Aujourd'hui, Nolan se préparait encore pour aller au boulot. Il commençait à se plaire sur Quantico, avec cette nouvelle vie. Il endossait sans aucune difficulté son rôle de médecin-chirurgien à l'hôpital. Parfois, sa notorité était telle, qu'il était souvent sollicité. Pour tout et n'importe quoi, la plupart des enfants demandait le docteur Davis. Parce qu'il était gentil, il était drôle, attentionné. Pour ceux qui avait été sages et courageux, il leur offrait un petit jus de fruit et des gâteaux. Pour certains cas difficiles d'opérations - ou en tout cas, très longs - il en venait même à signer des autographes pour les gamins. Les parents étaient fier de son boulot, y'avait pas à dire. Les parents du petit Carl, notamment. Un accident de la route. Les broches au niveau de son bras, avait été bien placées, et ses côtes cassées avaient été remise parfaitement en place, juste à temps. Ce qui avait évité au petit garçon de sept ans, d'avoir un poumon de perforé. Qui plus est, l'anniversaire des 8 ans du petit Carl approchait, et son père, Dennis, avait admis qu'il s'agissait là, du meilleur cadeau d'anniversaire pour son fils. Grâce à Nolan - enfin, Mike - le p'tit gars avait été maintenu en vie. D'ailleurs, les parents, Dennis et Nina, avaient été très reconnaissant envers le chirurgien et l'avait invité à dîner.

Oui, bon ... Vous vous doutiez d'un truc, pas vrai ? Et bien, je suis désolé de vous dévoir - bande de psychocouacs que vous êtes - mais Nolan ne les a pas tués. Bah, non ! Vous imaginez le bordel ? Les voisins l'avaient vus rentrer. Donc, il allait être le seul suspect sur la mort des parents du petit Carl. Il ne fallait pas oublier tout de même que notre chirurgien - bien qu'il soit aussi tueur en série - avait un coeur, une âme. Et ça, c'était en partie grâce à Nika, Aleksandra ou bien encore Marilyn, qu'il venait de retrouver. Et d'ailleurs, ce n'est pas tout. Il prenait tellement son boulot à coeur, que certains de ses patients étaient proches de lui. Qui ça ? Kira, qui était devenue une amie, ou bien Tasha, qu'il suivait souvent. Notamment à cause de son problème d'hémophilie. Cette dernière ne faisait pas confiance aux médecins, de manière générale. Mais avec No ... Le docteur Davis, elle se sentait en sécurité. Il l'avait maintenue en vie, plusieurs fois. Cet homme était en quelque sorte, un ange gardien. Bien qu'évidemment, il ne pouvait pas l'être tout autant qu'Aaron. Nolan était loin d'être jaloux avec sa journaliste russe, qu'il aimait éperdument.

Bref, se rendant au travail à moto - puisque Nathaniel l'avait réparée, quelques jours plus tôt - Nolan était encore loin de se douter qu'il allait recroiser l'agent du FBI. Natasha Williams, justement. Il ne savait pas trop pourquoi d'ailleurs, la concernant, mais elle avait l'air totalement intriguée, avec son tatouage. Vous savez, le chiffre trois, entre son pouce et son index gauche ? Et bien pour Tasha, elle n'arrêtait pas de le fixer. Comme s'il s'agissait d'une obsession. La route jusqu'à l'hôpital, mettait environ une dizaine de minutes en véhicule. Pas plus. Parfois même moins, quand le tueur arrivait à se faufiler à moto, entre les voitures.

À son arrivée, les bruits sourds bien connus, refaisaient surface : téléphones, ascenseurs, bruits de talons, pleurs de bébés, bref ... Il se dirigea donc vers la salle de pause, où étaient entreposés les casiers. Il enfila sa blouse, après avoir déposé son blouson de cuir, son casque et ses clés dans son casier. L'intérieur de celui-ci, était d'ailleurs décoré, avec des photos. On pouvait y voir Nika et Aleksandra, ainsi qu'une photo de son équipe de choc, aux urgences, avec Vince, Stephen et Lizzie trois internes qu'il appréciait. Il referma son casier à clé, puis avait pris son dossier sous le bras, repassant par l'accueil.

