Ayame Takahashi && Ashley Seaver

La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité. ♠ Michel Tournier

Journée sans examen, sans dossier, sans café. Que faire dans ce cas-là quand on s’appelle Ashley Seaver ? C’est simple : apprendre à se servir d’une arme. Pour devenir agent, ou du moins profiler, il fallait qu’elle en ait une et elle le savait. Mais depuis ce malheureux incident qui a coûté un de ses anciens collègues un séjour à l’hôpital, elle n’en approchait plus, de peur de blesser à nouveau quelqu’un. Mais là c’était une nécessité ; elle devait faire quelque chose sinon elle n’allait pas pouvoir supporter cette nouvelle journée. Elle était quand même allée demander à son professeur, ou plutôt à l’homme qui s’occupait des apprentis, si elle pouvait avoir une arme pour s’entraîner. Connaissant l’accident qu’il y avait eu avec elle, il avait été réticent mais avait fini par lui donner un Glock 17 - qu‘il lui dit qu‘elle pouvait garder, gentiment, en lui tendant aussi l‘étui ce qui ne plaisait pas à Ashley. De prime abord, la femme fluette ne semblait pas à l’aise avec cela en main et fit bien attention à ne pas faire de bêtise comme le faire tomber ou appuyer sur la détente ; la connaissant, tout était possible. C’est donc dans un acte de grande bravoure que la jolie blonde s’était dirigée vers la salle de tirs. Arrivée là-bas, elle avait posé l’arme à feu sur une table et l’avait regardée quelques instants, une grande question existentielle retentissant dans sa tête : était-elle capable de se servir d’une arme ? Elle attrapa un casque et des lunettes de protection. Elle se demandait si tout cet attirail était bien nécessaire. Elle jeta un regard en coin à l’arme, et se dit mentalement que oui. Ajustant les protections pour qu’elles tiennent bien, elle attrapa son pire cauchemar à deux mains et se mit en position de tirs. Bien que cela faisait des années qu’elle n’avait plus tiré, elle connaissait encore les bases. Avant, c’était une excellente tireuse… Jusqu’à cet incident. Elle posa ses yeux océan sur la cible et la regarda quelques instants. Elle soupira légèrement, essayant par tout les moyens de se détendre - peine perdue -, et finit simplement par appuyer sur la gâchette. Le coup de feu lui perça les tympans, bien que protégée par le casque, et elle ferma par automatisme les yeux. Quand les rouvrit, une moue étonnée et un sourire passèrent sur son visage pâle ; elle avait tiré en plein de la tête de la cible. Un peu plus confiante, et remarquant qu’elle n’avait pas perdu la main, elle se remit en position et tira à nouveau. Cette fois-ci, la balle alla pile à l’endroit où était situé le cœur. Elle fut fière d’elle et sourit à pleine dents. Quelqu’un qui n’en connaîtrait pas la cause et qui la verrait pourrait être effrayé ; on aurait dit une vraie psychopathe, à regarder fièrement les deux trous noirs sur la feuille de papier. Elle tira à nouveau, et à nouveau, jusqu’à vider son chargeur. Les six balles avaient été extrêmement précises : deux dans la tête, une dans le cœur, une dans le foie, une dans le poumon droit et une dans le poumon gauche. Elle changea son chargeur et recommença. Les tirs étaient toujours aussi précis. Elle n’était pas si mauvaise au final, et se sentait presque bien avec son arme en main. Presque. Parce qu’elle avait toujours peur. Tellement absorbée dans sa contemplation, elle ne remarqua même pas que quelqu’un d’autre était entré dans la pièce. Elle rangea son arme dans son étui et enleva le casque, mais resta les yeux plantés sur sa cible avec un sourire victorieux. Elle croisa les bras, et se demanda si elle devait demander à son professeur de venir voir le résultat, ou pas.

Aujourd'hui, Ayame s'était rendue dans les locaux de la Behavioral Analysis Unit, histoire d'aider un peu, puisqu'elle n'avait pas de cours et qu'elle ne reprenait pas d'ici la fin de la journée au FBI. En effet, elle allait être de garde pour ce soir. Et la logique veut que les agents de garde, soit au repos dans la journée pour une prestation impeccable au bureau. Faisant des petits tours par ci, par là, elle pouvait sentir ses mains trembler. Comme si quelque chose la hantait vraiment. Des frissons désagréables, une rage pouvaient l'habiter par moment. En effet, ces derniers jours, la pauvre jeune femme avait subi une humiliation, de la part d'un parfait inconnu. Un acte pervers, méchant et gratuit. Depuis ce jour, elle se sentait salie, différente des autres. Différente de tous ? Non, pas tellement. En fait, elle se sentait surtout rebutée par les hommes depuis ce jour. Alors qu'avec les femmes, c'était bien plus différent. Elle s'en sentait beaucoup plus proche, pour commencer. Quand je vous dis ça, je fais surtout allusion à Kira, sa meilleure amie, mais aussi et surtout à Ashley. Pourquoi Ashley ? Tout simplement parce que cette femme, joue un rôle important dans la vie d'Ayame. Les deux femmes ont pu jusque là, se confier énormément de choses. Y compris le fait que, les relations qu'elles avaient avec les hommes étaient rigoureusement identiques, ou presque. Elles ne pouvait pas toutes les deux se faire à l'idée d'être en couple avec un homme. Elles étaient bien trop soucieuses pour ça. Ashley ayant subi un lourd passé, en rapport avec son père, son modèle, un tueur en série arrêté par Hotchner et Rossi, et Ayame, trop intrépide et trop fragile aussi, s'était lamentablement faite violée, sans aucun scrupule, dans une ruelle en rentrant chez elle. C'est notamment entre autre pour ces deux raisons que les deux amies, sont braquée sur la défensive et sont perplexes quant à l'idée d'avoir une relation sérieuse avec un homme. Une chance pour Ayame d'avoir trouvé une amie qui la comprenne et inversement. Une sorte d'échappatoire en gros. Son « espoir » comme Ayame le dit souvent. D'une autre part, elle avait aussi la solution d'aller tirer quelques coups de feu, dans la salle de tir, afin de se libérer de cette emprise douloureuse qu'était sa colère.

