Je me dois m'entraîner aux tirs aujourd'hui qui est un jour plus calme pour nous les apprentis profilers. Je ne vais pas me plaindre. Je me rends avec mon beretta au centre de tirs, j'utilise mon badge et pénètre dans l'enceinte. Je dirige vers le stand et croise un collègue qui s'en va, je lui dis au revoir et me glisse à côté d'un homme. Je secoue la tête et recule : je le connais.

On a été collègue lui et moi et si on n'était pas dans la même équipe, on a quand même pu collaborer dans une affaire de meurtre sur un mineur. Je me souviens de cette affaire qui m'a profondément anéantie et c'est lui, l'homme que je recroise maintenant ici-même au BAU de Quantico, qui m'a consolée et aidée. Il a été pour quelque chose dans le choix de mon orientation professionnelle puisqu'il m'a encouragée à aller de l'avant et de suivre mon instinct.

Son nom ? Keith Sanders !

On est devenu ami puis progressivement cette relation a abouti à quelque chose de plus fort : ce n'est pas une relation amoureuse non mais il s'agit d'une relation fraternelle. Il est devenu mon frère d'armes puis mon frère tout court. Je sais que je n'ai pas de frère ni de sœur et cette relation me manquait. Je m'égare là, je ferme la parenthèse.

Il semble aussi surpris de me revoir, je lui souris et l'embrasse et lui dis :

- Keith ????!!!! Ça fait un bail dit donc ?!!! Comme je suis heureuse de te revoir !!!

Je le regarde et ajoute :

- Tu n'as pas changé depuis tout ce temps !!! Alors comment vas-tu ? Tu bosses ici-même ?

Je le regarde d'un air espiègle, j'ai d'un coup envie de faire une sorte de compétition. Lui et moi adorons nous lancer des défis. Finalement j'ose :

- Je ne sais pas ce que tu fais ici mais une partie de tirs, ça te dit ?

Je le regarde toujours aussi ravie. Ravie de le revoir, ravie de savoir qu'il a l'air d'aller bien.

Je sens qu'il a tellement de choses à me dire mais je ne lui ai pas laissé le temps de s'exprimer le pauvre ! Il faudrait que je me gendarme contre mon autre défaut : le bavardage. Il prend un air espiègle après avoir fait une magnifique moue de réflexion pour me dire finalement qu'il accepte le défi et :

Citation :

- Non, je ne bosse plus ici. Je suis au BAU maintenant. Et ça va. Une partie de tir? Ok, mais tu vas te faire rétamer.

Je souris d'un air plus qu'espiègle et lui réponds du tac au tac :

- Ah bon ! Tu as devenu profiler ? Et depuis combien de temps ? Qui te dit que tu vas gagner mon frère ???

Je charge mon beretta, arme le chien, pose mon arme pour mettre le casque sur les oreilles et lance :

- Prêt Keith ??? A mon avis, c'est toi qui va perdre la partie !!!

Je le regarde avec un regard plein de défis

- D'ailleurs je propose que le ou la vaincu(e) paie un café au vainqueur. Ça te va comme récompense ?

J'attends qu'il me réponde en me concentrant au maximum sur mon objectif, il faut que je prouve à mes supérieurs que je vaux mieux que la dernière fois. En effet la précédente fois, où je suis venue ici, j'ai eu 42° de fièvre et je n'ai pas voulu perdre une journée de boulot malgré mon état et bien évidemment j'ai loupé mes tirs : 2 balles ont touché la poitrine, le reste ont percé des trous autour de la cible. J'entends prouver que c'était un malheureux hasard et la présence de Keith va me booster à fonds. Du moins je l'espère.

J'attends son signal, prends le temps de bien viser et, sans trembler une seule fois, les bras souples mais tendu, je tire toutes mes balles sur la cible. Keith semble tirer légèrement plus vite que moi mais je m'en moque un peu. Quel sera son résultat et le mien ? Pour ma part, je le dirai plus tard, sachez juste Keith et moi sommes trop loin des cibles pour constater. Je retire mon casque en souriant et me tourne vers Keith et lui dis :

- Après toi mon cher !!! Montre-moi ta cible s'il te plaît !

Je veux faire durer le suspens et j'entends le maintenir coûte que coûte. Je regarde Keith en lui disant du regard :

- Je sais que tu meurs d'envie de voir la mienne mais ne compte pas trop là-dessus !!!

