Ecole primaire, Virginie

Ah, l'école ... L'école n'attirait que des ennuis à Aleksandra. Du moins, depuis son arrivée aux Etats-Unis. Là-bas, en Russie, elle était au coeur de l'attention de ses profs. Elle avait toujours de bonnes notes, elle se tenait bien, elle avait plein de copines et elle s'entendait avec tout le monde. Elle était ouverte aux gens, en quelque sorte, là-bas, à Moscou. Mais depuis qu'elle était sur le territoire américain, tout avait changé. Elle n'était plus la même. Elle n'était plus celle qu'elle avait été. Tout ça, à cause des incessantes disputes entre sa mère et son père. Des disputes qui avaient lieu tous les jours. Ils criaient beaucoup, son père brisait de la vaisselle pour éviter de lever la main sur sa femme, même si c'était arrivé quelques fois d'ailleurs. Et à chaque fois, à chaque fois, Aleksandra montait dans sa chambre, pour s'y réfugier. Parce qu'elle avait peur. Peur que ça ne dégénère. Alors, elle se planquait dans son armoire, se recroquevillait sur elle-même, posait ses petites mains sur ses oreilles. Et elle pleurait. Elle pleurait beaucoup en attendant que ça passe.

Enfin, tout ça, c'était loin derrière elle. Du moins, Aleksandra n'avait plus vraiment envie d'y penser, ou bien d'en parler. Elle voulait faire une croix dessus, mais ce n'était pas simple. Parce qu'il y avait des choses qui lui rappelaient sans cesse son passé. Avec l'aide de Nolan, elle essayait de tirer un trait dessus. Mais comme son comportement à l'école n'était pas des plus exemplaires non plus, et bien ... On l'avait envoyé voir le psy scolaire. Et c'était, probablement, à cause d'elle que la petite fille russe n'arrivait pas à oublier. Si on lui fichait un peu la paix, sans doute qu'elle se tiendrait mieux. Mais non, fallait que quelqu'un remette ça sur le tapis. Mais passons.

Aujourd'hui, ça n'avait pas été une bonne journée. Du moins, selon Aleksandra. Elle en avait connu des meilleures. Comme à son habitude, elle jouait les désintéressées, se fichant de tout, ou presque, n'écoutant que d'une oreille. Tantôt, pour passer le temps, et faire semblant d'écouter, elle faisait des petits dessins. D'ailleurs, y'en avait plein sur son cahier de brouillon. Ouais, ouais, elle allait droit dans le mur. Mais ce que les autres pensaient, elle s'en foutait. Tout ce qui était important, c'était ce que Nolan pensait d'elle, et rien d'autre. La cloche avait fini par sonner. Fin des cours. Aleksandra avait rangé ses affaires dans son sac à dos et elle était sortie de sa salle de classe. Elle se dirigeait vers la sortie, prête à rentrer chez elle. Qui l'attendrait aujourd'hui ? Nika ? Ou bien Nolan ?

La tête légèrement penchée, Aleksandra regardait à droite, à gauche. Elle savait que quelqu'un allait venir la chercher. Y'avait toujours quelqu'un. Nolan, ou bien Nika. Bien évidemment, elle préférait que ça soit Nolan qui vienne. Pourquoi ? Parce que ça lui permettait de passer un peu de temps avec lui. Non pas qu'Aleksandra n'aimait pas la fiancée de son père. Mais disons que la fillette était du genre possessive, pour ainsi dire. Et Nika était ... pour ainsi dire, une rivale. D'accord, Aleksandra était petite. D'accord, ses sentiments pouvaient évoluer au fil du temps, au fil des âges. Et quand elle grandirait, peut-être qu'elle n'éprouverait plus ce qu'elle ressentait pour Nolan. Mais jusqu'à présent, depuis son arrivée aux USA, il était le seul, l'un des seuls qui s'intéressait vraiment à elle. Il avait eu le mérite de l'accueillir chez lui. Il avait eu le courage que de l'adopter et de ne pas la laisser dans ce centre. Bon, il était vrai que là-bas, elle y avait, de temps à autre, de la visite. Et elle pouvait parler en russe avec cet agent qui venait la voir. Mais si elle voulait parler russe, y'avait Nika. Elle pouvait parler avec elle. Mais Aleksandra préférait, de loin, parler avec Nolan et passer du temps avec ce dernier. Nolan, c'était son papa, c'était son sauveur. Il était tout pour elle. Alors, normal qu'elle cherche à être le plus souvent avec lui.

Dehors, son regard se posa finalement sur une personne qu'elle ne connaissait que trop bien. Aleksandra eut un petit sourire sur le visage. Nolan l'avait saluée, l'avait appelée mon ange, et lui avait demandé si sa journée s'était bien passée. Elle eut un haussement des épaules. "Ca' été." Tantôt, il lui manquait quelques mots dans ses phrases. Normal, Aleksandra ne maîtrisait pas totalement l'anglais. Après tout, pendant près de huit ans, même un peu plus, elle avait parlé le russe. Alors, normal qu'elle avait encore un peu de mal avec cette langue qui lui était pratiquement inconnue. Mais bon, en quelque sorte, elle avait de la chance. Elle était encore petite, elle apprendrait donc oui.

Quoi qu'il en soit, son ton n'était pas très enjoué. Et nul dout que Nolan avait remarqué que c'était pas la grande forme. Elle s'attendait donc à ce qu'il lui pose la question. Pourquoi ça n'allait pas bien. "J'aime pas cette école. Les autres, ils sont tout le temps en train de se moquer de moi à cause de mon accent." Toutes des sales petites pestes. Aleksandra avait quelques camarades gentils, des qui tentaient de lui remonter le moral, de temps à autre, qui lui disait qu'elle ne devait pas écouter les autres. Mais bon, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être quelque peu blessée face à ces remarques. Elle aurait été bien dans sa peau, bien dans ses baskets, ça n'aurait pas été aussi grave. Parce qu'elle aurait laissé dire, laissé faire, et elle s'en serait foutue, comme en Russie quand on l'appelait grosse tête. Mais là, c'était pas ... la grande forme, pour sûr.

Nolan ne connaissait pas Aleksandra depuis très longtemps. Elle n'était pas dans sa vie depuis toujours. Un gros mois, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Mais une chose était certaine : il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Il connaissait tout d'elle, ou presque tout. Il savait qu'elle avait beaucoup de mal à se confier aux autres et qu'il était bien le seul avec qui elle acceptait de parler sans faire de cachoteries. Et aujourd'hui, une nouvelle fois, Nolan illustrait cet état de fait. Aleksandra s'était rapprochée de lui et lui avait dit que sa journée, et bien, ça avait été. Peut-être pas sensationnelle, mais elle avait connu bien pire avec ses véritables parents. Pourtant, Nolan en était venu à lui demander, l'air quelque peu inquiet tout de même, si elle était sûre de ce qu'elle avançait. Il savait ... Il avait deviné ... encore une fois. Ca aurait presque pu en être inquiétant qu'il sache toujours ce qu'elle ressentait au fond d'elle-même. Mais non, ça ne l'inquiétait pas. Ca prouvait qu'il l'aimait, qu'il faisait attention à elle et qu'il n'avait pas envie qu'il lui arrive quelque chose.