D'un pas décidé, elle s'était dirigé vers la salle en question, prenant l'ascenseur pour descendre d'un étage, et se retrouver dans un long couloir du sous-sol, menant à une porte blindée, d'acier trempé. Du pas de la porte, elle pouvait entendre des détonations. Quelqu'un était déjà présent dans la pièce et devait s'entraîner. Elle ouvrit donc la porte blindée, puis du sas ou elle était, pouvait voir une femme blonde dans l'un des boxs. Elle prit donc un casque anti-bruit et des lunettes de protection pour s'en équiper, avant de se diriger vers un box vide. Posant son Beretta .92 FS sur la table, elle avait fait glisser la culasse, pour enlever le chargeur et y installer les munitions. Après quoi, elle resserra la culasse d'un coup sec, pour bloquer le chargeur à l'intérieur de la crosse. Prenant une position de tir et réajustant le guidon sur sa cible, elle tendait ses bras au maximum et bloquait sa main droite avec sa main gauche, afin d'éviter un recul trop violent et rater sa cible. Elle fronça les yeux, puis immédiatement, elle appuya sur la gâchette. Une balle était sortie. Elle réajusta ensuite son tir sur la gauche et avait tiré. Une fois encore, elle baissa son angle de visée pour tirer. Puis elle déplaça son angle de tir sur la droite pour tirer une autre balle. Enfin, elle en tira une dernière, en ajustant son angle vers le centre de la cible, marqué d'un point noir. Elle avait ensuite saisi la poignée qui se trouvait au-dessus d'elle pour faire venir la cible en papier. Pendant ce temps, d'un réflexe, elle rechargeait son arme. Non pas parce que son chargeur était vide, mais parce que ce réflexe lui venait d'une de ses formations. Son instructeur lui avait dit que lors d'une fusillade, arrivé à un certains nombre de tirs, il valait mieux se mettre à couvert et recharger, plutôt que d'attendre la fin du chargeur en question et se retrouver sans balles, au milieu d'une salve. Sinon, on risquait fort de mordre la poussière, sans le vouloir.

Une fois que la cible était arrivée à portée de main, Ayame l'avait arrachée. Là, elle pouvait constater que ses apprentissages ressortaient plutôt bien … Une balle sur chaque épaule et chaque rotule, pour créer un déséquilibre parfait, sans oublier la balle mortelle dans la poitrine pour couper le souffle de la cible. Elle s'était rendue assez fière, elle-même. C'est à ce moment, qu'elle leva la tête, et qu'elle avait aperçu Ashley … Ah, Ashley … Justement, je vous en parlait tout à l'heure. Son amie, sa confidente, sa protectrice … Son âme-sœur. Oui. En fait, Ashley était un tout pour Ayame. Une personne très précieuse qu'elle ne pouvait s'empêcher d'oublier. Elle ne le pouvait pas. Sans elle, Ayame savait tout de suite qu'elle ne pourrait pas survivre sur cette planète. Bien sûr, Kira était là, mais comme dit précédemment, l'histoire avec Ashley était différente. En fait, quand elles se parlaient toutes les deux, quel qu'en soit le motif, Ayame ne pouvait s'empêcher de la câliner que ça soit pour du réconfort, toucher ses mains, en ce qui concernait le fait qu'elle aimait la rassurer, ou bien d'autre chose encore. La jeune asiatique se sentait en sécurité avec elle, tout simplement …

« Oh … Toi aussi tu … Tu t'entraînes alors ? » Lui avait-elle demandé, avec un sourire.

