21h00 J'ai débauché depuis deux heures. Tant que je n'aurai pas une équipe fixe, je me taperai les rapports des uns et des autres. Ce n'est pas un travail qui me convient, et surtout quand on m'empêche d'être sur le terrain... J'ai eu le temps de faire des courses, de prendre une douche, de préparer deux trois trucs en cuisine et de ranger un peu avant de mettre la table...
Elle... Une personne qui me rappelle mon passé heureux, à l'époque où Jason était toujours là, à enquêter, à veiller sur moi et à tout m'apprendre. Je voulais devenir aussi talentueux que lui, mais quand je vois comment cela l'a transformé, je n'en suis plus très sûre... Lui qui a toujours été si fort, maintenant peine à se montrer même à moi...
Quand Elle et Jason sont partis successivement, j'ai cru être complètement laissé, abandonnée. Je ne l'ai pas supporté et comme je ne retrouvais pas la trace de Jason, j'ai retrouvé celle d'Elle qui était devenue bibliothécaire, sacré recyclage...
Après quelques discussions, et quelques temps de se réapprivoiser, nous avions retrouvé ce lien que nous avions autrefois. Si bien que ce soir, je l'avais invitée à dîner... Si bien que lorsque le carillon de l'entrée à retentie, j'étais en train de sortir les petits fours maison du fous...
- Entres c'est ouvert!
Après m'être brûlée légèrement 4 des cinq doigts d'une main, je suis arrivée tranquillement vers elle pour lui faire la bise.
Depuis qu’Elle était revenue à Quantico, elle avait l’impression de reprendre sa vie où elle l’avait laissée en partant. Comme si tout ce qu’elle avait vécu ici avait attendu son retour pour lui permettre de se remettre sur pieds et de continuer à vivre. Oui, les choses avaient changées. Beaucoup. Surtout à son ancien boulot. Mais en dehors, tout était identique… Les personnes qu’elle avait connues, les gens qu’elle avait aidés. D’un côté, ce n’était pas plus mal. De l’autre, c’était déroutant et un peu… frustrant ? Quittez une ville pendant quelques années, laissez tout derrière vous, et revenez. Vous constatez que rien n’a bougé, ou presque. Toujours la même ambiance, toujours les mêmes problèmes, toujours les mêmes bâtiments…
Même ses amis étaient restés à Quantico. N’ayant gardé contact avec personne, Elle n’avait pas pu les retrouver et n’avait même pas essayé. Tout ce qu’elle voulait, en revenant ici, était de vivre sans avoir peur en se retournant, sans surveiller sans cesses ses arrières comme c’était le cas depuis son départ forcé. Elle voulait retrouver une vie normale, autant que possible. Oublier tout ce qu’elle avait vu, abandonner toutes ces horreurs et laisser « les experts » s’en occuper. Et les experts, la jeune femme n’en faisait plus partie.
Soupirant, l’ancienne Profiler se changea rapidement et sortit de chez elle pour aller chez une ancienne amie. Une amie qui lui avait manqué, avec qui elle avait également perdu contact alors qu’elles s’entendaient très bien. Elle ne pouvait s’empêcher de la couver lorsqu’elles se voyaient, sans doute était-ce son instinct maternel qui parlait. Miya avait réussi à la retrouver, l’avait recontactée, et elles avaient échangé leurs adresses autour d’un café. Par principe et par méfiance, Elle ne donnait plus jamais rien par téléphone, sans qu’elle ne puisse voir la tête de la personne à qui elle parlait. Se dirigeant vers son amie, donc, la jeune bibliothécaire marcha longtemps à travers les rues de Quantico. Elles avaient convenu d’un rendez-vous le soir, ce qui ne la rassurait guère mais, par peur de passer pour une trouillarde, elle avait accepté. Utilisant seulement les rues éclairées et bondées, faisant un énorme détour volontairement pour ce faire, Elle arriva pile à l’heure chez son ancienne amie. Sonnant en regardant toujours derrière elle, elle attendit une réponse.
Miya – Entre c'est ouvert !