« Salut Rose ! Belle journée, n'est-ce pas ? »
« Très belle, Docteur Davis. » Avait répondu la blondinette, avant de rependre : « Oh, monsieur ! Une femme désirait vous voir ? Elle patiente dans la salle d'attente. »
« Bien. Son nom ? »
« Williams. Natasha je crois ... » L'avait-elle informé, en regardant son ordinateur.
« Je vois. C'est une amie. Je vais la rejoindre dans ce cas. À plus tard. »

Nolan s'était donc dirigé vers la salle d'attente, ou attendait l'agent Williams. Il s'était approché d'elle :

« Bonjour, agent Williams. Comment allez vous, aujourd'hui ? »

Elle n'avait pas l'air dans son assiette la pauvre. Restait à voir pourquoi, la jeune blonde était venue jusqu'ici.

L’entraînement. Il n’y avait rien de mieux qu’un bon entraînement. Surtout pour affirmer sa force, physique comme mentale. C’était d’ailleurs cela qui avait poussé Natasha a accepté le défi qu’on lui avait lancé. Cela faisait, en effet, un peu plus d’une semaine que ses collègues la charriaient sans cesse sur sa fine et petite taille. Habituée qu’on se moque de sa carrure et de son poste en tant qu’agent fédéral, la jeune femme blonde avait supporté leur brimade durant des années. Seulement voilà ; les nouvelles recrues l’avaient d’abord pris pour une jeune stagiaire et ne l’avaient pas crut lorsqu’elle leur avait assuré qu’elle était dans le Bureau depuis près de six ans. Si, au début de la semaine, elle avait réussit à faire fi de leur moqueries de jeunes bleus tout juste sortis de l’Ecole de Police et encore adolescents dans leur esprit, elle avait finit par craquer, ayant les nerfs à bloc ces temps-ci. Ce fut donc pour leur clouer le bec qu’elle avait relevé le challenge qu’on lui lançait depuis sept longs jours. Elle devait affronter ces petits nouveaux un par un, et tenir jusqu’à ceux qui faisaient jusqu’à trois fois sa taille et peut-être même cinq fois son poids. Certains, parmi eux, s’étaient vanté d’être ceinture noire de judo et d’autres arts martiaux, pensant impressionner la blondinette. Mais celle-ci n’en n’avait que faire ; elle avait appris à prendre sa petite carrure en avantage, et avait l’expérience qu’ils n’avaient pas.

Dans le gymnase, vêtue d’une tenue de sport, ses longues boucles dorées attachées en queue de cheval, la jeune femme s’était préparée à affronter la bande de dix bleus encore totalement ignares. Les trois premiers furent très rapidement mis KO ; encore bancales dans leur défense, ils n’avaient fait preuve d’aucune patience contrairement à Natasha. Ses années sur le terrain lui avaient appris à prendre son mal en patience bien souvent. Ses autres adversaires avaient réfléchit à deux fois avant de se jeter sur elle ; petite, mais la taille ne faisait pas tout. Finalement, cette séance de combats s’était terminée en cours de combat ; les « élèves » ayant finit par demander à l’agent fédéral de leur montrer quelques tactiques les plus efficaces sur le terrain. La jeune femme s’était prêtée au jeu, mais la fatigue qui lui emprisonnait l’esprit lui faisait faire des fautes et l’empêchait d’être totalement concentrée sur ce qu’elle racontait et faisait. Un certain Peter tournait en rond ; mesurant facilement plus d’un mètre quatre-vingt et avoisinant les quatre-vingt kilos, le jeune homme s’était proposé pour être le « mannequin » sur lequel Natasha pourrait s’appuyer pour imager ses explications.

