Il faut oser ou se résigner à tout - Anonyme [Juliette Riley]

Depuis longtemps, Alexei se trouvait changer à chaque fois qu'il se rendait au bureau. Quand il tombait nez à nez avec Juliette le matin, il ne pouvait s'empêcher de détourner le regard, s'emmêler dans ses propres paroles. Quand il lui faisait la bise, notre très cher agent russe habituellement si insensible, frémissait lorsque ses lèvres entraient en contact avec la peau douce et sucrée de la jeune demoiselle. Parfois, il se disait que son statut d'espion avait du bon, et qu'il finirait très certainement par s'installer avec Juliette. Très honnêtement, plus le temps passait, plus Alexei voyait que sa couverture prenait le dessus en ce qui concernait sa collègue. Hé oui ... Une collègue de bureau, qui plus est, se trouvait également dans son équipe. D'un autre côté, son caractère ressortait ... Il aimait beaucoup ce qui avait attrait aux doses d'adrénaline. D'ailleurs, comme l'hiver approchait petit à petit, la nuit tombait rapidement. Et une aussi belle femme que Juliette, n'allait pas forcément se trouver à l'abri de un ou deux voyous, essayant un vol ou des cochonneries. Alexei voulait la protéger et exaucer tous ses voeux. Faire tout simplement de la vie de la jeune femme un rêve qui deviendrait réalité.

Ce matin encore, il repensait à tout cela. En fermant les yeux, Alexei ne pouvait s'empêcher de sortir de son cerveau, ce regard noisette si innocent. Un ange. Juliette était un ange. Son ange ! Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il hésitait à faire le premier pas. Mais aujourd'hui, Alexei s'était décidé. Toujours fidèle à l'un de ses costumes trois pièces. Il avait même troqué la pochette blanche habituelle, contre une de couleur rouge. Le rouge, symbole de son pays natal, mais bien entendu, celui de l'Amour également.

L'agent s'était donc rendu au bureau, encore plus souriant que d'habitude. Au volant même, le traffic si dense ne l'affectait pas. En cette journée, il se trouvait heureux. Quinze minutes plus tard, il était arrivé et s'était garé sur sa place de parking. Une fois dans les couloirs, comme il s'y attendait, il était tombé sur Juliette. Il s'était approché d'elle pour lui dire bonjour ...

« Bonjour Ju' ! Belle journée, n'est-ce pas ? »

Il marqua une légère pause, avant de reprendre :

« J'ai ... J'avais quelque chose à te demander. On sera plus ... Plus tranquille dehors. »

Alexei avait pris la main Juliette pour l'emmener dans un coin à l'abri des bruits envahissants et des oreilles qui traînent.

« Voilà, je ... J'ai besoin de parler d'une façon franche avec toi ... C'est dur ... Je ne trouve pas les mots pour m'exprimer ... Enfin si ! C'est juste que ... »

Alexei s'était lancé, dégageant les cheveux de Juliette pour l'embrasser langoureusement durant dix secondes ... Dix secondes de pur bonheur.

« Je t'aime ! »

Face à cette phrase, comment allait réagir Ju' ?

Ce matin, Juliette était levée de bonne heure, certainement à cause de son livre qui ne cessait de l'appeler pour qu'elle le termine. Elle avait passé la plupart de son temps à lire et avait même failli venir en retard au bureau. C'était déjà arrivé une ou deux fois et elle essayait tout de même que cette faute d'inattention ne se reproduise plus. Aujourd'hui, elle avait évité ce dérangement. En plus, ce jour-ci allait être une belle journée, il fallait donc en profiter. L'étudiante ne savait pourquoi, mais elle l'avait senti, comme on devine les notes qu'on aura aux examens. Retrouver ses collègues -pardon, sa deuxième famille et ses amis les plus proches-, était ce qui la rendait si enthousiaste. Particulièrement, retrouver Alexei. Depuis leur première rencontre, elle s'était beaucoup attachée à lui et savait qu'il était indispensable pour elle. Le voir lui donnait le sourire, à chaque fois. Elle avait remarqué qu'il était froid et distant, un vrai Russe, mais qu'il changeait d'attitude lorsqu'elle était dans les parages. Ce détail la ravissait. Elle arriva au bureau en pensant à lui et à leur toute première conversation, qu'ils avaient eu lors de leur pause cigarette. Et si Juliette n'avait pas recommencé à fumer ce jour-là, que serait-il arrivé ? Auraient-ils été aussi proches comme ils l'étaient maintenant ? Trop de questions pour trop peu de réponses. De toute façon, elle ne voulait pas les connaître. Seul le moment présent compte, se disait-elle.

Elle entra dans le bâtiment du BAU et prit le temps de s'installer, déposer son sac et ses autres affaires. Toujours aussi songeuse, elle partit dire bonjour à ses collègues et, au moment de se diriger vers son propre bureau, elle croisa Alexei. Elle devina d'emblée qu'il était de bonne humeur lui aussi : son visage était illuminé par son sourire. Il la salua, comme il faisait chaque matin et elle fit de même :

« Bonjour Alexei ! Oui, on dirait que cette journée s'annonce très bien ! »

A peine avait-elle fini sa phrase, qu'il bégaya quelques mots et qu'il l'emmena par la main. Elle avait compris ce qu'il avait dit, et elle ne cessait d'adorer cette part de mystère qu'il gardait en lui. Tout le temps où il faisait ressortir ce trait de caractère, elle voulait tout savoir : ce qui allait ou ce qui n'allait pas dans sa vie, ses relations avec ses collègues de travail ou avec les autres personnes qu'elle ne connaissait même pas. En pensant à cela, elle se trouvait collante et trop curieuse. Cela ne lui ressemblait pas. Mais est-ce qu'Alexei gardait le même caractère avec elle qu'avec les autres ? Elle en doutait grandement. Pour l'étudiante, c'était peut-être le même principe. Quoi qu'elle dise ou quoiqu'elle pense, ce contact la rassura, la rendit sereine. Elle se sentit soudain en sécurité, protégée, comme si rien ne pouvait lui arriver lorsqu'elle la tenait. En résumé, sa main chaude entourant la sienne était un vrai bonheur. Il la conduisit dans un énième couloir du BAU et elle remarqua que personne ne pouvait les voir là. C'était une bonne chose et elle s'en était réjouie intérieurement alors qu'elle sentait toujours les battements de son coeur au fond de sa poitrine.

