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Sujet: Thomas I. Iablonski •• Nice. All the subtlety of brain surgery with a chainshaw Lun 12 Nov 2012 - 20:52 FBI CONFIDENTIAL FILE N° 00328 700 27
THOMAS I. IABLONSKI
feat. jonathon young
« Identitfy card; state of Virginia »
▌N° D'IDENTIFICATION • 00328 700 27
▌SEXE • féminin
masculin
▌NOM • Iablonski
▌PRENOM(S) • Ivanka, Thomas, Nikola Mycroft, James, Herman
▌ÂGE • 35 ans
▌DATE • 17.04.1977 ; 05:13 pm
▌LIEU • Rekovac (Serbie)
▌NATIONALITE(S) • Serbes, anglais et américain d'origines norvégiennes
▌ETAT CIVIL • Célibataire.
▌EMPLOI • Psychologue consultant pour le Behavioral Analysis Unit à mi-temps et psychologue à la prison fédérale de Quantico (anciennement lieutenant à Scotland Yard, agent fédéral au Feredal Bureau of Investigation et profiler pour le Behavioral Analysis Unit)
▌SPECIALISATION(S) • Troubles psychiatriques, démence
▌ETUDE(S) • Equivalent au Bac Scientifique, cours de lettres par correspondance et en autodidacte, Ecole de police de Londres, Faculté de psychologie de Nottigham, Faculté de criminologie à Washington DC.
▌VILLE • Arlington (VA)
▌HABITATION • Villa -
Maison -
Appartement -
Loft -
Studio
▌GROUPE • Profiler -
Apprentice profiler -
Forces of order -
Other -
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CARACTERE; Tourmenté Perdu Dubitatif Arrogant Prétentieux Menteur Franc Intimidant Difficile à cerner Elégant Hautain Sournois Fourbe Psychanalyste Protecteur Introverti Renfermé Mystérieux Etonnant Joueur Charismatique Bizarre Cynique Douteux Suspect Admiratif Sensible Excellent mémoire Parfois supersitieux Téméraire Violent Peureux Confiant Imbu de lui-même Charmeur Réaliste Très intelligent A une très haute estime de lui Egoïste Affectueux Narcissique Bavard Parle peu Réfléchi Très mauvais perdant Sympathique Froid Distant Invivable Insupportable Détestable Violoniste Déterminé Ambitieux Loyal Instable Méprisant Complexe Combatif Exigeant Solitaire Indépendant Amusant Excentrique Légèrement androgine
« Dossier médical »
Erich Fromm a écrit: ❝ Man is the only animal for whom his own existence is a problem which he has to solve ❞ PROFIL PSYCHOLOGIQUE ◮ « Tu n’es rien d’autre qu’une misérable petite larve, Thomas ! Une saleté dans un monde de féérie et de beauté ; un monstre qu’il faut abattre. Regarde-moi quand je te parle, vermine ! Ecoute-moi ! Ne détourne pas les yeux quand je m’adresse à toi et cesse donc de te frotter les mains ! Si tu as quelque chose à me dire, dis-le ! … Pfff. De toute façon, tu n’es qu’un bon à rien. Un incapable, un vaurien ! Regarde-toi baisser les yeux ! Tu devrais avoir honte d’un tel comportement ! Une fillette ne pleurerait pas comme tu le fais ! Tu m’entends ?! Tu n’es qu’une mauviette ! Une chiffe molle ! Une tapette ! Pas étonnant que Rachel ne t’accorde aucun regard. Aucun n’accepterait de te regarder tant que tu ne seras pas devenu un homme, un vrai ! Quoi ? Ne me dis pas que tu trouves viril ? Je ne sais même pas comment cette idée à pu te traverser l’esprit ! Tu es pathétique, Thomas. Tu as entendu ? PATHETIQUE ! Pourquoi serres-tu ce poing ? Tu comptes me frapper ? Moi ? Ton reflet ? Eh bien, vas-y ! Ne te gêne pas, allez ! Mais qu’est-ce que tu attends, hein ? … C’est bien ce que je me disais ; tu n’as pas assez de couilles pour taper, pour affronter ton propre reflet… Pitoyable. Pourtant, il y a eu des jours où tu t’en fichais. Ah ! mais c’était le bon vieux temps, ça, hein ? Elle est loin derrière nous l’époque où tu distribuais les coups aussi facilement que les jurons. Mais, dis-moi Thomas, pourquoi ne me laisses-tu pas t’aider un peu ? Ne me dis pas que tu ne regrettes pas l’époque où Erskine et toi vous battiez violemment ? Que tu n’aimerais pas que Rachel tremble de nouveau devant toi ? Arrête de mentir, Thomas. Tu sais que j’ai raison. Cesse donc de te mentir à toi-même ! Oui, l’image qui t’apparaît c’est ton image. Le reflet de ton âme, tu ne peux pas y échapper. Laisse ce côté sombre, car ne l’est-il pas, te conquérir quelques secondes. Juste le temps de prouver à tout le monde que tu es saint d’esprit. Dévoile-leur ta remarquable intelligence. Montre-leur ta supériorité intellectuelle. Allez, bouge ! » Thomas balança son poing dans l’affreuse créature qui lui faisait face. Le miroir se brisa lentement. Des fissures firent leur apparition, une à une, autour de sa main fermée. Lorsqu’il retira son poing, les morceaux brisés de son reflet s’effondrèrent sur le sol. Grimaçant, il ôta les plus petits débris de sa main ensanglantée. Il reporta ensuite son regard vers le reste du miroir. Il mentait. Son reflet avait toujours mentit. Pour commencer, il était une hideuse créature, quelque chose d’inhumain. D’inexistant. Thomas avait parfois l’impression de faire face à un monstre fantastique. Un vampire. Un hybride. Sauf que cela n’existait pas… En théorie. « Regarde-toi trembler de peur et d’incertitudes. Tu pues le doute et la superstition. Penses-tu vraiment être une créature maléfique ? Rappelle-toi de nos jours heureux. Rappelle-toi combien tu pouvais prendre ton pied lorsque tu faisais le paon ; souviens-toi qu’elles raffolaient toute de ton arrogance malsaine et de ton hautaineté naïve. Revois-tu quel homme élégant et ambitieux tu étais ? Tu étais très loin de la mauviette d’aujourd’hui. Quoique, l’autre jour, je dois bien admettre que tu m’as surpris. Tu avais retrouvé l’estime que je – enfin, tu – te portais. Tu t’es battu avec force, rage