J'avais hoché la tête lorsqu'Emily m'avait dit qu'on pouvait se tutoyer puis avais écouté en silence sa réponse à ma question. Sa mère était ambassadrice, elle en avait de la chance. Si elle savait ce que la mienne de mère avait comme métier, prostitué et même pas de luxe en plus. Je lui répondis pensive :

- Ta mère doit être fière de toi, comme tu dois également être fière d'elle ...

Nous arrivâmes quelques minutes plus tard sur le lieu de résidence de Mme Parker, la femme de la victime. Je n'aimais pas interroger les familles des victimes, j'avais l'impression de remuer une douleur immense en elles comme lorsque j'entendais une de mes anciennes chansons même si ce n'est pas comparable. Nous descendîmes et Emily alla frapper, nous attendions à présent une réponse de la dite Mme Richard Parker.

Le teint pâle, les cheveux à peine coiffée, encore en nuisette avec juste un peignoir en soie pour éviter d'avoir froid, une tasse de café dans les mains, on aurait pu croire que Madame Parker venait de se réveiller, et pourtant, elle était déjà réveillée depuis 4 heures du matin. Il était presque 11 heures et elle n'avait ni enfiler une tenue plus chaude, ni préparer à manger. Ces temps ci, elle ne se nourrissait que de café qui l'aidait à tenir éveillée jusqu'au soir. Ces journées se résumaient à passer son temps dans un fauteuil une tasse à la main, tout en pleurant le décès de son cher mari. Même ses amis n'arrivaient pas à la faire sortir et à oublier sa douleur. Elle voulait à tout prix rester chez elle, se raccrochant aux derniers souvenirs de Richard qu'ils avaient passé chez eux.
Elle sortit de ses douloureuses pensées en entendant la sonnette. Elle posa sa tasse sur la table basse et alla ouvrir. Les deux agents n'eurent même pas besoin de sortir leurs plaques qu'elle reconnut qu'elles étaient du FBI. Elle qui croyait en avoir fini avec toutes les questions de la police, elle avait tord.

Bonjour, dit-elle presque dans un murmure Que voulez vous ?

La femme qui m'ouvrit ressemblait plus à un mort-vivant qu'à un humain. De grosses cernes s'étaient creusées sous ses yeux et elle était apparemment toujours en pyjama. Mme Parker devait beaucoup tenir à son mari, il était tout pour elle et à présent il était mort. Sa voix éteinte nous demanda ce que nous voulions, je pris la parole :

- Mme Parker ? FBI : je suis l'agent Weatherly et voici l'agent Prentiss., veuillez accepter nos condoléances. Je sais que vous traversez un moment difficile mais pour les besoins de l'enquête nous devons vous poser quelques questions. Pouvons-nous entrer ?

La pauvre femme, elle était encore sous le choc de la mort de son mari et il fallait encore que des agents du FBI viennent l'embêter avec des questions qui, sans nuls doutes, raviveront la douleur qui la rongeait depuis l'annonce du décès de Richard Parker.

Madame Parker ne put s'empêcher de soupirer. Elle commençait à en avoir marre de toujours devoir répondre aux questions de la police et surtout c'était bien souvent les mêmes questions qu'ils posaient. Elle secoua légèrement et ferma les yeux, elle voulait paraître la plus coopérative possible pour trouver le meurtrier de son mari, et ce n'est pas avec ce qu'elle venait de faire qu'elle pourrait le montrer. Elle ouvrit alors la porte en grand pour laisser les deux jeunes femmes entrer.

Entrez, je vous en prie

Elle accompagna les agents jusqu'au salon. Elle était un peu honteuse de les accueillir alors qu'il y avait un peu de pagaille partout, depuis la mort de Richard, elle ne faisait plus rien pour s'améliorer, que ce soit pour la maison, ou alors physiquement. C'est comme si une part d'elle était morte en même temps que son mari. Elle passa ses mains dans ses cheveux pour essayer de se coiffer correctement, mais rien ne vaut une brosse et un peu de laque. Elle croisa ses bras sur sa poitrine.

