Voilà une semaine que Jessica avait courageusement pris la fuite. Une semaine qu’elle marchait et courait à toute vitesse, sans jamais s’arrêter ou presque, malgré ses pieds nus, enflammés, qui la faisaient terriblement souffrir. Mais cette douleur n’était rien. Elle n’était rien par rapport à celle que lui infligeaient ses blessures, tant physiques que morales après tout ce qu’elle avait subi.
L’adolescente, dont l’anniversaire de ses 15 ans serait désormais un cauchemar puisqu’elle l’avait passé enfermée et agressée, était finalement parvenu à atteindre une ville. Laquelle ? Bonne question. A vrai dire, elle s’en fichait pas mal. L’important était que dans cette ville, où il y avait manifestement plus de monde que dans les bois, elle ne pourrait sans doute pas être retrouvée par ces monstres. Non ils ne pourraient pas la retrouver. Du moins, elle l’espérait fortement et essayait de s'en convaincre. Mais comme elle n’était sûre de rien, la jeune fille restait plus que jamais sur ses gardes, à l’affut du moindre bruit suspect. A vrai dire, tout lui semblait suspect désormais. Après 2 mois interminables passés séquestrée, sans droit de parler ou de voir la lumière du jour, Jessie avait sans doute perdu tous ses repères. Aussi la moindre petite chose l'effrayait.

Légèrement vêtue d’un T-shirt en coton et d’une jupe dont la longueur ne dépassait pas les genoux, Jessie avançait sans but, errant dans les rues de cette ville inconnue après y avoir passé une nuit à dormir contre le mur d’une église. Personne ne lui avait prêté attention. Néanmoins, la jeune fille ne semblait pas pouvoir passer inaperçue avec ses vêtements sales, ses cheveux ébouriffés, sa peau bien violacée en raison du froid qui s’était emparé de son corps, ainsi que les bleus ou marques qui étaient parfois visibles. Pourtant, personne ne lui avait adressé la parole. Ca n’était sans doute pas plus mal, puisque Jessie n’avait aucune envie de parler à qui que ce soit. A vrai dire, elle était bien incapable de savoir ce qu’elle voulait.

Désorientée, affaiblie et encore sous le choc de cette horreur inimaginable, l’adolescente entra finalement dans un hôpital. Pourquoi ? Elle n’en savait rien. A vrai dire, elle ne savait véritablement plus grand chose. Son inconscient l’avait certainement conduit dans cet endroit. Peut-être qu’elle était persuadée, au plus profond d’elle-même, de pouvoir y trouver un peu d’aide.
Perdue et quelque peu apeurée par le bruit de chaos qui semblait régner aux urgences de cet établissement hospitalier, la jeune adolescente s’assit sur une chaise plus ou moins isolée, sans dire un mot. Effrayée par le moindre son, elle tournait fréquemment sa tête de droite à gauche comme pour s’assurer que personne ne s’approchait d’elle, ou du moins que personne ne venait lui faire de mal. Désormais, ne sachant plus quoi faire d’autre, elle attendait, le regard tantôt perdu dans le vide, tantôt affolé...