et témérité pour montrer que tu avais raison. Plutôt courageux pour un type dans ton genre. Mais bon, après cela, tu es redevenues le petit agneau, doux, gentil et bien élevé, qui vit au pays Enchanté des Bisounours et qui aime câliner les autres. L’affection, c’est pour les filles, ok ? Pathétique, je ne le répéterai jamais assez. Comment les autres peuvent-ils te croire quand tu te prétends fin psychologue ? Tu n’es tellement pas crédible… » Il se recroquevilla, prit sa tête dans ses mains. Il se détestait. Il était sa plus grande peur et plus belle fierté à la fois. Un esprit torturé caché derrière un masque de timidité feinte et d’admiration douteuse. Son excellente mémoire, sa vivacité d’esprit et son exceptionnelle intelligence étaient la plus parfaite des couvertures. Il parvenait à être attachant et intimidant à la fois ; doux et violent ; brutal et attendri. Il se psychanalysait, s’étonnait de voir de tels résultats, rêvait d’être son propre sujet d’étude… Il se releva, une lueur nouvelle dans les yeux. Réajustant sa veste de costume, il épousseta ses épaules. « Je suis l’objet de mes tourments, le mécréant des Abysses de la méchanceté ; les débris de mon esprit, l’enfant des Enfers. Je suis le chaos et la lumière. Le bien et le mal s’affrontent dans mon corps, luttant dans une guerre dont aucun ne finira vainqueur. La vie et la mort se succèdent. Je me perds dans mes troubles, je me noie dans mes pensées. Mi-ange, mi-démon, personne ne peut pleinement me connaître, encore moins me comprendre. Je suis Ivanka Thomas Nikola Mycroft James Herman Iablonski et je vis pour mourir. »
CONDITION PHYSIQUE ◮ « Regarde-toi. Observe ton reflet ! Allez, lève les yeux, vaurien ! Pourquoi n’obéis-tu pas ? Aurais-tu peur de voir ton reflet ? Que penses-tu y voir ? Un monstre ? Pauvre de toi, ne savais-tu donc pas encore que tu en étais un, de monstre ?! Regarde tes yeux sombres, je ne parviens même pas à distinguer tes iris de tes pupilles ; vois ton air cruel et assoiffé de sang prêt à se tordre en un rictus sardonique. Il n’a plus rien à voir avec ce visage charmeur de génie beau parleur et enjôleur. Il n’y a vraiment plus rien d’enfantin dans tes yeux ; retrouves-tu tes traits dans la maigreur de ta face ? Mais regarde-moi cette immonde couleur qui parcourt ton corps ! Obscure, noirâtre, dégueulasse… Un cadavre, voilà ce que tu es ! Un vulgaire corps ! On pourrait croire que ton corps est le miroir de ton âme. En supposant que tu en aies une, d’âme. Et puis ces ongles, ces longues griffes acérées qui pourraient déchirer n’importe quelle matière lors d’une simple caresse. Tu n’as pourtant pas toujours été une telle horreur de la nature. Et même maintenant, il t’arrive, parfois, d’être beau… Ou plutôt, regardable. Avant, tu n’étais pas ce fil de fer tordu, oh que non… » Thomas se détourna. Pour une fois son reflet ne mentait pas ; il était horrible, monstrueux. Il y avait quelque chose de féroce dans sa façon de se tenir, dans son visage. Il n’aimait pas l’image que le miroir lui renvoyait de lui-même ; une image de pourriture, une créature sortie de l’Enfer. Quelque chose qui mériterait de périr dans la souffrance. Il n’était plus humain. Mais ce n’était que mirage… Il voyait dans son reflet ce qu’il pensait de lui-même, rien de plus. Il n’était pas un monstre, pas une créature. Tout ceci n’existait pas. Il n’était pas un vulgaire personnage de série B américaine. Non. Il était un être humain, un vrai, avec ses défauts et ses lacunes. Sa beauté et ses imperfections. De nouveau, il porta les yeux vers la glace qui lui faisait face. Mais cette fois, toute trace de monstruosité avait disparu de ses traits. Il sourit. « Ah, voilà qui est bien mieux, Thomas. Te voilà beau et élégant, comme à l’époque de tes vingt ans. Vois comme tu as fière allure dans ce très chic costume. On te croirait tout droit sorti d’un film du siècle dernier, si ce n’est pas celui d’avant encore. Regards comme tes yeux, dont la couleur navigue entre l’azur et le bleu royal, sont éclairés par ta vivacité d’esprit et ton intelligence hors du commun. Et puis cette douceur dans tes traits. Des pommettes un peu trop élevé et bien saillantes mais rien de trop effrayant, même pour un jeune enfant. Déjà gosse tu avais les joues maigres. Ton teint est passé de blafard à un beau blanc crème. Alors, n’es-tu pas mieux, maintenant ? Ne prête pas attention aux railleries des autres quant à ta taille et à la longilignité naturelle de ton corps ; admire plutôt l’élégance de ta position : droit, les mains jointes devant ton torse fin, le dos légèrement arqué. Tu pourrais presque te faire passer pour une femme mais cette féminité en fait craquer plus d’une. Et puis ton sourire qui semble être une offrande à ton reflet mais qui renferme tant de secrets, tant de noirceur. Une canine plus longue que les autres, des dents un peu trop avancées, il y a quelque chose de bestial sur ton visage. Mi-homme, mi-loup. N’aimes-tu pas cette apparence-là, Thomas ? Mais que te faut-il donc ?! » Il perdit son sourire. Ce qu’il lui fallait ? Il l’ignorait, à vrai dire. Des muscles ? Une petite prise de poids ? Un regard plus tendre, un visage plus rond ? Une apparence plus virile, peut-être ? Une tout autre manière de se vêtir ? Mais il aimait ses costard cravate chic et rarissimes. Avec eux, il avait l’impression d’appartenir à une tout autre classe sociale. Peut-être devait-il arrêter de mettre du bleu ? Cette couleur était pourtant celle qui