Aymrick était installé dans son fauteuil. Il avait la tête posé sur le dossier et fixait le plafond le regard absent. La télévision était allumée, mais mise en sourdine. Il n’y avait aucun son dans la grande et vide maison du profiler de la BAU. La porte d’entrée s’ouvrit et vient gâcher son moment de silence. White ne bougea même pas. Il savait très bien qui venait de faire éruption dans sa maison et n’avait pas à s’inquiéter du tout. Rick entendit la personne monter à l’étage vers la chambre de sa fille avant de redescendre et de venir prendre place à côté de lui.

- Va prendre l’air Ricky, tu en as vraiment de besoin, murmura la voix de Rox-Anne, sa sœur plus âgée qui restait en face de chez lui.

L’homme ferma les yeux et secoua négativement la tête. Étant un sentimental de nature, il sentit une boule se former dans sa gorge, mais retient son envie de pleurer. Il ne devait pas, il ne devait plus… Pourquoi était-il dans cet état alors que c’était tout le contraire de d’habitude? C’était la date… Ça faisait 4 ans… 4 ans qu’il détestait cette journée… 4 ans que cette journée le déprimait et lui rappelait à quel point, il avait énorme vide dans sa vie. Le 31 juillet 2007 au soir avait été tué sa fiancée… La femme de sa vie sauvagement assassinée… Simplement, car elle était blonde… et jolie… Oh oui… Elle était tellement belle. Son magnifique regard envoutant, son sourire charmeur, son visage, ses formes… Juste à y penser, il avait quasiment envie d’elle… Et n’allez pas croire qu’il l’aimait que pour son physique… Au contraire, c’était sa personnalité qui l’avait attiré en premier… Tania lui manquait tellement. La vie avait tellement été injuste.

- Vas-y. Lexia dort déjà… Je vais rester ici… Il lui arrivera rien. Tu dois aller te changer les idées, rajouta sa sœur avec insistance.

Rox savait quelle date on était ou si elle ne le savait pas, elle l’avait deviné en le voyant dans cet état. Sa sœur le poussa légèrement pour le forcer à se lever. Aymrick finit par le faire et même s’il n’avait pas envie de sortir, un petit peu d’air frais ne lui ferait pas de mal.

- Bien… Je te laisse mon arme sur le…
- Non Ricky, je ne vais pas en avoir de besoin. Prends-la avec toi.

Aym’ la fixa un instant avant de prendre son pistolet et l’attacher à sa ceinture. Il avait confiance en sa sœur. Si elle disait qu’elle n’en avait pas de besoin, c’est que c’était vrai. L’homme hésita un court moment quand même avant de prendre une veste, de se mettre une casquette sur la tête et de sortir à l’extérieur. L’air froid vient tout de suite se glisser dans ses vêtements. Il était plus tard de ce qu’il pensait, mais peu importe. L’homme croisa les bras et se mit à marcher tête basse à travers les rues de Quantico.

White marchait depuis un long moment. Il ne voyait pas le temps penser tellement il était bien tout à coup. Il avait l’impression d’avoir la tête vide, d’être plus calme tout à coup. Par contre, il n’aurait jamais cru croiser quelqu’un dans cette ruelle abandonnée. Il n’avait pas envie de parler ce soir.

Aymrick finit par regarder un petit peu l’endroit où il se trouvait. C’était une petite ruelle visiblement abandonnée et l’endroit était très peu éclairé. Avec le petit vent qui venait de se lever, on pouvait quasiment croire à une scène de film où il allait arriver quelque chose. N’importe quoi… Il ne manquait plus que la petite musique dramatique. M’enfin… Pour revenir au sujet, c’était dans une ruelle qu’il avait retrouvé le corps de Tania… Une ruelle qui lui faisait étrangement penser à celle dans laquelle il se trouvait. Malheureusement, il se souvenait de chaque détail… Le sang, ses membres lacérés, ses vêtements déchirés, son regard gris sans vie qui fixait la lune. Et dire que tout ça était de sa faute. Il s’en voulait tellement. S’il n’avait pas décidé de rester à l’école pour réviser ce soir-là, Tania n’aurait pas pris le taxi. Aymrick serait allé la chercher à son bureau lorsqu’elle aurait eu terminé comme il le faisait souvent. Il n’aurait jamais dû rester travailler sur ses cours jusqu’à 22h.