Ju' écoutait le profiler, cependant, elle voyait bien que quelque chose différait de d'habitude. Il cherchait trop ses mots, les mélangeait, ne finissait pas ses phrases. Normalement, il était sûr de lui, utilisait les mots avec parcimonie et calmait le son de sa voix, alors que maintenant, aucune de ces caractéristiques n'était présente. Elle ne disait mot quand il parla, car elle ne souhaitait pas le déranger, mais fut prise au dépourvu lorsqu'il l'embrassa. Il avait doucement posé sa main sur son visage et avait engagé un baiser langoureux. Elle eut un léger mouvement de recul, dû à la surprise, et plaça ses mains sur son torse, comme pour le repousser. Pourtant, elle n'en fit rien parce qu'elle réalisa vite ce qu'elle était en train de vivre. Bien qu'elle soit remplie de questions, elle préféra se dire qu'il valait mieux ne pas réfléchir et profiter de l'instant présent, alors elle se laissa emporter par son baiser. Ce dernier fut toutefois trop court, même s'il avait duré quelques secondes. Elle ne put s'empêcher de garder le plus longtemps ses lèvres collées aux siennes et c'est à contrecœur qu'elle s'était détachée de lui.

« Je t'aime ! », lui avoua-t-il.

Que pouvait-elle répondre à cela ? Elle, était encore indécise de ses sentiments, mais, quand elle analysait tout ce qui la rapprochait d'Alexei, elle tombait sur l'amour. Le vrai ? Celui qu'elle a attendu pendant longtemps ? Aucune idée, et elle préférait s'en convaincre. Oui, elle aussi l'aimait. Sinon, pourquoi serait-elle soulagée à chaque fois qu'elle le voyait ? Pourquoi, quand il souriait, elle partageait sa joie ? Pourquoi avait-elle toujours hâte de revenir au bureau le lendemain matin alors qu'elle venait de sortir du bâtiment ? Pour le voir, lui, son visage angélique, entendre sa voix, observer tous ses gestes. Rien ne pouvait occuper plus l'esprit de Juliette que lui, ce qui l'avait rendue encore plus rêveuse qu'à la normale. Voulant regoûter au plaisir de ses lèvres, elle positionna ses mains sur sa nuque et se colla à lui.

« Je pense que je n'aurais jamais pu faire le premier pas... », annonça-t-elle avec un sourire avant de l'embrasser une nouvelle fois.

Alexei s'était enfin lancé. Et pour être franc, il n'aurait jamais pensé que cela n'aurait marché aussi vite. D'ailleurs, quand il s'était approché pour l'embrasser, l'agent avait ressentit ce qui semblait être un mouvement de recul de la part de la jeune femme. Sur le coup, l'homme pensait qu'il avait agit un peu tôt. De plus, il s'agissait là d'une collègue de travail. Mais pas de n'importe laquelle. Notre très cher Alexei, avait craqué sur l'agent Riley depuis le début. Elle avait cet aspect si doux et fragile, qu'à un tel point que l'agent Ivanovitch n'en n'était pas resté indifférent. Il avait profité de ce premier baiser, seconde après seconde … Il avait adoré sentir contre lui, cette présence chaude. Alexei osait espérer que les sentiments qu'il avait pour Juliette, étaient réciproques. Il voulait tant faire d'elle, sa compagne. Celle pour qui, il allait entièrement se dévouer. Comme il n'arrêtait pas de le penser, sa collègue, son ange, son amour, était une créature bénie et envoyée des Dieux.

Que se serait-il passé, si jamais leurs chemins ne se seraient croisés ? Notre agent caucasien préférait ne pas y penser. Il se trouvait là, Juliette blottie contre lui, alors que ce si doux baiser venait de prendre fin. Après cet instant, la jeune femme avait regardé notre homme souriant, habituellement si froid, pour lui confier qu'elle n'aurait jamais pu faire le premier pas d'elle-même. Alexei avait tout juste eu le temps d'acquiescer, que Juliette avait entamé un autre baiser.

Pour le coup, Alexei y avait mis plus de fougue, en faisant glisser ses mains le long des reins de la jeune femme. Une fois encore, il profitait au maximum de l'instant présent. À partir de maintenant, ses pensées s'étaient éclaircies. Il sentait Juliette complétement détendue. Notre homme avait les yeux fermés et son souffle s'entrechoquait avec celui de Juliette. Quelques secondes plus tard, Alexei avait glissé ses lèvres contre le cou sucré et parfumé de sa collègue. L'agent russe en tremblait presque.

Depuis si longtemps, il avait attendu pour approcher Juliette de cette manière. Il adorait sentir cette femme près de lui. Elle seule pouvait le faire changer radicalement d'humeur. Ce qu'il voulait ? C'était lui promettre tout ! Lui demander sa main, et même le mariage, d'ici l'année prochaine, qui sait ! Il souhaitait rester à ses côtés pour le restant de ses jours. Qu'importe, même si cela était dangereux. Il voulait Juliette, et était sûr que la jeune femme, était maintenant du même avis. Tout comme Alexei, l'apprentie-profiler avait l'air conquise et amoureuse. Et ça lui plaisait !

Après cet agréable moment, notre ami russe avait effleuré les lèvres de sa dulcinée, en les mordillant très légèrement, avant de lui poser l'ultime question :

« Juliette … Veux-tu … Veux-tu m'épouser ? »

Il lui avait chuchoté cette phrase, doucement au creux de son oreille. Il espérait en avoir une réponse positive, tandis qu'il avait sorti un écrin noir, dans lequel se trouvait une bague scintillante, sertie de diamants.

Juliette avait du mal à croire à ce qui lui arrivait. Elle se doutait encore que ce soit un de ces fichus rêves. Le rêve trop beau pour être vrai, comme si on avait tout ce dont on avait besoin dans la vie. Bientôt, elle se réveillerait à cause de la sonnerie de son portable, et devrait aller au travail sans croire une seule seconde qu'elle allait vivre des instants si agréables. Elle retrouverait son indémodable paperasse et ses dossiers à remplir, son bureau si bien rangé et ses collègues, à qui elle s'était beaucoup attachée. Cependant, lorsque l'agent lui avait pris la main et l'avait emmenée dans cet endroit à l'abri des regards, tout semblait bien réel. En tout cas, elle savait que son imagination n'était pas capable d'inventer un scénario pareil ! Même si, en vérité, l'étudiante ne pouvait pas passer une seconde sans savoir où était et ce que faisait Alexei, elle n'avait pas pu se l'avouer jusqu'ici.

D'ailleurs, elle pouvait se dire tout ce qu'elle voulait ou n'importe quoi, elle n'était pas sous l'emprise d'un rêve et tout ce qui était en train de se passer, cette révélation, était ancré dans le présent, et allait prochainement l'être dans le passé. Elle avait accepté ça et, calme et sereine, avait commencé un nouveau baiser. Peut-être l'homme ne l'avait-il pas deviné, mais il signifiait bien plus qu'un simple baiser. Il montrait la confiance -peut-être aveugle- qu'elle avait en lui et son engagement dans cette relation si précieuse pour elle. Lorsqu'elle sentit ses mains chaudes en bas de son dos, Ju' ne put se retenir de frissonner. Elle, en avait profité pour glisser ses mains dans ses cheveux bruns, pour l'attirer encore plus à elle. Elle aurait voulu que ce baiser dure plus longtemps, toujours plus longtemps, pourtant toutes les bonnes choses ont une fin et on ne pouvait rien contre ça. Alexei passa ses lèvres sur sa gorge et elle ne put réprimer un soupir de plaisir, suivi d'un de ses plus beaux sourires. L'avoir trouvé, lui, cet amour tant recherché, était une occasion à ne pas manquer et elle comptait en profiter le plus possible. Dans ses bras, elle se sentait protégée et en sécurité et elle donnerait beaucoup pour y rester. Le voir était déjà si agréable, être aussi proche de lui dépassait toutes ses espérances jusqu'à présent.