Elle devait voir Mike. Mike Davis, son chirurgien. Enfin, il n’était pas que le sien, mais elle le considérait comme tel puisqu’il était la personne du corps médical en qui elle avait confiance. Notamment parce qu’il lui avait prouvé à maintes reprises qu’il méritait son diplôme de chirurgie en lui sauvant la vie, et qu’il parvenait à faire en sorte qu’elle ne perde jamais trop de sang. Parce que oui, la jeune femme était hémophile, ce qui ne facilitait jamais vraiment la tâche aux chirurgiens qui, bien souvent, lui reprochaient d’exercer un métier si dangereux avec sa « maladie ». Cette confiance presqu’aveugle qu’elle lui vouait était sans doute due à ce tatouage ; ce chiffre trois qui ornait sa main gauche. Sans qu’elle ne sache pourquoi, c’était toujours la première chose qu’elle voyait chez lui, ce tatouage qui lui rappelait son trouble obsessionnel compulsif lié à ce même chiffre. Mais, passons ; Natasha désirait le voir parce qu’elle voulait lui demander s’il était possible, à présent, de faire de nouvelles analyses. Lors des dernières, ce qu’ils avaient trouvé n’avait été qu’un doute, et il lui fallait la certitude.

Un coup de poing administré au niveau de l’arcade l’arracha brutalement de ses pensées. Une douleur cuisante se fit sentir très rapidement et la jeune femme porta immédiatement une main à son arcade sourcilière, fermant les yeux. Perdue dans ses pensées, elle avait relâché son attention qu’elle avait portée sur le prénommé Peter et ce dernier en avait profité pour l’attaquer. Sauf qu’il n’avait eu le temps de retenir son coup, et son poing était venu s’abattre sur le visage de l’agent fédéral. Peter se fondit en excuse, mais la jeune femme avait déjà la tête qui lui tournait. Retirant sa main, elle constata que ses doigts étaient d’ores et déjà maculés de sang. D’un geste, elle repoussa tous les novices qui l’entouraient comme si elle était sur le point de mourir.

C’est bon, c’est bon, éloignez-vous ! Je ne vais pas mourir, alors je vous prierai de vous écarter ! Bien, merci. Vous et vous, allez voir Bradford et prévenez-le que je vais m’absenter quelques minutes. Quant aux autres, retournez derrière vos dossiers, je reviens très rapidement, juste le temps qu’on me recouse cette petite blessure et tout ira très bien.

La patience avait ses limites, et celle de Natasha venait de prendre fin. Quittant le gymnase, elle passa juste au bureau, son arcade sourcilière saignant encore et toujours, récupéra son blouson en jean et ses clefs de voiture. Ce n’était pas très sage de prendre le volant alors qu’elle risquait de s’évanouir d’un moment à l’autre, mais elle n’en n’avait cure. Elle arriva à l’hôpital en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, et pour l’écrire. Elle entra en trombe, une main plaquée contre son arcade afin d’essayer d’apaiser les saignements et demanda à voir le Dr Davis. Bien évidemment, et parce que ça ne pouvait que lui arriver à elle, on lui apprit que ledit chirurgien n’était pas encore arrivé. Elle paniqua. Déjà qu’elle avait une sainte horreur des hôpitaux qui lui rappelaient la mort et son viol. Puisqu’en effet, si les souvenirs de son évasion restaient flous, elle se souvenait très nettement s’être réveillée à l’hôpital, avec des milliers de policiers et d’infirmiers qui étaient là pour lui poser tout un tas de questions.

Elle patientait dans la salle d’attente. La secrétaire lui avait proposé de voir un autre médecin, mais cette proposition avait reçu un non catégorique. Elle voulait Mike Davis, et personne d’autre. Ce dernier fit son apparition dans son habituelle blouse blanche ; en le voyant, la jeune femme se leva, mais sa migraine lui fit tourner la tête et elle vacilla. Fermant les yeux un court instant, l’agent fédéral esquissa un faible sourire.

