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Triste jour de pluie... [PV : Victor Whitemore]

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MessageSujet: Triste jour de pluie... [PV : Victor Whitemore] Triste jour de pluie... [PV : Victor Whitemore] EmptyMar 2 Juil 2013 - 3:51

Il y avait des journées pluvieuses comme celle-ci où il nous semblait que tout ne pouvait aller plus mal et pourtant… Cela ne faisait pas très longtemps que Mary-Jane était arrivée en Virginie, tout juste une semaine et demi, deux semaines, mais elle avait du rapidement s'adapter à cette nouvelle vie. Elle avait fait la rencontre de son frère autour d'une bombe branchée à elle, l'ambiance n'était plus aussi explosive entre eux deux, en fait ça se passait même bien. Elle avait donc emménagé à Quantico, dans un petit appartement avec son chat, se faisant envoyer le reste de ses affaires depuis San Francisco. Elle voulait vivre près de son frère, près de ce qui lui restait de famille, et puis elle voulait vraiment apprendre à le connaitre mieux, elle était contente qu'il soit entré dans sa vie. Enfin, c'était plutôt elle qui était rentrée dans la sienne. Elle avait son nouveau boulot d'assistante sociale à la protection de l'enfance, son expérience en Californie et ses compétences l'avaient aidée à se faire vite respecter, son caractère doux et gentil à se faire accepter, elle était un membre à part entière de l'équipe maintenant, et c'est comme ça qu'elle avait fait la connaissance de Rose.

Rose était devenue une amie de bureau comme on peut le dire, elle travaillait dans celui juste à côté du sien d'ailleurs, les deux jeunes femmes avaient travaillaient ensemble sur un dossier sensible, l'un des premiers que Mary-Jane eu à traiter à son arrivée. Il s'agissait d'une petite fille battue par son père mais les circonstances étaient compliquées, enfin compliquées… Elle ne voyait pas ce qu'il y avait de compliqué dans le fait d'arrêter le père pour protéger l'enfant mais apparemment ses supérieurs ne l'entendaient pas de la même oreille et ils avaient besoin " d'un peu plus que des présomptions pour pouvoir déranger la police ". Vraiment tous les mêmes quelques soient la ville. Mary-Jane avait finalement sollicitée l'aide de son frère, même si elle ne voulait pas profiter de sa position pour lui demander ce genre de service pour son boulot, mais quand la gravité et l'urgence de la situation l'exigeait alors il fallait tenter l'impossible.

Mais voila, c'était une mauvaise journée pluvieuse, en plein mois de juin, tout était gris, alors que Mary-Jane se rendait au funérarium pour voir la petite fille et présenter ses condoléances à ses proches. Il y avait des cas comme cela où malheureusement l'on ne parvenait pas à gagner. La petite fille s'était elle-même donnée la mort par désespoir en se jetant du haut de la corniche de sa maison après avoir grimpé sur son toit. Mary-Jane l'avait appris la veille. C'était un jour bien triste et pluvieux.  

Elle retrouva Rose, qui émue l'attendait sur le parking, n'osant entrer seule. Elles pénétrèrent toutes deux dans le bâtiment très sobre et digne, un funérarium des plus acceptable de la ville, l'endroit du repos des morts en attendant leur sépulture… Elles furent guidées jusqu'à la salle où reposait Lucile, figure pâle et sereine endormie dans son petit cercueil, elle n'avait que 13 ans. Elles saluèrent là sa mère, Olga, lui présentant leurs plus sincères condoléances.

" Comment osez-vous venir ici… "