Elle aimait vraiment se retrouver en sa présence, qu'elle qu'en soit le lieu. En fait, Ayame se sentait renaître et oubliait tous ses soucis en la voyant …

La belle blonde avait relevé les yeux en entendant la voix cristalline d’Ayame et un sourire était passé sur son visage concentré. Elle s’attendait à bien des gens, sauf à elle. À vrai dire, elle n’aurait pas imaginé la trouver là ; son amie n’étant pas au Behavioral Analysis Unit, elle se demandait ce qui pouvait la conduire ici. Elle avait appris pour son viol, et ça l’avait attristée au plus haut point. Elle n’avait peut-être jamais vécu cela, mais connaissait cette sensation. Cette sensation de peur, de mal, de vide… Ayame lui avait confié qu’elle se sentait à présent différente des autres. Et elle comprenait cette sensation mieux que personne. Depuis l’arrestation de son père, elle avait changé de nom pour ne pas qu’on la reconnaisse, passant d’Ashley Beauchamp à Ashley Seaver. Mais les souvenirs étaient bien là, toujours, ressurgissant la nuit. Combien de fois ne s’était-elle pas réveillée en sueur dans son lit ? Prise de tremblements ou de crises de larmes ? Dans ses moments-là, elle aurait tellement désiré avoir quelqu’un près d’elle, quelqu’un qui puisse lui dire que tout allait bien se passer en la prenant dans ses bras. Comme l’avait fait Rossi ce jour maudit. N’importe qui ; une amie, un petit ami, sa mère, ou même Spock, qu’en savait-elle. Spock… Un léger sourire passa sur ses lèvres. Elle devait arrêter de regarder Star Trek : ça lui montait à la tête. Mais elle préférait qu’elle ait pensé à Spock qu’au Capitaine Kirk à vrai dire, elle avait toujours eu une préférence pour ce personnage. Comment avait-elle aimé Star Trek ? C’était bien simple. Une nuit, elle s’était réveillée - cauchemar - et s’était retrouvée nez à nez avec un magasine parlant des acteurs de Star Trek, un magasine qui appartenait à sa camarade de chambre. Le lendemain, elle chercha ce que c’était et avait adoré. C’était ainsi que ses insomnie lui avait été bénéfique. Ce qui l’avait enchantée en arrivant ici, c’était le fait qu’elle n’était pas la seule fan. Effectivement, le Docteur Reid - ou Spencer, comme il préférait qu’elle l’appelle - l’était aussi. Elle n’arrivait toujours pas à y croire. Ses yeux océan se posèrent sur sa belle amie et dans un sourire, elle répondit :

- Pas vraiment m’entraîner, plutôt me réhabituer.

Elle posa le casque et les lunettes, défaisant aux passage la queue haute qu’elle avait fait ce matin, faisant tomber ses vagues blondes en cascade sur ses épaules. Elle détestait les attacher, mais cela était nettement plus pratique pour s’entraîner au tir, à vrai dire. Se dirigeant vers le box d’Ayame, elle regarda la feuille qu’elle avait en main et remarquant les tirs qu’elle avait fait, elle sourit. Elle était incroyablement bonne au tir, constata-t-elle. En quoi n’était-elle pas bonne, à vrai dire ? Elle ne connaissait aucune matière en laquelle elle n’excellait pas, ce qui la vexait légèrement. Déjà toute petite, elle voulait être la meilleure, la première. Mais elle n’était pas jalouse de son amie, juste vexée. Bien sûr elle ne se considérait pas comme la meilleure, il y avait un nombre incalculable de gens - Natasha, Hotch, Reid, l’ami génie de celui-ci musicien de jazz, Ayame,… - qui étaient bien mieux qu’elle. Rajustant sa chemise à manches courtes blanches, les yeux plantés sur la feuille de papier, elle ne put s’empêcher de se dire que la seule matière en laquelle son amie ne semblait pas à l’aise, c’était les hommes. Comme elle à vrai dire. Si Ashley, c’était par peur de tomber amoureuse de quelqu’un qui ressemblerait à son père, Ayame c’était à cause de son viol. Elle comprenait cela. Était-elle déjà tombée Amoureuse ? Non, pas vraiment. Le seul homme qu’elle avait fréquenté, c’était au lycée, et il s’était simplement servi d’elle. À l’époque, elle était assez connue. C’était avant son père. Il lui avait fait croire qu’il était amoureux d’elle pour simplement être plus « célèbre ». Elle n’avait compris ça qu’en voyant qu’il se fichait complètement d’elle. Son cœur avait été piétiné à ce moment-là, et c’est peut-être pour ça qu’elle avait décidé de ne plus laisser l’accès à son cœur si facile. Revenant sur la surface de la Terre, elle respira un grand coup, faisant par la même occasion apparaître un sourire sur ses lèvres, elle posa son regard de méthane sur son amie.

- Et toi, ça va ? Je veux dire… ça va mieux ?

Elle s’inquiétait pour elle. Elle avait peur qu’avec ce qu’elle avait vécu, elle devienne plus fragile qu’avant. Et pour être au FBI, il ne fallait pas l’être. Elle l’avait appris bien tôt. Cacher ses sentiments, c’était la première chose qu’on vous apprenait.

À vrai dire, on pouvait voir d'Ayame qu'elle était un peu déboussolée par moment, triste ou perdue. Et cela était dû à sa douloureuse expérience. Cet acte forcé qu'elle ne soupçonnait pas encore, avant d'être prise comme un animal dans cette ruelle. Un souvenir profond et marquant, d'autant plus que cela s'était passé, il y avait à peine un mois et demi. Et c'était entre autre pour cela que la jeune femme se ressourçait, se changeait les idées, en passant une partie de son temps dans des lieux comme celui-ci. S'exercer au tir, pouvait lui redonner confiance, pouvait lui faire passer ses nerfs d'une façon discrète. Généralement, elle s'isolait pour le faire, mais là, elle n'avait pas prévue tomber sur Ashley. Remarquez, cela ne lui déplaisait pas du tout. Bien au contraire. Elle en était plutôt ravie.