Comme à son habitude, Nolan s'était rendu au travail. Depuis qu'il bossait aux urgences, ses plus proches amis confondaient ses identités et venaient à l'appeler Mike. Ce qui l'amusait bien souvent, d'ailleurs. Habillé donc de sa blouse blanche, lunettes de vue sur le nez, il se baladait tranquillement dans les couloirs, allant de bureaux en bureaux pour récupérer des dossiers dont il avait la charge. C'était tout de même bien d'avoir un boulot, à côté de tous les meurtres qu'il pouvait effectuer. Mine de rien, ça lui donnait une raison de rester en ville. Bien qu'évidemment, sa famille passait en priorité. Dernièrement, Nolan avait retrouvé Marilyn, sa chère et tendre cousine ; et il en était plus que fier. Passant tout près de la machine à café - bien qu'il préférait encore celui de chez lui - il s'en était pris un. Bon ... À la limite d'être buvable, il avait le mérite d'être peu onéreux. C'était déjà ça, finalement. Il en avait bu une gorgée puis se dirigeait d'un pas décidé pour éplucher tous ces dossiers. Il devait y en avoir cinq ou six. De quoi occuper sa matinée. En passant, il était arrivé dans la salle d'attendre. Machinalement, il y jetait toujours un coup d'oeil. Histoire de compter à vue d'oeil, le nombre de gens présents. Balayant la salle des yeux, il avait repéré une fille. Une adolescente qui semblait visiblement perdue, écartée du reste des gens qui attendait là. Inutile de vous dire que cela avait interpellé Nolan ... Il s'était donc décidé d'aller la rejoindre, histoire de lui demander ce qu'elle faisait là. Si elle attendait qu'on l'examine. Puisque même de loin, elle avait l'air dans un sacré état. Il déposa donc ses dossiers et son café sur son bureau, avant de retourner vers la jeune fille. À première vue, elle ne devait pas avoir plus de seize ans.

« Excuses-moi. Ça fait longtemps que tu attends ici ? Tu as besoin d'aide ? »

Visiblement oui. En tout cas, si elle était venue jusqu'ici d'elle-même, la demoiselle avait frappé à la bonne porte. D'accord, vous allez me dire que Nolan était un tueur en série, et qu'il pouvait avoir des idées pas très claires derrière la tête. Mais malgré tout, il avait un côté protecteur au fond de lui. Il fallait voir comment il avait recueilli Aleksandra chez lui. S'il était devenu comme ça, c'était malgré lui. Il avait tout simplement vécu une enfance difficile. Fils unique, il était quasiment coupé du monde, et ne voyait que très peu sa cousine dans le temps. Seule fille, seule personne presque, sur qui il pouvait compter. Bien sûr, il avait fait la connaissance d'autres gens, mais bien plus tard. Enfin, passons ... On s'éloigne un peu du sujet. Nolan s'était donc accroupi en face de la demoiselle, toujours assise sur sa chaise.

« Tu semble blessée. Je suis médecin-chirurgien. Je m'appelle Mike. Mike Davis. Et toi ? C'est quoi ton nom ? »

Toujous faire connaissance avec ses patients. C'était la moindre des choses. Les mettres en confiance, les rassurer. Leur faire comprendre que l'hôpital, était un lieu sécurisé. Qu'ils pouvaient se confier, qu'ils seraient écoutés jusqu'au bout. Nolan avait même l'intention de lui donner des vêtements propres et un petit examen gratuit. Pourquoi une petite boisson chaude aussi, avec un p'tit truc à manger. Il fallait bien qu'elle se remette d'aplomb. Elle n'avait pas l'air en forme, la pauvre. Et Nolan voulait y remédier.

Malgré la fatigue, Jessie n'avait pas encore fermé ses paupières. Recroquevillée sur elle-même, ses yeux grands ouverts se baladaient de droite à gauche, analysant chaque détail de cette salle à chaque fois qu'elle ne se perdait pas dans ses horribles pensées. Sursautant au moindre bruit un peu trop fort, son regard resta fixé sur un vieil homme assis en face, au fond de la salle. Pourquoi ? Elle n'en savait rien à vrai dire. Mais peut-être qu'elle l'avait trouvé étrange. Effectivement, cet homme manifestement saoul n'était pas très discret, et avait tendance à parler fort et à dire n'importe quoi. L'adolescente était donc loin d'être rassurée. Absorbée par cet inconnu qu'elle surveillait comme pour se protéger elle-même, Jessica ne vit même pas que quelqu'un s'était approché d'elle.