Docteur Davis. Eh bien ça va, mais je…

Elle se tut un court instant, enleva sa main de sa blessure pour la lui montrer, ne se sentant pas la force de tout expliquer. Ses yeux gris se posèrent sur le tatouage du chirurgien. Indubitablement, ce tatouage l’intriguait. Sur tous les chiffres qui pouvaient exister, il avait fallut que le Dr Davis se fasse tatouer celui-ci. Elle finit par décrocher son regard du fameux tatouage et le porta sur l’homme.

C’était un accident… Je… J’entraînais des petits nouveaux au Bureau, et l’un d’eux n’a pas sut retenir son coup et… Voilà le résultat… J’ai pensé que vous feriez de nouveau des miracles avant que je me vide totalement de mon sang…

Elle essayait l’humour, mais la fatigue était telle qu’elle-même ne comprenait pas où était l’humour dans cette phrase-là.

Tasha était arrivée ... Apparemment, elle était blessée. En effet, elle se tenait l'arcade pour stopper l'écoulement. Nolan avait une certaine habitude avec la blondinette. Il n'y avait vraiment pas de quoi s'inquiéter. Même si - il fallait l'avouer - l'agent Williams était un cas particulier pour notre cher chirurgien. En effet, la demoiselle souffrait d'une hémophilie modérée - et non négligeable, donc - puisqu'en fait, certaines interventions chirurgicales s'avéraient être dangereuses pour la jeune femme. Et à chaque fois - pour ne pas manquer à sa réputation, notre homme faisait de son mieux. Plus d'une fois, il avait réussi à la sauver pour la sortir d'une mauvaise passe. Voilà aussi pourquoi, la blondinette ne jurait que par le docteur Davis. Il ne fallait pas qu'on lui en commette un d'office. Son choix se portait toujours sur lui, puisqu'elle avait déjà du mal à faire confiance aux médecins, de façon générale. C'est essentiellement parce qu'il était minutieux, attentif et charmant qui plus est, qu'elle s'était laissée convaincre.

« Je vois. Ne vous en faites pas ! Je vais vous réparer ça. » Lui avait-il dit, sur un ton compréhensif et rassurant

À chaque occasion, notre tueur psychopathe, habile de ses mains, prenait les interventions sur Natasha Williams comme de véritables challenges. En effet, son hémophilie modérée n'arrangeait pas les choses. Qui plus est, il s'agissait d'une femme. Et là encore, l'originalité entrait en action : elle avait une hémophilie de type C. Seul type dont les femmes pouvaient être atteinte - et encore - dans des cas très rares. En effet, seule une personne sur 100 000 en était malade. En quelques sortes, on pouvait qualifier Tasha de cas unique en son genre. Elle possédait un déficit en facteur XI.

« Venez. Suivez-moi. » Lui avait-il dit, en l'accompagnant jusqu'à son bureau.

Il poussa ensuite la porte et lui avait proposé de s'asseoir. le chirurgien avait pris des compresses, et de l'alcool à 90 % pour désinfecter la plaie. Sans oublier évidemment le seul traitement actuellement connu pour la demoiselle. Du Betafact. Le Docteur Davis - puisque telle était son identité - lui en administrait une dose toutes les 24 heures, pendant 3 à 4 jours. Une prévention. Il fallait savoir que le taux de plasma, produit par la jeune femme variait : de 30 à 60 % Nolan avait posé les flacons et s'était lavé les mains d'une lotion spécial. Il avait même mis des gants et un masque avant d'approcher la demoiselle. Question de sécurité, puisque son sang était à nu. Il ne fallait pas le mélanger à des microbes, inconnus de son organisme.