lui allait le mieux. Celle qui le rendait si mystique… Ce ne devait pas être ses vêtements. Alors quoi ? A quoi s’attendait-il à chaque fois qu’il s’observait dans une vitre ou dans une glace ? Il n’était pas du genre play-boy et ne se mettait pas en valeur. Pour lui, le charme était naturel. Soit il en avait, soit il en était dépourvu. Les regards s’arrêtaient parfois sur lui mais cela restait rare – et lorsque cela arrivait, il les sentait – mais jamais assez longtemps pour qu’il se considère comme étant quelque de beau. Et pourtant, quand il était sujet à sa passion il l’était. Beau. « Non, je suis magnifique. Lorsque je sonde l’esprit humain, lorsque je suis au summum de mon art peu importe ma façon d’être vêtu, peu importe si j’ai l’air agressif ou non, je suis divin. Mon corps peut refléter la noirceur de mon être intérieur, il peut se montrer repoussant parfois, mais cela ne compte pas. Il me permet une bonne endurance physique malgré mon ossature fragile. Il me permet de ressembler à un enfant, parfois, mais même s’il me vieillit, souvent, je ne peux pas faire plus que mon âge. Il garde mon côté mystérieux, mon aspect sombre tout en mettant ma bonté et ma gentillesse en valeur. Personne ne peut traduire les habitudes qu’il a, personne ne peut percer mes secrets à travers mes TOCs physiques ; personne ne peut espérer comprendre qui je suis grâce à mon corps. Je suis Ivanka Thomas Nikola Mycroft James Herman Iablonski et je suis l’enveloppe charnelle de la vie. »
A PREVENIR EN CAS D'URGENCE ◮ WATSON, BASILE T. • (kind of bestfriend and flatman for some times now) « Pourquoi ne décroches-tu pas ? C’est Basile. Tu sais, Basile, ton ami de longue date maintenant. Entre vous, c’est plutôt ambigüe, tu ne peux pas le cacher, et pourtant, pour être ton reflet, je sais qu’il n’y a rien entre vous. Une confiance mutuelle, peut-être ? Un profond respect ? M’ouais. Tu ne me feras pas croire qu’il n’y avait jamais rien eu. Vous avez été beaucoup trop proches, trop vite, si tu veux mon avis. Allez quoi, admets-le ! Vous partagiez la même chambre à l’Université, et depuis, où que tu ailles, il te suit. Un bon petit caniche ce Basile, tu ne trouves pas ? En y réfléchissant bien, il me rappelle assez Alban… Enfin, lui au moins, est toujours en vie. Mais dis-moi, ne te sens-tu pas un peu coupable de l’avoir contraint à quitter son pays, ses amis, sa famille, pour te suivre jusqu’en Amérique ? Et ne penses-tu pas qu’il se doute que tu l’utilises uniquement pour parvenir à tes fins et avoir des réponses à tes questions ? Non, bien sûr que non… Tu es bien trop égoïste pour te soucier de lui… Pourtant, peut-être qu’il te déteste, qui sait ? Après tout, qui te dit qu’il ne prépare pas un plan machiavélique pour t’anéantir ? Peut-être même qu’il a appris ce que tu as oublié, toi… Alors, pourquoi tu ne vas pas lui demander, hein ? » Un coup balancé dans le miroir suffit à faire taire cette voix. Thomas ne savait pas trop quoi penser de sa relation avec Basile. Ils étaient bons amis et il savait qu’il pouvait compter sur le médecin légiste. A vrai dire, il était le seul qu’il arrivait à considérer comme un ami, mais voilà… Cette amitié était basée sur le secret. Basile ne savait rien de Thomas et sans doute était-ce mieux ainsi…MAGNUS, RACHEL S. • (old friend, old love...) « Tu te souviens de la première fois que tu lui as parlé ? De tes premiers mots maladroits, enfantins et timides ? Tu t’en rappelles, hein Thomas ? Suis-je bête ; bien sûr que tu t’en rappelles. Tu te souviens de chaque détails de chaque secondes passées en sa compagnie ; de ses petits boucles blondes attachées en deux queues de cheval, de ses grands yeux bleus effrayés, de sa petite robe bordeaux qui la vieillissait d’une année et de ses petites chaussures en toile noires. C’était un jeudi, n’est-ce pas ? Oh oui. C’est étonnant que tu te souviennes d’absolument tout ce qui la concerne, mais que tu ais oublié la mort d’Alban… Non, Thomas, tu n’as pas besoin de te justifier. Je sais. Je sais que tu l’as aimé dès le premier regard, dès la première seconde où tu l’as vue, je sais les sacrifices que tu as été obligé de faire pour elle, je sais combien tu as soufferts de la voir dans les bras de Fellington… Et je sais aussi combien tu aimerais la détester pour avoir soudainement perdue toute la confiance qu’elle t’accordait… Je ne te mentirai pas sur ce point, Thomas, mais je ne te comprends pas. Je suis toi et pourtant… Pourtant, je n’arrive pas à comprendre comment tu peux encore espérer quelque chose venant de sa part. Parce qu’elle a accepté de t’embrasser une fois ? Parce qu’elle ose encore te sourire ? Il n’y a jamais rien eu d’autre entre vous que ce jeu du chat et de la souris qui n’aboutira jamais à rien. Comment expliquer, sinon, qu’elle ne t’ait jamais caressé la main avec douceur et tendresse ou qu’elle rejette sans cesse tes avances, les niant de bout en bout ? Et pourtant… Tu t’obstines, tu t’acharnes, tu ne perds pas espoir. C’est peine perdue mais je t’admire pour ta volonté. Et je dois bien admettre que vous pourriez former un joli couple. Si elle ne t’en voulait pas autant. Toute cette rancœur du jour au lendemain sans te dire d’où elle provient… Mais, dis-moi Thomas… Pourquoi ne directement le lui demander ? » Thomas tremblait de tout son corps, tenant la photo dans sa main fébrile. Il n’était pas d’accord avec son reflet ; Rachel avait foi en lui exactement comme il avait foi en elle. Elle reconnaissait son intelligence et le reconnaissant en tant qu’être. Au fond de lui, Thomas voulait se persuader que ses sentiments étaient réciproques ; Rachel les refoulait juste à cause de Fellington, rien de plus… Sinon, pourquoi accourrait-elle à chaque fois qu’il l’appelait ?GREY, ANJELIKA C. • (i know you hate when i won) « Tiens tiens, j’ai une énigme pour toi, petit génie. 