Soudainement, une voix se fit entendre. Une voix grave, sans doute celle d'un homme. La jeune fille sursauta. Son coeur battant à toute allure ne faisait que monter son angoisse au lieu de l'apaiser. Une fois de plus, Jessie avait baissé sa garde. Elle l'avait baissé en ne posant son regard que sur une seule personne dans la salle. Pourquoi est-ce qu'elle s'était laissée prendre au piège ainsi ? Elle aurait dû retenir la leçon. La prochaine fois, elle ne tomberait plus dans le panneau. Car Jessica le savait, personne n'était digne de confiance. Personne, quelles que soient les apparences. Cet homme manifestement saoul sur lequel elle avait posé son regard n'aurait pas dû monopoliser son attention. Maintenant, à cause de cet erreur, voilà qu'un inconnu s'était approché d'elle et lui parlait !
L'adolescente tourna rapidement la tête en direction de la voix. Effectivement, il s'agissait bien d'un homme, mais celui-là était vêtu d'une blouse blanche, ou quelque chose du genre. Sans doute était-ce un médecin.
Clignant des yeux comme pour mieux voir la personne qui s'adressait à elle, mais aussi et surtout parce qu'en raison de l'épuisement, il lui était sans doute difficile de garder les yeux bien ouverts, Jessie se recula légèrement bien au font de sa chaise avant de se déplacer sur le côté gauche où personne ne se trouvait.
A vrai dire, elle préférait prendre ses distances. Elle n'avait pas l'intention de s'enfuir. Pas tout de suite du moins. Néanmoins, elle se tenait sur ses gardes, et tenir une certaine distance entre elle et son interlocuteur était préférable. Après tout, l'homme était devenu un prédateur pour la jeune fille. On ne savait donc jamais...
Quoiqu'il en fut, Jessica ne répondit pas. Pas tout de suite. Elle ne savait trop quoi dire. Depuis deux mois qu'elle n'avait pas prononcé un seul mot ou presque, elle avait sans doute perdu l'habitude d'entendre sa propre voix. Et puis elle n'avait aucune envie de prononcer ne serait-ce qu'un mot pour répondre à cette question. A vrai dire, que pouvait-elle répondre ? Si elle avait besoin d'aide ? Sans doute. On ne pouvait pas dire que Jessie était entrée ici de son plein gré. Du moins, elle s'était retrouvée dans cet hôpital, comme si elle avait eu une absence durant tous ces jours. Comme si elle n'était plus dans son propre corps, qu'elle regardait tous ces évènements de loin. Seul son inconscient l'y avait mené. Alors oui, sans doute qu'elle avait besoin d'aide. Mais la jeune fille ne le dévoilerait certainement pas. Pas maintenant, pas tout de suite.

Le silence ne dura que quelques secondes puisque celui qui était certainement médecin vint s'accroupir devant Jessie. Cette dernière ne bougea plus. Où pouvait-elle aller de toute façon ? Enfin, il se présenta. Il était donc bel et bien médecin. Médecin-chirurgien pour être précis.
L'adolescente le fixa durant quelques secondes, hésitante, méfiante, et toujours paniquée.

Elle ouvrit la bouche pour parler. Mais à sa grande surprise, aucun son ne sortit. Etait-elle devenue muette ? Impossible ! Elle se racla la gorge, avant de retenter sa chance :

"Je..."

Ouf ! Voilà un premier mot qu'elle avait prononcer. Parler lui provoqua une sensation étrange. Elle était à vrai dire toute excitée de voir qu'elle pouvait prononcer quelques mots sans se faire punir. Mais en même temps, elle s'angoissa encore plus. Sa gorge se serra. Mais une force inconnue poussa l'adolescente à dévoiler son prénom.

"Jessica".

Se contenta-t-elle de répondre d'une voix tremblotante. Que devait-elle fait désormais ? Elle n'en avait aucune idée. Mais épuisée, elle ne s'enfuirait certainement pas. A moins qu'elle en soit obligée à nouveau. En attendant, elle restait là, les yeux fixés sur ce médecin qui portait le nom de Mike Davis.