La raison de ce regard, c'est qu'il m'avait battue lors de notre précédente compétition de tirs à une balle près. Je lui ai payé un pot mais ensuite nos affaires et nos chemins se sont séparés. Comprenez donc que j'ai envie de lui montrer que la petite Elisabeth d'autrefois a laissé la place à une pro des tirs. Je ne sais pas si l'avenir nous séparera encore une fois et je n'ai pas envie que ce soit le cas. C'est auprès de Keith que j'ai appris mon travail et là je suis dans une équipe de profiler qui prend le temps pour m'apprendre le métier de profiler.

En attendant qu'il ramène la cible face à nous, je lui demande :

- Qu'as-tu pris comme spécialité ?

Je me tais et l'écoute attentivement et sans l'interrompre une seule fois.

Je souris en l'écoutant, bien sûr le coup du "tu vas perdre" fait partie des armes psychologiques qu'on utilise l'un sur l'autre et réciproquement. Ça m'a rappelé de bons souvenirs. Après j'apprends qu'il est profiler depuis cinq jours. Je souris et lui dis :

- C'est bien ça Keith et j'imagine que tu as passé une formation ici-même. Non ?

Je l'écoute attentivement et j'apprends d'un coup sa spécialité : bon sang ça ne rigole plus ! Terrorisme et attentat à la bombe. Je repense à Jack qui est spécialiste des explosifs et je regarde Keith avec un peu d'inquiétude. Je lui demande :

- Ok ! Euh !!! Ne collabores-tu pas avec Jack Sutton par hasard ?

J'espère que Keith n'est pas du genre "je fonce et le reste on verra", je décide néanmoins de m'assurer sur ce point-là en utilisant un ton qui trahit mon mal aise et mon inquiétude :

- J'espère que tu n'es pas quelqu'un d'impulsif, du genre "je fais les choses et je réfléchis ensuite" Keith.

Je le regarde qui ramène sa cible. Joli tirs : trois balles dans la tête, deux dans la poitrine, deux dans les jambes, et une à côté. Je siffle et dis :

- Pas mal comme tirs mon frère !

Il me regarde avec cet éclat de défi et me demande les résultats. Je souris et lui dis :

- Bien sûr !!! Tout de suite chef !!!

J'appuie sur le bouton avec calme car je suis sûre de n'avoir pas raté ma cible. Je la regarde et mon sourire s'élargit encore plus. La raison ? Ah petits curieux va !!! Mais bon j'ai promis de vous révéler le résultat de mes tirs et le voici donc. Sur la cible représentant un homme, quatre balles ont touché la tête entre les deux yeux, le front, trois dans la poitrine (cœur, poumons) et une entre les deux jambes. La cible montre clairement et exactement ce que je viens de vous décrire et il n'y a eu aucune tricherie de ma part. J'ai seulement pris un peu plus de temps pour viser que le pauvre Keith.

Je regarde d'un air espiègle mon ami et lui dis du regard :

- Tu disais quoi tout à l'heure ? Que je tire mal ? Qu'en penses-tu cette fois-ci de mes tirs ?

Je ris intérieurement en voyant sa tête et je conclus d'une voix amusée :

- Allez !!! Avoue que je t'ai battu mon frère !!!

Je nettoie mon beretta  pour le ranger dans son étui et j'ajoute :

- Tu me dois un café Keith ! A moins que tu veuilles faire la revanche de la revanche tout de suite.

Je le regarde d'un air plus qu'amusé, car le connaissant bien, je devine sans problème qu'il va vouloir sauver son honneur après ma victoire qui est incontestable.

Je repense d'un coup au collègue qui est parti et change radicalement de sujet :

- Simple curiosité Keith et pardonne-moi si je suis trop curieuse mais qui est l'homme qui était avec toi tout à l'heure ? Un de tes collègues ou un de tes collaborateurs ?

Autant ce peu, je cherche à savoir qui m'entoure et qui travaille avec qui. Je réfléchis après l'avoir écouté attentivement et lui demande :

- Penses-tu qu'il est possible qu'on collabore à nouveau même si ta spécialité diffère largement de la mienne ?

Je le regarde d'un air plus que sérieux : si c'était possible alors j'ai tout intérêt à veiller sur Keith tout en protégeant les mineurs de ces fichus terroristes. Comme ces derniers sont plus que sadiques, ils peuvent menacer des enfants voire les tuer. Rien qu'à cette pensée, ma mine devient de plus en plus sombre et de mes yeux se dégage une lueur à la fois féroce et déterminée.