S'indigna-t-elle, furieuse soudain contre les deux femmes, avant de s'effondrer en pleurs. Cela n'était pas rare malheureusement, Rose, qui avait un peu moins de métier, sembla prendre la colère de la mère comme un coup en pleine figure. Mais c'était courant, on trouvait toujours à redire du travail des assistantes sociales, les familles à risques disaient qu'elles étaient toujours sur leur dos, ceux qui ne connaissaient rien à leur métier disaient qu'elles ne fichaient rien pour les pauvres gosses et se moquaient bien que les frères et sœurs restent ensemble, et de toute façon elles faisaient mal leur boulot… Pourtant elles se battaient. Oui, Mary-Jane se battait bec et ongle pour chacun des 17 dossiers empilés sur son bureau qu'elle travaillait avec acharnement le jour comme la nuit. Elle donnait tout son temps et toutes ses capacités pour aider ces gens et protéger les enfants, elle s'était mise elle-même en danger plusieurs fois pour intervenir dans une situation trop dangereuse alors que les flics ne pouvaient pas encore intervenir. Parce qu'il fallait protéger les enfants avant tout. Elles n'avaient pas réussi pour la petite Lucile, mais aussi difficile que ce soit de se le dire, après s'être autant battues en vain, ce n'était pas de leur faute. Mais pourtant la mère se levait encore furieuse en leur reprochant la mort de sa fille aimée. Que faisait-elle quand son père l'assommait de coups ?

Les deux femmes allaient finalement partir, ne désirant pas troubler la paix des lieux, lorsque la situation s'envenima et que Rose fut prise à partie par la mère et un autre proche en présence. Mary-Jane tenta d'apaiser les colères, proposant qu'elles s'en aillent, mais il ne fallait pas faire une esclandre ce n'était ni le lieu ni le moment. Un homme, le beau-frère de la dame si Mary-Jane comprenait bien, furieux voulut saisir Rose pour la jeter à la porte, c'était superflu étant donné qu'elles s'en allaient. Mais pour protéger son amie Mary-Jane voulut s'interposer pour calmer les élans violents de l'homme, prenant un mauvais coup lorsqu'il la poussa elle tomba en arrière, glissant sur le carrelage mouillé par les pas venant du dehors qui en avait apporté la pluie. En tombant elle poussa le socle du cercueil qui tangua et tomba à sa suite, brisant l'armature en bois ou reposait le petit corps. Un silence de mort régna sur la pièce, flottant dans l'air tel un fantôme durant un longue seconde de suspension au-dessus du vide.
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MessageSujet: Re: Triste jour de pluie... [PV : Victor Whitemore] Triste jour de pluie... [PV : Victor Whitemore] EmptyMar 2 Juil 2013 - 17:18

En tant que Directeur Général de la plus grosse entreprise de pompes funèbres de la ville, Victor Whitemore était un homme très occupé. Et même s'il n'avait pas créé The Eternal Sleep Corporation, c'était grâce à lui qu'elle était devenue ce qu'elle était actuellement. Petit à petit, échelon par échelon, Victor s'en était emparé, impitoyablement, scrupuleusement. Jusqu'à finalement obtenir la démission de l'ancien directeur et prendre sa place, asseyant sa domination sur le réseau international de l'Eternal Sleep, la plaçant au sommet, écrasant sans pitié les rivales existant dans son domaine. Il y consacrait la plus grande partie de son temps et de son énergie (l'autre partie il l'attribuait à tuer des gens, mais c'est une autre histoire) et il le faisait parce qu'il adorait ça. Il avait commencé comme simple thanatopracteur dans sa petite ville natale, sous l'enseignement d'une femme à la vie triste, plongeant dans l'alcool pour oublier sa dépression, et il avait adoré ça. Il avait été fasciné par les cadavres sereins et silencieux qu'il avait pour tâche d'embellir. Il n'avait jamais rien rencontré de plus magnifique. Il était ensuite monté à Londres où il avait intégré un magasin secondaire de l'Eternal Sleep puis, voyant qu'il ne pourrait jamais accéder au sommet de la hiérarchie en Angleterre, s'était exilé aux Etats-Unis. Bien entendu, il continuait à pratiquer la thanatopraxie, lorsque son emploi du temps le permettait, car après tout il s'agissait là de sa vocation. Mais ce que son statut de Directeur Général lui apporte en plus, c'est la liberté. La liberté de faire ce qu'il voulait sans avoir de comptes à rendre à personne puisque qu'il était au-dessus de tous. Cette idée lui apportait un sentiment de supériorité exaltant dont il ne pourrait jamais se défaire, il le savait. Il avait gagné sa place et il ferait tout pour la conserver jusqu'à sa mort.