Malgré la première question de Nolan, la petite semblait bien perdue. Elle semblait avoir peur. Elle était poursuivie ? On lui avait fait du mal ? Notre chirurgien osait espérer que non. Elle était encore une adolescente. Elle était censée avoir toute la vie devant elle. En tous les cas, la jeune brune avait l'air complètement meurtrie. Nolan essayait malgré tout de l'aider, même si cette dernière n'était pas décidée à lâcher un mot. C'était comme si elle le fuyait du regard. Enfin, ce fut lorsqu'il lui demanda d'une voix douce et rassurante son prénom, que l'adolescente articula une syllabe pour finalement le dévoiler. Jessica. Elle s'appelait Jessica.

« Bien Jessica. Tu veux bien que je t'oscultes ? Je ne vais pas te faire de mal. Je suis médecin. Comme tous mes collègues, nous ne te voulons que du bien. Viens. je vais t'installer sur quelque chose de plus confortable que cette chaise en plastique. Tu as l'air d'en avoir besoin. »

Il voulait la rassurer. Lui faire comprendre qu'il n'était là, que pour son bien. Il l'avait donc aidée, en passant un bras derrière son dos puis l'autre, derrière ses genoux pour la porter jusque son bureau. Après quoi, il l'avait délicatement posé sur sa table d'examens. Il avait ensuite poussé la porte, la laissant quelque peu entrouverte. Il s'était expliqué :

« Là. Je laisse la porte entrouverte, tu vois ? Je suis là pour toi. Ne crains rien. » Lui avait-il affirmé en souriant, avant de continuer : « Laisses-moi voir tes bras. Tu m'as l'air d'avoir des bleus dis-moi. Tu sais qui t'as fait ça ? »

Apparemment, la jeune fille refusait de le dire. Peut-être se doutait-elle de représailles dont elle avait peur ? Sûrement. Cela dit, notre homme continuait de la rassurer :

« Ne t'en fais pas. Personne ne te veux du mal, ici. Tu es en parfaite sécurité. Tu peux tout me dire. Si tu veux, je peux fermer la porte ? »

Peut-être voulait-elle un peu d'intimité. Dans un hôpital, ce souhait n'était pas négligeable. Allez savoir si elle allait oser répondre quelque chose.

[HRP : J'ai fait assez court pour laisser ton personnage réagir. Dis-moi si des choses ne vont pas, je les changerai. ]

"Nous ne voulons que du bien". Voilà une phrase qui résonna longuement dans la tête de Jessica. Le bien existait-il encore ? Elle avait terriblement du mal à y croire. D'ailleurs, elle avait perdu foi en l'être-humain, ou du moins en l'homme. Mais malgré tout, elle essayait de se persuader que la cause humaine n'était pas perdu, et que malgré les apparences et malgré l'horreur dans lequel elle était plongée depuis deux mois, il restait quelque chose de bien dans chaque être-humain.

Sa tête lui faisait terriblement souffrir. Sans doute que les blessures qu'elle avaient depuis plusieurs semaines ainsi que la fatigue, le froid et la faim y étaient pour quelque chose. Un mal de tête comme elle n'en avait jamais eu. Pourtant, ça n'était pas réellement ça qui la faisait souffrir. A vrai dire, elle se fichait pas mal de ses blessures, ou presque. Son mal-être était surtout psychologique maintenant. Arriverait-elle un jour à se remettre de tout ceci ? Elle en doutait fortement. D'autant qu'à cette seconde précise, aucune volonté ne semblait l'habiter. Elle avait comme abandonné depuis qu'elle était entrée dans cet hôpital. Du moins c'est ce qu'elle pensait à son propre sujet. Et pourtant, elle restait sur ses gardes.

