Spencer Reid && Ashley Seaver

On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux. ♠ Antoine de Saint-Exupéry

Effrayée, Ashley regardait tous les bureaux en serrant son sac. Son premier jour. Toute sa vie, elle s’était imaginé ce moment planifiant chaque parole, chaque chose à faire. Les vêtements étaient prêts depuis ses quinze ans, son maquillage organisé, et elle savait que tout était parfait. Mais cette boule qui l’étouffait lui disait le contraire. Elle connaissait les profilers bien sûr, elle les avait vu sur l’affaire de la secte, mais les revoir la terrifiait. Surtout au même rang qu’eux ! Elle savait que c’était normal d’avoir peur, que c’était une réaction humaine, néanmoins, elle se sentait totalement désarmée. Elle avait pris l’habitude de contrôler tout ce qui lui arrivait, et là, tremblante, devant les portes vitrées du Behavioral Analysis Unit, la situation lui échappait. Chaque seconde qui passait la faisait encore plus paniquer. Ses mains moites remirent une mèche de cheveux derrière son oreille et elle pénétra dans les bureaux. En voyant qu’elle connaissait déjà pas mal de gens, elle se calma un peu : elle ne serait pas regardée comme une extraterrestre venant de la planète « Agent junior ». Elle avait quelques affaires dans une caisse pour son nouveau bureau, attribué lors de son entretien d’embauche. Abandonné comme il l’était, il avait bien besoin de quelqu’un pour s’en servir ! Elle jeta un coup d’œil aux babioles présentes dans la petite boîte : des stylos-billes à la forme étrange, une photo de sa mère, son père et elle, un agenda, quelques dossiers que Hotch lui avait donné à remplir et quelques livre sur le profilage et les tueurs en série. Rien de bien exceptionnel, en fait. Relevant la tête, elle se dirigea vers le bureau. Vêtue d’un tailleur noir et d’une chemise blanche, elle se fondait parfaitement dans la masse. Ses longs cheveux blonds étaient relevés en un chignon simple. Ses yeux soulignés d’une touche de crayon noir et s’était mis du fond de teint pour que sa peau pâle soit un peu plus jolie. Un simple touche de gloss avait suffit. Elle portait sa montre noire et son collier auquel pendant une petite pierre précieuse grise, dont elle oubliait toujours le nom. Ses chaussures à hauts talons lui faisaient un effet bizarre : elle était habituée aux tennis. D’ailleurs, elle aurait donné n’importe quoi pour pouvoir troquer ces instruments de torture contre ses vieilles copines grises ! Mais elle devait faire bonne impression. Si sa mère l’avait vue, elle aurait pleurer et lui aurait dit qu’elle était resplendissante, mais elle avait l’impression du contraire. Mais une mère, c’est censé rassurer son enfant, même en mentant. Elle se dirigeait vers son bureau quand quelqu’un la percuta de plein fouet. Elle ne se retourna même pas, continuant sa course. Au sol, il lui fallut quelques instants pour retrouver ses esprits et elle rougit. Evidemment, elle se faisait remarquer, c’était inévitable. Ses affaires étaient éparpillées au sol, et, ramassant ce qu’elle pouvait, elle remarqua que son livre sur les tueurs en série était sous la chaise de quelqu’un. Se relevant pour faire face à cette personne, un soupir surpris filtra entre ses lèvres en voyant qu’il s’agissait du docteur Reid : elle l’avait rencontré sur l’enquête. Et même avant. A vrai dire, elle avait été à une de ses conférences. Elle avait parlé avec lui après, mais il ne semblait ne pas s’en souvenir. Ce qui était étonnant vu qu’il avait une mémoire eidétique. Cependant, c’était il y a de ça deux ans, et la jeune femme blonde avait un don pour retenir ce que les autres ne retiennent pas. Remettant sa tenue en place, ses joues reprirent une couleur rouge alors qu’elle tenta, tant bien que mal, d’expliquer la situation à l’agent spécial qui était en face d’elle.

- Docteur Reid… Je suis désolée, mais mon livre est tombé sous votre chaise… Mais, enfin, je n’ai pas fait exprès, on m’a poussée et… Enfin…

Tortillant ses doigts, elle releva ses yeux clair vers le jeune homme. Elle détestait passer ridicule !