Vous voulez quelque chose à manger ou à boire ? proposa t-elle

Emily voulait répondre a la remarque de Tahanie mais elle fut devancé par madame Parker qui venait de leur ouvrir la porte.Elle laissa sa collegue prendre la parole et montra sa plaque a la pauvre femme.Elle remercia madame Parker quand elle les laissa entrer.Une odeur de renfermé reignait dans la piece principale,la maison ne devait pas etre aéré depuis deja plusieurs jours,la vaisselle trainait dans l'evier,la poussiere commencait a prendre sa place sur les meubles,des vetements trainaient sur le canapé... Depuis la mort de son mari,madame Parker devait vraiment se laisser abattre.

Non,je vous remercie,ça ira repondit-elle a cette gentille proposition

Emily s'assit sur le canapé,elle etait prete a commencer a interroger madame Parker.

Si vous vous sentez prete,on va commencer a vous posez des questions ma collegue et moi meme.

Je suivis ma partenaire dans la maison des Parker, qui était dans le même état que sa propriétaire : laissée à l'abandon. Le salon faisait peine à voir avec la poussière qui commençait à s'installer, les vêtements éparpillés un peu partout et cette odeur indiquait que Mme Parker n'avait pas aérer sa maison depuis la mort de son mari. Je me sentais un peu honteuse de venir troubler son deuil ainsi. Après qu'Emily eut déclinée la proposition de la maîtresse de maison, je fis de même :

- Merci pour votre gentillesse mais non merci Madame.

Puis je m'assis à côté de ma collègue, prête à poser pour la première fois des questions à la famille d'une victime. Après que notre hôte eut inclinée la tête en gage de réponse à la question d'Emily, j'osai poser moi-même la première question :

- Madame Parker, votre mari connaissait-il des gens qui auraient pu lui en vouloir ? Avait-il des ennemis ?

C'était généralement la première question qu'on posait aux familles, comme ça on obtenait quelques pistes pour l'enquête.

Quand les deux agents devant madame Parker refusa sa proposition, elle sourit tristement et s'assit dans un fauteuil qui leur faisait face. Elle hocha la tête en guise de réponse, elle n'était pas vraiment prête à revivre encore un interrogatoire, mais si ça leur servait pour pouvoir arrêter le tueur de son mari, elle n'hésitait pas. Après qu'une des agents avait posé sa question, elle réfléchit quelques instants. Elle avait déjà répondu négativement à cette réponse aux policiers qui l'avaient déjà interrogé, mais maintenant qu'il était mort, elle se demandait si il avait eu des ennemis

Non finit-elle par répondre Mais, maintenant je n'en suis plus aussi sûr...

Elle baissa la tête. Si vraiment Richard avait des ennemis, pourquoi il ne lui en pas fait part ?

A la réponse de notre hôte, Emily et moi avions eu le même réflexe de sortir notre petit calepin afin de noter les informations que Mme Parker était susceptible de nous donner. Je notai exactement ce qu'elle venait de dire, du fait que son mari n'avait pas d'ennemis jusqu'à la description de la voiture qui rôdait près de leur domicile. Après qu'Emily eut fini de poser sa question, qui concernait le conducteur de la voiture, j'en posai moi-même une :

- Avez-vous également une idée de la période à laquelle vous avez remarqué cette voiture ?

Peut-être que la présence de cette voiture n'était pas qu'une simple coïncidence ...

Nous tenions enfin une piste à suivre. Je notai au mot près les paroles de notre hôte en songeant à l'autre équipe partie interroger la famille de l'autre victime : une voiture semblable rodait-elle aussi dans leur quartier ? Je complétai la réponse d'Emily :

- Notre priorité est de retrouver l'assassin de votre mari et pour cela nous ne négligerons aucune piste : chaque détail est important et sera vérifié.

Puis je laissai parler ma collègue, approuvant ses dires d'un geste de la tête. J'aimais bien travailler avec elle, bien que je ne la connaissais pas encore.

- La période où la voiture est apparue coïnciderait-elle avec un évènement personnel qu'aurait vécu votre mari ou votre famille ?