4.15.12 13-9. Et si tu la proposais à Anjelika ? Je suis sûre qu’elle serait ravie de la faire, tu ne crois pas ? Allez, prends ton portable et envoie-la-lui. A ton avis, combien de fois avant qu’elle ne trouve la réponse ? Dix minutes ? Moins peut-être ? Oh, voyons Thomas, tu sais bien que l’intelligence d’Anjelika est extraordinaire et surprenante. Oh, elle n’égale en rien la tienne ou celle de ta douce Rachel, mais Anjelika est une personne fascinante. Et l’une des rares qui ne cherche pas à s’immiscer dans ta vie privée. Je sais que tu lui en es reconnaissant pour cela, bien que tu ne l’admettes pas. Mais vraiment, je ne te comprends pas. Ce jeu de chat et de la souris avec Anjelika ne finit-il pas par te lasser ? Après tout, ton cœur appartient à Rachel pour le restant de tes jours alors… Pourquoi faire courir des rumeurs sur Anjelika et toi ? En tout cas, elle, a l’air de tenir à toi en tant qu’ami. Malgré tout ce que tu penses, tu pourras compter sur elle pour tes recherches alors cesse donc de faire ton bon garçon et demande-lui de l’aide ! Tu sais qu’elle peut t’aider, qu’elle peut t’aider à te fournir des réponses… Tu reconnais son travail, tu sais qu’elle excelle dans son domaine. Alors pourquoi continuer à mentir, Thomas ? Pourquoi ? » Il se lança un regard noir à travers le miroir. Anjelika ? Il se fichait d’elle. A vrai dire, il aimait lui parler uniquement pour les défis qu’ils se lançaient mutuellement. Défis qu’il aimait remporter ne serait-ce que pour voir son visage se décomposer lorsqu’il lui donnait la réponse en l’espace de quelques minutes. Anjelika lui permettait de vérifier que son intelligence ne diminuait pas avec le temps et était le peu d’adrénaline qui pouvait venir faire de ses journées des jours différents les uns des autres. Rien à voir, cependant, avec le temps où ils étaient équipiers et où il allait sur le terrain.FELLINGTON, ERSKINE W. • (go to hell! you're a fucking jerk, out of my city!) « Ha, ce bon vieux Fellington. Un vieil ami, n’est-ce pas, Thomas ? Tout comme Rachel et Alban, tu l’as rencontré à l’orphelinat. Il a été le dernier à s’intégrer à la bande que vous formiez. Et, à vrai dire, si Rachel n’avait pas insisté, tu ne l’aurais probablement jamais accepté. Déjà gosse il avait cet air suffisant que tu haïssais plus que tout au monde. Il était l’aîné de vous tous, il était riche, il était charismatique. Il plaisait aux filles et avait l’éloquence des plus grands avocats. Il avait Rachel… Tu n’as jamais eu confiance en lui mais laisse-moi te dire une chose Thomas ; tu as parfaitement raison. Je ne suis jamais d’accord avec toi mais sur ce point-là, je dois bien admettre que Fellington ne me dis rien qui vaille. Il a toujours été magouilleur, une tête pensante pour les mauvais coups que vous aviez put faire étant gosses. Tu n’aimais pas sa façon de se prendre pour le chef, son air hautain et il te le rendait bien. A chacune de vos joutes verbales, il n’hésitait pas à te rappeler qu’il avait ce que tu convoitais et ce qu’il avait ; Rachel. Il se moquait d’elle. Il ne l’aimait pas autant que toi. Il ne la méritait pas. Et pourtant, c’est bien lui qu’elle a choisit. Je sais, Thomas… Je sais… Pourquoi ? Je ne peux pas te fournir de réponses. C’est à toi de la découvrir. En te souvenant. Alors souviens-toi Thomas ! » Il se prit la tête dans les mains, se laissa tomber à genoux. Il n’arrivait pas à se souvenir. Pourquoi fallait-il que ce stupide miroir le lui rappelle constamment ? Et pourquoi fallait-il qu’il le fasse en parlant de Fellington ? Comme si Thomas ne nourrissait pas déjà assez de rancœur envers l’homme. Dire qu’il le détestait était un euphémisme. Les deux hommes ne pouvaient tout simplement pas se voir et pourtant, fut un temps où ils avaient réussit à mettre leurs différends de côté pour créer un semblant d’amitié… Dur d’imaginer que cela ait put se passer… Toujours est-il qu’à présent, Thomas n’a plus de nouvelles de lui mais ne va pas s’en plaindre, loin de là ! JACKSON, ALBAN H. • (kind of old friend) « Aujourd’hui est un jour spécial, n’est-ce pas Thomas ? Ne fais pas celui qui ne sait pas. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire d’Alban. Alors, que vas-tu faire cette année ? Ce serait bien d’aller sur sa tombe, non ? Vingt ans ont passé depuis la dernière fois où tu y es allé, les fleurs que tu as déposées doivent être fanées depuis longtemps… Et si tu appelais Rachel ? Après tout, elle aussi était très proche de lui… Ce serait un bon moyen de reprendre contact avec elle et un excellent prétexte pour la revoir. Non ? Tu es bien difficile, en ce moment ! Alban était pourtant ton ami ! Il savait ! Il savait tes sentiments pour Rachel ! Il savait la haine que tu renfermais en toi ! Il savait pour tes parents et tes grands-parents ! Il était le seul qui te connaissait réellement, le seul qui avait foi en toi ! Il te faisait confiance, assez pour te parler de sa maladie. Assez pour te parler de ses envies ! Il t’a mis dans le secret. Toi, puis Rachel et pour finir, Erskine… Tu sais que tout est relié à Alban, n’est-ce pas ? Tu sais qu’Alban n’est pas mort de cause naturelle… Qu’il a été tué… Personne ne t’a crût à l’époque. Et les deux seuls qui ont des réponses à t’offrir refusent de te le donner. C’est à cause d’Alban si tu te vois comme ça, en fait… S’il n’était pas mort, peut-être que tu serais toujours le même… » Il fit volte-face. Alban… Le troisième qui s’était intégré au groupe. Celui qui était venu compléter le duo par son intelligence et son esprit tactique. Il se dévouait à une carrière politique et nul doute était qu’il aurait brillamment réussit s’il n’avait pas périt. Thomas se sentait coupable à l’époque. Il se sent toujours coupable… Il sait que la réponse est quelque part dans son subconscient. Il ne sait juste pas où ni comment la trouver…