- Pardon… Je me présente : Ashley Seaver, je suis nouvelle ici. Enfin, j’ai travaillé avec vous il n’y a pas longtemps… A Washington.

Elle lui tendit sa main et un sourire étira ses lèvres cerise. Ses joues ne se défirent pas de leur teinte vermeille, à son plus grand malheur.

Quand la main de l’agent qui lui faisait face serrait la sienne, elle se sentit un peu mieux : c’était dingue ce qu’une simple poigne pouvait rassurer ! Elle se sentait si seule dans cet univers inconnu que savoir qu’il y « avait quelqu’un d’autre » lui faisait autant de bien que si elle avait appris qu’elle avait un jour de plus pour se préparer pour aujourd'hui. En l’entendant dire qu’il s’étaient rencontrés à ce séminaire il y a deux ans, son sourire s’intensifia. Elle aurait parié qu’il avait oublié ! Acquiesçant à l’agent, elle remarqua au passage que son ordinateur était allumé… Preuve qu’il travaillait avant qu’elle ne le dérange.

- C’est ça… Personnellement, j’ai aimé votre blague…

Oui, elle s’en souvenait : il y avait de quoi ! Peu de gens avaient un humour aussi... spécial. Mais même s’il était un peu difficile, elle devait avouer qu’un sourire avait éclairé son visage ce jour-là. Elle l’avait caché aux autres personnes présentes, elle savait quel effet ça faisait d’être regardée de travers. Malheureusement, elle savait. C’était en partie pour ça qu’elle avait couru voir le Docteur après la conférence. En entendant la proposition de l’agent Reid, elle hocha la tête très bêtement. Elle le détailla aussi : avec ses cheveux bruns légèrement bouclés, et ses yeux marrons, il ressemblait à un adolescent. Elle savait qu’il était grand, il avait au moins une quinzaine de centimètres en plus qu’elle. Déjà qu’elle complexait avec sa taille, à côté de lui, mais elle était au bord du suicide ! Saisissant son livre sous la chaise du génie - évitant ses jambes au passage -, elle le remit dans sa caisse et la prit.

- Pourquoi pas ? Je n’ai pas des tonnes de choses à mettre.

Elle lui sourit et se dirigea vers son nouveau bureau, se doutant qu’il la suivait. Déposant sa caisse sur celui-ci, elle contempla les quelques affaires qu’il y avait à l’intérieur. Elle saisit la photo et la regarda un instant. Prise dans le parc une jolie journée ensoleillée. Les larmes qui voilèrent un instant sa vue disparurent aussitôt et elle posa la photo sur un coin du bureau, en souvenir des heures passées avec son père. Bien qu’elle l’avait viré de sa vie, il lui semblait toujours qu’il était là, ce qui la terrorisait.

Ses yeux bleus se tournèrent vers Reid et l’ébauche d’un sourire passa sur ses lèvres. Elle ne répondit pas à la première question : c’était bien elle, sur la photo… Elle n’avait pas vraiment changé depuis ce moment là, mis à part qu’elle avait grandit et maigri. Une bonne façon de se remonter le moral. En entendant sa deuxième question, elle baissa la tête. Elle savait bien sûr que l’équipe allait devoir apprendre pour elle et son père. C’est un point sur lequel Hotch avait insisté durant son entretient d’embauche. Les souvenirs sont parfois douloureux, il l’avait prévenue. Bien qu’elle s’était préparée à ça aussi, maintenant qu’on lui posait la question, elle était désarmée. Comment expliquer ça sans qu’on prenne la fuite ? C’était délicat.

- Oui…

Elle resta quelques secondes à regarder la photo, les yeux dans le vague. Puis son regard se posa sur Reid qui semblait enregistrer l’information. Il ne devait pas comprendre ce qu’elle faisait avec lui sur cette photo. Réfléchissant à la façon d’aborder ça, elle désigna du doigt son père, puis elle. C’était simplement un geste, et peu de gens auraient compris sa signification. Laissant son index posé sur le visage de son père, elle reprit, avec un sourire nostalgique :

- Je suis… C’est mon père.

