On m’avait dit de ne pas l’approcher, de ne pas me lancer dans ce genre de galère complètement folle. Mais je ne sais pas pourquoi, des fois je ne réfléchis pas et j’en fais qu’à ma gueule. Nolan Baker, mes yeux défilent à une vitesse vertigineuse sur les lignes de son dossier. Ce mec et barge, ce mec et fous, et pourtant on ne peut pas l’attraper. Je ne sais pas pourquoi j’ai pris cette décision là, mais je l’ai fait. Oui, oui, je veux le coffrer ce petit salaud. Et peut importe les moyens employer. Je vais l’avoir, je vais lui sa peau. C’est dans une cellule du couloir de la mort qu’il ira croupir, et ce, pour mon plus grand plaisir. Dans un geste directe je referme le dossier, le laissant sur mon bureau. Personne ne devra être au courant, et encore moins le patron. Non. Je ne suis pas encore flic, pas officiellement, et m’infiltrer c’est de la folie, mais ce sont les risques du métier, parfois, il faut savoir ce que l’on veut dans la vie pour réussir. Je sais où le trouver, et je connais ses faiblesses. Je sais comment m’y prendre. Je resterais prudente, du moins, autant que je le peux. Et si j’y laisse ma peau au moins je crèverais en ayant fait ce que j’aime. Je passe un coup de fil rapide pour changer mes plans de ce soir, plus question d’aller faire la fête, de s’amuser et de rire, ce soir je me mets en service. Assise devant ma coiffeuse, le regard grave, je me dis que je suis complètement folle. Mais je ne sais pas. Je sens que je peux en tirer quelques choses. Un peu de maquillage, un peu plus appuyé que d’habitude, une mini jupe, un haut sexy, des tallons hauts, rien ne passe au hasard. Bien sur tout un ensemble de marque, je me dois de l’impressionner, de ne pas rater le coche. Planquant mon Colt dans mon sac, empoignant les clés de mon indémontable Nex Bettle décapotable, je finis par quitter mon appartement. Parfois, l’homme fait des choses sans vraiment calculer l’ampleur que ça peut prendre, c’est exactement ce que je suis en train de faire. Je dois être folle. Ou plutôt inconsciente.
Je ne mets pas de musique dans la voiture, pas la peine, je tente de garder mon calme, de ne pas trembler, je dois avoir l’air plus que décontracté, à l’aise, je ne suis pas sensé savoir qui il est. Je l’admets, on a jamais vu ce genre d’exercice aux entrainements, nous ne sommes pas former pour ce genre de quête. Mais parfois il faut savoir aller au-dessus de tout ça, franchir les limites. Si personne ne le fait, ne prend le risque, qui le fera ? Je n’en ai aucune idée alors je prends la liberté de le faire. Je sais que ça peut me couter ma place, ma plaque que je n’ai pas encore. Mais bon, si je réussis ma mission, au moins, je n’aurais rien perdu au change. Et qui sait, peut-être que je gagnerais les mérites d’Hotchner. Je souris un peu, comment je peux continuer de penser à ça dans de tels moments ? C’est officiel, des fois je ne suis pas très net quand je m’y mets. Mais bon, peu importe. Ca arrive. Je ne sais pas trop où je vais, enfin si, c’est un peu confus dans me cerveau tout de suite maintenant. Mais bon. Je tourne à l’angle d’une rue, m’arrêtant devant un hôtel. On vient me réquisitionner ma voiture en échange d’un ticket de parking. Je glisse un billet de 20$ dans la mains du voiturier avant de rajuster mes vêtements. Il est temps de faire ses preuves on dirait. On va bien voir ce que ça donnera. Premier contacte, premiers échanges qui sait. Au moins, si je le vois, se sera un bon début je pense…