« Dossier professionnel »
Stephen King a écrit: ❝ Sometimes human places, create inhuman monsters ❞ CURRICULUM VITAE ◮ « Ha, dire que tu vas peut-être intégrer le Département des Sciences du Comportement dans une heure. Ne te sens-tu pas un peu… Angoissé par ce retour aux sources, Thomas ? Moi si. Je peux sentir une vague de nostalgie m’envahir à cet instant précis… Je me souviens encore de l’époque où tu parlais de devenir un grand milliardaire en t’investissant dans des recherches scientifiques. Tu avais quel âge à cette époque ? Huit ans ? Un peu moins ? C’était le bon vieux temps, pas vrai Thomas ? Tu étais alors tranquille, sans moi pour te dresser et te guider dans le bon chemin… Et puis après tu as soudainement décidé que tu travaillerais dans la technologie. Pourquoi ce choix incongru ? Parce que Rachel et ta bande t’avait offert un baladeur musique ? En tout cas, cette idée t’est restée longtemps en tête. Tu as toujours été attiré par l’argent et la gloire… Et puis il y a eu ta soudaine perte de mémoire. Imprévisible, indomptable, insurmontable même maintenant. Et avec elle, le décès d’Alban. Dis-moi Thomas, est-ce la perte suspecte d’un ami qui t’a motivé à t’entraîné dans le judiciaire ? Et ta perte de mémoire a-t-elle nourrie ton attrait pour la psychologie ? » Thomas regarda son reflet comme s’il ne comprenait pas la langue qu’il lui parlait. Pourquoi toutes ces questions lui venaient-elles soudainement à l’esprit ? Et pourquoi aujourd’hui ? Certes, il avait son entretien d’embauche et il devait être préparé pour répondre à toutes les questions que son futur employeur – en l’occurrence, Erin Strauss – pourrait lui poser mais ce n’était pas la première fois qu’il avait affaire à elle. Il n’avait donc rien à craindre. « Oh tu crois ça, Thomas ? C’est parce que tu as fait une faculté de psychologie en Angleterre que tu te penses à l’abri d’un refus ? La faculté ne t’a servit à rien. La preuve, au lieu de finir tes quatre années comme il se devait, tu as finis par les abandonner pour entrer au Yard. Sur leur demande, certes, mais tout de même ! Tu avais pourtant un avenir plus brillant en tant que psychologue… D’autant plus que tu as toujours un exécrable tireur de pointe. Combien de fois as-tu raté l’examen pour obtenir une arme ? Oh, tu n’as pas compté… Quel dommage. Ca aurait put être amusant. Enfin. Pourquoi as-tu quitté le Yard, déjà ? Ha oui, une altercation avec un profiler venu tout droit des Etats-Unis, c’est ça ? Tss. Quelle connerie tu n’as pas fait ce jour-là ! Tu étais un bon flic, même sans arme, mais profiler ? Bon, je ne te cacherai pas que tu m’as surpris à plus d’une reprise car tu visais souvent juste dans tes profils, mais quand même. Tu as migré, quittant ton pays et tes amis. Remarque, tu t’es aussi éloigné de Rachel, ce qui n’est pas plus mal, en somme… Mais tu as quand même forcé Basile à te rejoindre. Tu crois qu’il en avait envie ? Tu m’as déçu, sur ce coup-là, comme sur beaucoup d’autres, d’ailleurs. » L’homme haussa les épaules. Il s’en fichait. L’avis de son propre reflet ne lui importait pas. Sinon, il ne risquait pas de bien avancer dans la vie. Il se détourna le temps pour lui de ramasser sa cravate et fit de nouveau face au miroir. Les yeux rivés sur la cravate, il commença à la nouer, passant une extrémité du tissu par-dessus l’autre avant de la tirer légèrement. Il ignora lorsqu’on reflet reprit la parole, alla chercher sa veste qu’il enfila rapidement, alla admirer le tout. « Mais c’est que tu te fais beau pour Strauss mon canard ! Qui l’aurait crût ? Pourtant, lorsque tu as intégré le Behavioral Analysis Unit la première fois, on ne peut pas dire que c’était le grand amour entre vous, hein. Souviens-toi qu’elle a bien faillit te virer à cinq ou six reprises à cause de tes manières plutôt… Enfin, tu sais de quoi je parle, n’est-ce pas ? C’est que tu l’as bien fait criser, la mère Strauss. Et grand bien lui fasse ! Ceci dit Thomas, je ne comprends pas trop l’intérêt de quitter le Département pour ensuite y retourner en tant que psychologue consultant. Y a quoi de plus en tant que psychologue ? Tu auras plus de temps libre ? Ah ouais, tu crois ça ? Ca reste à vérifier. La paie sera sans doute moins bonne. Alors quoi ? Tu espères avoir le temps d’enquêter sur la mort d’Alban ? Les magouilles de Fellington ? Oh non… J’ai compris… Tu ne penses tout de même pas que Rachel va faire appel à toi lors de ses procès ? Tu es tellement pathétique, Thomas. Tu me donnes la nausée. » Le psychologue consultant fit volte-face, fin prêt. Il épousseta son épaule, attrapa ses clefs et son pass pour la prison où il travaillait à mi-temps. Qui sait, peut-être aura-t-il le temps d’aller saluer quelques uns de ses clients criminels au passage ?