Le regard un peu perdue bien qu'elle regardait ce médecin, Jessie ne bougea pas. Méfiante malgré tout, elle ne recula pas lorsque le docteur Mike Davis s'approcha d'elle, et ne rouspéta même pas lorsqu'il la souleva. Au contact de cet homme qui n'avait pas été brutal, la chair de poule s'empara d'elle. Non pas parce qu'elle avait plus froid encore, mais parce que la peur avait redoublé. Elle avait redoublé parce que l'adolescente craignait qu'on lui fasse du mal malgré les dires du médecin. Et pourtant, elle ne s'était pas enfuie. Peut-être qu'elle n'en avait plus la force. Ou peut-être qu'elle avait envie de croire, au plus profond d'elle-même, que cet homme disait vrai malgré la confiance qu'elle ne lui accordait point.

Finalement, Jessica fut amenée dans une salle. Une fois posée sur cette table d'examen, l'adolescente regarda de nouveau à droite, à gauche, puis devant elle. Et parfois même, elle se retournait rapidement. Comme pour s'assurer que personne ne la suivait. Méfiante, elle restait constamment sur ses gardes, et ceci n'était pas prêt de changer. Mais heureusement, le docteur Davis eu le bon sens et la gentillesse de laisser la porte entrouverte. Ceci apaisait quelque peu la jeune fille qui pensait qu'ainsi, il n'oserait peut-être pas lui faire de mal. Juste au cas où, il lui serait plus facile de s'enfuir avec une porte ouverte.
Et puis le sourire du médecin semblait sincère. Même si Jessie avait appris à ne pas se fier aux apparences et à ne pas croire n'importe qui, ce sourire apaisant la rassura quelque peu. Son coeur battait néanmoins toujours aussi vite, et il s'accéléra quelque peu lorsque l'homme en blouse blanche s'approcha d'elle à nouveau.
Effectivement, elle avait des bleus sur les bras. A vrai dire, elle en avait également un peu sur les jambes. Mais ceci n'était rien par rapport aux bleus qu'elle avait sur son ventre, et par rapport aux blessures en sang dans son dos. Des coups de ceinture et autres. Mais elle n'avait aucune envie d'en parler. Aussi ne répondit-elle pas lorsqu'il lui posa la question de savoir qui s'en était pris à elle.

Mais le médecin réitéra sa question, essayant de la rassurer d'abord. Puis aïe. Un petit faux pas qui paniqua la jeune fille.

"NON ! NON !!"

Hurla-t-elle. Non, elle ne voulait pas qu'il ferme la porte. Elle avait été séquestrée et n'avait aucune envie de se retrouver enfermée, même dans un autre endroit. Juste par précaution, par sécurité et pour se rassurer, elle préférait que la porte reste ouverte.
Elle s'agita alors, se leva rapidement de la table d'examen. Mais dans la panique, elle trébucha dans la salle. Et alors qu'elle se retrouva à terre, elle réalisa qu'elle s'était peut-être énervée pour rien. En fait, elle ne savait pas. Elle ne savait plus gérer ses émotions, ni même ses actes. Pourtant, elle ne pleurait pas. Elle ne pleurait pas peut-être parce qu'elle n'en avait même plus la force, ou peut-être qu'elle avait déjà tellement verser de larmes qu'aucune ne pouvait plus se montrer désormais.

"Non".

Se contenta-t-elle de reprendre en montrant la porte une fois relevée maladroitement, mais plus calme. Avait-il compris qu'elle parlait de la porte, et qu'elle ne voulait pas qu'elle soit fermée ? Il fallait l'espérer. Car sinon, peut-être que la jeune fille s'agiterait de nouveau, ou même tenterait de prendre la fuite, ce qu'elle n'avait pourtant aucune envie de réitérer. Mais voilà. Si elle se sentait obligée, elle courrait à nouveau, quelque soit le prix à payer.