Quoi qu'il en soit, Aleksandra n'avait pas mi longtemps pour lui dire ce qu'elle avait sur le coeur. De toute manière, à quoi cela lui aurait-il servi que de ne pas lui dire ? Que de lui cacher ? Nolan aurait fini par le découvrir, d'une manière, ou d'une autre. Il avait un sixième sens concernant la petite qui était ... incroyable, pour sûr. A l'école, ce n'était pas la grande joie à cause de tous ses petits camarades. Enfin, pas tous, comme dit, mais y'en avait certains qui prenaient un mal à plaisir à l'ennuyer et à faire exprès de se moquer d'elle. Alekasandra s'écouterait, probablement que ... et bien, qu'elle taperait ceux qui l'ennuyaient. Du genre, pour les garçons, un bon coup d'pieds dans les noix. Et pour les filles ... tirage et crêpage de chignons ? Mais tout ce que la petite récolterait, c'était une visite dans le bureau du directeur, et d'autres séances chez la psy. Alors, déjà qu'elle ne l'aimait pas trop, Aleksandra ne voulait pas lui donner une raison pour la voir encore plus régulièrement.

En tout cas, Nolan semblait être triste. Triste pour elle, triste que ses camarades se moquent d'elle. Il savait tous les efforts qu'elle faisait pour essayer, au maximum, de s'intégrer dans cette nouvelle ville. Elle essayait de tout son coeur. Mais ses efforts ne payaient pas, dans l'immédiat. Peut-être devrait-elle baisser les bras ? Peut-être devait-elle laisser de côté sa part d'innocence et tomber dans des traits obscurs ? Lâcher prise, c'était pas son genre. Mais peut-être qu'elle devrait le faire. "Je sais ... Mais c'est dur de faire des efforts et que les autres se moquent de moi." Aleksandra prit une petite moue triste. Oui, ça l'ennuyait. Mais que pouvait-elle faire de plus ? Un jour ... Elle leur ferait tous payer. Du moins, si elle vascillait vraiment du mauvais côté. Nolan en était venu à se baisser pour réconforter la fillette. Aleksandra avait placé ses bras autour deson cou, afin de partager son étreinte. Elle aimait bien se sentir auprès de lui. Elle aimait bien être avec lui.

Existait-il un moyen efficace que de lui faire retrouver le sourire ? Bien évidemment. Avec ses petits yeux brillants, Aleksandra regarda Nolan. "Dis ... Tu crois qu'on pourrait aller manger une glace avant de rentrer à la maison ?" Pour ses devoirs. Elle les ferait après, ou pas. Elle verrait selon son humeur, selon ses envies.

Que faire contre ses petits camarades ? Les ignorer ? Feindre l'ignorance, c'était sans aucun doute ce qu'il y avait de mieux. Ne pas les écouter, faire comme si cela ne l'atteignait pas. Sans aucun doute que ça serait difficile, très très difficile, que de ne pas y penser, que de faire comme si elle s'en fichait. Mais Aleksandra tenterait de prendre sur elle et de s'en foutre. Tout ce qui lui importait, comme dit, c'était ce que Nolan pensait. Et ce serait toujours ainsi. Qu'importe ce que les autres pouvaient dire, ce qu'ils pouvaient penser. Si son papa pensait le contraire, alors, c'était ce qu'il y avait de plus important. Qu'importe si elle parlait mal, qu'importe si elle loupait quelques mots, qu'importe si ses phrases étaient quelque peu bancales, et qu'importe si son accent russe faisait qu'on ne la comprenait pas complètement. A ses yeux, ce qui comptait le plus, c'était l'approbation de Nolan, et son attention. Le reste, ça n'avait pas d'importance, Aleksandra s'en fichait. Ou elle voulait faire croire que c'était le cas et en réalité, le regard des autres sur elle lui importait plus que ce qu'elle ne souhaiterait réellement l'avouer.

Après une petite étreinte qui se voulait rassurante, comme toujours, Aleksandra avait regardé Nolan. De ses petits yeux vert-noisette, elle le regardait. De sa petite mine enfantine, elle voulait le convaincre. Le convaincre que d'aller manger une glace. A quel parfum ? Elle ne savait pas trop encore. Elle verrait ce que le marchand proposait, et surtout, quel type de glaces il vendait. Glaces normales ? Glaces à deux boules, voire plus ? Glaces en forme d'animal ? Glaces à l'italienne ? Qu'importe, Aleksandra s'en fichait. Tout ce qu'elle voulait, c'était une glace. Et elle savait qu'elle l'obtiendrait. Ou du moins, elle voulait le croire. Elle demanda, avec son petit air de je ne sais quoi. Un petit air qui ferait craquer, sans aucun doute, n'importe qui. Se relevant, Nolan avait fini par lui tendre la main, signe qu'il était prêt à partir ... Et à aller chercher cette glace. Aleksandra eut alors un sourire sur le visage. Et il était bien plus vrai que le précédent. Oui, oui, elle était vraiment contente. "Ouais ! On va où pour cette glace ?" Parce que y'avait tellement d'endroits où la manger. Au parc, près de l'école, y'avait de temps en temps un petit marchand, surtout quand il faisait bien chaud. Y'avait aussi le centre commercial, soit des petits café-restaurant ou bien même carrément dans le magasin. Bah oui. Pourquoi se contenter d'une glace ? Ils pourraient très bien s'acheter un bac d'un litre et se le descendre tous les deux, à la maison.

Aleksandra avait pris la main de Nolan et ils s'étaient donc mis à marcher. Heureusement que son cartable n'était pas bien lourd. En même temps, elle n'avait pas grand chose dedans. Une trousse, un ou deux cahiers, et puis, c'était bien tout. Après tout, elle n'était qu'à l'école primaire. Au collège, elle aurait eu, sans aucun doute, besoin d'autres trucs, mais ce n'était pas le cas. "Et toi ... Tu as fait quoi ?" lui avait-elle demandé en tournant la tête vers lui.

Une glace ... Une bonne glace. Ouais, ça remettrait le moral de notre petite tête blonde. Enfin, en même temps, elle n'était pas blonde, mais brune. C'était juste une petite expression, comme ça. Une chose était certaine, Aleksandra était contente d'aller manger cette glace avec Nolan. Ca lui éviterait de penser à sa terrible journée. Enfin, terrible, façon de parler. Elle avait vécu bien pire par le passé, que ça soit en Russie, ou bien aux USA. Il était vrai qu'elle était bien plus heureuse maintenant, enfin, depuis qu'elle était avec Nolan. Mais y'avait quelque chose, encore, qui lui manquait, pour que son bonheur soit total. Ce que c'était ? Elle n'en savait fichtre rien. Y'avait des jours où elle se sentait vide, et ce même si Nolan était là. Avec le temps, et ses séances chez la psy, ça irait peut-être mieux. Mais combien de temps lui faudrait-il ? Difficile de le dire. On dit que le temps guérit toutes les blessures, même si, parfois, il faut vraiment beaucoup de temps.

Ils avançaient, main dans la main. En silence, ou presque, dans l'immédiat. Nolan avait récupéré le cartable de sa petite puce. Elle l'aurait bien porté, mais il avait insisté. Elle n'était pas une petite chose fragile ... Si, peut-être un peu quand même. Elle était petite, elle était jeune, elle avait encore pas mal de choses à découvrir de la vie. Même si elle avait vu des côtés ... qu'elle n'aurait jamais dû expérimenter. Où ils allaient prendre leur glace ? C'était la préoccupation d'Aleksandra du moment. Nolan pensait à la galerie commerciale. Y'avait tout un tas de petits magasins. Ils trouveraient facilement leur marchand de glace. Et peut-être un petit coup à boire. Si elle le voulait. Après une glace, généralement, Aleksandra n'avait pas vraiment soif. Elle verrait bien quand ils seraient sur place. Peut-être qu'elle aurait envie de boire. Peut-être pas. Elle eut un léger haussement des épaules quand il fit cette supposition. "On verra quand on y sera." avait-elle simplement dit.