White n’avait même pas remarqué qu’il avait arrêté de marcher à force de penser à tout cela et de se culpabiliser. Il poussa un profond soupire avant de se remettre en route sans vraiment faire attention à ce qui se passait autour de lui. Il n’y avait jamais d’action dans ce quartier de toute manière. Aym’ l’avait choisi exprès pour cela. Il voulait un endroit plus que sécuritaire pour sa sœur et pour sa petite fille. L’homme s’arrêta brusquement lorsque l’une des seules sources de lumière présente dans la rue s’éteignit brusquement. En fait, ça prit une demi-seconde à Rick pour comprendre que c’était une personne qui venait de se placer devant.

- Devrais-je avoir peur? Prononça très calmement le profiler en réponse à la forme noire devant l’éclairage.

Aymrick n’avait fait aucun mouvement encore. Il n’avait même pas dégainé l’arme se trouvant à sa ceinture. Il attendait de voir comment allait se dérouler les choses. Peut-être que c’était la façon de l’inconnu de lui dire bonjour. Sauf que… Ce dernier l’avait appelé Monsieur White… Donc, lui, il n’était pas un inconnu aux yeux de l’homme. Peut-être que là, il devait commencer à craindre, mais il n’y arrivait pas. Il tentait juste de décerner le visage de l’homme dans la pénombre de l’endroit, mais sans succès. Complètement impossible de voir son visage. C’est alors qu’il remarqua quelque chose scintiller dans la main de l’étranger. Aym’ ne prit pas beaucoup de temps à reconnaître l’objet. C’était un scalpel. Il recula machinalement d’un pas. Peut-être aurait-il dû éviter? Qui vivra verra. Est-ce qu’il allait voir? Ça, il le laissait entre les mains du destin.

- D’où me connaissez-vous? Demanda-t-il en partie par curiosité, mais également pour avoir une maigre idée de la personne qui se trouvait devant lui et qui était visiblement en train de le menacer avec une arme blanche. C’était peut-être le meilleur moment pour sortir son pistolet et le pointer sur l’étranger. Comme ça, il ne donnerait aucune chance à l’autre de s’approcher de lui avec son objet tranchant.

Pour dire vrai, il n’avait pas peur. Il ne saurait dire pourquoi. Peut-être bien parce que c’était sa propre vie qui était en danger et non celle d’une personne qu’il appréciait. Dans ces moments-là, l’agent mettait tout entre les mains du destin et laissait les choses aller. Certes, l’inconnu était quand même menaçant avec son outil en argent, mais il était encore trop loin d’Aymrick pour pouvoir l’atteindre. Sauf s’il lui lançait son arme tranchante, mais encore là. Ricky aurait le bon réflexe pour l’éviter ou au moins d’essayer.

[ HS : Woow!! J’adore ton post! Vraiment super! De quoi déstabilisé n’importe qui… Ton perso est un vrai fou, sadique ! J’adore!! ]

À voir comment l’homme jouait habilement avec son scalpel. Il avait tout d’un professionnel ce qui devait être encore plus inquiétant. Aymrick était en train de faire travailler très fort sa mémoire. Il se faisait une liste rapide de personne qui pouvait lui en vouloir au point de vouloir le tuer. Certes, il en avait arrêté des gens dans sa courte carrière, mais aucun n’était encore sorti de prison. Il exerçait le métier que depuis trois ans. En plus de cela, il ne se souvenait aucunement d’un tueur au scalpel et c’est le genre de meurtre qui aurait retenu particulièrement son attention à cause de la façon dont la femme de sa vie avait été assassinée. L’étranger finit par ranger l’arme blanche, mais cela ne changea à la méfiance qu’éprouvait le profiler.