Mais, quand il chuchota cette question à son oreille, l'incompréhension la gagna. Ce n'était pas comme si on l'accusait sans raison valable ou autre, cependant, elle ne sut que dire. Premièrement, elle n'était pas certaine d'avoir saisi correctement le sens de cette demande. Deuxièmement, si elle avait bien compris, cette proposition était insensée. Jamais, auparavant, on le l'avait demandée en mariage. C'était une étrange sensation, mêlant bonheur et enthousiasme avec hésitation et remise en question, en ajoutant l'impression de vivre un moment important de son existence. Notamment à l'instant où il sortit la bague. Cette bague, si belle et brillante qu'elle illumina le visage de l'apprentie profiler, et qui ne fit qu'augmenter sa panique.

« Ecoute Alexei... », commença-t-elle devant son regard inquisiteur. Elle passa une main dans ses longs cheveux pour dissimuler son embarra et regarda dans le couloir pour observer si personne ne les épiait. Cela ne servit à rien, il n'y avait aucun agent dans les bureaux. « Ce n'est pas que je ne veux pas mais... Enfin, tu te rends compte ? C'est... c'est précipité, tu ne trouves pas ? Je veux dire... On vient à peine de... de nous déclarer nos sentiments, il a même pas cinq minutes. Cela va beaucoup trop vite. »

Elle laissa quelques secondes de silence. Elle se calma un peu, même si elle sentait qu'elle faisait une erreur.

« Et... ma situation actuelle ne me permet pas ce privilège. Je... je suis encore étudiante, et quand je ne suis pas au bureau, je passe mon temps à... travailler à droite et à gauche. Mais, quand j'aurais une situation régulière, on se mariera, d'accord ? »

Elle baissa les yeux, avec l'envie de se faire plus petite qu'elle ne l'était déjà et de se cacher dans un trou de souris, de partir loin et de ne réapparaître devant son amour que lorsqu'elle en sera assez courageuse. Elle réussit à se remotiver un peu. Le regard posé sur la bague, elle l'admirait. Il s'était donné tout ce mal pour elle, avait tout prévu, et elle... Elle n'avait que cassé ses espoirs. Non. Il comprendrait, il était assez mûr pour accepter que ce n'était pas le meilleur moment pour se marier. Juliette posa ses mains sur les siennes, à côté du petit boîtier, puis releva la tête.

« Elle est magnifique, Alexei... », dit-elle doucement, avec un petit sourire, comme si elle voulait se racheter.

Après ce second baiser, engagé par la jeune femme brune, tout s'était bousculé dans la tête d'Alexei. Les pensées du profiler s'étaient embrouillées, et tout était allé très vite. Trop vite même. Il voyait bien que Juliette se sentait très en sécurité et heureuse près de lui. Seulement voilà, dans la précipitation, l'agent russe ne s'était pas rappelé du statut d'étudiante de Juliette.

Lorsqu'il avait sorti l'écrin de sa veste noire en lui posant la question fatidique, Alexei s'était rendu compte qu'il avait abordé un sujet sensible avec cette promesse de mariage. Il avait bien remarqué à ce moment là, que le visage de Juliette avait changé. Comme si elle essayait de comprendre et de réaliser ce qui était en train de se passer.

Son regard fixe était planté dans celui d'Alexei, sa respiration était comme coupée, sa bouche entrouverte, jusqu'à ce qu'elle lui donne une réponse. Une réponse malheureusement négative, après une hésitation embarrassante. Elle avait placé une main dans ses cheveux pour exprimer sa gêne, en jetant un coup d'œil, histoire de voir si on les épiait. Elle avait expliqué au grand brun que sa situation ne lui permettait pas pour le moment de se marier.

L'apprentie-profiler se concentrait sur ses cours, puisqu'elle voulait obtenir ce diplôme. Elle l'avait d'ailleurs dit à Alexei : ce n'était pas qu'elle ne le voulait pas, mais elle souhaitait d'abord finir ses études et retrouver une situation régulière, avant de fonder une vie de famille. Rien de plus normal, en effet. C'est seulement après cela qu'elle allait pouvoir lui dire oui.

Notre homme l'avait compris. Il avait agit trop vite et il s'en voulait un peu. Pour le coup il avait acquiescé en se mordant la lèvre inférieure. Il aurait dû y réfléchir. Enfin, il avait tout de même osé lui poser cette question un peu embarrassante. Cela dit, Alexei voulait respecter le choix de Juliette. Tout simplement par amour pour elle. Il avait eu du mal à construire cette relation avec la jeune femme, ce n'était pas pour brusquer le tout et finir par gâcher ce qui pourrait se terminer en histoire d'amour. Finalement, en baissant la tête, pour réfléchir, il se disait que cela valait mieux d'attendre … Il replongea son regard clair dans celui de sa collègue, avant de lui répondre :

« D'accord Juliette. Je … Excuses-moi ! Je me suis emballé ! J'attendrais. Je te le promets ! »

Juliette avait baissé les yeux, et Alexei sentait la jeune femme très gênée. Certes, Alexei pensait qu'elle aurait pu accepter, mais y en repensant, valait mieux pour elle qu'elle finisse ses études pour pouvoir vivre pleinement sa vie privée et professionnelle. En attendant, notre agent caucasien savait qu'elle allait accepter. Il lui fallait juste du temps, pour se libérer de ses cours, encore trop envahissants.

Il voulait se rattraper … Mais il ne voyait pas comment. Il croyait qu'il avait brusqué la jeune femme. Il se sentait coupable d'avoir fait une bêtise. Il se disait que jamais il n'aurait dû aller aussi vite. Quand Juliette avait vu la bague, elle avait sourit et en disant à son collègue qu'elle la trouvait magnifique …

« Moi aussi. Je … En l'achetant, j'ai … J'ai su qu'elle allait te plaire. »

Alexei avait affiché un sourire marqué par une gêne, après avoir rangé l'écrin dans sa veste. Jamais personne mise à part Juliette le mettait dans cet état. Il espérait ne pas l'avoir trop bousculée. Elle qui semblait si fragile à ses yeux, il ne voulait pas gâcher cette relation qui comptait énormément pour lui. Il s'était décidé. En rencontrant Juliette pour la première fois, il savait qu'il voulait finir ses jours auprès d'elle.

