Ce fut avec un large sourire sur les lèvres que la jeune femme ferma la porte de sa maison à clefs, lunettes de soleil sur le nez, les rayons faisant éblouir sa tignasse blonde qu’elle s’était lissée. Son entrée au sein du Behavioral Analysis Unit approchant à grands pas, Bradford désirant que son service continue de tourner, il n’avait pas attendu pour la laisser faire ses affaires, ce qui faisait de Natasha Williams une femme libre durant quelques jours. Très peu en vérité puisqu’elle avait eu divers rendez-vous avec la chef de section Strauss – une femme aussi aimable qu’un jour d’été en Antarctique – qui avait jugé futile de lui rappeler qu’elle connaissait d’ores et déjà son futur patron ; l’agent spécial Aaron Hotchner, et, qu’au vu de son passé, elle craignait que la jeune et jolie blonde soit trop affectée sur certaines enquêtes. Mais, après de multiples vérifications auprès de ses anciens collègues et Bradford, elle lui avait prévu une rencontre professionnelle avec l’agent Hotchner, trois jours plus tard. Elle comptait donc bien profiter de ces quelques jours de congé pour flâner chez elle, et renouer avec de vieilles connaissances ; en effet, la première personne que Natasha avait appelé après cette confirmation, était Gordon Wakefield, le très réputé journaliste, aussi connu pour ses nombreux livres sur les tueurs. Elle avait travaillé pour lui durant près de quatre ans en tant que reporter, et avait lu chacun de ses bouquins. Leur passion commune avait fait qu’ils s’étaient très bien entendus très rapidement. Lors de son départ pour le FBI, la jeune journaliste qu’elle était alors s’était rendu compte qu’elle s’était attachée à lui, et qu’il avait, en quelque sorte, joué le rôle de père avec ses conseils avisés et ses encouragements. Mais, jamais depuis qu’elle avait quitté son job, elle n’avait regretté de l’avoir connu. Elle allait même, parfois, jusqu’à lui donner quelques informations supplémentaires sur telle enquête, ou lui faisait part de son opinion sur ses livres. Oui, elle était plus qu’heureuse de le revoir.

Sa Ford Mustang lui tendant les bras – portières serait un terme approprié – la jeune femme se glissa derrière le volant, et après avoir mis le contact, se dirigea vers le centre commercial de Quantico. Elle, habitait à Washington DC depuis son entrée au Federal Bureau of Investigation, afin d’être juste à côté de son nouveau lieu de travail, et la capitale politique n’étant pas si loin de Quantico, elle n’avait pas voulu déménager une nouvelle fois. Deux déménagements lui suffisaient amplement, et elle serait bien trop souvent absente pour acheter une nouvelle maison. D’autant plus qu’elle vivait, pour l’instant, en colocation avec Abigail et Allison Chase, et, son côté surprotectrice ressortant, elle préférait garder un œil sur elles, afin de s’assurer qu’elles allaient bien. Ce qu’elle faisait avec pratiquement tout son entourage, d’ailleurs.
Plongée dans ses réflexions, le voyage lui semblât court bien qu’elle sût qu’il y avait une heure de route pour faire ce trajet qui lui serait bientôt quotidien. En effet, elle était parvenue à Quantico sans qu’elle en ait réellement conscience. Elle ne tarda pas à se garer non loin du centre commercial, et fit le reste du trajet à pieds. Chaussée de talons comme bien souvent, ses perles grises toujours protégées par ses lunettes noires, ses cheveux s’envolaient à chaque pas qu’elle effectuait, laissant la vague impression qu’ils formaient une auréole derrière sa tête.

Elle ôta ses lunettes en poussant la porte de l’immense bâtiment, et ses yeux se mirent à la recherche de Gordon. Ils posaient sur tout ce qu’ils rencontraient, et la jeune femme avançait toujours, regardant successivement à droite, puis à gauche, dans l’espoir de trouver son ancien patron. Elle passa devant plusieurs vitrines de grands magasins, hésita à se laisser tenter par un café, mais ce fut la pensée du journaliste en train de l’attendre qui l’en dissuada. Cette image ne tarda pas à apparaître devant ses yeux ; l’écrivain, assis sur un banc, tenant deux gobelets à café dans les mains. Un nouveau sourire étira ses lèvres, et elle se rendit à sa rencontre d’un pas léger. Il la connaissait si bien qu’il pouvait se permettre de lui acheter sa boisson préférée sans se tromper sur ses préférences. Parvenue à sa hauteur, elle se posta à ses côtés ;

Aah ! Gordon Wakefield ! J’espère ne pas trop vous avoir fait attendre ? demanda-t-elle, feignant ne pas avoir remarqué le café, et avec une grimace d’excuses.