« Voilà, voilà. J'arrive. »

Il s'était donc approché de Natasha puis avait enlevé l'excédent de sang avec une compresse pour y mettre de l'alcool juste sur la plaie. Avant de le faire, il l'avait tout de même prévenue :

« Attention, mademoiselle. Ça vous piquera légèrement. »

Et oui. Mais bon ... Comment dit-on, déjà ? « Il faut, il faut ... Il faut souffrir pour être belle. » Voilà. Cela dit, ce n'était pas si douloureux que ça.

« C'est fait. Je vais vous coller un morceau de compresse propre avec un petit pansement. Histoire de freiner l'hémorragie. Et pour aider ... J'vais vous faire une piqûre de Betafact. Ça facilitera la coagulation. »

Et notre jeune homme s'était de suite exécuté. Mine de rien, Natasha était une très bonne patiente. Elle était calme, elle était confiante. Nolan l'adorait. Qui plus est, il aimait lui faire plaisir à la fin des séances. Une fois l'injection faite, il avait essuyé son bras avec une autre compresse puis avait rajouté un pansement discret.

« Voilààà ! » S'était-il exclamé, avant de continuer : « Dîtes-moi ... Un café vous ferait plaisir ? Le temps que l'on discute un peu de vous ? J'ai justement envoyé une thermos de chez moi. J'en prends souvent, puisque le café de la machine dans le couloir, est ... Enfin, vous m'aurez sûrement compris. » Expliqua-t-il, avec un léger sourire.

[HRP : Pour ne faire trop long, j'ai coupé ici. Histoire de continuer sur le reste après et rallonger le sujet. ]

Elle détestait les nouveaux. Enfin… Ce n’était pas de leur faute, mais s’ils n’avaient joué au plus malins, rien ne serait arrivé, et elle serait, en cet instant précis, non pas dans un hôpital glacial et peu accueillant, mais derrière son bureau, à taper un rapport. Bon, il y avait un avantage ; elle qui n’avait jusqu’à présent, toujours pas osé appeler le docteur Davis, se trouvait dès à présent dans la salle d’attente, patientant pour qu’il vienne la chercher. Elle pourrait faire d’une pierre deux coups… Même si elle n’était pas certaine de vouloir une réponse. Ou plutôt, elle n’était pas certaine de vouloir une réponse dans l’immédiat. Parce que tôt ou tard, elle l’aurait sût. Mais, puisqu’elle était là, autant en profiter… C’était, du moins, ce qu’elle essayait de se répéter pour se convaincre, et pour puiser le courage au plus profond d’elle-même, d’aborder le sujet avec son chirurgien. Enfin, ce n’était pas son chirurgien, bien évidemment. Il appartenait à l’hôpital. Et à sa fiancée – l’agent fédéral n’avait pas manqué de remarquer l’alliance au doigt de l’homme – mais elle aimait l’appeler ainsi. Dans un certain sens, c’était bien son chirurgien, puisqu’il était le seul homme en blouse blanche qui pouvait l’approcher sans qu’elle ne se méfie trop. Certes, elle restait tout de même un peu sur ses gardes, et était toujours méfiante lorsqu’il avait pour objectif de la recoudre après une blessure, mais elle lui faisait assez confiance pour ne pas emmener son arme lorsqu’il voulait l’aider et stopper ce flot de globules rouges.