PARCOURS PROFESSIONNEL ◮ « Hé, Thomas ! Cesse donc de jouer les gamins et arrête de m’ignorer, je sais que tu m’entends ! » L’homme ne retint pas un soupire, se tourna vers son miroir en prenant son temps. Ses pieds glissaient sur le sol à la manière d’un fantôme. Il aurait voulu l’ignorer mais il s’en savait incapable. Il avait toujours été faible, de toute façon et n’avait jamais eu aucune volonté. Pourtant, il avait été un esprit fort, dans le temps. Mais il avait perdu de son charisme et sa force de caractère en perdant une partie de sa mémoire. Quatre années de sa vie qui étaient parties en fumée avant qu’il n’ait eu le temps de les retenir. Quatre ans, ce n’était pas rien. « Thomas, à ton avis… Quand est-ce que ton histoire a débutée ? » Un regard intrigué, un sourcil arqué. Une question des plus idiotes et des plus inutiles. Thomas avait horreur des questions inutiles. C’en était presque devenu une phobie, pour ainsi dire. La peur de devenir inutile, la peur de l’inutilité. Est-ce qu’une telle phobie existait autre part que dans son esprit tourmenté, oh ça, il n’en avait cure. C’était une autre question inutile que de se demander si telle ou telle chose avait une véritable existence. Car encore fallait-il faire la différence entre le réel et l’irréel. Ce dont Thomas était incapable, même après des années d’études psychologiques. « Je dirai que c’est à l’orphelinat. Avant, tu n’étais rien d’autre qu’un bambin braillard. Et pourtant, cette période de ta vie possède son importance, tu ne penses pas ? Tu pourrais au moins répondre ! C’est la moindre des politesses ! Enfin. Passons. Ta mère était serbe, ton père anglais. Tous deux étaient riches, du moins, c’est ce que laissent penser les indices. Mais à cause de leur différence de nationalité, ils ne pouvaient pas vivre une histoire d’amour. Et de toute manière, ce n’était pas dans leurs plans, ni de l’un, ni de l’autre. Tout porte à croire que tu es né un après-midi de printemps, huit mois après une nuit trop arrosée qui a réunit tes deux parents. Tes grands-parents maternels ont contraint ta mère à t’abandonner en apprenant le péché que leur fille avait commis et ton père avait tout bonnement disparu de la surface de la Terre. Ta mère t’a aimé avant même de te connaître. Elle n’avait pas dix-huit ans, mais elle se savait prête à être mère pour la première fois. Elle a préparé ta naissance avec une attention quasi-religieuse. Tu es né en Serbie, dans un hôpital au nom juste imprononçable. Ta mère avait convenu de te nommer Ivanka. Sans doute était-ce le prénom de sa propre grand-mère, une personne qu’elle estimait beaucoup d’après son journal intime. Thomas devait venir compléter ce premier prénom, probablement en hommage à ton père. Tes autres noms te viennent de personnes célèbres. Nikola pour le très fameux Nikola Tesla, un scientifique serbe-américain reconnu pour être l’inventeur de la radio – mais je t’en prie, Thomas, ne me dis pas que ton amour pour la science te vient du fait que tu portes le nom de ce type ! James pour James Coburn, un acteur que ta mère admirait beaucoup. Herman, rapport à l’auteur du roman éponyme Moby Dick. Quant à Mycroft, inutile de te rappeler que t’es auto-surnommé Mycroft après lecture des nouvelles de Sherlock Holmes. Quelle prétention de ta part ! Enfin. Lorsque ta sainte mère t’a finalement mis au monde, elle s’est envolée vers les Cieux, selon sa croyance, bien évidemment. Cet exploit devait être trop éprouvant pour une jeune fille fragile comme elle l’était. Mais elle ne te laissait pas sans rien, oh non. Elle te léguait la fortune dont elle était héritière et que tu pourrais toucher à ta majorité. D’ici-là, tu devais être placé dans un orphelinat… A Londres ! Oui. Ta mère était intelligente ; elle refusait que tu deviennes l’objet de l’avarice de ses parents ou que tu sois traité de batard dans son pays. Elle t’avait déjà réservé une place dans un luxueux orphelinat. Elle devait croire que cela t’aurait permit d’avoir des conditions de vie excellente. Quelle erreur… Dis-moi Thomas, te souviens-tu de l’orphelinat ? » Une lueur sombre traversa son regard l’espace de quelques secondes. L’orphelinat. Son refuge et son Enfer à la fois. Il se souvenait d’avoir été seul pendant longtemps. Il ne jouait pas avec les autres enfants, il ne se mêlait jamais à eux. Il s’asseyait dans son coin à la cantine, refusait de leur adresser la parole aux récréations. Il ne les avait jamais aimé et ils le lui avaient bien rendu cette haine. Il n’y avait pourtant jamais eu de raison à cela. Et puis il y avait eu… « Rachel. Comme un vent de fraîcheur parmi ces pourritures de la Terre. Comme une tornade blonde prête à tout dévaster sur son passage et qui a capturé ton cœur en premier lieu. Elle avait quel âge quand elle est arrivée à l’orphelinat ? Cinq ans, grand maximum ? Cela ne t’a pas empêché d’en tomber amoureux, du haut de tes sept ans. Elle parvenait à marquer des points là où tout le monde avait échoué. Elle te faisait parler, te faisait sortir de ton mutisme. Son insouciance et sa beauté t’avaient aveuglé. Elle avait fait de toi sa poupée de chiffon, sa marionnette. Quel imbécile tu étais alors ! Rachel était là depuis huit mois qu’un autre enfant venait se joindre à vous. Alban. Un nouveau petit orphelin qui n’attendait plus rien de la vie qu’une famille aimante et des enfants pour l’accepter. Vous lui avez tendu les bras, il s’y est précipité. Deux ans plus tard, votre trio était finalement complété par Erskine. Il était le plus âgé d’entre vous, il était aussi le plus grand et le plus fort, physiquement. Il avait une prestance qui vous intimidait, il avait déjà cette éloquence… Mais aussi cette insuffisance qui t’agaçait tellement dans sa voix ! Tu ne l’aimais pas, tu ne voulais pas de lui. Mais Alban, et surtout Rachel, étaient conquis par son charme naturel. Tu n’avais plus qu’à suivre le mouvement ou les quitter. Rafraîchis-moi la mémoire, Thomas… Combien de temps a-t-il fallut avant que Rachel ne tombe dans les bras d’Erskine ? Deux mois ? Trois tout au plus ? Quel effet cela t’a fait de la voir, assise sur ses genoux ? Comment as-tu réagis en le voyant plonger ses mains dans ses cheveux d’or ? N’as-tu pas eu envie de le tuer lorsqu’il a attrapé son visage dans ses pattes