Le réveille avait été plus dur que d’ordinaire, ce matin-là. En même temps, il fallait bien avouer qu’Ivy Sparks n’était pas du matin, et ne l’avait jamais été. Pourtant, elle devait aller en cours, comme pratiquement tous les jours depuis trois ans. De plus, elle n’avait pas intérêt à être en retard ce jour-là, vu qu’elle devait rencontrer son nouveau « binôme » attitré. Tandis qu’elle se brossait lentement les dents, elle se rappela de sa conversation avec le directeur de l’établissement.
« - Mademoiselle Sparks, j’aimerais vous voir travailler avec Mademoiselle O’Neil pour le nouveau sujet, à savoir : un tueur qui a fait évoluer les positions des psychiatres et criminologues qui ont marqué l'histoire. Je sais bien que vous n’êtes pas du genre à travailler avec quelqu’un d’autre que vous-même, mais je n’accepterai aucune contestation de votre part cette fois-ci. »
En y repensant, cela la fit sourire, chose assez rare chez la jeune femme. D’ordinaire, le directeur avait plutôt peur du caractère explosif de la jeune femme, mais cette fois… La jeune femme avait du se résigner à accepter –avait-elle réellement le choix ?-, et pour ne pas arriver en retard, elle du se dépêcher à s’habiller. Après avoir enfilé un jean noir déchiré, des baskets toutes aussi noires, et un haut où il était écrit « Sic gorgiamus allos subjectos nunc », elle fila vers son bahut. Arrivée en salle 1050, elle se retrouva seule, et déposa sur la table la boîte de gâteaux qu’elle avait achetés en route. Si elle devait travailler avec Satine O’Neil, elle voulait tout de même que cela commence sur de bonnes bases. Mais elle ne connaissait pas du tout la jeune femme, et ne savait donc pas si elle était plutôt bosseuse ou plutôt paresseuse. Ce qui la stressait tout particulièrement, d’ailleurs. Ce n’était pas pour rien qu’Ivy se mettait toute seule d’habitude : elle aimait le travail bien fait. Elle soupira, et tourna le dos à la porte. Que pouvait-elle faire d’autre à part s’interroger ? Elle n’avait pas peur de rencontrer sa nouvelle partenaire, mais comme elle n’était pas la reine de la diplomatie… Enfin, qui vivra verra, comme dirait l’autre !
Soudain, alors que la jeune gothique était plongée dans ses plus profondes pensés, elle vit une jolie rousse s’assoir en face d’elle en se présentant comme étant Satine. Ivy la regarda de ses grands yeux verrons, l’œil gauche vert tandis que l’œil droit était marron.
« Enchantée, je suis Ivy Sparks. Oui, effectivement, le prof m’a parlé de toi, mais très vaguement. »
Elle détailla la jeune femme, sans méchanceté aucune, et la trouvait vraiment jolie. Un peu stressée aussi. Etait-ce la perspective de cette rencontre avec elle qui l’avait effrayée ? Si elle avait eu vent de la réputation d’Ivy, c’était probable… En lui souriant, Satine lui avait tendu un café, en lui disant qu’elle ne savait ce qu’elle préférait, et lui demandant si le tutoiement la dérangeait. Il dégageait une telle gentillesse de la part de cette fille qu’Ivy lui dit :
« Merci beaucoup pour le café, c’est très gentil. Je le bois noir, sans rien dedans, et toi ? Il y a des gâteaux, si tu en as envie. Dans notre cas précis, le tutoiement ne me pose aucun problème. »
Elle ne souriait pas, ce qui ne voulait pas dire qu’elle était de mauvaise humeur cependant. Ivy n’avait tout simplement pas l’habitude de sourire, et quand une chose aussi rare arrivait, on s’en souvenait. Prenant un gâteau et son café encore chaud, elle s’installa en face de Satine, et l’observa un peu. Puis, elle lui dit :
« Alors, comme ça, tu es une solitaire toi aussi ? »
Faire la conversation n’était pas non plus quelque chose dont la jeune gothique avait l’habitude, mais puisque les deux étudiantes devaient travailler ensemble, Ivy voulait savoir à qui elle avait à faire…