Il lui souriait, en la fixant toujours dans les yeux. Dans le doute, tandis qu'il essayait de se contrôler, en tenant les mains si douces de Juliette, il s'était décidé de l'embrasser furtivement, avant de lui poser une question pour se rassurer :

« J'espère que tu ne m'en veux pas, d'avoir agit si vite ? C'est juste que … Je n'ai pas pu m'en empêcher, sur le moment. »

Il baissa le regard, se trouvant un peu rongé par l'inquiétude, puis releva les yeux, en attendant une réponse de la jeune femme.

Lorsqu'Alexei commença à ce mordre la lèvre inférieure, en signe de remords devina-t-elle, rien au monde n'aurait pu empêcher Juliette de s'en vouloir. Tout ce temps ensemble, tous ces regards, ces sourires, ces paroles, il avait tellement attendu d'elle en plus de tout cela. Certainement trop, car elle ne pouvait pas répondre positivement à tout ce qu'il lui demandait. Après tout, soyons réalistes, elle n'était pas Superwoman. Un soupir, suivant sa pensée, s'échappa de sa bouche. Elle comprenait de plus en plus, et au fur et à mesure que passaient les années, que la vie était loin d'être un conte de fées. En réalité, les livres faisaient rêver les gens, les écrivains avaient beaucoup trop d'imagination. Elle devrait freiner sa passion pour la littérature prochainement, pour ne pas se faire trop d'illusions. Leur présent était là l'exemple concret d'une situation difficile. Mais n'était-ce pas après ces péripéties que venait la fin heureuse de l'histoire ? Le beau temps après la tempête ?

Et comme cela lui arrivait souvent, elle culpabilisa et se rejeta la faute. L'étudiante aurait dû accepter d'épouser Alexei au lieu de se poser des questions et d'avoir réfléchi. Même beaucoup trop réfléchi, car les arguments qu'elle avait donnés s'étaient enchaînés et s'étaient accumulés. Dans un autre contexte, on aurait certainement pu croire qu'elle avait cherché le plus d'excuses possible, mais c'était faux. De ce fait, avait-elle peur de s'engager ? Peur de l'avenir ou de ce qui pourrait se passer par la suite ? Il était trop tard pour revenir sur sa réponse et il fallait qu'elle assume, quoi qu'il arrive. Même s'il décidait de la laisser en plan, toute seule, même s'il le lui pardonnait pas. On ne pouvait pas retourner en arrière et ce qu'elle avait mentionné mettait leur patience commune à l'épreuve, simplement. Pour elle, il n'y avait pas de problème. Il restait à savoir si Alexei arriverait à attendre la fin de ses études. Combien de temps faudrait-il ? Un an ? Deux ans ? Plus ? Ou moins ? Tout ce qu'elle pouvait affirmer, c'était qu'elle devait obtenir son diplôme de criminologie le plus tôt possible. Ensuite, elle pourrait se marier. Mais, si un jour la jeune brune voyait que la patience de son homme commençait à atteindre ses limites, elle se déciderait sans hésiter. Pour le moment, elle était consciente que son demi-refus constituait une grosse déception pour lui. Maintenant, elle espérait ne plus le décevoir à l'avenir, faire de son mieux pour lui faciliter la vie tout en restant à ses côtés. Elle voulait lui promettre le monde, lui confier son coeur.

En parlant de promesse, Alexei lui en fit une : il attendrait. Elle aussi aurait voulu lui faire une promesse digne de ce nom, car elle lui était redevable pour ce qu'il faisait pour elle. Pourtant, là tout de suite, rien ne lui vint à l'esprit, certainement parce qu'elle était trop occupée à s'en vouloir. Elle avait baissé la tête et avait commenté la superbe bague. Elle renchérit sur ses paroles :

« Tu as eu raison, elle est très jolie. J'ai déjà hâte de la porter... », avoua-t-elle avec un petit sourire.

Puis son collègue avait rangé le bijou dans sa poche, le retirant de son regard. Elle fut légèrement déçue mais se dit qu'elle la reverrait bientôt. Quand le grand jour sera arrivé. Elle en rêvait déjà, se voyait déjà entourée de sa famille et de ses amis, bref, le moment tant attendu par toutes les femmes. L'étudiante aura là le bonheur de connaître cet instant magique et elle s'en réjouissait. Si c'était vraiment nécessaire, elle aurait pu le crier au monde, ou dans la rue, à tous les passants. Il lui vola un baiser avant de la questionner. Elle répondit tout bonnement :

« Non, bien sûr que non, je ne t'en veux pas ! Je comprends que tu sois impatient mais je ne peux pas répondre à tes attentes pour le moment. Tu n'as rien à te reprocher !, continua-t-elle. Il ne faut simplement pas précipiter les évènements. »

Ju' savait qu'Alexei ne referait pas la même erreur, ce n'était pas dans son caractère. Il était trop attentif pour faire le contraire. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, jusqu'à maintenant, elle avait l'impression de le connaître parfaitement, bien qu'elle doutait passer à côté de quelque chose. Tout le monde a ses secrets, même elle, et elle comprenait entièrement ce fait. Souhaitant éviter que ce sujet ne s'étende, elle préféra enchaîner, avec un sourire :

« Et... la prochaine fois, tu m'emmèneras dans un endroit plus discret... » fit-elle, en se rapprochant de lui et en enroulant ses bras au tour de son cou.

Sans aucun doute, Alexei était allé un peu trop vite, mais que voulez vous ... Il l'avait fait sur le coup de l'adrénaline et de l'envie. Ce n'était pas tout les jours qu'un couple pouvait s'adonner à quelques plaisirs, au sein même de leur lieu de travail. Cela dit, notre agent avait fait exprès de l'emmener dans un lieu à l'apparence déserte. Quoiqu'il en était, même si Juliette avait refusé sur le coup, c'était par question de principe. À vrai dire, elle ne l'avait pas refuser directement. Elle voulait Alexei ... Là n'était pas la question. Néanmoins, la jeune femme souhaitait d'abord terminer ses études, avant de se lancer dans un tel projet. Cela était compréhensible d'un côté. De plus, Alexei avait marqué un bon point, en choisissant le bijou, puisque l'agent Riley la trouvait magnifique. Quand elle lui avait même dit qu'elle avait hâte de la porter, l'agent russe avait sourit, lui aussi. Cette réponse prouvait d'un certain sens, que Juliette était tout aussi amoureuse de lui. En réfléchissant finalement, notre homme avait simplement à attendre que le temps passe ...

