Comme chaque année, à cette même date, la jeune femme blonde avait subit les câlins incessants d’Abigail et Allison qui, pour lui souhaiter un bon anniversaire, avaient décidé de s’agripper à elle. Natasha avait rie de bon cœur avec ses deux colocataires et, une fois libérée de leur emprise, avait quand même pût se préparer pour partir au travail. En temps normal, Abigail et Natasha prenaient la voiture de cette dernière – l’agent du FBI chouchoutant de façon inconditionnelle sa belle Ford Mustang – pour déposer Allison à l’école puis se rendaient au Behavioral Analysis Unit, seulement, la veille, Aaron avait convoqué Natasha dans son bureau et, si elle n’était pas certaine de savoir de quoi il s’agissait, elle savait qu’il serait plus prudent qu’ils soient que tous les deux. Elle avait donc prétexter avoir trop de dossiers à rendre et avoir été convoquée par un supérieur – sans préciser s’il s’agissait de Hotch ou de Strauss – et qu’elle ne pouvait, malheureusement, pas se permettre un détour. Au cas où Abigail poserait des questions, elle avait même rajouté que ça devait être pour son stage au sein de l’équipe et, peut-être, parler de la dernière enquête qu’ils avaient eu. Sa meilleure amie avait acquiescé et n’avait pas insisté, pour le plus grand bonheur de Natasha ; lui mentir la rendait mal à l’aise, et elle aurait vraiment aimé pouvoir lui dire tout ce qu’il se passait dans sa vie ces derniers temps. Malheureusement, elle ne pouvait pas.

Natasha était donc arrivée au Département au bout de quelques minutes, au volant de son véhicule noir et elle avait prit l’ascenseur pour parvenir plus vite à l’étage voulu. Machinalement, elle enroula une de ses longues mèches blondes autour de son doigt, joua avec tout en traversant la pièce remplie de bureaux, en profita pour déposer ses affaires, hésita à aller se chercher un café… Avant d’y renoncer – exploit ! et de se rendre directement dans le bureau de son supérieur. Elle savait qu’il serait déjà là ; Aaron était toujours là avant tout le monde, elle connaissait chacune de ses habitudes. La porte étant ouverte, elle ne frappa pas et entra de quelques pas. Hotch était devant son bureau, les bras croisés pour ne pas changer et elle esquissa un immense sourire en le voyant. Ils étaient seuls, elle pouvait se permettre d’aller se blottir dans ses bras, mais elle se contenta de s’approcher à pas feutrés jusqu’à parvenir à sa hauteur.

Vous vouliez me voir ?

Son sourire s’élargit. Il y avait pensé. Non pas que cet évènement eut réellement de l’importance dans l’esprit de Natasha, mais savoir qu’il ne l’oubliait pas lui réchauffait le cœur. Vous n’avez pas idée du nombre de personne qui vous sont proches et qui ne retiennent pas votre date d’anniversaire. Natasha, elle, avait cette étrange capacité à retenir les dates importantes. Depuis qu’elle était petite, elle avait toujours eu cette faculté et si elle ne s’en plaignait pas, ça ne la réjouissait pas plus que cela ; qui aimerait se souvenir parfaitement de la date où s’est passé un évènement tragique dans votre vie, ou celle de votre entourage ? La jeune femme blonde remercia Aaron, les joues rosissant comme souvent, et elle enroula lentement ses bras fins autour du cou de son amant et l’embrassa du bout des lèvres. Elle aimait l’entendre prononcer son surnom, même s’il était loin d’être la première personne qui l’appelait ainsi. Sans qu’elle ne sache réellement pourquoi, lorsque c’était lui, ça ne lui faisait pas le même effet que lorsque c’était quelqu’un d’autre. Sans doute parce que ça lui prouvait qu’ils étaient plus proches que les autres membres de l’équipe.