Poussant la porte avec étonnement, Elle entra en refermant automatiquement à clef derrière elle. Laisser une porte ouverte… Mais elle était folle ! Complètement folle ! Et si quelqu’un était entré pour la tuer, hein ? Et si on l’avait violée ou, pire, enlevée ? L’ancienne Profiler poussa un soupir de désapprobation en déposant ses affaires, rejoignant son amie qui était toujours dans la cuisine. Avec un sourire inquiet, Elle la salua et dit :
Elle – Tu aurais dû fermer la porte… J’aurais pu attendre, tu sais, mais évite de laisser la porte ouverte comme ça, s’il te plaît. Pour moi ?
Oups. Réalisant qu’elle devait passer pour une mère-poule en puissance, la jeune femme eut un sourire gêné et reprit sur un ton d’excuse :
Elle – Désolée, c’est juste que… Enfin, bref. Qu’as-tu donc préparé de bon ? Tu as besoin d’aide, peut-être ? Tes mains sont dans un piteux état…
Une fois qu'on se fit la bise, je pouvais voir qu'elle arborait un sourire inquiet sur son visage... Apparemment elle n'avait pas apprécié que je laisse la porte ouverte. Je souris me passant les doigts sous l'eau quand elle me dit que j'aurai du fermé la porte et que ce n'était pas prudent de ma part et que je devais le faire pour elle...
Je m'essuie les doigts et je dépose une bise sur sa joue en posant ma main sur son épaule. Je souris attendrie.
- Ok, ok, mais relaxes hein, il n'y avait pas deux minutes que je l'avais ouverte, tu es toujours très ponctuelle, donc je ne me suis pas inquiétée plus que ça! Mais d'habitude, rassures toi, je ferme toujours derrière moi...
Puis je l'ai accompagné dans le salon où j'avais préparé un petit apéritif très mignon, avec des petites mignardises sucrés salés et avec une bonne bouteille de blanc. Pour une fois l'appartement était rangé, et j'étais étrangement de très bonne humeur. De nouveau je pose ma main sur son épaule.
-Eh t'excuses pas, J'aime quand tu t'occupes de moi... Comme avant...
Je souris et je lui dis non, que même si mes doigts étaient un peu grillées, j'allais quand même pouvoir me débrouiller. C'est ainsi que j'ai ramené les petits fours qui m'avaient cramés et je les ai posé ainsi que les coupes... Je ramène par la suite, un seau à glace avec une excellente bouteille...
-Me regardes pas avec des yeux pareil, on fête nos retrouvailles officielles!!! Je suis si heureuse si tu savais! Je vais me sentir moins seule maintenant que tu es revenue!
Miya – Ok, ok, mais relaxe hein, il n'y avait pas deux minutes que je l'avais ouverte, tu es toujours très ponctuelle, donc je ne me suis pas inquiétée plus que ça! Mais d'habitude, rassures toi, je ferme toujours derrière moi...
Miya avait sans doute raison, Elle était trop sur ses gardes. Regardant la main que son amie venait de lui poser sur l’épaule, l’ancienne profiler lui rendit son sourire en la suivant dans le salon. Bon, du calme, ne pas paniquer. Il était évident que Miya n’avait pas laissé la porte ouverte toute la journée, Elle aurait dû s’en douter dès le début. Mais ce n’était pas de sa faute ! Les gens sous-estiment ce que peuvent faire les actes quotidiens tels que fermer la fenêtre, fermer la porte, dissimuler les clefs…
Elle fit un sourire gêné à son amie, s’installant dans le salon avec elle où son hôte de la soirée avait apporté l’apéritif. Une réaction aussi démesurée était stupide… Complètement stupide ! Faire ça dès leurs retrouvailles, franchement ! Enfin, du calme. D’après la main posée sur son épaule, Miya ne lui en voulait pas le moins du monde.
Miya – Eh t'excuses pas, J'aime quand tu t'occupes de moi... Comme avant...
Oui… Avant. Avant cet accident. Avant qu’Elle ne devienne « folle ». Avant qu’elle ne démissionne de son boulot. Avant qu’elle ne quitte tout. Son amie lui précisa que, malgré la brûlure qu’elle avait aux doigts, elle pouvait se débrouiller seule. Et elle s’était brûlée, en plus ?! Bon, ne pas s’inquiéter, stop. Faisant un sourire légèrement crispé, Elle poussa un soupir discret pendant que Miya était en train de ramener tout ce qu’elle avait préparé pour ces retrouvailles. La première partie, du moins.