En même temps, s'ils prenaient ce verre, ils resteraient encore ensemble tous les deux pendant un petit moment. Ouais, rentrer à la maison, quand Nika était dans les parages, c'était une plaie, ou presque. La fillette ne détestait pas pour autant sa mère de substitution. Mais disons qu'elle la voyait comme une espèce de rivale. Et ça ne changerait, sans aucun doute, pas avant un long moment. Sauf si on lui expliquait les choses, mais là encore, comme ce vide qu'elle avait, ça ne serait pas facile à accepter. Enfin, Aleksandra n'en était pas encore là. Elle en était venue à lui demander comment il avait occupé sa journée. Etait-il allé travailler ? Si oui, quel genre de travail. Le gentil Nolan, alias Nolan le chirurgien ? Ou bien le méchant Nolan, alias le Nolan tueur légèrement psychopathe sur les bords ? Est-ce que ça lui faisait peur, d'ailleurs, qu'il tue des gens ? Qu'il les torture tant mentalement que physiquement ? N'importe quel enfant de son âge aurait pu trouver ça ... étrange, bizarre, et aurait eu peur. Il ou elle aurait décampé bien loin de Nolan, parce qu'il lui ficherait la trouille. Et bien, pas Aleksandra. A croire qu'elle avait un petit côté dérangé, elle aussi, et que ça ne la gênait pas plus que cela. Qui sait ... Un jour, elle serait peut-être comme lui. Est-ce que ça la terrifiait ? Même pas. Peut-être qu'au fond d'elle-même, elle s'était faite à l'idée. Enfin, passons.

Nolan lui avait parlé de sa journée. Nettoyage, course et petite promenade. Double promenade, sans aucun doute. Une dans la journée, et une autre maintenant, pour venir la chercher. Une journée qui était tout à fait banale, en quelque sorte. Enfin, Aleksandra n'était pas encore au courant que ce soir, le loup allait rendre visite à quelques brebis, et elle ne demanderait pas non plus. Ce qu'il faisait, elle se disait toujours que c'était pour leur bien, pour protéger cette petite famille qui se formait, petit à petit. Pour pas que la bulle éclate, en quelque sorte, et conserver ce petit cocon familial. Elle était très loin de la vérité mais que voulez-vous ? Elle n'était qu'une gamine de neuf ans qui ne voulait qu'une seule chose : être heureuse. Et Nolan lui apportait ce bonheur. "Ta journée était mieux que la mienne." Ouais, pour sûr. Nolan n'avait pas eu à faire à une bande de gamins méchants. Peut-être que ça irait mieux le jour suivant, qui sait ? Et s'il le fallait, et bien ... elle tirerait quelques cheveux ou ferait mal à ses mignons mais méchants petits camarades. C'était ce qu'il lui avait valu un détour par la case psy. Et ça ne la dérangerait pas forcément que de recommencer, même si Alek' n'aimait pas trop lesdites séances.

"Tu nous fais quoi à manger ce soir ?" Et oui, un poil curieuse la petite. Mais elle aimait bien savoir à l'avance ce qu'elle mangeait. Ca lui évitait que d'aller fouiner dans les casseroles et se brûler par inadvertance.

Glace, glace, glace ...

Aleksandra allait apprécier cette glace. Elle allait la déguster, la savourer, la faire durer. Et peut-être, comme le disait Nolan, qu'elle boirait aussi une boisson. Peut-être pas une boisson sucrée. Parce que sucre, plus sucre, bin, ça pouvait faire des dégâts. Déjà, quand elle ingurgitait trop de sucre, Aleksandra avait une fâcheuse tendance à être un peu hyperactive. Genre, à ne plus tenir en place. Et elle était infernale. Mais c'était pas de sa faute. C'était juste que ... bin, trop de sucre, c'était pas bon. Ca, c'était en journée. Mais si c'était le soir, et bien, là, disons qu'elle avait beaucoup de mal à dormir la nuit. Elle se réveillait toutes les heures, avait peine à dormir, et elle n'arrêtait pas de faire des allées et retours pour boire un coup. Ouais, dangereux la nuit. Et au matin, on pouvait s'étonner qu'elle ait une petite mine. Aleksandra n'y pouvait rien. Elle était comme ça. Alors, la glace, oui, la boisson sucrée, style soda ou autre, à voir. De l'eau, avec la glace, ça serait tip top. Ou un truc à bulle, comme de l'eau pétillante. Pas de sucre. Et ça éviterait à Nolan de garder constamment un oeil sur elle. Même si elle se doutait que ça ne le dérangerait pas plus que ça.

Quoi qu'il en soit, c'était indéniable, pour Alek', que son père ait eu une meilleure journée qu'elle. Lui, il n'était pas obligé d'aller à l'école. Lui, il n'était pas obligé d'écouter les crétins qui se moquaient d'elle à cause de son accent. Libre de faire ce qu'il voulait, quand il le voulait. Libre d'aller au boulot ou de ne pas y aller. Ahhh ! Pourquoi ne pouvait-elle pas être plus grande ? Pourquoi n'était-elle pas déjà adulte ? Oui, oui. Souvent, les enfants ont envie de grandir plus rapidement que la normale, et certains aspirent à être des adultes. Le comble, c'est que les adultes, parfois, eux, aimeraient redevenir des enfants. Pour ne plus avoir de responsabilités, et vivre la vie comme elle vient. Se peut-il que l'Homme soit un éternel insatisfait ? Qu'il n'arrive jamais, ou rarement, à voir le bon côté de la vie ? Allez savoir. Mais ne parlons pas philosophie. Parlons plutôt ... d'Aleksandra et de Nolan.

Même si c'était pas la grande forme pour la petite, son père arrivait toujours à lui rendre le sourire. Par des choses toutes simples, des mots tous simples. Des trucs anodins, mais qui comptaient pour la petite russe. Il voulait passer du temps avec elle, lui remonter le moral, faire qu'elle se sente bien avec lui. Ca la faisait sourire. Même quand le temps était maussade pour elle, ou qu'elle trouvait que tout était ennuyeux, Nolan arrivait à lui rendre le sourire. Toujours, comme en ce moment. A croire qu'il avait un sourire communicatif et qu'il savait s'y prendre avec elle. Dire qu'elle aurait pu ... tomber sur bien pire. Dire qu'elle pourrait être encore dans cette ruelle ... Le destin avait bien fait les choses. "Pas fatiguantes ... Mais nulles." Parce que la petite ne trouvait pas que ses journées pouvaient être éprouvantes. Non, un coup d'sucre et hop, elle était partie pour toute la journée, ou toute la nuit, sans aucun souci. Donc, c'était pas vraiment ça qui la dérangeait. Mais plutôt ses camarades. Enfin, pour aujourd'hui, c'était terminé. Elle allait pouvoir passer un chouette moment avec son papa et profiter de lui. C'était toujours le meilleur moment de la journée. Quand Nolan venait la chercher et qu'ils passaient du temps ensemble. Aleksandra aimait bien. Disons que ça égayait sa journée qui avait été passablement pourrie, à chaque fois.