La phrase était courte, néanmoins, elle était à bout de souffle. Il lui fallait beaucoup de courage pour l’avouer. Elle n’était pas la fille d’un type normal, loin de là. Elle ne regarda pas la réaction de Reid. C’était soit un sourire compatissant soit des yeux écarquillés. Tous les gens à qui elle l’avait dit, c’est-à-dire, pas beaucoup, lui avaient fait ça. Elle n’en voulait pas. Ce n’était pas si grave… Enfin si. Saisissant les stylos-billes dans la caisse, elle les déposa sur le bureau, toujours sans regarder le jeune homme à côté d’elle. Comme honteusement, elle gardait la tête baissée. On aurait presque pu croire qu’elle était concentrée à mettre ses stylos à la forme étrange et aux couleurs qui sortent de l’ordinaire en place.

Alors qu’il récitait tout ce que son père avait fait, un rictus prit la place de son sourire habituel. Entre ses mèches blondes, elle jeta un coup d’œil à son nouveau collègue. C’était la première personne qui lui disait ainsi les horreurs que son père avait commises… C’était rare, et ça déstabilisait un peu la jeune femme. Ses mains se crispèrent sur le bord de la caisse, et elle chassa les larmes qui lui montaient aux yeux. Saisissant les dossiers qu’elle avait emporté, elle les déposa sur le bureau, près des stylos. Simple question pratique. Elle remarqua qu’elle n’avait pas pris le temps de répondre au Docteur, elle releva les yeux, les plongeant dans ceux marron du jeune homme, rompit le silence :

- C’est ça, effectivement. Je n’en sais pas plus. Je n’ai lu que ce qui paraissait dans la presse. Je n’ai pas de détails.

Ca lui paraissait crucial de le préciser, pour ne pas qu’on lui en demande. Tout ce qu’elle savait, c’était que le jour de l’arrestation de son père, l’estime qu’elle avait de lui en avait pris un coup et que c’était aussi le plus beau jour de la vie de son géniteur. En entendant la remarque de l’agent, son sourire revint et elle jeta un regard en biais à ses stylos. Elle connaissait un peu l’informaticienne, elle l’avait entendue lors de l’enquête à Washington. Ses tournures de phrases et sa façon de s’exprimer lui disait déjà qu’elle allait s’entendre avec elle. Ashley était aussi du genre à prendre tout sur le ton de l’humour. Pas au boulot, mais en dehors, si.

- Je les surveillerais. Ca va dans les deux sens, je risque fort d’aller lui en prendre quelques-uns aussi…

Comment savait-elle qu’elle en avait ? Simple intuition en fait. Elle se fiait souvent sur son instinct. En réalité, on lui avait dit qu’elle possédait des tas d’objets un peu étrange. En voyant qu’il avait saisi un livre, elle regarda ce qui restait dans la boîte : un agenda duquel dépassaient des tas de post-it, quelques livres et encore une vieille photo. D’elle après, dans sa période « rebelle et j’assume ». Là on ne la reconnaissait presque pas : avec ses cheveux mal coiffés, ses ongles noirs et ses vêtements très différents du look « petite fille sage » qu’elle avait avant, elle avait du mal à se reconnaître elle-même. Laissant la photo au fond de la caisse, elle prit l’agenda bleu et chercha un endroit om le ranger. Ouvrant un tiroir, elle le contempla un instant, sourcils froncés. C’est en se concentrant sur le bois blanc qui faisait le fond du tiroir, qu’elle remarqua qu’il y avait un silence. Relevant les yeux vers le génie, un sourire étira ses lèvres et elle reprit la parole :

- Vous travaillez ici depuis combien de temps ?

Sa voix joyeuse la surprit. Elle s’attendait à une voix neutre ou autre. Elle remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille et sa main libre pianota sur le bureau.

