Quand tout le monde s’était dirigé vers un véhicule, Julie et Ashley avaient fait de même. La jeune femme s’était permis de prendre une des voitures de la police ; même si son supérieur lui interdisait formellement d’en emprunter une (sous prétexte qu’elle conduisait comme une barbare et qu’elle allait foncer dans un mur. Et si, par malheur, elle cassait un des véhicules de service de Bradford, mais elle était bonne pour chercher un nouveau travail !) c’était un cas exceptionnel. Elle n'allait pas emmener la légiste dans sa Volvo, quand même... Se plaçant derrière le volant, elle n’eut même pas besoin de taper les coordonnées de l’hôpital dans le GPS : elle connaissait la route par cœur. A vrai dire, Washington n’avait plus de secrets pour elle, elle y avait toujours habité. Elle ne brisa pas le silence dans la voiture. Bien qu’elle savait que maintenant, Julie l’avait reconnue, elle ne dit rien. Des tas souvenirs lui revenaient en mémoire, quand elle voyait la légiste. Et c’est les yeux dans le vague, qu’elle remarqua distraitement qu’elles étaient arrivés. Se garant, elle resta un instant sans bouger, moteurs coupés, avant de dire :

- C’est ici…

C’était bien inutile. Si elle s’arrêtait, c’était d’une logique implacable qu’elles étaient arrivées ! Se détachant et descendant du 4x4, elle plongea sa main dans sa poche arrière. Fronçant les sourcils à cause du soleil, elle s’assura qu’elle la suivait avant de pénétrer dans l’hôpital. Blessés, malades, proches, mutilés, tout les gens qui souffraient était réunis ici. Faisant fi de l’odeur de sang qui lui tournait la tête ( elle ne supportait pas l’odeur, ni la vue de ce liquide rouge et poisseux, ce qui était bien étrange en vue du métier qu’elle exerçait ), et des pleurs de quelques-unes des personnes présentes, elle se dirigea vers l’accueil. La femme brune, d’une trentaine d’année, derrière son ordinateur, releva la tête en les voyant arriver. Ses yeux verts, derrière les verres de ses lunettes, se posèrent successivement sur Ashley et Julie. Puis, ses lèvres roses s’étirèrent en un sourire - hypocrite -, et elle demanda s’un voix doucereuse :

- Que puis-je faire pour vous ?

Son sourire presque machiavélique et ses yeux d’un vert presque irréel firent frissonner Ashley. Sortant sa place de police ( Oh, c’était très drôle de voir la réaction des gens quand ils voyaient sa plaque ! ), le sourire de la jeune femme brune se décomposa. Pourquoi ? Elle avait fait quelque chose de mal ? Bien que cette idée lui caressait l’esprit - elle voyait bien cette femme en pédophile et/ou psychopathe -, elle reprit le fil de sa pensée :

- Nous voudrions voir le corps de Brittany West.

Elle acquiesça vivement et se mit à taper sur son ordinateur. En attendant sa réponse, elle se tourna vers Julie. Qu’elle avait changé ! C’était normal en tout ce temps, mais ça la choquait. Dans le bon sens, elle était vraiment jolie.