Mes pas se veulent lents, un peu hésitant, mon cœur bat la chamade dans ma poitrine quand j’entre dans la gueule du loup. Le bar est blindés, je me sens vraiment mal à l’aise à l’extérieur du Capital, là ou je passe presque toutes mes nuits. Ici l’ambiance y est plus oppressante, plus bourgeoise, plus je ne sais pas. Ca pue le frisque et le minou dans tout les coins. Les bars à streap c’est pas mon délire tu vois. Et je pense que ça ne le sera jamais. Mais bon. Je ne suis pas là pour prendre mon pied. Enfin si, mais d’une toute autre manière. En pensant ça je semble gagner en assurance et me contente de prendre place au comptoir, commandant un Martini. Je regarde un peu autour de moi, tentant de le voir, mais non, rien. Je soupire, un peu blasée. Je crois que j’ai raté le coch ce soir et que je suis là pour rien. Merde. Je regarde le serveurs, je vois bien son petit regard en coin et franchement ça me dégoûterais presque. Il me veut quoi celui-là ? Je le connais même pas. Je me tourne un peu, évitant son regard quand mon cœur s’arrêterait presque dans ma poitrine. Je le tiens. Mon bon salaud, c’est donc toi. Exactement le même que sur la photo. Ta gueule d’ange tu peux la garder pour toi avec moi. Je me mords la lèvre inférieur, tentant de trouver un moyen de l’aborder. Si seulement. Mais un verre se posant devant moi me surprends et me fais presque sursauter. Quand je lève les yeux c’est plus que de la stupeur dans mon regard. Là, je me rends compte que je ne peux plus faire marche arrière et que je ne suis pas dans la merde. Il est à, devant moi, me payant un verre… Ne sachant quoi faire je lui donne un sourire un peu timide…
« En quel honneur ? »
Réplique débile, mais qui parfois peut s’avérer être utile… J’y crois pas que je suis en train de faire ça…
23h00 … Nolan se trouvait seul, comme à son habitude, dans une planque. Un hôtel miteux, dans lequel il avait loué une chambre pour une durée indéterminée. Parce qu'à vrai dire, un psychopathe, ça ne reste pas indéfiniment dans un même endroit. Il savait qu'il allait changer de « domicile » à un moment donné. Mais la question, c'était : « Quand est-ce qu'il allait le faire ? » Ça … Il ne savait pas encore. Il allait bien finir par le voir de lui-même, de toute façon. Il était donc assis à un bureau, et il se balançait sur sa chaise, en écoutant tranquillement de la musique. Des musiques du genre, « instrumentaux », qu'il pouvait s'écouter en boucle, durant des heures entières. Il les laisser tourner, tout en tripotant son scalpel fétiche … Ah les scarifications … Il adorait ce genre de pratique. Vous savez … Ça le faisait penser lui, à des genres de « Crop-Circle » que les ovnis pouvaient dessiner sur le sol … A la différence que lui, … Il les taillaient à l'aide d'instruments sur les corps … Ce fou appelait cela … De l'Art, avec un grand « A » … Ouais … Y'avait pas de doute là-dessus … Cet homme était complétement taré … Remarque … Pas étonnant pour un tueur en série, aux tendances psychopathe, me direz-vous …
D'ailleurs, en jouant avec son instrument favori, le faisant tournoyer, sur des photos, il repensait à certains meurtres qu'il avait pu réaliser, il y avait quelques mois de cela, déjà … Tenez … Celui dont il se rappelait à chaque fois, c'était celui d'une adolescente … Il l'avait violé, et au final, comme il n'avait pas prit son pied, et bien … Il avait fini par l'ouvrir intégralement au scalpel pour s'amuser avec ses organes … Mais le truc, c'était que … Il l'avait laissé consciente, tout du long. Pauvre petite fille … Elle n'aurait pas mérité ça, si elle avait office d'une très bonne partenaire au lit. M'enfin … Que voulez-vous ? La petite avait refusé la fellation … Donc bon … Nolan n'a pas apprécié cela … Il l'avait pris comme une insulte. Donc, vexé, il avait fini par la faire souffrir, tel un psychopathe, avide de vengeance. Comment on dit déjà … Ah oui ! « La vengeance est un plat qui se mange froid ! » Voilà ce qu'il avait laissé comme billet dans sa main, devenue bleue, comme le reste de son corps, qui lui avait d'abord viré aussi blanc que de la craie. A l'heure qu'il est aujourd'hui, elle est enterrée par ses soins, dans un caveau de fortune … Comment ? Ça oui … Vous pouvez le dire … Nolan est vraiment quelqu'un de dérangé … En même temps, j'aimerais vous y voir vous … On a tué ses parents de sang-froid, sans qu'il ne puisse rien faire. Encore heureux, il n'a pas pu voir le massacre … Une vraie boucherie. Ils baignaient tous les deux dans un bain de sang, et de tripes … Un mot ? Horrible. Oui … J'ai fait simple pour ne pas trop rentrer dans les détails … Pourquoi ? J'ai pas envie de vous faire vomir …
Et puis bon … Si jamais je rentre dans les détails et que vous êtes mal en point, ça sera pas nécessaire de vous plaindre à vos parents ! Quoi ? Oh, comme c'est mignon … Vous pleurez ? Venez faire bisou à Papa … Je vais calmer votre chagrin … Bref … Non ! Revenons à nos moutons … J'suis pas là pour parler de moi, mais de Nolan, votre psychopathe préféré !
Bref, tripatouillant son outil de travail, il était en train de penser au rendez-vous qu'il avait donné, il y avait de cela vingt-quatre heures, à une certaine Terry Klarkson. Belle femme, d'après certaines photos. Il lui avait donné rendez-vous dans un tripot pas très regardant, du genre … Un bordel quoi ! Le pied, de s'envoyer en l'air dans un endroit pareil ! C'était ce qu'il voulait depuis longtemps ! L'approcher enfin, après tout ce temps à se courir après. Il en avait enfin l'occasion ! Et peut être même qu'elle, elle était adepte de la fellation et toute autre sorte de choses … Ouais … Ca promettait d'être jouissif comme expérience ! Il s'était donc préparé à l'occasion : smoking, cravate, souliers Derbys, avec la rose à la place de la serviette, dans la poche. Un dernier coup de peigne, et il pouvait s'y rendre. Pour faire simple, il avait décidé de payer un taxi. Le trajet s'était plutôt montré monotone, puisque le chauffeur n'avait pas de musique. Il s'était rendu au Capital … La route lui avait parue vraiment longue, au point de traîner dans cette voiture pendant des heures, alors qu'il n'avait duré qu'un quart d'heure minuscule. Bref … Cela étant, il était quand même arrivé à destination. Le lieu était bondé un maximum. Vous savez … C'est le genre d'endroit complétement enfumé avec les cigares … Je conseille vraiment pas à nos amis les asthmatiques d'y entrer … Il y ferait un malaise à coup sûr.
Enfin bon … Toujours était il que Nolan avança machinalement vers le comptoir, pour se commander un scotch sur glace et attendre la jolie demoiselle brune. Et curieusement, une jeune femme était là aussi … Elle avait l'air d'attendre quelqu' … Oh putain ! C'était elle ! Sacré non de non ! Bon ! Fallait qu'il fasse quelque chose, mais quoi ? Lui dire qu'elle était jolie et qu'il avait envie d'elle, tout de suite et maintenant, pour s'adonner à des plaisirs sexuels sans précédent ? Non, mais ça va pas non ! Il ne ferait pas ça … Du moins, pas encore. Bref, la seule chose qu'il avait trouvé à faire pour le moment, c'était de lui payer un verre. Elle fut agréablement surprise, et, de façon presque indiscrète, elle lui avait demandé en quel honneur, il se le permettait …
« Oh … Et bien … C'est mon jour de bonté aujourd'hui. Je me suis dit … Que ça pouvait vous faire plaisir. Mais … Dites-moi … Qu'est-ce que … Qu'est-ce qu'une aussi belle femme que vous fait dans ce coin perdu, … Qui plus est, à une heure si tardive ? »
Oui, ça, c'était bien posé comme question. Allez savoir ce qu'elle allait répondre à notre Nolan National …
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