d’ours pour l’embrasser à pleine bouche ? Combien de fois les as-tu vu s’éclipser silencieusement pour qu’il puisse la peloter à l’abri des regards indiscrets ? N’en rêvais-tu pas à l’époque ? Et aujourd’hui, n’en rêves-tu pas encore ? » Le miroir se brisa lorsque Thomas, prit d’un violent accès de rage, le jeta à terre. Il fulminait. Ses yeux clairs lançaient des éclairs en direction de l’objet brisé tandis que ses poings se serraient. Ses jointures blanchirent, sa respiration devient saccadée. Il détestait ce maudit reflet ! Pourquoi ?! Pourquoi fallait-il toujours qu’il lui rappelle qu’il avait été incapable de conquérir la seule personne qu’il n’eût jamais désirée ?! Pourquoi devait-il employé ce ton si âpre et si hautain alors qu’il s’adresser à lui-même ?! « Thomas ? Seigneur Dieu ! Mais que s’est-il passé ici ? Tu n’as rien, tu n’es pas blessé ? » Il se retourna vers Basile, son colocataire comme un automate. Il ne l’avait pas entendu arriver. Basile avait un véritable air paniqué peint sur le visage et, voyant la main ensanglantée de Thomas, il se précipita vers lui. Ils conservèrent le silence plusieurs minutes durant, l’un pansant les blessures de l’autre. Le second perdu dans ses pensées et ses souvenirs. Rachel… Il l’avait perdu à partir du jour où Alban leur avait annoncé qu’il était condamné. Atteint d’une maladie incurable et mortelle, il savait ses jours comptés. Thomas avait alors passé ses journées enfermé à la bibliothèque à la recherche d’un antidote. D’un remède pour sauver son ami, celui qui l’épaulait. Et Fellington, de son côté, qu’avait-il fait ? Il avait frappé Rachel une première fois. Puis une seconde fois. Et encore. Et puis il l’avait quittée pour en draguer d’autres, avant de revenir vers elle comme un chien, la queue entre les pattes. Et à chaque fois, Rachel l’avait pardonné. « Youhou, allô le monde spatiale de Mr Holmes, ici la réalité ! ─ Hm ? Excuse-moi Basile, j’étais dans mes pensées. ─ Non tu crois ? Je ne suis peut-être pas psychologue, mais je peux encore remarquer quand quelqu’un est perdu dans ses pensées » railla le médecin légiste, sourire aux lèvres. « Et à quoi tu pensais ? ─ … Ma perte de mémoire. ─ Encore ? ─ Est-ce un problème ? ─ Non, c’est juste que… ─ Vas-y, t’arrêtes pas. » Basile sembla hésiter un court instant. Il reporta son attention sur le bandage qu’il terminait, attrapa un rouleau de sparadrap pour le coller. Il prit le temps de se relever, d’aller ranger la trousse médicale dans la salle de bains avant de revenir dans la chambre de son colocataire. Thomas nota son regard fuyant, le tapotement nerveux de ses doigts sur sa jambe et ses dents plaquées contre sa lèvre inférieure. Il s’étonna. Que pouvait redouter Basile ? « J’attends, Basile. ─ Thomas, tu ne crois que tu cours après une ombre ? Ca fait plus de vingt ans que tu essaies vainement de savoir ce qu’il s’est passé, mais ton acharnement finira par te tuer, crois-moi ! Un anévrisme est très vite arrivé. Tu as tout essayé ; tu es retourné à l’orphelinat, tu as interrogé tous les gamins dont tu te rappelais le nom, tu es même allé voir les autorités du Yard qui avaient mis sur l’affaire à l’époque et tout ça pour ne rien apprendre de plus ! Peut-être que tu te forces pour rien. Peut-être que ton ami est bien mort de sa maladie et que tu cherches un fautif pour rien. ─ Je t’assure Basile, quelqu’un est derrière tout cela. Je n’invente rien. Et j’ai été témoin de la scène. ─ Une perte de mémoire post-traumatique ? Ce n’est jamais permanent, si c’était ça, tu t’en serais souvenu, depuis le temps… Tom, attends ! {/B] » Mais Thomas s’était levé avec force, attrapé son long manteau noir et avait quitté la pièce. Basile le regarda s’éloigner, impuissant. Le psychologue descendit les escaliers rapidement, claqua la porte en sortant de l’appartement. Le froid de l’hiver lui tira un frisson et il enfila son manteau avant d’attraper la crève. Jetant un regard sur sa montre, il constata qu’il était l’heure pour lui de se rendre à son entretien d’embauche. Il se mit en marche, les mains dans les poches, le col relevé. Sur sa perte de mémoire, il n’avait qu’une seule certitude ; Fellington et Rachel étaient dans le coup, eux aussi. Il ne savait pas trop qui avait eu quel rôle, mais il était plu que certain que le quatuor qu’ils avaient formé était à l’origine de cet oubli. Fellington avait subitement disparu, et Rachel avait décidé de couper les ponts avec lui. Pourquoi le faire si elle ne lui en voulait pas pour une raison quelconque ? De longues années, Thomas lui avait envoyé des lettres, des mails. Il n’avait jamais osé la voir, mais il n’avait jamais réussit à l’oublier. Il avait finalement décidé de se concentrer sur un moyen de se souvenir. Il avait intégré la prestigieuse Université de Psychologie de Nottingham. Là-bas, il avait fait la connaissance de Basile alors étudiant en médecine. Ils avaient partagé leur chambre, étaient devenu amis. L’année se terminait juste que Thomas rejoignait Scotland Yard, louait un petit appartement situé rue Baker Street. Il n’avait pas tardé à être rejoint par Basile. Ce dernier avait terminé ses études, se spécialisait en médecine légale pour devenir médecin légiste. Mais Thomas était du genre instable. Il ne pouvait pas tenir en place plus de quelque temps. Ambitieux, il avait finit par démissionner pour migrer à Arlington. Profiler était alors le métier qui le tentait. Le bâtiment du Behavioral Analysis Unit le surplombait. Thomas leva la tête, entra. Il montra son badge d’invité, précisa qu’il avait rendez-vous avec Erin Strauss. Un agent le guida à travers les couloirs, frappa à la porte du bureau de la femme, laissa Thomas entrer après l’avoir annoncé. Le psychologue consultant pénétra dans la pièce lentement. Erin lui montra la chaise, il s’assit, croisa les jambes. Le discours qui allait suivre il le connaissait, aussi ne prit-il même pas la peine de l’écouter. Il voulait en venir au but de sa présence. Il n’était pas quelqu’un de très patient, sauf avec ses patients. Il abrégea la conversation dès qu’il en eut l’occasion. « Voyons, madame Strauss, vous savez comme moi que cet entretien est inutile. ─ [b]Oh, vraiment ? Et pourquoi cela ? ─ Parce que votre décision de m’engager est déjà prise. ─ Et quelle