Quand Ayame avait demandé à Ashley si elle aussi, était passée par là pour s'entraîner, elle lui avait répondu qu'elle était surtout venue là pour se réhabituer avec la prise en main de son arme. Oui. En fait, Ashley ne tirait plus aussi souvent. Ce qui, après un bout de temps, ne la mettait plus trop en confiance. C'est pour cela qu'elle repassait ici, de temps à autre, pour se refaire la main. D'ailleurs, une fois que l'agent Takahashi avait tiré la poignée pour faire venir la cible, la jeune femme blonde avait sourit en voyant les impacts sur la-dite cible. Ce qui avait ravi Ayame. Qui plus est, en enlevant son casque anti-bruits, ses cheveux blonds étaient tombés en cascades sur ses épaules et le long de son dos. Effectivement, selon Ayame, son amie était bien plus jolie comme ça. Elle lui avait sourit à son tour.

Ayame se sentait bien en la présence d'Ashley. Elle se sentait rassurée. Elle pouvait parler de tout et n'importe quoi avec elle. Ce qui la rapprochait d'avantage. Elle pouvait croire par moment, qu'Ashley était son clone, mise à part que cette dernière était blonde et américaine, bien qu'Ayame possédait les deux nationalités. Ashley fixant la japonaise, lui avait posé une question. Elle voulait savoir si ça allait … Ou du moins, si ça allait mieux, après ce qui s'était passé. Ayame eut quelques secondes de réflexion …

« Euhm … Et bien … À vrai dire, sans que je ne le veuille, j'y pense encore. Par moment, j'en ai du mal à dormir. J'ai … J'ai l'impression que ce pervers me suit partout. Même quand je suis au boulot. C'est pour ça que je passe mes nerfs ici. Faut dire que maintenant, mise à part avec toi ou Kira, je me méfie de tout. Même de mon propre partenaire, Danny … C'est te dire ! Avec ce qui s'est passé, je ne sais même plus si je dois continuer à faire confiance aux hommes. C'est une pensée avec laquelle je me remets souvent en question. »

Elle baissa la tête, l'air de rien, retirant son casque et ses lunettes à son tour, frottant ses yeux d'un revers de manche, pour éviter de se mettre à pleurer. Elle rangea également son arme dans le holster, situé sous son bras gauche. Ayame continua ensuite, en posant une question à son amie en retour, histoire de changer de sujet pour ne pas faiblir devant son amie …

« On pourrait … On pourrait peut-être voir pour travailler nos examens ensemble un de ces quatre, si tu le souhaites. En apprenant à deux, ça sera sûrement plus facile. »

Elle marqua sa phrase d'un léger sourire, un peu gênée …

« Enfin, c'est selon ton emploi du temps aussi. Et puis, si tu veux, comme j'adore faire ça, je pourrais t'aider pour te refaire la main sur une arme aussi. Faut dire qu'entre ça et la guitare, j'ai de bons réflexes au niveau des doigts. »

Elle laissait son sourire s'afficher, attendant de voir ce qu'allait lui répondre Ashley …

Un sourire compatissant prit place sur le visage de la jeune femme en entendant la réponse de son amie. Elle passa une main dans ses cheveux, comme si elle réfléchissait, les yeux dans le vague. Elle laissa un soupir filtrer à travers ses lèvres entrouvertes.

- C’est toujours comme ça… Depuis que mon père s’est fait arrêté, je cauchemarde toutes les nuits. Et j’y repense sans le vouloir. Et comme toi, rares sont les personnes en qui j’ai une totale confiance - tu en fais partie -. On n’a pas vécu la même chose, mais ça se ressemble terriblement…

Elle posa ses yeux océan dans ceux chocolat de la jeune femme, un sourire sur les lèvres mais avec un regard pointu comme pour lui dire qu’elle était sérieuse. En voyant qu’elle allait pleurer, une moue d’excuses prit place sur son visage et elle frotta la joue de son amie du pouce, comme on le faisait aux jeunes enfants qui ont le cafard. Pas qu’elle considérait Ayame comme une enfant, plutôt qu’elle voulait lui montrer qu’elle la soutenait et qu’elle la surprotégeait. Ce dernier point était certain. C’était presque une mère envers elle. Elle glissa une main dans sa poche en même temps que l’asiatique se proposait pour qu’elles étudient ensemble. Passablement gênée, la jeune agent fit un rictus désolé et ses doigts attrapèrent le collier que lui avait offert Alexei - un saphir en pendentif. Elle l’avait toujours sur elle : elle trouvait que dedans, il y avait quelque chose de réconfortant, qui lui rappelait son ami. Elle joua quelques instants avec, les yeux dans le vide. Pas qu’elle n’appréciait pas l’invitation, mais plutôt qu’elle avait déjà quelqu’un… Elle baissa la tête, presqu’honteusement, et finit par dire, ses joues prenant une teinte légèrement rouge :

- Ce serait avec grand plaisir mais…

Elle se coupa dans sa phrase. Comment formuler ça sans la décevoir ? Elle releva les yeux, les ancrant à nouveau dans ceux de son interlocutrice.