Il l'avait d'ailleurs avoué à Juliette. Il s'était laissé emporter. Cette femme était son point faible. Le seul, l'unique presque. Lorsqu'il se trouvait à ses côtés, Alexei sentait qu'il n'était plus du tout le même. Presque honteux du fait d'avoir agit trop vite, il avait demandé à la jeune femme qu'elle accepte ses excuses. Juliette lui avait répondu qu'il n'avait pas être aussi désolé. Elle comprenait son impatience, même s'il allait devoir attendre encore un peu. Petit à petit, l'agent Ivanovitch se décrispait de cette situation. Elle ne lui en voulait pas. Quelque part, c'était rassurant. Selon elle, il n'avait rien à se reprocher. Il ne fallait juste ne pas trop précipiter les évènements ...

« Tu as raison. Je ... Je comprends. Autant attendre d'avantage, ça nous permettra d'en profiter encore plus, le moment venu ... »

Il pensait alors à tout cela ... Comment pouvait ressembler ce mariage, qui y serait convié, comment allait se trouver Juliette dans sa robe ... Alexei espérait aussi pouvoir rencontrer les parents de la jeune femme, avant. Si leur fille était si sage et si tendre, ses parents devaient être tout aussi sympathiques. En parlant de parents d'ailleurs, Alexei aurait bien aimé présenter les siens à Juliette. Malheureusement, le destin en avait décidé autrement. Triste vie ... Voilà pourquoi l'apprentie profiler était tout ce qui restait à notre homme, quelque peu perdu dans ses souvenirs, son passé, son avenir, son futur ... Juliette était comme un repère pour lui. Un nouveau départ, une nouvelle vie. Peut-être que ... Peut-être qu'un jour, Alexei plaquerait le KGB et les ordres pour vivre sa vie de famille. Afin de pouvoir s'occuper d'avantage de sa future femme et des enfants qu'il rêvait d'avoir. Il avait même songé à quelques prénoms, comme ça, en réfléchissant. Mais le mieux, c'était d'attendre quelques années, après le mariage, histoire d'en parler à deux avec Juliette ...

Perdu dans ses pensées, c'était Ju' qui l'en avait extirpé. En enlaçant l'homme de ses bras, tout en se rapprochant de lui, Juliette lui avait demandé de l'emmener la prochaine fois, dans un lieu bien plus tranquille. Cela l'avait fait légèrement rigoler, avant qu'il ne lui réponde :

« Je te le promet, mon coeur. »

Il l'embrassa tendrement, avant de lui poser une question :

« Ça te dirais un repas en amoureux, au restaurant, un soir prochainement ? »

Allez savoir ce qu'en pensait la jeune femme, tandis qu'il avait délicatement posé ses mains autour de sa taille.

Imaginez, vous vous levez le matin, vous savez que la journée à venir va être banale. Métro, boulot, dodo, en quelque sorte, la routine habituelle. Vous vous voyez déjà, assis à votre bureau, devant une pile de dossiers qui vous parait interminable mais que vous avez pourtant à remplir. C'est votre métier et vous devez vous en contenter. Sauf que, bien avant d'être attablé à votre travail, vous vous rendez compte que cette journée se sera pas si banale que vous l'avez cru et qu'une seule personne va changer cette précédente impression. Alors vous vous retrouvez dans une situation à laquelle jamais vous n'auriez ni pensé ni été attendu, vous n'avez pas les mots et surtout, vous sentez au fond de vous que ce jour ne s'enlèvera pas de votre mémoire facilement et que vous ferez tout pour le conserver au fond de votre cerveau. Et ce, grâce à une seule personne.

Il y a longtemps qu'elle n'avait pas ressenti cela. Juliette sourit. Peut-être que durant tout ce temps, elle était restée célibataire, parce que quelqu'un l'attendait. Et elle avait enfin fini par rencontrer cette personne, il y a quelques temps au Behavioral Analysis Unit, alors qu'elle pensait que cet espoir l'avait abandonné. Oui, elle aurait baissé les bras et se serait contenté d'histoires quelconques d'un jour ou d'une nuit. Mais il s'avère qu'Alexei soit tombé amoureux d'elle. Qu'aurait-elle fait si jamais il ne se serait pas intéressé à elle ? Elle lui aurait couru après en espérant gagner son coeur à un moment ou à un autre, très certainement. Bien qu'elle fut contre l'idée de se donner corps et âme pour un homme qui n'avait pas de sentiments réciproques, elle n'aurait pas été surprise de s'accrocher sans relâche à l'agent russe.

Dans tous les cas, ils se seraient rapprochés, car ils étaient dans la même équipe et forcément, ça créait des liens. Emily Prentiss, une de ses amies profiler, lui avait dit qu'une équipe dans l'enceinte du BAU, c'était comme une petite famille. Des amis proches, dont on pouvait se passer de moins en moins au plus le temps défilait. Avec Alexei, c'était plus qu'un lien amical qui s'était tissé. Ils avaient été beaucoup trop proches dès le début de leur relation de collègues pour qu'ils se considèrent comme de simples amis.

Mon coeur... Il l'avait appelée "mon coeur" après avoir donné sa réponse ! C'était la première fois qu'un homme employait ce surnom la désignant. L'apprentie profiler n'y avait jamais fait attention, mais quand c'était l'agent qui le disait, ce mot prenait une ampleur différente. Peut-être parce que c'était sa voix, qu'elle écouterait à l'infini si elle le pouvait, ou peut-être parce que ses yeux ne mentaient pas. Bien trop souvent, elle avait connu des hommes qui lui avaient tout raconté, sauf la vérité, et elle ne souhaitait en aucun cas revivre ces instants. Le doux baiser qu'elle reçut fit s'évanouir ces dernières pensées sombres et tout redevint beau et rose, le moment rêvé. Ju' aimait les petites attentions comme celle-ci, elles prouvaient l'affection qu'on ressentait et partageaient l'amour simplement. Il lui demanda ensuite si elle était tentée par un rendez-vous au restaurant un futur soir. Quelle question!

« Ça me ferait très plaisir ! », fit-elle tout bonnement avec un grand sourire.

Où il l’emmènerait, quand, comment, elle ne cherchait pas à connaître ce genre de détail et préférait avoir la surprise ; c'était tellement mieux. La jeune femme était une petite habituée des restaurants : asiatiques avec ses copines, français avec sa famille. Elle souhaitait savoir ce qu'il en serait avec son amoureux... Sans parler de la suite de la soirée, qu'elle imaginait déjà magique. Certainement pas autant que dans les films, mais presque, et même si elle avait hâte d'être ce jour-là, elle gardait une légère part d'anxiété. Savoir si elle sera à la hauteur des attentes de son compagnon, ou non, et tout ce qui s'ensuivait. C'était de ça qu'elle avait peur : le décevoir. Elle l'embrassa rapidement, en caressant la nuque de l'agent des ses doigts fins, pour enchaîner :

« Tu ne crois pas... Qu'il faudrait rester plus... Plus distants l'un de l'autre... ? Quand nous sommes au bureau, seulement !, ajouta-t-elle tout de suite pour ne pas le blesser. Il me semble que les relations amoureuses entre collègues ne sont pas tolérées ici... »

Vous me direz... Son geste avait été contradictoire : l'embrasser pour ensuite expliquer qu'il faudrait qu'ils s'éloignent, cela n'avait aucun sens. Cependant, ses lèvres ne cessaient d'être attirées par celles de son collègue et, quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, cette envie de l'embrasser ne la quittait pas. Ironiquement, elle pensa que ce désir la gênerait beaucoup au bureau, surtout si elle devrait travailler avec lui dans un futur proche.