Mais pour l'heure, il n'était pas occupé à une tâche particulièrement agréable. De l'administration. Une nouvelle boîte de pompes funèbres s'était ouverte en ville et il comptait bien s'en emparer aussi. Et pour cela, il devait remplir des papiers. Des formulaires compliqués qui l'ennuyaient au plus haut point et lui suçaient son temps cruellement. Il détestait ça, mais tel était le prix à payer pour sa chère et tendre supériorité. Il n'avait tellement pas de temps qu'il n'avait même pas pu s'occuper de la dernière cliente, une jeune fille de 13 ans, très mignonne de surcroît. Un peu jeune pour être parfaite, mais Victor préférait de loin embaumer des corps jeunes et exempts de toute dégradation du temps que les corps vieux et flasques qu'on lui confiait d'ordinaire. Il  refusait de se rendre à la cérémonie, n'osant aller contempler le travail de ses employés, sachant qu'il aurait fait tellement mieux... Là où la plupart se contentaient de rendre les morts regardables, lui en faisait de véritables oeuvres d'art. Des sculptures, saisissant la dernière image du défunt, la cristallisant à jamais, l'embellissant pour le rendre plus beau qu'il ne l'avait jamais été durant toute sa vie. Victor aimait voir des jeunes gens mourir, car c'était à ses yeux le plus bel âge, celui où l'esthétique du corps est à son paroxysme. Pourquoi être malheureux de perdre un enfant lorsqu'on sait toutes les horreurs, toutes les laideurs que le monde lui réserve ? Et il était bien placé pour le savoir, lui-même faisant partie des cauchemars créés par la vie. Et on avait nommé sa naissance « le miracle de la vie »... Victor était la preuve qu'une naissance n'était pas toujours un miracle...

Un bruit sourd et répétitif le fit sortir de ses réflexions. Quelqu'un toquait à sa porte.

-Entrez! dit-il d'une voix lasse et agacée par le dérangement.

La porte s'ouvrit et une tête apparut timidement. Mrs Juliatson, sa secrétaire aussi petite et discrète qu'une souris entra, toujours aussi intimidée de se retrouver face au grand patron que depuis le jour de son entretien d'embauche. Une femme modeste en somme, et qui savait tenir sa langue et ne pas poser trop de questions. C'étaient pour ces qualités que Victor l'avait engagée. Mais là, elle le décevait. Ne lui avait-il pas clairement ordonné de ne le déranger sous aucun prétexte ? Il y avait intérêt à ce que ce soit important.

« Euh... Monsieur, désolée de vous déranger mais il y a comme qui dirait un problème en bas... Dans la salle de la petite Lucile...
-Quel genre de problème ? répliqua-t-il sèchement. Il ne voulait pas entendre parler de cette gamine et de la frustration que lui avait apporté son cas !
-Vous devriez venir voir vous-même je crois... »

Avec un soupir exaspéré, Victor se leva de son bureau et quitta ses papiers pour suivre la petite secrétaire jusqu'à la salle susmentionnée. Le spectacle désolant qui l'y attendait était au-delà de toutes ses espérances.

Un socle à terre, le cercueil fracassé, le corps désarticulé de la petite fille sans vie étalé au sol dans une position inhumaine, comme une poupée cassée que l'on aurait violemment jetée par terre. Et autour du désastre, le capharnaüm. Certains criaient, d'autres pleuraient, il y en avait même une qui avait fait un malaise. Deux personnes (un homme et une femme), le visage déformé par la haine, étaient retenus par les agents de sécurité. D'après ce que Victor comprit, ils voulaient battre à mort la jeune femme qui se tenait près du cercueil, ou du moins c'est ce qu'il en conclut au travers des menaces proférées d'une voix hargneuse à son encontre. En le reconnaissant, le responsable de la cérémonie se précipita vers lui en bafouillant des excuses, essayant de lui expliquer la situation malgré le brouhaha ambiant. Cela étant impossible, le directeur demanda à ses employés de faire sortir tout le monde, exceptés les responsables de cette calamité. Ne restèrent plus que l'homme et la femme en colère, la jeune femme près du cercueil et une autre femme, son amie probablement (en tout cas, elle n'avait pas l'air d'appartenir au camp des colériques). Victor préféra s'occuper en premier de la famille de la défunte (car c'était la famille, son employé venait de lui apprendre) et, avec son ton le plus professionnel :