- C’est-à-dire qu’en fait… Il y a déjà quelqu’un qui m’aide pour mes révisions… Et disons qu’avec toutes les heures qu’il a déjà sacrifiées pour moi, je ne peux pas tout arrêter comme ça…

Pour une fois qu’Ashley déclinait une invitation avec la vérité ! Cette personne, c’était Reid. Elle n’avait d’ailleurs pas mentionné son nom dans les quelques phrases qu’elle avait dites. Pas qu’elle avait honte, loin de là ; disons qu’elle ne voulait le mêler à tout ça alors que c’était elle qui lui avait demandé de l’aide quelques semaines auparavant. Elle se doutait, bien évidemment, qu’Ayame allait poser cette question (« Qui est-ce ? ») mais essayait de retarder ce moment le plus possible. Mais que craignait-elle ? Elle se posait la question elle-même. Elle n’avait rien contre Spencer, bien au contraire. Elle trouvait sa compagnie plus qu’agréable. Il ne la jugeait pas. Il ne la regardait pas comme une bête curieuse parce que son père était un tueur. Et il était charmant. Secouant légèrement la tête, elle murmura d’un ton plein d’excuses :

- Désolée…

Deuxième proposition de la part de l’asiatique : qu’elle l’aide pour son arme. Elle lança un regard à son Glock 17 dans son étui et grimaça. Elle était si nulle que ça ? Elle lança un regard en coin à la feuille avec sa « victime ». Non, si Bradford avait vu ça, il aurait sauté de joie. Et Ayame devait avoir remarqué ses tirs précis. Si elle voulait devenir profileuse, elle le devait. La première chose qu’on doit avoir pour faire ce métier, c’était le sens de l’observation. Voulait-elle passer du temps avec Ashley ? Elle fronça les sourcils, son cerveau carburant à deux cents kilomètres/heure.

- Eh bien… Je crois que je ne m’en sors pas si mal. Le piano doit aider. Mais si tu veux qu’on passe du temps ensemble, on peut aller en ville ou tu peux venir chez moi, aussi…

Oui, Ashley. Le tact incarné.

Ayame fixait Ashley de ses yeux noisettes. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire, rien qu'en la regardant. Tout simplement parce qu'avec elle, Ayame se sentait libre, se sentait protégée, se sentait renaître comme dit précédemment. Quand la belle blonde lui avait parlé de ses cauchemars récurrents suite à l'arrestation de son père, Ayame eut une moue de désolation. Ashley lui avait expliqué qu'elle y repensait, et ce, même sans le vouloir. Une sorte de souvenir qui la hantait et qui la suivait à la trace. Effectivement, un peu comme le viol qu'avait subit la japonaise, bien que cela était tout de même différent. Voilà ce qui rapprochait les deux jeunes femmes : le fait de tout ce dire, le fait de se rassurer mutuellement. Elles étaient aussi présentes, l'une pour l'autre. D'autant plus qu'Ayame avait craqué sur son amie, sans en avoir encore le cran de le lui annoncer. Et cela avait encore rapport avec le fait que les hommes pouvait la répugner. Cet acte de barbarie avait été la goutte d'eau qui avait fait débordé le vase. En effet, bien avant, elle avait pu subir quelques attouchements, quand elle était en vacances au Japon. Car, là-bas c'est bien connu, des pervers sévissait à tous les coins de rues. D'ailleurs, heureusement pour elle, elle ne voyageait pas seule pour aller voir sa grand-mère, et ses parents était donc là pour la protéger … C'est donc entre autre pour cela, qu'elle se sentait plus proche des femmes. Du fait qu'elle en soit du même sexe, qu'elle ai des centres d'intérêts communs, qu'elle puisse s'y confier plus facilement … Il y avait une tonne de facteur pour la comprendre finalement. Elle se sentait tout simplement plus en sécurité avec des femmes qu'avec des hommes. En fait, l'un des seuls homme qui lui inspirait une réelle confiance, mise à part son père, c'était Danny. Et encore … Par moment, elle le trouvait trop collant, trop mielleux donc trop louche.

C'est lorsqu'elle eut l'idée d'aborder le sujet des examens, qu'Ayame s'était vue essuyer un refus de la part d'Ashley. Ce qui l'avait gênée à son tour, d'ailleurs. Cela s'était vu à sa petite grimace. Malgré qu'elle insista sur le fait qu'elle aurait pu accepter avec plaisir, elle ajouta que quelqu'un s'était déjà décarcassé pour l'aider. Et étant donné le nombre de plages horaires qu'il lui avait consacré, Ashley ne pouvait pas comme ça, arrêter le tout, histoire de faire plaisir à Ayame.

« Ah tu … Il y a déjà quelqu'un qui t'aide … Ça va, ça ne fait rien. Je n'étais pas au courant. » Avait-elle répondu, en laissant un pli sur les commissures de ses lèvres.