Sa main était tremblotante, son arcade lui lançait affreusement, une migraine commençait à l’assaillir, et elle se sentait défaillir. Elle avait eu du mal à se lever à l’entrée du docteur Davis dans la salle d’attente, et le regrettait à présent ; elle avait la – très – désagréable impression que ses jambes allaient se dérober sous elle d’un instant à l’autre. Le chirurgien la rassura, mais ce n’eut pas l’effet escompté sur la jeune femme qui ne put qu’esquisser un faible sourire. Heureusement qu’il allait lui réparer ça, elle ne venait pas dans un hôpital pour rien. Et elle ne demandait à le voir pour qu’il la regarde se vider de son sang. Il l’invita à le suivre et la guida jusqu’à son bureau. En réalité, elle connaissait le chemin qui menait jusqu’à son bureau, et Mike l’accompagnait plus qu’il la guidait. Elle s’assit, et il était temps ; ses jambes semblaient ne vouloir la tenir, et à peine s’était-elle assise qu’un vertige la prenait. Ses yeux gris pâles suivaient le chirurgien des yeux. Elle l’observait avec une grande attention, presque même exagérée. De nouveau, son regard se bloqua sur le chiffre tatoué sur la main gauche de l’homme.

Trois. Trois quoi ? Elle se promit qu’elle le lui demanderait, à l’occasion. L’heure n’était pas à la discussion joyeuse. Elle acquiesça légèrement lorsque Mika la prévint de l’éventuelle douleur qu’elle risquerait de ressentir ; elle avait l’habitude, à présent. Elle savait qu’elle allait devoir revenir tous les jours pendant encore quatre jours pour qu’il puisse lui administrer du Betafact, et cette perspective ne l’enchantait que très peu. Comme prévenu, un léger frisson parcourut l’échine de la jeune femme, et un très léger picotement lui fit fermer l’œil. Elle n’avait pas prononcé un mot, occupée à chercher une explication logique à la présence de son chiffre favori sur son chirurgien favori. Mais elle ne trouvait pas. Ce n’était guère surprenant, puisqu’elle ne connaissait pas assez le docteur Davis pour se permettre de deviner les raisons de ses faits et gestes, bien qu’elle se plaise à penser qu’ils étaient devenus amis au fil du temps. Trop perdue dans ses pensées, l’agent fédéral n’entendit pas le chirurgien l’avertir pour l’injection de Betafact, pas plus qu’elle ne sentit ladite piqûre. En revanche, le mot café, lui, il ne lui avait pas échappé.

Ses yeux se mirent à briller ; du café, elle ne demandait que cela… Elle ouvrit la bouche, la referma avant d’avoir prononcé le moindre son. Depuis combien de temps n’avait-elle pas but une infime gorgée de sa boisson préférée ? Plusieurs jours, ou plus longtemps encore ? Son addiction à ce nectar n’avait échappé à personne ; mais elle avait dut apprendre à doser le nombre de tasses qu’elle pouvait descendre en une seule journée. Une vingtaine selon Aaron. Peut-être plus selon certain autre de ses collègues. Et la voilà réduite à ne plus en boire un seul depuis… Une éternité, sans aucun doute. Le docteur Davis était d’une attention rare, pour ses patients. A chacune de ses visites, Natasha avait droit à une petite discussion autour d’un café ; elle appréciait la compagnie de Mike, et était ravie de s’être dégotée un tel médecin non loin de son lieu de travail. Un sourire tendre étira ses lèvres ; il la connaissait vraiment très bien et pourtant, ils n’échangeaient que quelques mots. Elle laissa un long silence ; lentement, elle replaça une mèche d’un blond vénitien derrière son oreille, posa sa main sur son genou.

Je vous remercie, mais non, je préfère ne pas en prendre un…

Elle se coupa ; ses dents vinrent s’abattre sur sa lèvre inférieure. Son cœur cognait violemment dans sa poitrine, elle sentit sa main devenir fébrile. Machinalement, elle passa une main dans sa chevelure, joua avec ses cheveux un instant, se redressa. Son regard pâle chercha le tatouage du médecin ; elle le trouva, et son angoisse s’apaisa. Durant plusieurs minutes elle ne dit rien, oubliant même la présence du chirurgien dans la place. Elle voulait se donner du courage, mais n’était pas certaine d’en avoir. Lentement, elle porta une main sur son arcade blessée, ses doigts caressèrent le pansement méticuleusement mis par Mike ; les yeux toujours rivés sur la main de l’homme, les pensées de Natasha se bousculaient. Elle voulait demander, mais n’osait pas. Parce que cela reviendrait à rendre ses doutes réels. Et elle ne pourrait plus faire marche arrière.