Finalement, elle retourna s’asseoir sur la table d'examen, attendant. Elle n'avait pas envie de raconter ce qui lui était arrivé. S'il voulait la soigner, d'accord. Du moins, il pouvait essayer car sans doute qu'à un certain stade, Jessie refuserait de se faire soigner par un homme. Mais à l'instant, elle n'avait aucune envie de parler de tout ceci. Elle espérait pouvoir oublier en se taisant à vrai dire. Et puis elle essayait encore de se persuader que tout ceci n'était qu'un cauchemar. En parler lui rappellerait certainement qu'elle avait bien vécu toute cette horreur.



[HRP : non, ça me va très bien, c'est super ! Pareil pour toi, si quelque chose ne te va pas, n'hésite pas à le dire ]

« Ne vouloir que du bien à ses patients. » Voilà une notion bien étrange, lorsque l'on connaissait Nolan par coeur. En fait, s'il était devenu psychopathe, c'était bien malgré lui. En effet, si son père n'avait pas agi de la sorte, s'il n'avait jamais bu autant, rien de tout cela ne serait arrivé. Et à l'heure d'aujourd'hui, ses parents seraient sûrement encore en vie. Il aurait pu retourner sur Miami de temps à autre. Mais ce qui était fait, était fait. Bien que ses crimes dataient de 2005 là-bas, Nolan était recherché à travers toute la Floride. Effectivement, tuer son père et ses voisins de sang-froid, ça ne passait pas pour quelque chose d'anodin. Heureusement pour lui, il avait pu repasser la frontière sans problème, sans compter qu'il habitait déjà Quantico, à ce moment-là.

Bref, Nolan ne considérait pas n'importe qui, directement comme une victime à se mettre sous la dent. Jessica par exemple, avait apparemment bien trop souffert. Et d'ailleurs, ça lui faisait mal au coeur. Comme quoi, l'âme de notre homme n'était pas encore tout à fait éteinte. Des gens comme Nika, Marilyn, Nathaniel, ou encore Aleksandra et bien d'autre vous le diront. C'est vous dire ! Même des agents aux FBI - bien qu'ils n'était pas encore au courant pour sa vraie identité - lui faisaient et lui font encore confiance. Natasha Williams par exemple. Qui le connait - comme Jessie - sous le nom de Mike Davis. Ce chirurgien tant reconnu et respecté de tous. Juliette Riley, apprentie profiler aussi. Une baby-sitter qu'il affectionne tout particulièrement, notamment pour toute l'aide qu'elle lui apporte. Dans le fond - et Nika sera la première à le dire - Nolan est un homme bon. Tourmenté, déluré, un peu dangereux sur les bords ... Mais bon.

Pris par cet élan de générosité, il avait donc voulu faire plus ample connaissance avec Jessica. Qui plus est, il lui avait même proposé de l'osculter. Elle semblait pas vraiment rétissante, mais elle ne disait rien surtout. Du coup, quand Nolan l'avait soulevée délicatement, il s'était rendu compte de son poids plume. La jeune fille devait avoir très faim et n'avait pas vraiment dû mangé, durant les derniers jours. Où était-elle donc ? Notre chirurgien se le demandait. Il l'avait donc envoyé jusqu'à son bureau, pas très loin et l'avait délicatement déposé sur sa table d'examen, en poussant quelque peu la porte. Juste histoire d'avoir un peu d'intimité pour la demoiselle, le temps de l'examen. Peut-être ne voulait-elle pas que l'on puisse la voir ? Seulement voilà, la jeune brune eu un reflexe inattendu. Elle avait crié un « Non ». Elle ne voulait pas fermer la porte. Elle s'était même tellement agitée, prise de peur, qu'elle avait trébuchée. Nolan l'avait aidée à se relever puis l'avait réinstallée.

« Là. Ce n'est rien. Calmes-toi. Je vais la laisser grande ouverte. Je pensais juste que tu voulais un petit peu d'intimité, le temps que je t'examines. C'est tout. » Lui avait-il expliqué sur un ton doux et rassurant, tel un chuchotement, en souriant légèrement.