C'est donc pour cela, qu'elle eut l'idée de lui proposer son aide une seconde fois, dans le but de l'initier plus en détail dans le maniement de l'arme à feu. Proposition, une fois de plus déclinée par Ashley, qui se sentait confiante, notamment par sa pratique du piano qui l'aidait dans sa dextérité. À première vue, on aurait pu croire qu'Ashley ne voulait pas d'aide de sa part, lui indiquant qu'elle pouvait se débrouiller seule, mais non. C'était juste que là, elle n'en voyait pas la nécessité. Sans compter que par moment, il était aussi sympathique de pouvoir apprendre par soit-même. Et Ashley avait répondu également à Ayame, qu'elles pourraient toujours faire un petit tour en ville toutes les deux, ou qu'Ayame passe un de ces jours chez son amie. Oui, effectivement. Voilà une remarque réconfortante. La japonaise savais très bien que si elle n'avait pas accepté ces deux propositions, c'était parce que Ashley cherchait aussi une indépendance, une voie vers l'apprentissage, en ce qui concernait les armes, quant à ses examens, le fait d'avoir trouvé quelqu'un avant Ayame, cela prouvait aussi en l'agent Seaver, qu'elle avait une bonne prise d'initiative. Et ça, Ayame l'avait bien compris finalement.

« Je veux bien qu'on aille en ville, une prochaine fois. Histoire de bien profiter toutes les deux. Ça pourrait être sympathique. »

Mine de rien, l'agent Takahashi se sentait bien attirée par son amie aux yeux océans et aux cheveux d'or. Restait plus qu'à attendre le moment opportun pour lui en parler en douceur. Elle se contentait encore de fixer ses beaux yeux, attendant une réaction de sa part.

Ayame la fixait. Ça la mettait presque mal à l’aise. Si le regard en question n’était pas tendre, elle aurait eu peur d’avoir fait - ou dit - quelque chose de travers. Mais ce regard lui glaçait le sang ; c’était à peu près le même que celui que lui lançait son père tant d’années auparavant. Elle le revoyait bien, ses deux yeux émeraude posés sur elle, sa main glissant sur son dos dans un geste réconfortant. Elle se blottissait contre lui, un sourire niais sur le visage, et il lui attrapait la main. C’était toujours ainsi dans la foule : il lui prenait la main et parfois, serrait si fort que ça lui coupait la circulation du sang. Il ne lâchait pas, certainement de peur qu’elle se fasse enlever. S’il ne voulait pas d’elle à la base, il avait quand même de longues conversations avec elle concernant ce qu’il y avait dehors. Il était terrorisé à l’idée qu’elle se fasse enlever. Il avait toujours peur quand elle sortait : la jeune femme n’en comprenait la raison que maintenant. Malgré tout ce qu’il avait dit de son vivant, il l’aimait. Et elle le savait. Les lettres qu’il lui avait envoyées en était une preuve. Elle ne les avait, bien sûr, jamais ouvertes et des fois, caressait le papier soyeux de deux doigts quand elle était assise à son bureau. Ashley se demandait ce qu’il pouvait bien avoir dans ces lettres. Peut-être des excuses ? Ou des explications ? Elle s’imaginait amplement son écriture puissante recouvrant toute une page, ou simplement quelques mots. Quelques mots auraient suffit. Un simple « Je suis désolé » lui aurait suffit. Mais jamais, jamais il ne lui a dit. Ça l’avait déçue au plus haut barreau de l‘échelle. Et elle savait que ça la hanterait tout le reste de sa vie ; en tout cas, pour l’instant, chaque nuit elle rêvait non seulement de l’arrestation de Charles, mais d’une scène qu’elle n’avait pas vécue telle que s’il n’avait tué personne, ou s’il lui avait dit « Pardon. ». Pardon. Cinq lettres qui aurait sans aucun doute changé la vie de la belle blonde à jamais. Revenant à la surface, sortant de l’abîme des souvenirs, elle plongea ses yeux océan dans ceux de son amie, juste au moment où une lumière de déception brillait dans ceux-ci. Elle soupira, passant une main sur sa nuque, embarrassée. Elle n’allait pas dire qu’elle aimait Spencer autant qu’Ayame ; même si elle appréciait fortement le jeune génie, elle connaissait mieux la jeune asiatique, mais elle aimait autant passer du temps avec lui qu’avec elle, ça, c’était certain. Et puis, Reid était quelqu’un qu’on pouvait qualifier de « source sûre ». Rien que cette fois où il lui avait montré les livres qu’il avait corrigés l’avait convaincue de cela. Un sourire passa sur son visage aux traits fins en se remémorant cela, mais elle se ravisa : si elle commençait à sourire comme ça, niaisement, Ayame pourrait croire que ça l’amusait de décliner son invitation, et par la même occasion, qu’elle avait craqué sur son collègue. Cette dernière pensée la surpris elle-même et le rouge lui monta au rouge. Tomber amoureuse de Spencer Reid ? Ça lui paraissait totalement fou… Ou presque. Mais de toute manière, il devait avoir une petite amie : il était intelligent, attachant, mignon, calme,… Toutes les qualités pour plaire à une femme normale. À sa grande surprise, elle ne lui demanda pas de qu’il s’agissait, mais pour être claire, Ashley lui dit. Pour ne pas qu’elle s’imagine des choses, surtout !

- Vraiment désolée… Mais… Tu connais, je suppose, le Docteur Reid ? Il travaille avec moi et c’est lui qui m’aide pour mes révisions. Et je crois que dans ce domaine, il est incollable.