Tandis qu'ils marchaient et que le centre commercial était en vue, la russe était revenue sur ce qu'il lui avait dit, concernant le fait qu'il avait été faire quelques courses. Elle avait envie de savoir ce qu'il allait leur préparer comme dîner. Un truc léger, avec de la fraîcheur. Une salade de pâtes, avec des petits légumes, et du thon. Petits légumes ... Bon, comme tous les enfants, c'était pas ce qu'elle préférait non plus, mais elle les mangeait tout de même. Surtout que généralement, elle avait le droit à une récompense. Genre, une histoire avant d'aller au lit. Et comme les histoires, elle aimait bien, bin, fallait bien manger les légumes. "En forme d'étoiles ?" C'était ses préférées celles-là. Aleksandra les adorait, pour sûr. Après quelques minutes, les voilà donc rentrés dans le centre commercial. Ils allaient pouvoir partir à la recherche de leurs glaces. Faudrait ensuite qu'ils choisissent entre les différents parfums proposés. Et ça, ça serait plus long. Parce qu'Aleksandra ne savait jamais quoi prendre et elle pouvait rester dix minutes à contempler les parfums sans savoir lequel choisir. Mais Nolan finissait toujours par intervenir.

Les pâtes en forme d'étoiles, c'était mignon. Et puis, elles avaient un petit goût, un je ne sais quoi qui faisait qu'on y revenait. Enfin, selon Aleksandra. C'était peut-être uniquement psychologique. Probablement d'ailleurs. Mais il était clair que la fillette adorait les pâtes en forme d'étoiles. Ca lui rappelait un peu de chez elle et les nombreuses soupes que sa mère avait pu lui préparer. Elle n'avait pas vraiment voulu souhaiter se raccrocher à de tels souvenirs, et pourtant ... Et pourtant, elle s'y raccrochait, en quelque sorte. Parce que c'était ce qui faisait ce qu'elle était. Et c'est peut-être aussi ce qui la perturbait tant, ces temps-ci. Peut-être que ça serait mieux, bien mieux, si elle arrivait à tirer un trait sur tout ça. Mais elle était jeune. Et elle avait besoin de son passé pour se construire. Ou du moins, pour avancer, et pour devenir quelqu'un. Quoi que, avec l'aide de Nolan, son passé ... ce n'était peut-être pas si important que ça. Et elle arriverait à s'en sortir, d'une manière ou d'une autre. "Je les aime bien celles-là. On dirait presque qu'elles fondent sous la langue." Et puis, avec du thon, et des petits légumes, ça serait tip top tout ça. Et comme dessert ? Ils mangeraient quoi ? Oh, probablement un bout de fromage. Ou un yaourt, ou quelque chose dans le genre. Un truc avec pas trop de sucre, sinon, elle ferait encore des cabrioles toute la nuit et Nolan serait obligé de garder un oeil sur elle.

Enfin, revenons-en à nos moutons. Ils avaient fini par rentrer dans le centre commercial et ils étaient donc à la recherche de leur glace. Ils ne mirent que peu de temps à trouver le marchand qui leur vendrait leur petite sucrerie. Ils étaient là, devant le comptoir, à regarder les différents parfums. Hmmm ... Que choisir ... Que prendre ? Y'avait trop le choix et c'était difficile de prendre un truc au détriment d'un autre. Que choisir ? Nolan semblait déjà avoir pris sa décision alors que Alek' n'avait même pas encore eu le temps d'y réfléchir. Alors, à la question de son père, elle eut un haussement des épaules. "J'ai le droit à deux boules ?" lui avait-elle demandé en lui tirant la main pour attirer son attention ? Si oui, et bien... le choix serait toujours aussi compliqué. Mais si elle hésitait entre deux parfums, et bien, elle n'aurait pas besoin de choisir. Quoi qu'il en soit, en attendant la réponse de son père, Aleksandra regardait les différents parfums. Hmmm ... La vanille, ça la tentait bien. Tout comme le caramel. Le chocolat, n'en parlons pas non plus. Fruits des bois, aussi, c'était top. Ah la là ... Trop dur ... quatre parfums qui la tentaient bien. Y'avait aussi le tutti frutti. C'était bon ça aussi. Et surtout, y'avait plusieurs goûts. C'était peut-être le meilleur des choix. Tous les marchands de glace n'en vendaient pas. "Je crois ... que je vais prendre celle-là." Aleksandra lui avait montré la glace en forme de bonhomme, ou du moins, ça y ressemblait. Ouais, c'était une sorte d'esquimau. Mais au moins, elle aurait plusieurs goûts dans la bouche et elle apprécierait.

Que de choix, que de parfums ! Mais la fillette avait trouvé le truc. Peut-être que son père accepterait qu'elle prenne deux boules. Ouais, ça serait bien. Parce que ça lui éviterait d'hésiter encore trop longtemps, ou bien de devoir faire un choix entre tel parfum, et tel autre. Et puis, finalement, à la dernière minute, Aleksandra changea d'avis. Ouais. Elle opta, après de longues et longues minutes, pour un esquimau aux trois chocolats. Alors, y'avait du chocolat blanc, qui avait un léger goût de vanille, en quelque sorte, du chocolat au lait et du chocolat noir. Y'avait aussi quelques amandes, et c'était super bon. Aleksandra n'y avait pas encore goûté, mais elle savait déjà quel goût l'esquimau avait. Parce qu'elle en avait déjà mangé de ce genre. Ce n'était pas son premier, et ça ne serait pas son dernier non plus. La voilà donc en train de déguster la première couche de chocolat, celle avec les amandes, celle qui enrobait les autres couches de chocolat. Elle y allait lentement, elle prenait son temps. C'était tip top bon. Elle marchait, tranquillement, à côté de son paternel. Il avait fini par tourner la tête vers la fillette pour lui poserune question. Une question qui pourrait fâcher d'ailleurs, en quelque sorte. Parce que parler de la psy, ce n'était pas son sujet favori, il fallait bien l'avouer. "Euh ... Et bien ..." Et bien quoi ? A dire vrai, oui, elle n'aimait pas trop parler de ce sujet. Pourquoi ? Elle ne savait pas trop.

Aleksandra reprit la dégustation de sa glace, peut-être pour trouver les bons mots, ou peut-être pour réfléchir à ce qu'elle pouvait lui répondre. "Comme d'habitude, plus ou moins. Elle me pose tout le temps plein de questions. Parfois les mêmes, parfois d'autres." En fait, ça amusait la petite russe d'ailleurs. Parce que sa psy s'acharnait à lui poser, encore et encore, les mêmes questions. Et à dire vrai, elle ne répondait pas toujours. Non, sur certains points, Aleksandra se taisait. Elle éludait les questions, faisait comme si elle n'avait pas écouté. Sa psy reposait la question. Mais rien ne venait. Elle continuait de dessiner et était imperturbable. Toutes les fois où elle lançait un vent à sa psy, enfin, qu'elle ne lui répondait pas. Sérieusement ... Ca avait le don de lui chauffer les oreilles parfois. Sa psy l'énervait, mais que pouvait-elle faire d'autre ? Elle devait y mettre du sien pour s'en débarrasser, qu'elle lui fiche la paix une fois pour tout. Fallait que la petite russe fasse un gros travail sur elle-même, et dans l'immédiat, elle ne savait pas si elle y parviendrait. Avec un peu de temps, peut-être qu'elle y parviendrait, mais ça ne sera, probablement, pas demain la veille. "J'l'aime pas trop ..." Même pas du tout d'ailleurs. Mais bon, fallait qu'elle s'accroche, pour sûr. A dire vrai, même, elle troquerait bien sa psy contre cet agent qui venait la voir, au centre. Elle aimait bien discuter avec lui en russe. Et puis, il avait toujours été sympa avec elle. A chaque fois qu'il venait, il lui amenait un petit quelque chose : des bonbons, des gâteaux. Un petit truc qui la faisait sourire à chaque fois, ou presque. Ce qui l'ennuyait de plus, c'était peut-être le fait qu'elle parlait peu souvent en russe. Elle le faisait avec Nika, de temps à autre, mais elle ne la voyait pas aussi souvent. Et puis, avec la rivalité qu'il y avait entre elles, c'était compliqué.