Un court moment plus tard, le cauchemar commença. Il sut immédiatement quand l’inconnu ouvrit la bouche que ça n’annonçait rien de bon. L’homme finit par dire le prénom de sa femme et sans s’en apercevoir, Rick avait retenu sa respiration et l’incompréhension s’installa dans son visage, mais surtout dans son regard. Non… C’était impossible… Il ne connaissait pas vraiment Tania, il disait ça au hasard… Il ne pouvait pas savoir… Cependant la suite s’annonça aussi déstabilisante. Comment pouvait-il savoir qu’Aymrick était resté réviser ce soir-là? Comment était-il au courant que sa femme avait pris le taxi et s’était fait déposer une rue avant? Oui, la nuit était dangereuse… Ricky n’avait pas arrêté de lui dire et à chaque fois elle lui répondait la même chose : « Tu es trop mignon quand tu t’en fais pour moi comme ça ». Le profiler ferma doucement les yeux, il avait l’impression d’entendre la voix de son ex-fiancée dans sa tête. Elle n’aurait pas dû mourir comme ça. Il n’arrêtait pas de le dire… Tout était trop injuste. Par contre, l’agent rouvrit brusquement les yeux lorsque l’étranger se mit à parler de sa fillette. Il en savait beaucoup trop sur lui et Aymrick n’aimait pas ça du tout. Pour dire vrai, il commençait à s’inquiéter. Qu’est-ce qui se passait? Le grand brun essaya de se rassurer en se disant que ça devait être quelqu’un qui avait eu accès à son dossier, mais une partie de lui-même disait qu’ils s’étaient trompés… Que la personne arrêtée n’avait pas été le véritable meurtrier de Tania. Sauf que c’était impossible… White n’avait pas pu se tromper, l’équipe de Gideon ne s’était pas trompé.

L’homme au scalpel rajouta bien vite qu’il ne comptait pas s’en prendre à Alexia. Ça c’était clair. Aymrick ne l’aurait pas dû tout laisser faire. Il avait déjà perdu Tania, il ne perdrait pas Alexia. Il allait mettre ses ressources à disposition pour la protéger s’il rentrait à la maison en vie ce soir là. Il ne croyait pas du tout les affirmations de l’être répugnant qu’il avait devant lui. La suite des choses ne lui plut pas du tout. Comment ça « ON? » D’où sortait ce on? Non… il n’y avait eu qu’un seul meurtrier. Les profilers de l’époque l’avait dit. Le tueur aux cheveux dorés était trop sadique, trop cruel pour arriver à s’associer à qui que ce soit… Aucun complice… On était en train de le faire marcher. On le disait n’importe quoi. L’homme mentait…

L’arrêter? Oui, c’était une idée… Il pouvait le faire maintenant… Il lui suffisait de sortir son pistolet, de le pointer sur l’homme et le tour était joué, mais Aymrick n’arrivait pas à bouger. Les émotions qu’il vivait en ce moment le clouaient littéralement sur place. Il ne comprenait pas et plus qu’il cherchait à comprendre et plus sa tête semblait vouloir exploser. Sauf que Ricky changea rapidement d’idée pour l’arrestation. Pas question de mettre la vie d’Alexia en danger. Il avait des priorités dans la vie et sa famille passait avant toutes choses, même avant son travail. Un long silence suivit les paroles de l’homme. Aym continuait de le fixer avec un regard perdu, quasiment absent. Après un instant, White comprit que c’était finalement à lui de parler, mais quoi répondre à ça? Il était trop déstabiliser pour être cohérant dans ses propos, il s’en doutait…

- Vous mentez, commença par murmurer avec peine le brun. Sa gorge se serra immédiatement à ces deux mots. Il prit une grande respiration et essaya de reprendre avec un petit plus de contrôle. Vous mentez! Vous ne pouvez pas l’avoir tué… Ce n’est pas vous… Le meurtrier a été arrêté et il est en prison aujourd’hui… Il n’y en avait pas deux. C’est complètement impossible… Je ne sais pas où vous êtes aller chercher toutes ses informations, mais c’est de la foutaise.

Sa respiration commença à s’accélérer doucement. Était-il en train de paniquer? Non, ce n’était pas dans son genre. Il devait garder son calme. Il n’avait aucune raison de paniquer. Bon d’accord, il en avait peut-être une. Il était déstabilisé et se rendait compte que ses paroles n’avaient aucun sens. Il pouvait y avoir un complice sur le meurtre de Tania, mais comment auraient-ils pu louper cela?

- Je ne sais pas ce que vous attendez de moi, je ne sais pas ce que vous voulez, mais laissez ma fille en dehors de cela. Elle n’a rien fait, elle ne sait rien de cette histoire. Il faut la laisser de côté… Je… Je… Que… Que voulez-vous au final?

Sérieusement, il ne comprenait rien et ça se voyait sur son visage et sur sa façon de s’exprimer. Habituellement, il était quelqu’un de confiant qui savait exactement où il allait. Tout ce qu’il voulait en ce moment, c’était se réveiller de cet horrible cauchemar.