Alexei était là ... Dans ces couloirs ... Avec Juliette. Honnêtement, il avait encore du mal à y croire. Du mal à croire que celle qui considérait comme une très bonne collègue, était elle aussi, complétement attirée. Elle aussi était amoureuse. Et voyez, ... Même si, dans sa précipitation, Juliette lui avait répondu « non » ; cette négation était toutefois positive. Positive, puisqu'elle voulait attendre. Elle voulait attendre, mais elle était sûre de vouloir de lui. L'un et l'autre étaient enlacés, se fixant dans les yeux. Cela mettait un peu de piment, d'adrénaline dans leur relation ...

Et pour ne pas vous le cacher, Alexei adorait ça. Pour sûr. D'ailleurs, cela n'était pas étonnant quand on repensait au fait que notre brun ténébreux venait de Russie, ce pays froid, dans lequel régnait une impression de cruauté et de meurtre, à chaque coin de rue ... À première vue, en fait, Alexei pouvait paraître trop sérieux, trop impassible, certains pouvaient bien admettre qu'il inspirait la peur ... Pourtant, des personnes comme Juliette pouvaient le faire changer du tout au tout. Sans que lui même ne sache vraiment pourquoi ... Il l'avait trouvée. Il était amoureux de Juliette, et leurs sentiments, comme l'espérait Alexei, étaient réciproques.

En réfléchissant, Alexei se demandait si Juliette allait être intéressée par une soirée au restaurant, entre amoureux. À sa plus grande satisfaction, elle avait répondu au Profiler que cela lui ferai énormément plaisir. Elle lui avait adressé un grand sourire. Vous savez, ce genre de sourire tellement franc et honnête, qui dès que l'on en aperçoit un, vous en arrache un, à vous aussi. Et bien là, ça n'avait pas râté. En constatant la mine radieuse de Juliette, Alexei avait souri à son tour. Cependant, il ne savait pas encore, où est-ce qu'il pourrait l'envoyer. Avec un petit peu de temps, il se disait qu'il allait bien finir par trouver le lieu adéquate, avec un cadre romantique. Quelque chose de joli.

« Je vais y réfléchir, le temps de trouver un bon endroit. J'aurais aimé que tu te souviennes bien de cette soirée à deux. Vu que ... On a pas vraiment eu le temps d'en faire une, depuis notre rencontre. »

Remarquez, cela faisait à peine un mois que les deux agents s'étaient rencontrés sous le porche du batîment de la BAU. Un peu normal, après tout. Quoiqu'il en soit, Alexei allait se mettre des petites idées dans le coin de la tête, pour vivre une soirée magique en compagnie de l'élue de son coeur. Il y songeait, puis ses pensées s'était évaporées, quand il avait constaté le regard qu'avait pris Juliette. Elle avait l'air de réfléchir à quelque chose. Quelque chose qui l'embêtait sûrement. Il la fixait, tandis que Juliette avait rapproché son visage subitement pour un baiser volé. Assez surprenant. Elle le fixait aussi, caressant sa nuque, avant de lui dire finalement ce qui n'allait pas ...

Trop. Ils se voyaient un peu trop au bureau, ce qui avait l'air de gêner Juliette. En y réfléchissant, ce n'était pas si faux que ça. Elle voulait qu'ils se voient un peu moins. Elle avait d'ailleurs rajouté de vitesse, qu'elle ne le voulait qu'au bureau. Histoire de ne pas trop éveiller les soupçons de certains. Alexei pencha légèrement la tête sur le côté, puis en réfléchissant, il s'y était résigné. Pour le bien de leur couple.

« Je ... Oui, bien sûr. Ça semble évident. Et en toute franchise, je n'aimerai pas te perdre, pour des histoires de tentations trop répétées. Je te comprends, tout à fait Ju'. »

Alexei y songeait, en se mordant la lèvre inférieure. Il voulait bien admettre que la jeune brune avait raison. Il lui souriait, un peu gêné. Gêné, puisque c'était lui qui l'avait emmenée jusqu'ici. Mais ... Il l'avait fait, pour lui avouer tout ce qu'il avait sur le coeur. C'était chose faite, les sentiments étaient réciproques, ce qui à coups sûrs, allait égayer sa journée. Toutefois, il ne s'était pas empêché de caresser sa joue. Mais ce geste pour lui, signifiait un tout. C'était en quelque sorte, une manière de dire à Juliette, que même absent, il resterai près d'elle. Dans son coeur. Elle n'avait rien à craindre à propos de cela.

Tout bien réfléchi, malgré le risque de se faire prendre par un autre agent, Juliette ne regrettait pas d'avoir suivi Alexei ce matin. Si elle n'était pas partie dans un de ces couloirs ou quasiment personne ne passe, il ne se serait rien passé : le profiler n'aurait pas avoué ses sentiments et la jeune femme n'aurait pas réalisé que, tout ce temps passé à penser à cet homme, à se demander où il était, avec qui, ce qu'il faisait, était synonyme de l'amour. Elle serait restée passive devant ses moindres faits et gestes, ne s'avouant pas les sentiments qu'elle ressentait pour lui. Mais surtout, jamais elle n'aurait su qu'il l'aimait lui aussi. Heureusement, au final, qu'elle s'était laissée emportée au détour des couloirs. Ce qui s'était enchaîné par la suite ressemblait trop à un rêve pour y croire, car grâce à ce moment, elle avait trouvé l'amour de sa vie.

Et maintenant, ils prévoyaient une soirée au restaurant, rien que tous les deux. Cette idée l'enchantait, elle avait donc fait un sourire sincère et spontané. L'apprentie n'eut pas de mal à remarquer que son sourire fut contagieux et atteignit Alexei : il sourit à son tour. Elle aimait le voir dans cet état, le voir souriant. Elle avait constaté qu'il ne laissait pas souvent ses émotions passer sur son visage, cependant, lorsqu'il était avec elle c'était différent, et elle ne voyait. De toute façon, qu'il soit impassible ou non, elle était folle de lui et ne pouvait plus se le cacher à présent.