est-elle ? ─ Je suis pris. ─ Je pense, monsieur Iablonski, que vous vous entourez d’illusions. Pourquoi vous aurai-je choisit avant même de passer votre entretien ? ─ Parce que je suis le plus qualifié et le meilleur. Sans aucune prétention. Et aussi parce que vous me connaissez et que vous avez une sainte horreur de l’inconnu. ─ Et qu’est-ce qui vous fait dire cela ? ─ Voyons, je vous connais. » Il sourit. Erin soupira. Ce petit jeu n’était plus de son âge. Pourquoi avait-elle accepté de passer son entretien, déjà ? Elle savait pourtant qu’il adorait se prendre pour meilleur qu’il ne l’était – bien qu’elle devait admettre qu’il était un bon profiler – et qu’il allait tout faire pour obtenir gain de cause. A elle de gagner un peu de temps pour lui faire passer son air suffisant et arrogant. « Justement. Vous me connaissez, et je vous connais aussi. Je sais que travailler avec vous n’est pas tâche aisée et que vous risquez de nous quitter sans crier garde. Pourquoi vous réengagerai-je ? Dois-je vous rappeler que la dernière fois vous nous avez fait faux bond au beau milieu d’une enquête alors que contrat ici n’était pas encore terminé ? Vous n’êtes pas une personne digne de confiance, or mes hommes ont besoin de vous faire confiance. » Thomas accusa le coup de son éternel air impassible. La chef de section du Département des Sciences du Comportement venait de marquer un point. Grand bien lui fasse. Thomas n’avait pas encore joué sa dernière carte. Loin de là, même. Il se leva et, de cette aisance qui lui était propre, il se dirigea vers la fenêtre. Il n’accorde aucun regard à sa patronne. Il sentait son regard brun sur lui, cela lui suffisait. Elle ne voulait pas lui faciliter la tâche. Soit. Il allait lui donner la preuve qu’elle attendait. L’argument qui lui ferait admettre que son choix était d’ores et déjà fait depuis longtemps déjà. Cet entretien n’était rien d’autre qu’une simple formalité. Une perte de temps inutile. « L’environnement me plaisait. Je me sentais bien, ici. C’était la première fois que j’arrivais à retrouver une certaine stabilité dans mon esprit ; avec l’équipe de profilers à laquelle j’avais été affecté, j’avais l’impression d’avoir retrouvé une famille. Un second groupe comme celui que j’avais eu à l’orphelinat. Mais j’étais mal à l’aise d’être au niveau de tous. Mon stage avait été une véritable réussite et les examens avaient été d’une facilité déconcertante. Vous avez eu mes résultats, vous ne pouvez qu’acquiescer. Je pensais qu’une fois le titre de profiler obtenu, je pourrai enfin devenir épanoui. Grossière erreur. Mon équipe avait subit quelque changement. Oh, pas d’énorme puisque je restais avec Anjelika, mais assez important pour perturber mon quotidien. Basile a finit par me rejoindre. Je pensais qu’il me manquait mon fidèle acolyte. Qu’il était pour moi ce que le Docteur Watson est pour Sherlock Holmes. A son arrivée, je me sentais déjà plus serein et plus en accord avec moi-même. ─ Cela ne vous a pas empêché de partir dix mois plus tard. ─ Et si vous me laissiez terminer ? » ironisa Thomas sans se retourner vers Erin pour autant. « Cette vie ne me suffisait pas. Il me fallait plus. Il me fallait avoir un certain pouvoir sur les profilers. Je devais leur montrer ma supériorité. Et ça ne pouvait pas attendre. Alors je suis parti du Département avec une nouvelle ambition. Celle de les aider. J’aurai pu vous prévenir, il est vrai. Mais je n’étais pas certain d’avoir trouvé ma voie. Tout profiler qu’ils sont, ils restent avant tout des hommes avec des peurs et des faiblesses. Ils ont besoin de quelqu’un à qui se confier, et j’entre en jeu. ─ Parce que vous vous pensez meilleurs qu’eux ? ─ Parce que je suis la seule personne capable de les comprendre. Ils sont peut-être capables d’arrêter de dangereux criminels grâce à leur job et à leur capacité d’analyse, ils font peut-être face à des épreuves que nous ne pouvons imaginer, ils ne peuvent pas se profiler eux-mêmes. Cela relève de l’impossible. Se libérer de la pression de leur boulot, avoir une oreille pour les écouter, une épaule pour les soutenir, quelqu’un à qui se confier ne peut que leur être bénéfique. Vous me pensez prétentieux et vous avez sûrement raison dans un certain, vous ne m’aimez pas et c’est réciproque, mais il n’en reste pas moins que j’ai un énorme avantages sur tous vos autres candidats. Un avantage que personne d’autre à moi n’aura jamais. » Il avait tourné les talons, approché du bureau d’Erin comme une ombre l’aurait fait. Il resta droit un long moment, les yeux rivés sur les étagères. Et puis, sans prévenir, il se pencha vers elle. Elle sursautait alors qu’il plaquait violemment ses mains contre son bureau en bois. Un sourire sadique étira les lèvres du jeune psychologue et une lueur inconnue traversa la flamme ardente de son regard. « Quel avantage ? ─ Celui d’avoir été profiler. Je sais ce qu’ils vivent. Je connais leurs doutes, je les comprends. Et c’est ça qu’il manque aux autres. C’est aussi pour cela que le Dr Lafferty ne pouvait accomplir un travail parfait. Et c’est pour cela que vous saviez, avant même que je vous raconte toute mon histoire, avant même que j’entre dans cette pièce, et avant même que vous ayez lu les autres CV, que c’est moi que vous choisiriez pour ce job. Parce qu’il est fait pour moi. Et que personne ne pourra être meilleur que moi. Ai-je tort ? » La chef de section déglutit et secoua la tête ; non, il n’avait pas tort. Et c’est bien à cause de cela qu’elle ne le supportait pas. L’air terrifiant disparu du visage fin du jeune homme pour faire place à son sourire satisfait ; oui, elle le détestait, c’était certain. Thomas se redressa, attrapa son long manteau qu’il enfila rapidement et se dirigea vers la porte du bureau. Il allait sortir lorsqu’il tourna la tête vers Erin. « Je vous dis à demain Madame. » Il lui adressa un clin d’œil et quitta la pièce en relevant le col de son manteau. Il ne savait toujours pas pourquoi il avait un trou noir pendant quatre ans de son existence ; il savait juste que son emploi au Behavioral Analysis Unit allait sans doute lui laisser le temps de trouver des réponses à ses questions. Et sans doute de recouvrer une partie de sa mémoire envolée…
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