-Je me présente, Victor Whitemore, Directeur Général de ce funérarium. Vous me voyez sincèrement navré à propos de cet incident et je vous promets de faire tout mon possible pour le régler de la meilleure manière possible, dans le plus grand respect de la défunte. Elle sera confiée aux mains de nos meilleurs éléments qui s'en occuperont à la perfection, je vous l'assure. Elle aura droit au plus beau cercueil et à la plus belle cérémonie proposée par nos services, tout cela à nos frais, bien entendu. Nos psychologues sont à votre entière disposition, ce sont les meilleurs que l'on puisse trouver dans ce domaine. Nous ferons tout notre possible pour effacer cet incident afin de rendre sa dignité à votre fille et que son âme soit en paix. Je vous en donne ma parole. Mes sincères condoléances.

Tout cela allait creuser un gros trou dans son budget, mais c'était le prix à payer pour sa réputation. On ne gagnait pas le statut de meilleure entreprise de pompes funèbres avec du vent ! Victor se délectait du statut d'élite de l'Eternal Sleep, et il était prêt à tout pour le conserver. Il ne laissa pas le temps à la famille d'accepter les conditions qu'il leur proposait et d'un rapide signe de tête, il commanda aux agents de sécurité de les raccompagner à l'extérieur. Il fit aussi sortir la femme dénommée Rose qui, d'après ce qu'il avait pu comprendre, n'avait joué qu'un rôle minime dans la chute du cercueil. Un témoin plus qu'une coupable. Ne restait à régler plus que le problème que posait la coupable, justement. Brune, les yeux bleus, la jeune femme n'était pas dépourvue de charme et en d'autres circonstances il aurait pu la trouver attirante. Mais là, elle était la responsable du désastre qui en plus de lui faire perdre son précieux temps, avait enlaidi de manière atroce la beauté mortuaire du petit cadavre. C'était agaçant. Maintenant il allait devoir appeler une équipe de nettoyage, organiser une cérémonie splendide en un temps ridiculement court, sans compter le fait qu'il avait promis de bloquer ses meilleurs employés sur ce cas. Et tout ça gratuitement ! Vraiment, ce n'était pas son jour. Las, il lança d'un ton sec à la jeune femme :

-Suivez-moi dans mon bureau. Je crois que vous avez des choses à me raconter.
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MessageSujet: Re: Triste jour de pluie... [PV : Victor Whitemore] Triste jour de pluie... [PV : Victor Whitemore] EmptyMer 3 Juil 2013 - 1:42

Maintenant c'était pire… Le chaos le plus total s'était emparé de l'assistance, l'on criait et l'on pleurait en courant dans tous les sens dans la panique et le désordre le plus inconvenant qui soit dans une chambre funéraire. Mary-Jane sonnée se redressait, à côté d'elle le cercueil en mille morceaux gisait, à son bord un cadavre désarticulé et déformé s'était disloqué montrant à tous le vrai visage de la mort derrière les apparats et le maquillage de l'embaumement. Le beau-frère voulut se jeter sur elle tandis que la mère levait les bras au ciel, sa bouche se déformant dans une grimace de haine tandis qu'elle vociférer les jurons à l'encontre de la jeune femme. Il saisit Mary-Jane et elle crut bien qu'il allait la frapper mais un garde s'empara de lui avant qu'il n'ait eu le temps de lever la main sur elle, le retenant par la taille il le tira en arrière et bloqua ses bras. Un autre de même empêcha la mère de s'attaquer à elle tandis que Rose placée au côté de son amie, choquée et en larmes tout comme elle, tâchait de faire barrière.

On essaya de calmer la panique de l'assemblée, ainsi que d'apaiser momentanément la colère de la famille, mais rien n'y fit et la petite pièce semblait au bord de l'explosion, toute sa haine dirigé vers la jeune femme brune. Celle-ci était figée dans une expression horrifiée, choquée elle ne pouvait plus bouger. Comment en était-on arrivé là ? Vainement elle essaya de calmer la mère, lui présentant ses excuses encore et encore, c'était pourtant le beau-frère qui l'avait poussé sur le cercueil, mais c'était sur elle qu'on hurlait, et l'on ne la laissait pas un instant s'expliquer l'empêchant de se faire entendre. Elle était si désolée, elle était bien incapable de se mettre en colère face à une situation si horrible, pourtant cela aurait été bien le seul moyen de se faire entendre visiblement.