Je… Je voulais vous parler, à propos de…

Elle ferma les yeux, releva la tête, inspira calmement. Rester calme. Voilà ce qu’elle devait faire. Et ce qui n’était pas aisé avec une personne aussi nerveuse. Elle aurait tant aimé qu’Aaron soit présent, en cet instant… Lui, au moins, aurait sut la camer. Il aurait trouvé les mots pour qu’elle cesse de stresser, aurait sans doute passé une main rassurante dans son dos, aurait probablement déposé un baiser sur son front. Peut-être même qu’il aurait parlé à sa place… Mais Aaron n’était pas là, et Aaron ne savait rien. Pour le moment. Et se connaissant, elle ne lui en fera part que bien plus tard. Elle rouvrit les paupières, planta son regard acier dans les yeux chocolats de son interlocuteur, et là, elle puisa la force qu’elle cherchait depuis qu’elle était arrivée à l’hôpital. Dans ce regard doux et compatissant. Dans cette lueur rassurante. Mike avait presque le même regard qu’Aaron. Et ils avaient presque la même carrure, également. C’était sans doute à cause de cela qu’elle plaçait en lui une telle confiance. Il lui rappelait Aaron. Son Aaron.

La dernière fois, vous m’avez fait faire des analyses… Et… Les résultats avaient émis l’hypothèse que je sois… Enfin, vous savez… Je voulais savoir si… Si nous pouvions, à présent, refaire des analyses, et voir si c’est vrai… Ou non. Deux semaines ont passées, et vous m’aviez dit d’attendre que cela fasse un mois si… Alors j’ai pensé que…

Elle s’embrouillait, ne comprenait plus ce qu’elle disait. Elle prononçait des mots qui semblaient n’avoir aucun sens. Elle s’entendait parler, mais avait l’impression que quelqu’un parlait à sa place. Cette situation lui avait toujours parut tellement peu probable…


[HJ : Hm… Je me fonds en excuse. Je crois qu’en ce moment, je RP, mais que la qualité de mes post en ont vachement pris un coup. J’ai l’impression de te pondre des postes vraiment merdiques en comparaison des tiens… J’espère que cela te conviendra tout de même, en cas contraire, tu sais que je peux toujours modifier. J’ai aussi voulu te rendre ta longueur – pour ne pas changer – mais là encore, je trouve que j’aurai pu faire beaucoup plus long… Hm. Forgive me. Je me rattraperai pour les prochains post, promis.]

Il y avait un truc que Nolan appréciait chez sa patiente. Comme la plupart de ceux qu'il examinait, Natasha dégageait une certaine gentillesse, elle était calme, vouait une entière confiance au chirurgien. De part son côté narcissique, notre tueur en série était extrêmement flatté. Non. Ce qui l'interpellait plus, c'était le fait qu'elle soit attiré par une seule et unique chose : sa main. Pourquoi ? À première vue, notre homme avait pensé à son tatouage. Mais pourquoi donc ? Depuis qu'il avait fait ce tatouage - qui datait maintenant de plusieurs mois - personne ; pas même un enfant, ne lui avait posé la question. Trois. Oui, et alors ? C'était un chiffre comme un autre, après tout. Peut-être, mais pour Natasha non. En fait, ce qui était drôle dans l'histoire, c'était qu'il ne connaissait rien de ce trouble compulsif, qu'elle avait depuis longtemps. Du coup, à chaque fois que la blondinette fixait sa main, il pouvait s'en trouvé très étonné. Au risque de passer pour un imbécile - voire pour un paranoïaque lui aussi - Nolan n'avait préféré rien dire jusqu'à présent. Cela dit, ça l'en démangeait. Il en avait envie. Restait plus qu'à savoir, quand est-ce qu'il allait le faire.