L’heure tournait, et Natasha savait qu’Abigail était partie, et, logiquement, mettrait peu de temps pour arriver. Bien qu’en réalité, elle mettrait entre une heure et une heure et quart ; elle venait de Washington DC, il ne fallait pas l’oublier. Mais n’importe qui d’autre pourrait arriver avant et ils avaient décidé de tenir cette relation secrète pour tout le monde, y compris vis-à-vis de l’équipe, ce qui avait légèrement refroidit Natasha qui n’avait rien laissé paraître. Tous deux tenaient trop à leur carrière pour prendre le risque d’avertir l’équipe de leur relation et que l’un d’entre eux s’amuse à prévenir Strauss qui n’hésiterait pas une seule seconde pour en faire muter un. Voire les deux, c’est de Strauss que nous parlons. Elle allait lui faire remarquer qu’il aurait pût simplement le lui dire au téléphone, ou attendre le soir-même mais son regard métallique se posa sur un bouquet de roses. Bien qu’elle se doutait de ce qu’il pouvait s’agir, elle préféra le charrier et désignant les fleurs, elle lui lança, sur un ton amusé ;

Tu as des admiratrices secrètes ?

Comment pouvait-on résister devant ce léger sourire qui le rajeunissait ? On ne pouvait pas. C'était tout bonnement impossible. C'était tellement rare que lorsqu'il en esquissait un, Natasha le gravait dans son esprit comme un enfant qui aurait rencontré le Père Noël. C'étaient des instants magiques qui bouleversaient son quotidien. Et faisait s'envoler son coeur. Les joues rosées devant le bouquet que lui tendait Aaron, son sourire devint éclatant, son regard pétilla de joie et d'amour, et elle récupéra le bouquet, le remerciant par la même occasion. Machinalement, elle huma leur délicieux parfum ; les roses avaient toujours été ses fleurs préférées, bien que c'eut puisse être banal. Ces fleurs avaient, tout comme le sourire d'Aaron, un effet magique selon la jeune femme, et pouvaient signifier tant de chose selon un changement de couleur. L'amour, la mort, la tristesse, le bonheur. Les émotions humaines étaient bien souvent reflétées par des roses. Touchée par cette attention, la jeune stagiaire leva les yeux vers son patron.

Elles sont magnifiques. Merci encore... Tu crois qu'ils ont des vases ici ? J'aimerai pouvoir profiter de leur beauté plus longtemps que quelques heures, ajouta-t-elle après une courte pause.

Elle était tellement surprise et bouleversée par cette marque d'attention, qu'elle devait se faire force pour ne pas laisser une larme perler aux coins de ses yeux. Malgré les câlins qui l'assaillaient tous les matins du 03 Mars d'Abigail et Allison, la jeune agent avait perdu l'habitude de recevoir autant de cadeau. A vrai dire, en dehors de sa meilleure amie, il n'y avait, en général, que son frère qui lui téléphonait et lui envoyait toujours un petit quelque chose. Cela s'arrêtait là. Ce simple cadeau faisait ressurgir en elle des vagues de souvenirs de son enfance, de tous ces anniversaires fêtés en famille. Cela faisait bien des années qu'elle avait décidé de ne plus en faire un jour particulier. Mais, maintenant qu'Aaron était à ses côtés, elle avait de nouveau envie de goûter à ce bonheur plaisant de prendre un an de plus. Elle voulut se blottir contre lui, mais elle craignait d'abîmer les roses et ne savait, pour le moment, pas où les mettre.

Aaron était très heureux que les fleurs qu'il venait d'offrir à Natasha lui fassent autant plaisir. Ce n'était pourtant pas un cadeau si exceptionnel, mais il savait que les femmes adoraient les fleurs. Et les roses rouges avaient tellement de signification par leur couleur. Le rouge signifiait l'amour, la passion et c'est exactement les sentiments qu'il éprouvait à l'égard de Natasha. Il l'aimait, oh oui, il l'aimait et le second cadeau qu'il allait lui offrir allait encore plus le prouver.

Je ne sais pas, peut être que tu en trouveras un à la cafétéria

Le FBI reflétait l'image des crimes, des disparitions, des tueurs en série et dans des pièces plus accueillantes telles que la cafétéria, ou même la salle de conférence -qui pourtant voit défiler sur son écran des images plus que sanglantes- certains agents laissaient des plantes ou des fleurs pour rendre un peu de vie et de chaleur dans ces pièces.