« Nous avons tout notre temps, mon amour, répondit-elle. Tant que je suis avec toi, tout me convient... »

Ju' savait de quoi elle parlait : à chaque fois qu'elle venait au bureau ces derniers temps, c'était pour remplir des piles de dossiers, la paperasse basique de tout profiler. Pourtant, à chaque fois qu'elle voyait l'agent russe, son moral remontait en flèche et elle se sentait plus d'attaque à remplir les feuilles réglementaires. En parlant de règlement, le couple n'avait certainement pas le droit d'être là, ensemble caché dans un couloir désert. C'est ce pourquoi elle avait partagé son appréhension. Elle ne souhaitait pas avoir de problèmes avec cette histoire. Rester discrets pour qu'ils gardent tous les deux leur travail, c'était ce qui importait le plus pour le moment. Elle avait entendu dire qu'une certaine Agent Strauss, la chef du Département avait-elle compris, était une accro à la procédure, et qu'elle ne laissait passer aucune bavure. La stagiaire n'espérait pas la rencontrer si jamais ils se faisaient repérer. Elle savait que cela n'arriverait pas. Ils seraient le plus prudent possible, tous les deux, alors tout irait bien, certainement.

Alexei se mordit la lèvre après lui avoir répondu. La jeune femme sentait que cette mesure à prendre le gênait, et c'était totalement compréhensible. Il passa sa main sur sa joue. Ce contact bienveillant la réconforta et elle ajouta :

« Ce ne sera pas facile, mais... il nous faudra juste être moins proches. Je t'aime et je ne veux pas non plus te perdre. »

Le Profiler russe songeait à la tranquilité et l'ambiance apaisante dans laquelle, nos deux amoureux allaient se plonger. Juliette avait en effet accepté sa proposition. Encore fallait-il trouver l'endroit parfait et la date, ainsi que la plage horaire qui pouvaient convenir. Avec ce métier, se libérer dans son emploi du temps, n'était pas une tâche des plus aisées. Au contraire. Cela dit, ils n'en étaient pas encore là. À deux, ils allaient pouvoir y réfléchir plus longuement. Plus nos deux agents restaient là, dans ce couloir, plus la tentation était grande, Alexei voulait bien l'admettre. Seulement voilà, au sein du département, les relations amoureuses entre collègues étaient ... Comment dire ... Prohibées ? Du moins, à éviter en tout cas. Erin Strauss, le Directeur était sur des principes fondés et autoritaires. Et la jeune femme comme l'agent russe, ne voulaient en aucun cas, briser leur couple, né par de ci beaux sentiments, dévoilés quelques minutes auparavant ... Un instant vraiment magique, couplé de baisers plus tendres, les uns que les autres. Pour le moment, d'après Juliette, il fallait à tout prix garder cette relation sous protection, sous le secret. C'est pourquoi, elle avait demandé à Alexei - à contrecoeur d'ailleurs - de limiter ces petits moments entre amoureux, lorsqu'ils pouvaient se retrouver au travail. Pour la jeune femme, s'isoler dans un couloir ou dans un bureau pouvait mettre leur couple en péril. Alexei avait d'ailleurs acquiescé. Il comprenait l'inquiètude de la jeune femme. Lui non plus, ne voulait pas gâcher cette si belle relation, qu'ils crééaient à deux.

« C'est sûr que ce sera compliqué pour tenir. Mais à deux, on va tenir le coup. On va y arriver. Il faut dire que Strauss est assez tenace sur le sujet, donc vaudrait mieux faire attention. »

Qui plus est, Alexei avait souvent parlé à Hotch d'une éventuelle promotion, au fil des conversations. Et Aaron avait dit qu'il se chargerai d'en parler au Directeur. Donc il ne valait mieux pas l'irriter encore plus qu'elle ne pouvait déjà l'être, parfois. Cela allait mettre notre Profiler dans une situation désagréable.

« Tu sais ... C'est peut être pas plus mal dans le fond. Même si ça peut nous rendre triste, au plus profond de notre âme, on pourrait dire que l'on restera loin des yeux, mais proches du coeur, comme le dit si bien le proverbe. »

Il marqua une petite pause, la fixant dans les yeux, la tentation se faisant toujours aussi présente. Malgré cela, Alexei luttait. Saisissant délicatement la main de la jeune femme, le russe avait repris :

« Jamais je ne pourrai cesser de penser à toi. Tu m'es tellement précieuse, que je ne pourrai m'imaginer sans t'avoir à mes côtés. Je suis rassuré de savoir, qu'il en est de même pour toi. Grâce à notre détermination, notre patiente, on restera ensemble; Quoi qu'il arrive. Je te le promet, Juliette. »

Il lui souriait. Ce qu'on pouvait lire dans ses yeux, à ce moment là ? De la sincérité. De l'envie. Il était déterminé à faire perdurer son couple. Et si le fait de se séparer un temps, allait permettre à Alexei et Juliette, de pouvoir mieux se retrouver par la suite, c'était le principal pour eux. La jeune brune l'avait bien dit : « Seulement lorsqu'ils seraient au bureau. » Certainement pour préserver une dose d'anonymat, de neutralité. Il valait mieux pour eux qu'ils gardent leur liaison secrète, afin d'éviter tout débordement possible.

Juliette nota qu'Alexei pensait la même chose qu'elle : rester discrets valait mieux pour tous les deux. Cependant, elle se doutait qu'il n'avait pas pensé à ce détail lorsqu'il l'avait emmenée ici, dans ce couloir désert. Il y avait beau ne pas avoir un agent qui passe, ils étaient toujours dans les locaux du FBI, et le règlement s'imposait, dans n'importe quelle situation. Même si aujourd'hui, c'était exceptionnel. Ce n'était pas tous les jours qu'on découvrait ce qui était, il y a de fortes chances, l'amour de sa vie, et discipline ou non, celui ou celle qui réalisait cela ne laissait pas passer sa chance. Seuls les inconscients pouvaient ne pas apercevoir cet élément si important dans la vie. La jeune femme faisait partie des gens qui ne rataient pas les évènements mémorables, c'est pourquoi elle était en compagnie de l'agent russe en ce moment même. Si elle avait vraiment voulu éviter de se faire repérer, elle l'aurait évité, se serait en allée juste après qu'il l'ait embrassée ; mais non. A vrai dire, comment aurait-elle pu, ne serait-ce qu'une seconde, songer à partir de son étreinte alors que c'était ce qu'elle attendait depuis qu'elle l'avait rencontré ?

Et à présent, elle était là, devant lui, à écouter ses paroles. Elles étaient réconfortantes pour elle, la rassuraient malgré les craintes et les risques de voir leur nouveau secret dévoilé en un rien de temps. Il suffisait qu'un agent passe, qu'il les voient et... c'en était fini. Heureusement, ça ne pouvait pas arriver. Ça ne devait pas arriver, de toute façon. Juliette restait scotchée à sa voix, attrapait tout ce qu'Alexei disait. Elle ne détachait pas les yeux des siens. Elle voulait tellement garder cet instant gravé dans sa mémoire. Elle était d'ailleurs si absorbée par ses propos, qu'elle faillit en perdre le fil. Elle acquiesça d'un hochement de tête, il avait sûrement raison. Peut-être que maintenir leur distance au travail ne serait que bénéfique pour leur relation privée. En tout cas, eux deux seuls pouvaient gérer leur sort, ils n'avaient pas d'autre choix.