Un léger rire lui échappa à la remarque du profiler. Effectivement, ils n’étaient pas sortis de l’auberge ! Bien qu’elle était la pire voleuse qui soit. Elle avait essayé, un jour, d’aller chercher cinq dollars dans le portefeuille de son père pendant la nuit… Elle avait juste récolté une punition et une bosse à la tête. Déposant l’agenda dans le tiroir ouvert, elle referma celui-ci et contempla un peu ce que ça donnait : quelques dossiers et des stylos étranges, une photo sur le coin et quelques livres rangés. C’était déjà un peu plus « vivant »… Bon maintenant, elle devait encore ramener quelques babioles pour agrémenter le tout, et c’était bon. En entendant Reid prendre la parole, elle se tourna vers lui, pour la première fois depuis qu’ils étaient en train de ranger. En remarquant qu’il regardait photo qu’il y avait au fond de la caisse, un sourire se dessina sur son visage. Puis, en prenant conscience de la remarque du docteur, ses joues prirent une teinte rosée. Elle aimait, bien sûr, les compliments - comme tout le monde -, mais venant d’un collègue, c’était plutôt rare. Néanmoins, elle lança un regard à l’agent qui voulait dire qu’elle ne lui en voulait pas et que ça lui faisait plus plaisir, elle exprima quand même le fond de sa pensée, de peur qu’il ne la comprenne pas. Ca n’aurait pas été le premier.

- C’est gentil… Ne vous en faite pas, je trouve aussi. J’étais un peu…spéciale à ce moment là… Mettons ça sur le compte de l’adolescence !

Son sourire toujours aux lèvres, elle saisit un livre - sur les analyses de crimes, bien sûr ! - qu’elle rangea avec les autres. Ses yeux se posèrent sur les gens autour d’eux qui ne leur prêtaient aucune attention. Dans un sens, c’était mieux, elle se sentait moins stressée. Moins importante aussi. Ses yeux découvrirent et s’habituèrent à l’endroit. Elle était un peu forcée de s’y habituer si elle allait travailler ici, aussi… Ne prêtant pas attention à ce qu’elle faisait, elle voulut saisir un livre et sa main frôla légèrement celle de Reid. Par automatisme, ses joues devinrent vermeille et elle tourna brusquement les yeux vers lui. Sa main se portant automatiquement dans ses cheveux, elle bredouilla quelques paroles avant de pouvoir murmurer :

- Excusez-moi, je ne faisais pas attention…

Elle mit le plus longtemps possible à ranger ce livre pour ne pas affronter le regard de son collègue. Comment être ridicule en un tome par Ashley Seaver ! Prenant une grande inspiration, elle reprit la parole :

- Assez parlé de moi… Vous avez toujours été attiré par le métier de profiler ?

Observant Reid, elle remarqua qu’il était dans ses pensées. Elle laissa son regard sur lui - l’incident qui s’était produit quelques secondes auparavant déjà oublié -, regardant les traits de son visage. Malgré que ça soit, amplement, un génie, il était mignon. Ashley avait toujours cru au stéréotype du garçon intelligent, qui, forcément, était le plus repoussant possible. Mais son collègue était la preuve du contraire. En le scrutant, elle se promit de ne plus croire aux stéréotypes. Elle aurait voulu savoir à quoi il pensait, si ce n’était pas encore un calcul bien trop compliqué pour elle, ou à qui. S’il y avait quelque chose pour laquelle elle était nulle, c’était savoir ce que les autres pensaient… Elle voyait, bien sûr, quand quelqu’un était sur la lune, mais ne savait pas dire « Ce soir, tu manges du poulet, à ce que je vois… ! » et toucher juste. Elle aurait voulu que nos pensées s’écrivent sur notre visage… Sauf bien sûr quand elles étaient gênantes. Ou opter pour le deuxième choix, se lancer dans la carrière de télépathe. Quand il lui répondit, elle acquiesça et un sourire étira ses lèvres et l’entendant lui expliquer pourquoi la psychologie l'intéressait. Si ça avait le don d’exaspérer certaines personnes, elle trouvait ça amusant. Bien sûr, ce n’était que le début, elle ne pouvait affirmer que dans deux ans, si elle travaillait toujours ici - mais elle y comptait bien ! -, elle penserait la même chose de lui. Ses yeux s’obscurcirent quand il évoqua son père, mais elle essaya de conserver son sourire. Tournant la tête vers le bureau, elle se mit à jouer avec le coin d’un dossier, faisant fi de l’agent à côté d’elle.

