Ils étaient parvenu à destination et si c'était son enquête, elle laissait l'agent Hotchner prendre les devants ; le revoir, comme ça, lui rappelait l'époque où elle n'était qu'une adolescente, et elle savait qu'elle n'oserait pas être la flic insupportable qui désirait à tout prix la gloire que lui procurerait l'enquête terminée face à lui. Comme le dernière meurtre était récent, tout avait été laissé en place, il y avait juste les traces de sang qui avaient été nettoyées avant qu'il soit impossible de les faire partir, et la famille devaient loger à l'hôtel tant que les agents n'auraient libéré la scène de crime. C'était pénible, Natasha le savait très bien, et ferait son possible pour boucler cette affaire une bonne fois pour toute. Ils entrèrent dans la maison ; dans le halle, les tiroirs étaient tirés, les cadres cassés, comme si on avait cherché quelque chose ou qu'on voulait faire oublier quelqu'un.

Brittany a été retrouvée dans sa chambre, au premier, indiqua la jeune femme blonde en désignant les escaliers du menton.

Elle savait que pour débuter un profil, il fallait d'abord étudier la victimologie. Le seul problème ici était sans doute qu'aucune des victimes n'avaient de point commun. A part leur mort horrible, bien entendu, rien ne pouvait les relier. Et les familles ne leur en avait guère appris plus, lorsqu'Ashley et Natasha étaient allées les interroger, la jeune agent redoutait donc que les profilers reviennent les mains vides. Mais, au fond d'elle, elle avait la désagréable impression qu'ils ne leur avaient pas tout dit. La question qui demeurait maintenant était ; comment leur tirer les vers du nez ? Les profilers étaient très probablement plus compétent qu'elle, et trouveront sans doute des réponses là où elle n'avait rien vu. La jeune femme blonde mena l'agent Hotchner et la profiler Chase - bon sang ! ce que c'était étrange de dire ça en parlant d'Abby ! - à l'étage jusqu'à la chambre de Brittany. Tout comme le corridor, et une bonne partie de la maison, la chambre était sans dessus-dessous. Il y avait des traces de lutte, c'était indéniable. Elle ne savait pas si l'agent Hotchner attendait qu'elle lui fasse part de ce que sa collègue et elle-même avaient conclut à propos de cette scène, et hésitait à le lui dire. D'un autre côté, elle faisait des cours de criminologie en parallèle avec son boulot et mourrait littéralement d'envie de savoir si ses idées étaient fondées. Tant pis si c'était faux et qu'il lui passait un savon, elle ne supportait plus ce lourd silence qui les poursuivaient depuis le départ du commissariat.

On pense que Brittany a ouvert à son agresseur, comme toutes les autres victimes, il n'y a de traces d'effraction, et comme elles étaient toutes chez elles, c'est l'hypothèse la plus logique. Elle a voulut lui échapper et s'est réfugié dans sa chambre... Son père nous a dit qu'il l'avait retrouvé le téléphone à la main, elle a sans doute voulut appeler à l'aide...

Natasha avait écouté ce que disait l'agent Hotchner avec attention ; elle retint un sourire en se souvenant de ce tout le monde lui avait dit lorsqu'elle était entrée au FBI. « Jamais vous ne ferez le poids, mademoiselle. Rentrez chez vous, vous pourriez vous casser un ongle. » Combien de fois cette phrase avait tourné dans la bouche de ses collègues, et combien de fois elle avait pu leur rire au nez. Les apparences sont parfois trompeuses, et l'habit ne fais pas le moine. Quoi de plus vrai ? Natasha n'avait pas la carrure d'une agent du FBI, petite, fine, tout le monde avait vite fait de penser qu'elle ne ferait pas long feu et qu'elle serait incapable de mettre un adversaire hors d'état de nuire sans son arme de service. Un profiler que Natasha admirait - non, il ne s'agissait pas l'agent Hotchner ! Mais de l'agent Jason Gideon - avait dit qu'une arme n'était qu'un outil, l'arme, c'était les profils que lui, et son équipe, établissaient. La jeune femme était de son avis, même si elle avouait se sentir plus en sécurité quand son arme était à porté de main que si elle n'avait rien. Mais elle était tout à fait capable de se battre, surtout après l'entraînement intensif qu'elle avait subit pour entrer au FBI. Sauf qu'elle n'était pas Brittany et que cette dernière n'avait pas pratiqué d'arts martiaux, du moins, à sa connaissance. Cependant, si Brittany était menue, il n'en n'était pas de même pour Richard qui était un homme plutôt carré.

Composer le numéro, oui, elle a eu le temps, mais pas pour leur répondre quand ils lui demandaient qu'est-ce qui arrivait..., répondit-elle en reportant son regard de métal sur l'agent Hotchner. Mais, nous pouvons toujours contacter l'agence qu'elle a eu au téléphone, et savoir si la personne qui a répondu a entendu quelque chose de spécial...

Natasha n'était pas convaincue par sa propre proposition ; quand elle avait vérifier, on leur avait déclaré que la personne au bout du fil avait raccroché. Ce qui les avait d'ailleurs empêché d'être des témoins audio du crime. Une veine pour l'interlocuteur, une malchance pour Brittany et les agents qui n'avaient alors rien à se mettre sous la dent. La jeune femme blonde posa alors son regard sur la chambre, comme si elle espérait pouvoir dénicher quelques preuves jusqu'alors cachées et ses yeux se posèrent sur Abigail qui n'avait toujours pas pris la parole. C'était vraiment étrange de la voir au milieu d'une scène de crime.