Le directeur accourut alerté par sa secrétaire, il sembla submergé par le désastre, gardant son calme malgré tout, il apaisa et fit sortir l'assemblée avec beaucoup de professionnalisme, jusqu'à qu'il ne reste plus que la famille proche à laquelle il présenta ses plus plates excuses en promettant un dédommagement, malheureusement cela ne pouvait être que d'un bien maigre réconfort dans un si tragique moment. Il les congédia ensuite, ainsi que Rose, pour après se tourner vers elle, lui lançant un regard qu'elle trouva assez terrifiant aux vues de la situation, elle était désignée comme la coupable. Elle déglutit, mais elle n'avait rien à se reprocher, ce n'était pas sa faute, cependant elle était si désolée pour la famille éplorée et la pauvre petite fille, oh elle serait prête à tout payer, même si elle n'avait certainement pas assez d'argent pour ça, et malgré qu'elle ne soit pas la réelle fautive. Il fallait dire que l'entreprise de pompes funèbres Eternal Sleep était extrêmement réputée, elle n'y connaissait pas grand-chose mais l'homme qui était en face d'elle avait en réalité la main mise sur tout le marché de la mort. Alors il était prévisible que les services les meilleurs qu'il avait promis à la famille devait couter très cher. En le voyant s'approcher, sortant de sa catatonie, elle put prendre le temps de l'observer, découvrant cet homme pour la première fois, et pas sous le meilleur jour, mais gris et pluvieux. Il avait un physique assez banal, gringalet, sobre dans sa présentation, pour autant il dégageait quelque chose qui faisait qu'il impressionnait et que l'on peinait soit à détacher les yeux de lui, soit à le regarder. Contenu du désastre qu'elle avait causé, bien qu'encore une fois elle n'était pas si responsable qu'on voulait le faire croire, elle fut de ceux qui baissèrent les yeux, plus par politesse et respect que par envie de se courber devant qui que ce soit.

Visiblement agacé il l'invita sèchement à le suivre dans son bureau, elle voulait lui expliquer dès maintenant qu'elle n'avait rien fait mais elle ne voulait pas prendre le risque de faire éclater un nouvel esclandre ici et elle se résigna dont à attendre d'être dans son bureau. Ce n'était que son estime et sa dignité après-tout, ça se réparait. Elle le suivit sans rien dire, gardant sur sa mine grave et triste un air désolé, son visage contrit par l'inquiétude, son sourire habituel n'était pas de la partie en cette journée noire. Il la fit entrer et dès la porte refermée elle se lança alors dans une litanie effrénée d'explications tortueuses agrémentées d'un flot d'excuses continuel, ne sachant ni par ou commencer ni comment le convaincre de sa sincérité, elle ne voulait pas ce qui était arrivé.

- Monsieur Whitemore, je suis vraiment désolée, je payerai pour tous les dégâts, je suis navrée, il y a eu une altercation entre mon amie et le beau-frère de madame Goodwall alors que nous partions, j'ai été poussée en essayant de la défendre et c'est comme cela que l'incident s'est produit… Je suis terriblement désolée je ne voulais pas provoquer un tel désastre…

Elle finit par se taire des larmes dans les yeux, certainement au grand bonheur de son interlocuteur dont les oreilles ne devaient déjà plus en pouvoir. Mais il fallait la comprendre la pauvre, elle qu'on accusait à tord de tout cet horrible accident, oh elle ne voulait pas remettre la faute sur le beau-frère, cette famille avait assez souffert, malgré les insultes injustes qu'elle avait pu recevoir à cause de son travail elle ne leur en voulait pas, elle comprenait et avait l'habitude qu'on s'attaque de cette façon aux fonctionnaires du service public, et pourtant elle faisait de son mieux… Pour autant jamais elle n'aurait voulu causer tout ça, et le pire était pour la pauvre petite et ses proches, c'était déjà très difficile sans que telles choses arrivent… Ses pensées étaient dans un tel désordre qu'elle peinait à les ordonner tandis qu'elles défilaient les unes à la suite des autres dans sa tête tourmentée par ce qu'il venait de se passer. Elle était toute pâle, encore en état de choc, et elle frissonnait de tout son corps, effrayée et angoissée, elle avait tellement honte.
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