- Oui… J’ai toujours trouvé le travail du FBI remarquable, je comptais déjà me lancer dans une carrière policière… Mais quand m’on père c’est fait arrêté par les profilers, j’ai su ce que je voulais faire.

Elle garda sa tête baissée mais ses yeux fixèrent Reid. C’était un des seuls, si pas, le seul, qui parlait de son père comme on parle de la pluie et du beau temps. C’était nouveau pour la jeune femme blonde, et elle remarqua qu’au final, parler de lui ne la dérangeait pas tant que ça… Bien sûr, elle ne lancerait pas « Hey ! Vous savez que mon père est Charles Beauchamp ? » dans un conversation s’il y a un silence. Il y a des limites à tout. Se tournant à nouveau vers l’homme à ses côtés, elle lui sourit.

- Vous… Je peux vous tutoyer ?

Une question inattendue, sa spécialité ! Elle lançait parfois des choses qui n’avait aucun rapport avec le sujet, mais qu’il lui paraissait crucial de poser avant qu’elle n’oublie. Et, contrairement au docteur, elle n’avait pas une mémoire eidétique : son agenda, en était une preuve, et surtout les post-it qui en dépassaient.

- Tu as des passions en dehors du travail ? Je veux dire, la musique, le sport… (Il allait répondre mais elle le coupa) En dehors des livres, bien sûr ! Dit-elle sur le ton de l’humour.

Sa main arrêta de martyriser le pauvre coin du dossier posé sur le bureau pour passer dans ses cheveux. Démêlant ses mèches blondes, enfin, celles qui dépassaient de son chignon, elle ne le lâcha pas du regard, un sourire flottant toujours sur ses lèvres.

Remarquant qu’il rougissait, elle sourit, mais différemment : c’était vraiment mignon. N’allez pas interpréter ça de travers. C’était juste qu’un homme ne rougissait presque jamais… Dans son souvenir. Puis, en le voyant sursauter à sa question, quelques mots ne purent s’empêcher de filtrer entre ses lèvres :

- Tu as toujours l’air dans tes pensées… Réflexions bien trop compliquées pour moi, ou alors tu te dis simplement que tu as chaud, vu la main que tu as sur le chauffage et tes joues rouges ?

Oui, elle avait remarqué qu’il avait posé sa main sur la source probable de chaleur, ce qui la faisait fondre encore plus. Ne voulant pas vexer son collègue qui deviendrait - peut-être ? - par la suite son ami, ses lèvres s’entrouvrirent à nouveau pou reprendre la parole.

- Ne t’inquiète pas, ce n’est pas une mauvaise chose… C’est plutôt… Comment dire ça sans que tu penses que je suis en train de te draguer ? Enfin, disons que c’est mignon...

Elle lui lança un clin de tout ce qu’il y a de plus sympathique. Ashley la déjantée était de retour ! Ce genre de réflexions, elle ne les faisait que quand elle avait envie de sortir avec une personne en particulier ou quand elle se sentait bien. Là, plutôt parce qu’elle ne sentait bien… Elle enroula une mèche de cheveux autour de son index. Tic qu’elle avait pris à Natasha. Elle le faisait moins souvent qu’elle, et si sa collègue manquait de s’arracher les cheveux en le faisant - chose sur laquelle elle plaisanta souvent, et évidemment, son amie ripostait avec son tic de toujours devoir s’occuper les mains -, elle c’était doucement, calmement, pour s’occuper. En entendant les passions du Docteur, un sourire prit place sur son visage. Elle s’en doutait un peu. Lui demandant alors si elle savait jouer aux échecs, elle fit mine de réfléchir avant d’ajouter :

- Pas vraiment… Je connais et comprends un peu le principe…

Remarquant qu’il semblait déçu, elle se sentit mal, aussi. Elle détestait décevoir quelqu’un ! C’était comme prendre un coup de poignard. Un trait de caractère qu’on appréciait chez elle, mais elle détestait ça, pourtant…

- Mais tu pourrais m’apprendre ! Je suis sûre qu’avec un peu d’entraînement, j’arriverais à te battre (Même si elle savait qu’elle n’y arriverait jamais) ! En échange, je pourrais t'apprendre le piano…

Oui, Kira lui avait enseigné les bases de l’instruments et avec de l’entraînement, maintenant, elle en jouait très bien. Bien sûr, pas autant que sa meilleure amie : elle, c’était splendide, à couper le souffle ! Mais Ashley s’entraînait, et le piano qu’elle avait acheté il y avait peu de temps en était en preuve.