Les agents n'avaient vraiment que très peu d'indices, même si Hotch doutait fortement qu'ils allaient trouver des informations en écoutant l'appel, il fallait essayer, peut être qu'un bruit suspect les mettrait sur une piste... Et si c'était l'inverse, ils devraient recommencer au point de départ. Il espérait que les autres recevront de meilleurs informations de la part des familles des victimes.

On peut toujours demander à avoir l'enregistrement de l'appel, quelque chose peut nous mettre sur une piste répondit-il à l'agent Williams

Aaron envisagea l'espace d'une seconde qu'il n'y avait pas un, mais deux tueurs. Certains éléments pourraient correspondre : Brittany était menue, elle devait peser dans les 50 kilos, donc une seule personne pouvait la maîtriser, mais en ce qui concernait Richard, il était plus fort et donc le tueur aurait du avoir du mal à le maîtriser, il aurait pu se défendre et s'en sortir. Le premier tueur aurait donc pu le maîtriser, pendant que l'autre le tuait.

Peut être qu'il y a 2 tueurs...

Il regarda Abigail, elle n'avait toujours pas dit un mot depuis qu'ils étaient arrivé sur la scène de crime.

Si vous avez des hypothèses, n'hésitez pas à nous en faire part

Attentive, Natasha avait écouté chacune des propositions. Deux tueurs ? Ca pouvait être possible, en effet. Mais il était peu probable que la victime les ai laissé entrer chez elle toutes les deux. Il était plus simple de faire confiance à une seule personne plutôt qu'à deux. Sauf s'il s'agissait d'un couple et qu'ils avaient une bonne excuse pour vouloir entrer. Surprise d'entendre la voix familière d'Abigail, Natasha regarda sa meilleure amie tandis que celle-ci exposait son idée. Les suspects étaient nombreux, et les pistes aussi ; ils pouvait avoir à faire à deux tueurs, ou bien à un homme ayant les mêmes muscles qu'Hercule, soit, la plupart des habitants de Washington DC. Ils étaient bien avancé avec cela. Entendant la question de amie, Natasha ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, clos les paupières quelques secondes avant de reporter son regard de métal sur sa colocataire, un sourire mi-figue, mi-raisin qui étirait ses lèvres.

Ne me dis pas que tu vis à Washington et que tu ne sais pas s'il y a des salles de musculation ?! s'indigna-t-elle faussement, et faisant preuve de non-professionnalisme. Le plus près se trouve à côté du Cleveland Park, les autres sont à plus d'une demi heure en voiture, reprit-elle, davantage à l'attention de l'agent Hotchner que pour Abigail. Excusez-moi de revenir sur la possibilité de plusieurs tueurs, mais s'il y en avait réellement deux, il y a peu de chance pour qu'on les ai laissé entrer. L'être humain fait plus confiance à une personne seule, non ? Du moins, c'est comme cela que ça marche, ici.

Elle parlait bien sûr de Washington DC. De toute manière, la psychologie humaine faisait qu'une personne avait tendance à faire plus facilement à une personne plutôt qu'à deux et dans la capitale politique, il n'était pas rare de se faire agresser par un groupe, ou une bande d'individus plutôt qu'une personne seule. La jeune femme réfléchissait sur sa propre remarque, et, d'une nature assez contradictoire, jugea bon de rajouter ;

Sauf si la victime les connaissait, dans ce cas, elle a put leur ouvrir.

Mais cette solution signifiait que toutes les victimes connaissaient leurs agresseurs et qu'il y avait donc bel et bien un lien qui les connectait toutes les unes aux autres. Lien qui leur échappait.

Buvant les paroles de l’agent supérieur, Natasha essayait aussi de compléter cette piste qui, peu à peu, se développait, s’étoffait. Sans le vouloir, l’agent Hotchner venait de soulever un point commun entre leurs victimes – en plus du fait qu’elles soient mortes, bien évidemment, aucune d’elle ne travaillait alors que tous avaient des occupations plus ou moins importantes. Coïncidence ? Peut-être. Toujours était-il que c’était suspect. Selon Natasha. Elle en fit, d’ailleurs, part aux deux profilers qui lui faisaient face. C’était toujours une piste à explorer.

Pour éviter de se faire repérer, ils ont aussi pu faire le tour des autres maisons ; des vendeurs qui ne vont voir qu’une seul maison, ça peut paraître suspect…

Elle réfléchissait toujours, surprise de constater à quel point elle parvenait à faire deux choses à la fois ; parler d’un sujet, et réfléchir sur un autre. Certes, ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait, et son cerveau était capable de faire des liens, là où il n’y en avait pas, mais à chaque fois, elle était satisfaite de sa capacité à réfléchir. En parlant de voisins, elle venait de se donner une idée qui, jusqu’alors, ne lui était pas venue.

Ashley et moi avons déjà interrogé les voisins qui n’ont rien vu d’inhabituel, d’après leur propre dire, cependant, nous n’avions pas pensé à des vendeurs de porte à porte. Si on leur en parle, peut-être qu’ils auront quelque chose à dire, proposa-t-elle, hasardeusement.