"J'suis obligée de continuer à la voir ?" lui avait-elle demandé en tournant la tête vers Nolan. Parce que si on lui laissait le choix, et bin ... elle n'irait plus dans son bureau. Et elle n'irait plus perdre son temps à faire des dessins. Ca devenait barbant, pour sûr. Et puis, voir cette psy, pour Aleksandra, ça sonnait comme une punition, ou presque. Après tout, elle n'était pas si méchante que ça avec ses camarades. Eux l'étaient bien plus. Et ses notes n'étaient pas non plus si catastrophiques que ça. Certains faisaient bien pire qu'elle.

Ils marchaient, tranquillement, en prenant leur temps. Leur direction ? La maison. Nolan portait toujours le cartable de sa fille. Ca lui permettait de se concentrer sur sa glace et éviter de faire tomber par mégarde ses affaires. Ca lui arrivait, de temps en temps, que de faire tomber ses affaires. Non pas parce qu'elle était maladroite. Mais ça arrive à tout le monde d'avoir les doigts glissants à un moment ou à un autre, non ? D'ailleurs, une petite anecdote marrante à ce propos. Nolan et Alek', comme aujourd'hui, avaient acheté des glaces. Sauf qu'elle avait demandé deux boules. L'une d'entre elles avait mal été positionnée dans le cornet. Le marchand avait fait une petite boulette, en quelque sorte. Et bam, ils n'avaient pas fait trois pas que la seconde boule, au caramel, s'était écrasée au sol. D'où une certaine grimace qu'elle avait eu sur le visage. Mais elle n'avait pas fait de caprice, rien. Nolan lui avait donné sa seconde boule, et hop, le tour était joué. M'enfin, reprenons là où on en était. Ils marchaient, côte à côte. Ils discutaient. Nolan avait envie de savoir ce qu'avait en tête la petite, ce qu'elle pensait de sa psy et du reste. Pour Aleksandra, ce n'était pas la grande forme de ce côté là. Non pas parce qu'elle n'aimait pas sa thérapeute ... Quoi que, à dire vrai, elle ne l'appréciait pas vraiment non plus. Elle la trouvait pingre, elle posait toujours les mêmes questions. A croire que ça l'amusait que de radoter, encore et encore. Et franchement, ça commençait sérieusement à taper sur le système de la petite russe. Elle innoverait, oui, ça passerait. Elle lui poserait d'autres questions, peut-être que ça passerait. Mais là, non. Aleksandra ne savait plus comment s'y prendre. Le mutisme ? L'indifférence ? Faire comme si elle ne l'écoutait pas ? La russe ne savait plus trop quoi faire. Peut-être ... Peut-être que Nolan trouverait une solution. D'ailleurs, Nolan en était venu à lui dire qu'il allait trouver le moyen pour que tout s'arrange. Comment le ferait-il ? Elle n'en savait rien. Peut-être qu'il passerait la psy ou bien le directeur au scalpel. Peut-être qu'il les découperait en petits morceaux, qu'il les hacherait ... Nan, ce n'était pas la meilleure des idées non plus.

Aleksandra lui avait posé une question. Elle voulait savoir si elle devait continuer de parler avec sa psy. Pour elle, ce n'était qu'une perte de temps. Ca n'arrangeait pas les choses. A dire vrai, la thérapeute lui posait des questions bien trop personnelles. Des questions, ou plutôt, des réponses que la petite fille avait envie d'oublier. Elle voulait tirer un trait sur le passé. Elle le voulait vraiment. Mais en ressassant sans cesse le passé, en lui parlant de ses parents, de sa vie en Russie, Aleksandra ne pouvait pas tirer un trait. Parce qu'on la ramenait, encore et toujours vers son passé. Et ce n'était donc pas facile d'oublier. Peut-être qu'il n'y aurait que Nolan dans l'histoire, peut-être qu'il n'y aurait que lui qui s'occuperait d'elle, ça ferait longtemps qu'elle irait mieux. Parce que même si Nolan s'enquérait toujours de son bien-être, il n'était pas comme les autres. Il ne lui posait pas tout un tas de questions. Du moins, quand il voyait qu'elle n'avait pas envie de parler, et bien, il arrêtait, et retentait à un autre moment. Aleksandra voyait ça comme ça : il ne la pressait pas comme un citron parce qu'il devait préférer qu'elle se livre d'elle-même. Qui sait ?

Nolan prit le temps de réfléchir pendant quelques instants à sa question. Il lui faisait confiance. Si elle lui disait qu'elle n'avait plus besoin de voir la thérapeute, et bien, il ne l'obligerait pas à y aller plus longtemps. Seulement ... Est-ce qu'elle n'en avait vraiment plus besoin ? Ou était-ce simplement parce qu'elle ne l'aimait pas vraiment et qu'elle préférerait voir quelqu'un d'autre ? Je crois qu'Aleksandra opterait, de bon coeur, pour la seconde option. Bien sûr qu'elle devait parler à quelqu'un. A une autre personne que Nika, ou que Nolan. Mais elle ne se sentait bien avec personne d'autre. Et bien qu'elle appréciait énormément son père, ce n'était pas la meilleure des solutions qu'elle se confie uniquement à lui. Aleksandra marchait, la tête tournée vers son père. Nul doute qu'elle pourrait se blesser parce qu'elle ne regardait pas devant elle, mais elle l'écoutait attentivement, comme toujours. Elle buvait chacune de ses paroles. A dire vrai, Nolan avait une voix qui lui semblait apaisante. Si elle faisait un mauvais cauchemar, elle allait voir son père. Il pouvait lui raconter n'importe quoi, sa journée, ou le processus chirurgical de l'une de ses interventions, elle finissait toujours par se calmer et retrouver le sommeil. Vous savez ? Comme dans Lost les disparus, dans la saison 1. Quand Charlie s'occupe de Aaron qui n'arrête pas de pleurer. Il va voir Hurley qui chante I feel good, mais rien. Et il va voir Sawyer et oh miracle, le bébé se calme. C'était un peu pareil ici. Nolan arrivait toujours à la calmer, et ce n'était pas plus mal d'ailleurs. "Je crois ... Je crois que je pourrais encore en avoir besoin. Mais pas avec elle. Et plus à l'école." En quelque sorte, elle préférait voir quelqu'un d'externe à tout ce petit monde. Parce que la psy à l'école, ça ne l'aidait pas vraiment pour avoir de bonnes relations avec ses camarades.

