voulait pas passer son après-midi hors de chez elle, il fallait qu'elle se dépêche.
Elle empoigna rapidement son sac à main et le mit sur son épaule, sortit de l'immeuble et fila avec sa voiture dans le centre ville. Elle réussit à dénicher une place de parking sans trop de peine, ce qui lui permit de retirer son chéquier sans problème pour ensuite passer au supermarché acheter le minimum vital avec son salaire d'étudiante. À vrai dire, elle n'était pas riche. Pourtant, pour rien au monde, Juliette n'aurait changé sa situation. Pour l'instant, tout lui souriait, alors elle accueillait tout ce qui arrivait les bras ouverts sans chercher plus loin. Chacun sa chance, disons. Tout le monde sait très bien que tout peut basculer du jour au lendemain, donc profitons tant que nous en avons l'occasion. Vite fait, bien fait, elle ressortit du magasin avec un sac de courses et s'empressa de le déposer dans le coffre de sa voiture. Elle fit un tour à la bibliothèque comme prévu, rendit ses livres, puis reprit le chemin du retour vers son véhicule.
Machinalement, comme si elle connaissait la route par cœur, ses pieds la guidaient tandis que la brunette était plongée dans ses pensées. Comme d'habitude, sa nature rêveuse était plus forte qu'elle et la laissait souvent la tête dans les nuages. Les yeux fixés sur le sol, elle tamponna quelqu'un involontairement sur son chemin, ce qui la sortit de sa rêverie d'un seul coup.
« Oh ! Je suis vraiment désolée ! Je ne regardais pas où j'allais ! dit-elle automatiquement, en levant la tête. Mais... Kelly, je rêve, c'est bien toi ?! Ça fait si longtemps ! »
Sur le choc, les yeux remplis de surprise, elle se croyait encore dans un rêve éveillé, ne sachant que faire devant ce visage qui lui était si familier.