Un sourire d’excuses apparut sur son visage. Deuxième proposition, deuxième refus de sa part. Elle était vraiment méchante aujourd’hui, mais semblait assez bonne en tirs pour ne pas avoir besoin d’aide. Pour tout dire, elle était vraiment fière de ses tirs et que la jeune femme lui ait proposé une remise à nouveau l’avait légèrement blessée. Attrapant son bras gauche de sa main droite dans un geste gêné, elle fut soulagée quand elle répondit qu’elle apprécierait aller en ville avec elle. Un sourire en coin prit place sur son visage pâle, un sourire dont elle seule avait le secret, et elle afficha son contentement par une légère phrase :

- C’est parfait alors ! On s’arrangera, je passerais te prendre dans le courant de la semaine prochaine… Si je ne suis pas morte après mes examens, dit-elle en lui lançant un clin d’œil amusé.

Remarquant que depuis quelques minutes, son amie semblait un peu embarrassée (et la fixait !), elle arqua un sourcil. Elle ne demanda pas si quelque chose n’allait pas, mais le pensa si fort que les Australiens avaient dû l’entendre. Elle attrapa le saphir qu'elle avait autour du cou, preuve que soit elle s'inquiétait, soit elle réfléchissait...

Ashley était bien la seule personne qui pouvait déstabiliser Ayame. Pour tout vous dire, elle se forçait du mieux qu'elle pouvait pour ne pas rougir. Elle se sentait vraiment amoureuse. Enfin, … Elle ne savait pas trop si c'était ça, mais son amie représentait vraiment beaucoup pour elle. D'ailleurs, par moment, la japonaise se demandait si elle pourrait franchement le lui dire un jour, en face, dans les yeux. Ces deux mots simples, remplis à la fois d'émotion et de mystère … Rien qu'à y penser, Ayame pouvait en avoir des frissons. Ce n'était pas qu'elle était déçue des refus d'Ashley, bien au contraire. Elle savait qu'elle n'était pas la seule dans l'entourage de la belle blonde aux yeux bleus. C'est en plongeant dans ses pensées, qu'Ashley avait trouvé bon et sincère de lui annoncé qui l'avait doublé. Il s'agissait de Spencer. Spencer Reid. Le Dr Reid comme on l'appelait …

« Reid ? Oh mais … Bien sûr que je le connais. On se croisait souvent dans des librairies, quand je faisais des achats pour mes cours. Il m'a d'ailleurs conseillé plusieurs bouquins sympathiques sur les tueurs en séries et la criminologie que j'ai entreposé à la maison. Je les lis souvent quand je n'arrive pas à trouver le sommeil. C'est intéressant ce qu'on trouve dedans ! »

Elle l'aimait bien. Elle le trouvait sympathique. Avec lui, Ayame trouvait que les sujets de discussions pouvait se faire variés et intéressants. Ashley avait raison de se faire aider par ce type là pour ses cours. Au contraire, Ayame ne se sentait pas blessée mais bien ravie. Elle savait au moins que son amie allait avoir de bons résultats au final, grâce à l'aide que Spencer allait lui fournir. Comme Ashley l'avait dit, non seulement c'était un bon collègue, mais il se trouvait fort incollable dans ces domaines là. Ayame en était bien consciente. Il fallait l'admettre, sur certaines des discussions qu'ils avaient pu avoir ensemble, Ayame s'en était retrouvée tellement bluffée, qu'elle avait peur de se trouver idiote par moment, face à lui …

« C'est vrai que Reid est un type très intelligent. Je l'admire aussi. Tu as de la chance de pouvoir bosser avec lui. J'aurais tout fait pour être à ta place. »

En affirmant cela à Ashley, Ayame avait placé un petit clin d'oeil furtif. Cela dit, elle pouvait en être ravie, même si son sang se glaçait. En fait, elle ne savait pas vraiment ce qu'Ashley pensait de Reid. Peut-être était-elle une grande amie pour lui ? Quelqu'un de toujours présent ? Ou bien quelqu'un de timide qui rougirait à chacune de ses remarques ? Et si … Et si elle en était tombé sous son charme ? Hum … À vrai dire, la jeune brune ne voulait pas trop y penser. Elle ne voulait pas s'y résigner. Du moins, pas tout de suite. Ashley était un tout pour elle, et elle ne voulait pas que toute cette amitié très forte ne se détruise. Elle le voulait, là, maintenant, tout de suite, … Mais lui dire qu'elle l'aimait sérieusement, amoureusement, … Ça la bloquait, mine de rien. Je vous arrête tout de suite. Pas au point de se retrouver dans une atmosphère romantique pour finir dans un lit au final … Non. Elle ne voulait pas ça non plus. Juste … Juste une présence rassurante. Des paroles douces, du soutien, de l'amour … Différent de ce qu'un homme aurait pu lui apporter. C'est pourquoi, remettant l'affaire à plus tard, elle embraya sur une proposition de virée en ville, entre filles. C'était le genre de trucs qui pouvait vraiment lui plaire, surtout en sa présence.