Le profiler arborait toujours un sourire. Le sourire dont uniquement lui avait le secret et qui la rendait heureuse à chaque fois. De ce fait, elle lui sourit également. Il lui énonça ensuite ce qu'elle était pour lui, tout en gardant sa main dans la sienne. Elle en fut gênée, flattée, mais aussi fière, ce qui dévoila une teinte rosée sur ses joues. Terminer par une promesse, c'était le rêve complet, beaucoup trop beau pour être vrai, et pourtant...

La jeune brune entrecroisa ses doigts avec ceux de l'homme.

« Tu sais ce que je ressens pour toi, Alexei... Je serais toujours là si tu as besoin de moi. »

Elle ne réfléchit pas plus à ce qu'elle allait faire. Elle l'attira à elle en attrapant les pans de sa veste au niveau de son torse et l'embrassa tendrement. Un baiser vaut mieux qu'un long discours, non ? C'était un besoin moral, car Ju' souhaitait lui montrer qu'elle aussi pouvait lui prouver qu'elle l'aimait vraiment. C'était aussi un besoin physique, car elle était toujours autant attirée par les lèvres de l'agent. Elle désirait que ce soit réciproque pour lui. Involontairement guidé par son envie, le baiser tendre se transforma en baiser langoureux. Le mieux aurait été de mettre le temps sur pause, afin qu'ils partagent ce moment le plus longtemps ensemble.

Puis, comme toutes les bonnes choses ont une fin, elle finit par se détacher de lui. Reprenant enfin ses esprits, elle se rendit compte qu'il y avait encore du chemin avant qu'elle sache se séparer de lui...

« Ça te dit... de se rejoindre à l'entrée du bâtiment après le travail, ce soir ? »

En vérité, elle n'avait pas proposé ce lieu au hasard. Il était symbolique : c'était là où ils s'étaient rencontrés, là où ils avaient discuté pour la première fois, là où tout avait commencé. Elle passait chaque jour à cet endroit et, chaque jour, elle souriait.

Il fallait bien l'avouer, Alexei et Juliette voulaient vraiment s'embarquer dans ce plaisir interdit, qu'était de pouvoir rester en couple ... Pour toujours. Seulement voilà, le fait de les voir travailler ensemble ne présageait rien de bon. Rien du tout. Dans le Behavioral Analysis Unit, être en couple et dans la même équipe ne pouvait pas faire partie d'une seule et même équation. Impossible. C'était écrit dans le règlement. C'est pourquoi, il fallait pour eux, être plus rusé que les supérieurs et qu'ils continuent à se voir, en dehors des heures de travail. Quelque chose de logique dans un sens. Mais au bureau, pour préserver leur couple, Juliette et Alexei en étaient arrivés à un commun accord : éviter de se voir sur les heures de travail, si ce n'était pas pour travailler, disons, sans être tenté par quoi que ce soit d'autre. Sinon, dans le cas contraire, tout pouvait se retrouver fichu en l'air. Autant vous dire que nos deux agents allaient trouver ça dommage. Juliette et Alexei avaient mis un peu de temps, avant de se trouver.

Pendant que le Profiler parlait à la jeune femme, cette dernière le fixait. Il ne pouvait s'empêcher de sourire en la voyant. Un sourire communicatif, dont lui seul avait le secret. Pour preuve, Alexei avait réussi à faire sourire Juliette. À cet instant, la jeune brune gardait sa main dans celle du Profiler. Ses yeux, pouvant en dire beaucoup, avait fait comprendre à Alexei que Juliette se sentait gênée. Elle était certainement heureuse d'entendre tout ça, mais elle était tout aussi destabilisée. Comme si elle avait du mal à y croire, alors que pourtant toutes ses promesses étaient bien vraies. Elle entrecroisa ses doigts avec ceux d'Alexei. Leurs deux mains étaient scellées, avec ce sentiment de rapprochement, d'amour, de protection ... Un instant magique qu'Alexei savourait pleinement ...

Répondant ensuite à ce que lui avait assuré l'agent russe, Juliette comblée, avait promis elle aussi, qu'elle lui serait fidèle. Elle savait ce qu'elle ressentait pour lui, elle savait que ce sentiment était partagé, réciproque. Juliette lui avait dit qu'elle se trouverait toujours présente pour lui, si Alexei en avait besoin. Voulant la remercier, par principe, le Profiler s'était senti happé en direction de la belle brune. Juliette avait saisi les pans de sa veste pour l'attirer, dans le but de l'embrasser tendement. L'homme s'était donc laissé faire. En toute franchise, sans le moindre mot, qui pouvait être de trop, Juliette voulait lui montrer, lui prouver qu'il représentait énormément pour elle. C'était un besoin vital pour tous les deux. Vivre ensemble. C'était ce qu'ils voulait. Au fil des secondes, le baiser s'était fait plus intense, plus franc, plus langoureux. Leurs langues s'étaient entremêlées dans un ballet sensuel et magique. Les mains d'Alexei s'étaient rapprochées, saisissant avec délicatesse, le doux visage de Juliette.

En vérité, les deux agents auraient pu rester comme cela, des heures durant. Mais comme toutes les bonnes choses avaient une fin, et dans le but de ne pas se faire prendre, Juliette s'était détachée progressivement d'Alexei. Alexei qui, savait bien que Juliette était bel et bien, la femme qui lui fallait. Pour sûr. Quoiqu'un peu timide, Juliette avait proposé à Alexei de la retrouver à la sortie du travail, devant les locaux. Dehors. Si l'on refléchissait bien, ce lieu symbolisait en fait, leur première rencontre. Quelque chose qui était loin d'être anodin pour la jeune femme. Alexei s'en était vu ravi ...

« Avec joie, mon ange. Ce serait un plaisir de te retrouver en fin de journée. Je te l'ai dit, ... Je ne peux pas trouver un moyen de me passer de toi. C'est impossible. »

Comme à son habitude, satisfait, heureux, Alexei avait souri à Juliette. Rien qu'avec cette charmante proposition, Alexei avait hâte de finir cette journée, ne serait-ce que pour retrouver Juliette dans ses bras.

» Toujours la ou il faut... [Juliette]
» Quand tout va bien un jour tout va mal le lendemain (Nolène & Jack)
» Quand les ondes ne sont pas compatibles... [Juliette]
» Paige Penelope McCallister ♣ C’est seulement quand on a tout perdu qu’on est libre de faire tout ce qu’on veut. -end-
» Faut pas pousser mémé dans les orties

Il faut oser ou se résigner à tout - Anonyme [Juliette Riley]

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