Nolan lui fit une proposition. Ou plutôt, il lui avait posé une autre question. A savoir si ça lui plairait que de parler avec quelqu'un d'autre, et pourquoi pas, une personne qui savait parler le russe et qui ne la reprendrait pas toutes les trente secondes parce que il ou elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle disait à cause de son accent. Aleksandra pencha la tête quelque peu sur le côté. Ouais, ça pourrait être bien. Elle connaissait quelqu'un. Un agent qui était venu la voir à plusieurs reprises dans le centre où elle était. Il venait toujours avec quelques bonbons, ou des petites gâteries qui lui faisaient toujours plaisir. Et ils discutaient longuement, en russe. Aleksandra appréciait ces petits moments. Mais elle ne l'avait plus revu depuis qu'elle était chez Nolan. Elle eut un hochement de la tête. "Oui, je crois que ça serait bien. Mais je doute qu'il y ait un spy ... euh, un spy ... nan, un docteur qui parle russe." Ouais, ouais, Aleksandra avait toujours des problèmes avec certains mots. Ca lui arrivait à longueur de journée d'ailleurs. Non pas qu'elle avait des problèmes de compréhension, mais c'était pour trouver certains mots. Elle n'y parvenait pas toujours.

Aleksandra lui avait dit ce qu'elle avait sur le coeur, au sujet de la psychologue de l'école. Elle ne voulait plus la voir. Parce qu'elle ne la trouvait pas efficace. Elle lui posait les mêmes questions, encore et toujours. Elle ne cherchait pas à aller au fond des choses. A dire vrai, même, parfois, la fillette pensait qu'elle se fichait complètement de la russe, que pour elle, ce n'était qu'un job comme un autre et qu'elle n'en avait rien à carrer. Bon, peut-être qu'elle se trompait parce qu'Aleksandra ne l'aimait pas du tout, mais bon. Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser cela. Elle ne voulait plus la voir. Ou si elle devait vraiment parler, elle préférait le faire avec quelqu'un d'autre. Pas forcément avec Nolan, parce qu'elle voulait parler en russe. Elle voulait quelqu'un qui puisse la comprendre, qui ne la reprenne pas toutes les cinq secondes parce qu'il ou elle ne comprenait pas ce qu'elle voulait lui dire. Aleksandra avait parfois beaucoup de mal à trouver les bons mots. Elle avait encore du mal avec l'anglais, mais elle faisait des efforts. Seulement, qu'on la reprenne aussi souvent, ça ne l'aidait pas vraiment. Ou tout du moins, ça ne l'encourageait pas à parler avec quelqu'un d'autre, et ce même si la dame qui l'avait aidée à ramasser ses affaires, un jour, lui avait dit qu'avoir un accent, c'était pas la mer à boire non plus.

Quoi qu'il en soit, Nolan lui faisait une promesse. Oui, il allait en parler avec le directeur et il allait trouver une solution pour que la petite arrête avec cette psy. Ca ne l'ennuyait pas qu'elle consulte à l'extérieur. C'était même mieux selon lui. Il était d'accord avec elle, et c'était tant mieux d'ailleurs. Aleksandra n'aurait pas besoin de faire la moue ou bien prendre un air de chien battu pour arriver à le convaincre. Elle eut donc un sourire sur le visage. Oui, elle était contente. Contente qu'il la comprenne, et contente qu'il soit d'accord avec elle. Certes, ça n'allait pas lui enlever cette épine qu'elle avait dans le pied, mais c'était déjà une bonne chose. Maintenant, restait plus qu'à convaincre le directeur. Et ça, c'était pas gagné d'avance. Parce que Nolan ne pouvait pas non plus lui montrer son vrai visage. Et il ne pouvait pas non plus le menacer, si ? "Merci ... Merci d'essayer." Oui, parce que cette histoire était loin d'être terminée, pour sûr.

Par la suite, ils en vinrent à parler de quelqu'un. Enfin, pas d'une personne en particulier, mais de quelqu'un qui pourrait aider Aleksandra. La fillette ne voyait pas vraiment à qui elle pourrait se confier. Nolan ? Il ne parlait pas assez bien le russe. Et il y avait des choses dont elle n'avait peut-être pas envie de lui parler. Par peur, probablement, qu'il la voie sous un nouvel angle. Ou bien qu'au final, il décide qu'il ne voulait plus d'elle. Au plus profond d'elle-même, Aleksandra savait que jamais, oh combien jamais Nolan ne pourrait l'abandonner, qu'il l'aimait trop pour lui faire une telle chose. Mais y'avait des jours où elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. C'était comme ça. Elle s'inquiétait, peut-être un peu trop. Parler avec Nika ? Ca serait possible, puisque l'adulte parlait le russe. Seulement, elle n'était pas souvent à la maison. Elle était très prise par son travail et franchement, parler avec Nika ... nan ... ça ne passerait pas. Sûr, Aleksandra l'aimait bien. Mais disons ... qu'elle ne voyait pas d'un bon oeil sa relation avec son père adoptif. Y'avait un peu de jalousie là-dessous. Alors qui d'autre ? A qui pourrait-elle parler ? Au russe peut-être, celui qui était venu la voir plusieurs fois au centre. Seulement, elle ne savait pas comment le contacter. Et puis, peut-être que lui n'avait aucunement envie de s'impliquer plus. Peut-être qu'il s'en était lavé les mains et qu'il n'avait peut-être pas envie d'en savoir plus. Ouais, ouais, c'était pas simple, pour sûr. "Tu sais ... On pourrait peut-être chercher ensemble. Comme ça, je pourrais te donner mon avis." Bah oui, après tout, son avis comptait. Faudrait quelqu'un avec qui elle pourrait s'entendre. Et elle n'était pas vraiment facile à vivre. Enfin, y'avait certains jours où elle était peut-être plus peste que d'autre.

Sa glace terminée, Aleksandra releva quelque peu le nez. La maison était pratiquement en vue. Ou tout du moins, ils n'en étaient plus très loin. Nolan en vint à lui dire qu'il avait des choses à faire. En plus de préparer le dîner ? Probablement. Aleksandra fut quelque peu intriguée. Elle avait envie d'en savoir plus. Oui, oui, elle était du genre curieuse. Et tout ce que faisait son père, à dire vrai, ça l'intéressait. "Après manger ? Ou bien avant ?" Elle ne voulait pas lui demander, maintenant, ce qu'il comptait faire. Pourquoi ? Parce que tout simplement, on ne parlait pas de ces choses là dans la rue. Après tout, n'importe qui pouvait les entendre parler. Et si jamais on apprenait ce que Nolan faisait lors de ses heures de détente, et bien, pour sûr que Aleksandra lui serait enlevée. Et ça, elle ne le voulait pas. Non, elle ne voulait pas aller chez quelqu'un d'autre. Elle était bien avec son père.

Quelqu'un de mieux que sa psychologue ... Ouais, il était vrai que la petite Aleksandra espérait que ça soit le cas, qu'ils arrivent à trouver quelqu'un de mieux. Mais combien de temps ça prendrait ? Elle n'en avait aucune idée. Peut-être que ça lui ferait du bien que de ne pas voir quelqu'un pendant quelques temps. Peut-être que ça ne pouvait lui être que bénéfique et qu'elle finirait par aller mieux, toute seule. Après tout, peut-être que l'aide d'un psychologue lui était superflue. Nolan ne lui parlait pas tant que cela de son passé, ou tout du moins, il ne voulait pas la blesser ou la mettre mal à l'aise en lui en parlant. Si elle ne parlait plus de tout ça, elle finirait, sans doute, par oublier totalement, ou tout du moins, ça ne la ferait plus souffrir autant. Mouais ... Si ça se trouvait, c'était ... probablement mieux comme ça. Oui, sans doute qu'Aleksandra n'irait plus voir la psy et qu'ils ne chercheraient pas plus que ça à la remplacer. Et tout irait bien mieux pour elle. Oui, tout irait mieux. "Et si on ne trouve pas ? Quoi que ... ça ne sera pas une grande perte. Enfin, je ne crois pas." Oui, Aleksandra partait du principe que moins elle parlerait de tout ça, mieux ça serait pour elle. Enfin, certes, ça l'enverrait, sans doute, sur une pente plutôt dangereuse. Après tout, les gens qui enfouissent leurs sentiments peuvent mal tourner. Mais peut-être que c'était le destin. Peut-être qu'elle devait devenir elle aussi, quand elle serait plus grande, une psychopathe en puissante. Peut-être qu'elle mènerait une double vie, comme son père. Seul l'avenir le lui dirait.