« C'est super ! Il n'y a pas de problème. J'attends ton coup de fil. Je … »

Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore ? « Je t'aime … » c'est ça que vous vouliez entendre ? Je vous avais pourtant dit : pas maintenant ! Ayame ne se sentait pas prête pour le moment …

« Je pense que je vais y aller. Je dois avoir pas mal de paperasses au bureau, avant ma garde de nuit. Je repasserais ici plus tard. »

Rangeant donc la paire de lunettes, en la fixant contre sa chemise, elle s'approcha d'Ashley pour déposer une bise sur sa joue, avant de continuer :

« On fait comme ça alors ?! C'est parfait. Je te laisse dans ce cas. A plus tard, ma chérie »

Après une dernière étreinte, Ayame s'était donc éloignée vers la sortie pour quitter les locaux de la BAU et retourner au FBI, avant son turbin nocturne …

Un sourire perça sur le visage de la jeune femme quand Ayame lui répondit. Elle aurait été mal si elle lui avait répondu qu’elle ne le connaissait pas. Qu’aurait-elle pu dire sur lui ? Comme décrire le Docteur Reid ? C’était techniquement impossible. D’ailleurs, malgré le fait qu’elle passait souvent du temps avec lui, elle ne le connaissait pas assez pour pouvoir le décrire. Elle ne savait pas grand-chose de ses collègues, en fait, malgré qu’elle travaillait avec eux depuis « longtemps » maintenant. Alors que son premier but était de sympathiser avec chacun d’entre eux. Enfin elle était amie avec chacun d’eux, mais ne les connaissait pas bien, plutôt. Elle l’avait rencontré dans une librairie. Le rire cristallin de la jeune femme résonna dans al pièce. Pourquoi cela ne l’étonnait pas ? Elle imaginait amplement Reid dans une librairie en train de feuilleter tous les livres. Oui… feuilleter pour certains, mais qui pour lui, était lire ! Tous les gens croyaient qu’il lisait juste les grandes lignes, mais pas du tout, car il pouvait vous réciter ensuite certains passages anodins dudit livre. Elle admirait la vitesse à laquelle il lisait. Elle lisait, certes vite, mais là… Quand son amie lui dit qu’elle aurait tout fait pour être à sa place, elle haussa les épaules, avant de dire :

- Je suppose. En tout cas, c’est quelqu’un de très gentil et attentionné. Il m’a toujours demandé comment s’étaient passés mes tests après que j’aie passé ceux-ci.

En disant cela, elle marqua une pause, un sourire apparaissant sur son visage. Elle ajouta :

- Ou alors c’était simplement pour savoir s’il allait devoir encore me supporter durant une seconde session. Maintenant que je le dis…

Elle rigola légèrement quand elle dit ça et elle reposa ses yeux sur Ayame qui lui avait fait un clin d’œil. Elle la regarda, dans ses pensées. Elle se demandait ce qu’elle pouvait bien penser. Si elle avait eu le choix entre tous des pouvoirs, elle aurait largement choisi la télépathie. Elle aurait pu ainsi savoir les pensées de son amie, et savoir ce que les gens pensent d’elle… Oui, vraiment. Remettant une de ses mèches blondes derrière son oreille, elle posa les yeux sur son arme. Ça lui faisait étrange d’en porter à nouveau une. Ça lui rappelait l’époque où elle était encore agent au FBI, et l’époque où elle était la coéquipière de Natasha. Quelle époque ! Elle constata alors que depuis qu’elle était entrée au BAU, elle avait perdu sa si belle complicité avec son amie aux yeux de métal. Il fallait qu’elle lui reparle et qu’elles se voient. C’était une urgence. Elle appréciait réellement Natasha et ne désirait pas la perdre comme amie. Elle ne la voyait même pas à la cafétéria. Elle travaillait ensemble, et pourtant, il semblait que leurs vies étaient des parallèles distinctes qui ne se croisaient jamais. Alors qu’avant, tout le temps. Sa main attrapa son pendentif, et elle joua avec quelques instants, les yeux dans le vide, fixant un point imaginaire. C’est la douce voix de son amie qui la sortit de ses pensées, et elle reposa son regard bleu sur elle. Un sourire sincère sur les lèvres.

- Je t’appelle le plus tôt possible.

Oui. Elle se réjouissait de sortir un peu de sa triste routine ; bureau, dossier, café, dodo… Aller faire un tour en ville lui changerait les idées et elle en profiterait pour refaire sa garde-robe, depuis le temps qu’elle le disait ! L’occasion était là. La jeune asiatique dit qu’elle allait y aller, et Ashley lui fit un petit sourire en coin, un sourire dont elle seule avait le secret. Elle acquiesça. Sa jeune amie posa une bise sur sa joue et l’appela ma chérie. Si ce n’était pas Ayame, elle aurait trouvé ça louche, mais ça lui arrivait souvent de l’appeler ainsi. Elle n’essayait pas de comprendre pourquoi. Kira faisait la même chose. Kira… Elle aussi, ça faisait longtemps qu’elle ne l’avait plus vue. Il fallait qu’elle renoue des liens avec ses amies. C’était la pire personne qui puisse exister, elle n’arrivait pas à garder bien longtemps ses amitiés. Elle regarda Ayame sortir de la pièce et elle ne tarda à faire de même. Attrapant la feuille qui servait de cible pour ses tirs, elle rangea son matériel, et retourna voir son professeur, bien décidée à lui montrer ses exploits.