Miya – Me regarde pas avec des yeux pareil, on fête nos retrouvailles officielles !!! Je suis si heureuse si tu savais ! Je vais me sentir moins seule maintenant que tu es revenue !
Elle – Oui…
Elle essaya de sourire, abandonnant sa mine « triste et fautive ». Bon, allez, on oublie le passé, on fête le présent, on tourne la page. C’est ce qu’on lui avait dit de faire dès le début, non ? Tout oublier, tout simplement. Ca ne devait pas être si compliqué que cela, si les autres le lui avaient demandé. Ou si ? Peu importe. Aujourd’hui, Elle était présente pour Miya. Miya et personne d’autre. Ces retrouvailles, elles allaient les célébrer ensemble et personne n’allait venir leur gâcher leur moment. Personne. Prenant son verre et tendant celui qu’elle avait versé à son amie, Elle dit avec un mince sourire :
Elle – Tu as raison. Je propose de porter un toast… A… Heu… A nous deux ! Une amitié qui aura survécu à l’absence et la distance, et une… disparition momentanée.
Cognant légèrement son verre contre celui de Miya, Elle en but une gorgée et le contempla un moment, évitant le regard de son amie pour l’instant. Disparition momentanée… En effet. Mais Miya n’était pas restée toute seule, si ? Elle avait bien continué à vivre, n’est-ce pas ? Prise d’un doute, la bibliothécaire demanda :
Elle – Mais toi, qu’as-tu fait exactement pendant que je n’étais pas à Quantico ? Tu n’avais pas que moi dans ta vie… Si ? Je suis désolée d’avoir disparu comme ça, mais je t’assure que je vais continuer à te couver. Et deux fois plus, maintenant que j’ai démissionné ! Je n’aurai plus d’horaires aussi… instables et prenants. Et je ne ferai plus des heures sup’ du genre trois jours de suite sans dormir.
- Elle, tu n'as pas à t'en vouloir d'être partie, et de m'avoir laissé, tu sais? J'ai très bien compris que tu avais besoin de changer d'horizon... Alors oui, porton un toast à nos retrouvailles et à une amitiée qui est passée par de grosses vagues!
Et nous avons trinqué à nos retrouvailles... Aussi loin que je puisse me souvenir, Elle m'avait toujours couvée et protégée... Même si Gideon était plus du genre à me confronter à la violence de certains crimes, Elle était plus du genre à me protéger où à ne pas me laisser approcher d'une scène de crimes, sachant qu'à l'époque j'étais très inexpérimentée. Puis la tragédie est arrivée, un serial killer s'est attaquée à elle, elle a essayé de continuer son boulot, mais à un moment son âme n'a plus du le supporter, et elle est partie, me laissant seule... Puis ce fut le tour de Gideon, mon père adoptif.... Au départ je ne vais pas nier que je l'ai mal pris... Mais avec son retour, tout ça c'est passé, oublié, pardonné... Je ne veux plus qu'on soit séparé. Et d'aprèsce qu'elle venait de me dire, elle aussi...
Elle m'assura qu'elle continuerait à me couver, et deux fois plus vu que ses horaires désormais étaient plus légers. Never more des horaires de fous, never more des heures supp et plusieurs jours sans dormir... je la regarde avec des grands yeux, et je bois quelques gorgées de champagne, avec un sourire et des yeux pétillants...
-Ben j'ai eu mon diplôme et je suis devenue profiler, et depuis peu je suis agent actif de l'équipe 2, et j'en suis ravie... je m'entends bien avec Alexei et on se voit souvent à la cafét ou ce genre de chosess... Oui je n'avais que toi... Mais je me suis faite d'autres amis et...
Je me mets à rougir à vue d'oeil. L'image de Ryan me revint en tête, d'ailleurs ce soir il avait pris ses dispositions pour me laisser l'appartement pour moi et mon amie. Je me jurai intérieurement que la prochaine fois je lui présenterai... Je la regarde comme une enfant et je dis.
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