Quoi qu'il en était, il ne préférait pas trop y songer. Et après avoir emmené sa patiente dans son bureau, il lui avait rafistolé sa blessure, avec un morceau de compresse et un léger pansement, après avoir nettoyé la plaie, avec soin. Après quoi, il lui avait administré une piqûre de Betafact dans le bras. Quelque chose de très important pour une personne dans son cas. D'ailleurs, elle allait devoir revenir plusieurs fois, pour sa piqûre quotidienne, pendant trois à quatre jours. Trèèès important comme délai. Sinon, c'était fichu. Et nul doute au fait que Nolan prenne soin de toutes ses victi... Euh, tous ses patients, où ai-je donc la tête ...

Bref, une fois que tout cela fut fait, notre chirurgien très satisfait de son travail, avait proposé un café à la demoiselle. Elle l'avait bien mérité, après tout. Et puis justement, il avait besoin de lui parler de plusieurs choses importantes. En le remerciant, Natasha avait finalement décliné l'offre. Ce qui eut pour effet de surprendre légèrement le Docteur Davis. Ça oui ! Jamais au grand jamais, il n'aurait pensé que l'agent Williams aurait refusé un café dans sa vie. Quoiqu'elle voulait peut-être jouer la sécurité, le temps que la coagulation fasse effet. Ce qui semblait logique dans un sens.

« Très bien. C'est comme vous le sentez. » Fit-il, en lui souriant légèrement se servant une tasse.

Elle s'était coupée. Se mordillant la lèvre, Natasha semblait toujours gênée par quelque chose. Mais qu'était-ce donc ? Nolan se le demandait bien. Jouant quelque peu avec une mèche de cheveux, elle s'était redressée sur sa chaise. Comme si ... Comme si elle hésitait. Comme si elle avait besoin de savoir quelque chose, alors qu'elle semblait à la fois bloquée. Elle toucha ensuite sa blessure, puis le chirurgien en était venu à l'aider :

« Quelque chose ne va pas, Mademoiselle Williams ? »

Elle semblait perturbée. Mais à cause de quoi ? Notre homme n'en avait strictement aucune idée.

Elle voulait lui parler à propos de ? Soudainement, elle s'était stoppée une seconde fois, ferma les yeux, relevant la tête. Quelque chose semblait la troubler. Elle inspirait et expirait calmement. Elle semblait nerveuse, et essayait de retrouver son sang froid. Elle avait du mal à exprimer ce qu'elle voulait dire, et ça se voyait bien. Natasha regardait Nolan, toujours aussi hésitante. Finalement, elle s'était lancée. Elle parlait d'analyses, que le Docteur Davis avait effectué. Les résultats exposant le fait qu'elle soit ... Qu'elle soit ... Le chirurgien l'avait compris. Rien n'était encore sûr. Mais ses analyses, stipulait bien une possibilité, sur le fait que l'agent Williams pouvait se trouver enceinte. Oui, oui. Elle hésitait pour le dire. Elle n'osait pas. Avant tout, elle voulait vérifier toute la fiabilité de ces choses. Elle en avait le droit. Après tout - et surtout dans la médecine - l'erreur était humaine :

« Voir si tout cela est bien vrai ? Mais certainement, Mademoiselle Williams. Quand vous le souhaitez, je pourrais vous obtenir un rendez-vous. Avec ou sans moi, comme vous préferez. Je serai toujours prêt à aider, en cas de problème. Comptez sur moi. »

Nolan n'attendait plus qu'une proposition de sa patiente. Il préférait toujours considérer ses patients comme étant ceux à mettre en avant. C'était à eux de décider, c'était à eux dont revenaient la plupart des décisions à prendre. Même s'il s'avérait être un dangereux psychopathe, Nolan refusait de mettre en péril sa couverture, ainsi que la vie de gens innoncents.