« J’ai chaud… »

Dit-il en rougissant un peu plus. Mon dieu que c’était horrible ce réflexe de rougir encore plus lorsqu’on vous faisait remarquer la couleur de vos joues. Il détourna les yeux, lachant le radiateur, il préférait vraiment observer ces chaussures à présent. Que c’était terriblement gênant comme situation pour lui.

Et celle-ci semblait carrément en ajouter rajoutant qu’elle trouvait cela mignon mais qu’elle ne voulait pas qu’il croit que c’était de la drague. Spencer ne savait véritablement plus du tout où se mettre et il semblait réellement perdu…A la recherche de quelque chose à dire ou a faire.

Passant d’un sujet gênant à quelque chose qu’il maitrisait un peu plus, il regardait les pieds d’Ashley, n’ayant pas encore assez de courage pour relever ses yeux vers elle tout simplement. Apprendre le piano ? Cela ne lui avait jamais vraiment venu à l’esprit mais l’idée lui semblait soudainement très séduisante.

« Ca serait avec plaisir… »

Et le silence reprit ses droits…Le genre de blanc dans les conversations qu’on n’aimait pas forcément. Il regarda un peu autour de lui, l’envie terrible de siffler lui prenant. Il fixa un point pour finir avant de s’exclamer tout bêtement :

« On a fait du joli travail… »

Se dirigeant vers la sortie du bureau, il s’apprêtait tout simplement à repartir travailler…Se sentant trop mal à l’aise peut-être pour rester, il n’aimait pas les blanc, ne supportait pas l’idée de ne pas savoir quoi dire…Quand soudainement avant de partir il se retourna :

« Vous voulez un café ? »

L’ayant mis vraiment mal à l’aise, ses lèvres s’étirèrent en un sourire mais elle était désolée à la fois. Ce n’était pas sa faute, c’était ainsi… Elle mettait toujours les gens dans l’embarras… Et généralement, on le lui rendait bien. Surtout les personnes rancunières ! Dès qu’elles en avaient l’occasion ces vautours se jetaient sur elle. Mais voyant qu’il semblait vraiment timide envers elle, elle le fixa. Pas pour le mettre dans l’embarras, non… Un simple regard pour accompagner les quelques mots qui sortirent de sa bouche.

- Hey… Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise…

Ses yeux bleus se détournèrent lentement de son collègue et elle contempla le bureau. Tout les deux semblaient, maintenant, aussi terriblement gênés l’un que l’autre. Sa main plongea dans ses cheveux, comme toujours quand elle était mal à l’aise. C’était bien la première fois qu’en mettant quelqu’un dans l’embarras, elle plongeait avec ! A méditer, pensa-t-elle avec stupeur. En entendant qu’il acceptait sa proposition pour lui apprendre le piano, elle sourit à nouveau. A vrai dire, si elle pensait que Reid pourrait exceller dans la matière, elle se demanda si un jour elle aurait le courage de l’inviter chez elle pour lui apprendre… Non. Personne ne rentrait dans son antre, c’était bien connu. De plus qu’elle venait d’emménager, il y avait des cartons partout… Secouant la tête, elle remarqua qu’il était devant porte, en train de s’en aller. Elle retint un « Attend ! ». Pourquoi l’attendrait-elle ? Il devait travailler, elle aussi, elle le savait, et puis… Elle savait qu’elle le mettait mal à l’aise. Mais, de sa propre initiative, il fit un angle de 180° sur lui-même et lui proposa un café. Un sourire toujours aux lèvres, elle acquiesça. Elle se promit silencieusement de ne rien dire de trop déplacé pour ne pas le gêner : après, il ne voudrait plus lui parler. Ce ne serait pas le premier, il n’empêche que c’était le premier qu’elle avait envie de mettre dans l’embarras, sans vraiment en avoir envie, ce qui l’intriguait. D'un naturel curieux, la jeune femme blonde ne pouvait s'empêcher de vouloir comprendre le pourquoi du comment.