Quoi qu'il en soit, la maison était en vue et leurs glaces étaient terminées. L'une des premières choses que Aleksandra ferait, c'était, sans aucun doute, prendre un verre d'eau. Parce que mine de, cette marche, plus la glace, bin, ça donnait soif quand même. Nolan en était venu à lui dire qu'ils avaient quelques trucs à faire au sous-sol et que c'était assez urgent. Mais même si c'était le cas, il le ferait après qu'ils aient dîné. Lorsqu'il lui parla d'un travail minutieux, Aleksandra eut un léger hochement de la tête. Elle se doutait de ce qu'il allait faire. Ou tout du moins, elle en avait une vague idée. Elle savait très bien ce qui se tramait au sous-sol. Elle savait très bien aussi que son paternel maniait le bistouri et le scalpel en dehors d'une salle d'opération. Elle était au courant de tout cela et ça ne lui faisait pas peur. Elle n'en faisait pas de cauchemar. Sans doute que plus d'une personne le prendrait pour un fou, mais pas elle. Va savoir pourquoi d'ailleurs.

Nolan en vint à lui demander si elle voulait y assister, ou pas. Peut-être juste un petit coup d'oeil, histoire de voir. Aleksandra haussa quelque peu des épaules. "Peut-être après mes devoirs." Car oui, même si elle adorait apprendre en compagnie de Nolan, fallait bien qu'elle fasse ses devoirs tout de même, histoire d'essayer de remonter ses notes et tout ça. Elle travaillerait sans doute bien plus dur si elle ne passait pas la moitié de son temps dans le bureau de la psy. A dire vrai, la psy la déprimait un peu. Et ça se ressentait sur ses notes. Ouais, peut-être que le problème principal, c'était la psy, et le directeur qui étaient toujours sur son dos. Sans eux, sans doute que tout irait bien mieux. "Dis ... tu vas t'occuper avec minu ..." Elle avait encore perdu le mot, même si Nolan venait tout juste de le prononcer. "Tu vas aussi t'occuper de ma psy ?" Ouais, tantôt, quand elle n'arrivait pas à retrouver le bon mot, elle contournait le problème en le zappant de sa phrase, dans la mesure du possible, ou bien tentant de trouver un synonyme, mais c'était pas toujours évident. "Parce que si tu le fais ... ça pourrait te causer des problèmes." Bah oui, Aleksandra s'inquiétait pour son père. Bon, personne n'irait soupçonner qu'un père de famille et un chirurgien puisse s'occper définitivement de quelqu'un, mais bon, on ne sait jamais ce qui peut se passer.

Pour la petite, c'était la meilleure des solutions que de renvoyer la psychologue. Ou que du moins, Nolan aille la voir et qu'il lui explique que Aleksandra n'irait plus jamais dans son bureau. Faire une thérapie, d'accord. Ca pouvait lui être utile et la fillette ne le niait pas du tout. Seulement, il lui fallait la bonne personne. Celle qui tenterait de la comprendre, sans trop l'oppresser. Celle qui ne lui poserait pas, sans cesse, encore et encore, les mêmes questions inutiles. Celle qui chercherait à ce que la fillette se confie d'elle-même, plutôt que de la presser comme un citron pour qu'elle parle. Aleksandra n'aimait pas ces manières. Et surtout, ça ne faisait pas avancer les choses. A dire vrai, même, parfois, elle avait l'impression de régresser. Alors que, normalement, dans une thérapie, ça servait à aller de l'avant. Ce qui n'était pas le cas. Ce qui ne serait jamais le cas, d'ailleurs, avec cette maudite psychologue scolaire. Bah ... Qu'elle aille au diable. De toute manière, Nolan allait s'occuper de cette histoire. Et il ferait en sorte que tout aille bien mieux pour sa petite fille. De ça, elle en était certaine. Parce qu'il lui avait fait la promesse. La promesse de s'occuper de tout ça, la promesse que tout finirait par bien aller pour elle.

Mais mine de, elle s'inquiétait quand même. Oui. Et si jamais leur recherche était infructueuse ? Et si jamais ils ne trouvaient personne avec qui elle pourrait parler ? Est-ce que ça l'empêcherait d'avancer ? De se reconstruire ? Elle en doutait. Ca ne faisait que quelques semaines qu'elle était avec Nolan et pourtant, elle avait reçu bien plus d'amour que cette dernière année qui avait été plus qu'horrible. Elle avait quitté une maison qu'elle adorait pour venir vivre dans un pays qu'elle ne connaissait pas. Elle avait laissé de côté son père parce qu'il devenait bien trop violent avec sa mère. Aleksandra aurait pu croire que les choses s'amélioreraient, en Amérique, mais au contraire. Ca avait été de pire en pire. Une dégringolade, une descente aux enfers, en quelque sorte. Jour après jour, les choses s'étaient dégradées, surtout au niveau familial, si bien que sa mère l'avait placée dans un centre, en semaine, et le week-end, elle allait chez une tante. Mais tout ça, Aleksandra ne l'avait pas supporté puisqu'elle avait fini par se tirer ... pour atterrir chez Nolan. A dire vrai, elle y avait gagné au change. Il avait fallu qu'elle touche le fond pour avoir le droit, un tant soit peu, au bonheur. Comme le dit le vieux proverbe, tout vient à point à qui sait attendre, non ?

Face aux inquiétudes de la fillette, Nolan avait fini par lui répondre que s'ils ne trouvaient pas un bon psychologue, ils pourraient toujours trouver quelqu'un à côté. Une personne qui pourrait parler avec elle sans qu'elle ait, pour autant, des compétences en psychologie. Quelqu'un qui pourrait jouer avec elle, s'occuper d'elle pendant que Nolan ne serait pas avec elle, mais au boulot. Quelqu'un qui pourrait éventuellement l'aider à faire ses devoirs aussi. Aleksandra eut un léger hochement de la tête, quelque peu nonchalant. Est-ce que l'idée lui plaisait ? Et que ça pourrait être bien que d'avoir quelqu'un d'externe à tout ça ? Comme une sorte de baby-sitter, ou un truc dans le genre ? "Quelqu'un de gentil et qui ne me ferait pas des reproches quant à mon accent ?" Dans ce cas là, oui, ça pouvait être intéressant et elle pouvait accepter. Du moins, Aleksandra n'y verrait pas d'inconvénients. Seulement, fallait trouver la perle rare. Et ça, c'était pas gagné d'avance. "Hmmm ... Oui ..." avait-elle dit en hochant de la tête. "Ca pourrait être bien aussi." Bien sûr, c'était pas elle l'adulte. Et Nolan aurait toujours le dernier mot. Même si la fillette pouvait, sans doute, lui faire changer d'avis lorsqu'ils n'étaient pas d'accord. Elle savait bien s'y prendre avec lui. M'enfin, passons, et revenons-en à nos moutons.