Il était temps de donner le second cadeau qu'Aaron avait sorti de son sac quelques minutes auparavant pour le poser sur son bureau. Il prit alors le coffret et le présenta à Natasha. A l'intérieur se trouvait un collier en argent avec en guise de pendentif un coeur sur lequel était inscrit un N et un W, qui étaient les initiales de Natasha Williams.

Doucement, les lèvres de la jeune femme s’étirèrent ; ah ! La cafétéria, son lieu de prédilection. Sans doute la pièce où elle passait le plus clair de son temps, avant son propre bureau. Un jour proche, elle irait demander à Strauss s’il y avait une possibilité d’établir son bureau à côté de la machine à café… A moins qu’elle n’amène sa propre cafetière dans son bureau ; au moins, elle serait sûre de la qualité de la boisson qu’elle aimait tant, et n’aurait plus besoin de parcourir les bureaux de ses collègues pour aller chercher une tasse chaude. Et ses collègues pourraient arrêter de compter ses aller et venues dans la cafétéria. Hm, oui, c’était une bonne idée. Farfelue et totalement irréalisable, mais une bonne idée à développer. Se souvenant pourquoi ses pensées avaient été dirigées vers ce lieu vénérable, Natasha allait s’excuser auprès de l’homme qu’elle aimait pour déposer ses roses dans un vase lorsque celui-ci se retourna, prit une boîte qu’il avait jusqu’alors caché et qui reposait patiemment et sagement sur son bureau avant de le lui tendre. Incrédule, elle tendit la main, effleura le coffret du bout des doigts, releva le regard vers Aaron comme pour être certaine que ce n’était pas une farce, et, voyant qu’il ne bougeait pas, prit la boîte. Maintenant qu’elle l’avait, elle ne savait pas si elle devait l’ouvrir. Ce genre de boitier contenait, en règle générale, des bijoux. Et elle était une fervente fanatique des bijoux, même si elle portait peu. En vérité, elle portait un collier qui ne la quittait jamais, un précieux cadeau d’Abigail, un souvenir de leur amitié et preuve de l’amour qu’elles se portaient depuis toujours. Et au poignet, elle avait une gourmette. Un présent de toute sa famille, lorsque celle-ci était encore soudée, ce qui n’était plus le cas aujourd’hui. Lentement, le cœur battant, la jeune femme blonde ouvrit le coffret. Ses deux perles métallique se posèrent aussitôt sur un superbe collier en argent. Le pendentif représentait un cœur qui était gravé de ses deux initiales, et la chaîne était fine. Exactement comment elle les aimait. Les yeux embués par les larmes, elle leva de nouveau la tête vers Aaron, un sourire amoureux collé sur les lèvres.

Je… Il est magnifique. Il ne fallait pas… Je… Merci.

De simples mots qui avaient quand même eu du mal à se frayer un chemin pour sortir. Elle ne savait pas quoi rajouter de plus. Parfois, les mots ne suffisaient pas, alors elle se rapprocha et l’embrassa de nouveau pour le remercier. Elle était comblée. Et même plus que cela. Une fois le baiser terminé, elle le remercia une nouvelle fois et, mit le collier autour de son cou. Elle posa ensuite une main sur le pendentif qu’elle caressa, comme si elle voulait graver son toucher dans son esprit.

Mais un coup d’œil vers la pendule vint briser cet instant magique ; leurs collègues allaient arriver d’un moment à l’autre, et si on la voyait ressortir du bureau de Hotch avec un bouquet de rose à la main, ils pouvaient dire adieu à leur relation secrète. Retenant un soupire excédé par la rapidité avec laquelle le temps défilait, elle se détacha de l’étreinte confortable et protectrice d’Aaron pour s’excuser ; elle allait déposer es roses dans un vase à la cafétéria – et profiter pour boire un bon café, mais ça, elle le garda sous silence – avant que celles-ci ne se fanent. Déposant un rapide baiser sur ses lèvres une ultime fois, le dernier pour cette longue journée, l’agent fédéral tourna les talons. Elle avait prévu de mettre les fleurs dans ce lieu bénit et de venir les chercher le soir-même afin de les ramener chez elle. A peine eut-elle le temps de finir de mettre de l’eau dans le vase qu’elle entendit les premiers arrivants venir mettre définitivement un terme à tout moment romantique entre son patron et elle.