Nolan lui avait expliqué qu'il avait quelque chose à faire au sous-sol. Il ne lui avait pas dit quoi exactement. Mais Aleksandra se doutait de ce qu'il allait faire. Du moins, dans les grandes lignes. Tortures et autres joyeusetés de ce genre. Nolan avait convié sa petite fille à venir y assister. Du moins, si elle le voulait. Seulement, il fallait que la petite fasse ses devoirs avant, et elle le lui avait bien dit. Elle ne rechignait jamais à passer un moment avec lui. Non, Aleksandra adorait être avec son père. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle devait délaisser ses études. Surtout en ce moment. Encore une mauvaise note et son instit finirait par l'allumer une nouvelle fois. Et elle préférait, de loin, l'éviter. Les devoirs avant, le plaisir après. Si on peut dire ça comme ça. "Je crois que ça ira. J'ai quelques opérations et un peu de grammaire." Les maths, c'était facile. Parce que ça n'était pas différent de ce qu'elle faisait en Russie. Mais la grammaire ... c'était plus compliqué. Grammaire, conjugaison, orthographe, ouais, il était vrai qu'Aleksandra avait quelques lacunes. Du moins, pour les mots très compliqués. Mais elle ne s'en sortait pas trop mal tout de même. Parfois même mieux que certains de ses camarades. L'écrit, c'est pourtant bien plus difficile que l'oral. Sauf qu'à l'écrit, et bien, on n'entend pas l'accent des gens. Et on se fout alors de la prononciation. "Enfin ... j'aurais peut-être besoin d'un peu d'aide pour la grammaire. Je sais pas encore." Aleksandra verrait quand elle commencerait à faire ses devoirs.

Parlant toujours du travail de son paternel, Aleksandra avait fini par lui demander s'il allait arriver la même chose à sa psychologue. Elle s'inquiétait pour lui. Mais elle n'avait pas besoin de s'en faire, selon lui. Parce qu'il n'allait rien lui faire. Dans l'immédiat, elle n'était pas une menace. Et de ce fait, elle aurait le droit de vivre encore un peu. Aleksandra eut un sourire. Parce qu'une nouvelle fois, il lui renouvelait sa promesse. Celle de ne jamais l'abandonner, de ne jamais la laisser. Et c'était très important pour elle. "Merci." lui avait-elle dit en se serrant un peu plus contre son père.

La maison se dressait devant eux. Ils étaient, enfin, arrivés. Faire une longue marche, c'était toujours plaisant. Et ça lui avait permis de passer du temps avec son père, mais aussi de parler avec lui. Et Aleksandra adorait ça.

Alexandra souriait un peu plus. Peut-être parce qu'elle savait que son calvaire avec sa maudite psychologue était bien terminée. Peut-être parce qu'elle savait qu'elle ne la verrait plus et qu'elle ne lui poserait plus jamais ses questions. Ca serait bien. Oui, vraiment bien. La fillette pourrait se concentrer sur autre chose. Peut-être ses petits camarades. Peut-être qu'elle montrerait un peu plus les crocs et qu'elle arrêterait de se faire marcher sur les pieds. Peut-être qu'elle leur dirait à tous d'aller se faire voir et d'arrêter de se moquer d'elle ... Ou pas. Aleksandra ne savait pas trop ce qu'elle ferait, par la suite. Elle ne savait pas si elle devait "traumatiser" ses petits camarades, ou bien les ignorer ... C'était peut-être la meilleure des solutions, les ignorer. Se ficher d'eux, ne plus leur accorder aucune importance. Peut-être qu'il était temps, pour aller, de laisser de côté son accent, enfin, de ne plus se focaliser sur ce dernier, faire comme si c'était normal. Oui ... Oui, faudrait qu'elle arrive à faire ça. Elle aurait l'esprit un peu plus libre dès qu'elle ne verrait plus son horrible psy.

Honnêtement, Aleksandra semblait un peu plus confiante. Oui, confiante en l'avenir. Elle avait l'impression que les choses allaient se dérouler de mieux en mieux. Peut-être qu'elle se trompait, peut-être que ce n'était pas ce qui allait arriver. Mais elle était certaine d'une chose : que tout irait bien. Nolan le lui avait promis, et elle le croyait. Depuis qu'elle était avec Nolan, ça allait de mieux en mieux pour elle. Elle avait retrouvé le sourire, elle parlait un peu plus aux autres. Et surtout, elle était bien plus heureuse qu'avec ses parents biologiques. Comme quoi, parfois, il suffit d'un petit quelque chose pour que tout aille bien mieux. Et Aleksandra avait retrouvé une certaine stabilité avec Nolan, même si ... il était possible qu'elle s'engage sur une voie plus que sombre. Du moins, pour son avenir. Mais bon, elle n'allait pas faire comme tout le monde non plus. Nolan n'était pas du genre à faire comme tout le monde, et il était heureux comme ça. Sûrement, donc, qu'elle ferait comme lui.

Mais revenons-en un peu à nos moutons. Nolan promettait à Aleksandra que tout irait bien pour elle, qu'ils finiraient par trouver une personne qui pourrait parler avec elle, s'occuper d'elle du cas échéant, et d'autres trucs de ce genre. Elle lui avait souri. Que dire de plus de toute manière ? Elle le croyait, et elle était du genre à croire que Nolan tenait toujours ses promesses, d'une manière, ou d'une autre. Alek' lui rendit, alors, son sourire. Oui, elle était bien contente, pour sûr. Ca allait lui permettre de se concentrer sur les devoirs qu'elle avait à faire ce soir. Un peu de maths. Les doigts dans le nez d'ailleurs. Les maths, c'était facile. Et puis, des plus, des moins, ou des multiplications, voire même des divisions, c'était pas vraiment difficile à faire. Elle faisait ce genre de trucs depuis qu'elle était à l'école primaire, et la barrière de la langue n'était pas un souci. Par contre, la grammaire, ou même l'orthographe, c'était ... différent ... Peut-être pas plus compliqué, parce que le russe, en soit, c'était pas facile non plus. Mais disons qu'elle avait encore besoin d'un temps d'adaptation pour qu'elle y arrive parfaitement toute seule. Encore quelques semaines, voire quelques mois, et avec un peu de chance, elle remonterait totalement ses notes. Bon, d'accord, plus tôt elle le ferait, plus vite ses professeurs seraient contents d'elle et plus vite, donc, ils lui lâcheraient la grappe. Mais bon, elle faisait aussi vite que possible. Et sans la psy sur son dos, elle était certaine qu'elle progresserait plus vite.

Quoi qu'il en soit, finalement, ils étaient arrivés à leur maison, ou presque. Nolan lui avait parlé de ses propres devoirs extra-scolaires, du fait qu'il avait du boulot mais qu'il ne le ferait pas tout de suite. D'abord, préparation du dîner. Après dîner. Aleksandra ferait ses devoirs, et Nolan les siens. Comme quoi, même quand on est adulte, on a toujours des devoirs, à un moment ou à un autre de sa vie. Aleksandra eut un sourire lorsque Nolan lui parla du fait qu'ils étaient arrivés. "Oui. Devoirs, manger, devoirs de papa et après, télévision." Pour elle, parce qu'elle se doutait que Nolan en aurait pour un long moment et qu'elle serait couchée depuis pas mal de temps avant qu'il n'ait terminté.

Que dirais-tu d'arrêter là pour ce topic, à moins que t'aies réellement prévu de faire des "travaux ménagers" dans la cave, et que d'en ouvrir un autre ?