Il alla donc rouvrir complètement la porte, avant de se rediriger vers elle pour continuer :

« Alors Jessica ... Tu peux enlever ton t-shirt et te tourner ? Je vais prendre ta respiration. Surtout, détends toi. »

Il osait espérer qu'elle le fasse. Nolan n'avait jamais violé personne. Et ce n'était pas avec elle que ça allait commencer.

Contre toute attente, l'homme à la blouse blanche n'était pas allé contre la volonté de Jessie. Au contraire. Gentil, il l'avait même aidé à se relever afin que celle-ci puisse de nouveau s'asseoir sur la table d'examen. Mike Davis aurait pu décider de ne pas écouter l'adolescente. Pourtant, il avait rouvert la porte.
Face à cette réaction, la jeune fille ne pouvait tout de même penser éternellement que le médecin était un homme mauvais. Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de rester sur ses gardes, méfiantes. De temps à autre, ses yeux se baladaient rapidement dans la pièce, comme pour voir que personne n'approchait. C'était ridicule. Mais elle ne pouvait s'en empêcher, c'était comme un réflexe.

L'adolescente se racla la gorge. Elle devait réussir à se contrôler. Elle prit une grande inspiration, comme pour se calmer. Pourtant, son coeur battait toujours aussi vite. Mais au moins, elle tentait de reprendre ses esprits et de se contrôler. Heureusement, la voix douce du médecin l'aidait quelque peu à s'apaiser.

Mais voilà que les battements de son coeur s'accélérèrent de nouveau. Se retourner ? Si elle le faisait, elle ne pourrait plus épier le médecin par méfiance comme elle le faisait avec tout le monde puisqu'elle lui tournerait le dos. Pire encore, il lui demandait d'enlever son T-shirt !
Tout se bousculait dans la tête de la jeune fille. Que faire ? Elle n'en savait rien. Sa mère avait fait confiance en un homme il y avait de ça deux mois, et voilà où ceci les avait mené. Susan Clouds avait été assassinée, et Jessie, elle, avait eu sans doute pire : elle était restée tout ce temps enfermée, maltraitée.
Aussi hésitait-elle avant de faire confiance en cet homme, et donc d'enlever son T-shirt. Elle n'avait de plus aucune envie de se dévoiler.
Elle hésita longuement, pesa le pour et le contre. Beaucoup de contre à vrai dire. Elle décida donc de se retourner, mais n'enleva pas son T-shirt. Du moins pas complètement. Elle se contenta de le remonter un petit peu à l'arrière. Elle le tenait par les mains. Après tout, ceci était un début, et espérons que le docteur Davis s'en contenterait, même si ceci ne lui permettait pas encore de voir le dos de Jessie. Car pour le moment, celle-ci n'avait aucune envie d'enlever son T-shirt. En effet, la peur était encore bien présente malgré les mots rassurants du médecin.
Elle soupira.

Et alors qu'elle était examinée, sans doute que le médecin écoutait sa respiration, Jessie regardait parfois par-dessus son épaule, comme pour surveiller Mike Davis. Puis son regard se tournait en direction de la porte parfois, comme pour s'assurer que celle-ci était toujours ouverte. Méfiante, elle se tenait prête à s'enfuir au moindre risque. Elle l'avait déjà fait, et désormais elle savait qu'elle pourrait recommencer malgré la fatigue.

"Bon d'accord"...

Ajouta-t-elle d'une voix presque inaudible, comme si elle ne se parlait qu'à elle-même.
Contre toute attente, l'adolescente décida d'ôter entièrement son T-shirt, ce qu'elle fit. Le médecin n'avait pourtant pas insisté. Mais la porte étant ouverte, les passages dans le couloir se faisant donc nombreux, la jeune fille trouva ridicule d'avoir peur. Bien sûr, elle avait peur, elle ne pouvait s'en empêcher. Néanmoins, elle décida (ou plutôt son inconscient le fit certainement à sa place) d'enlever son haut. Après tout, elle avait également des sous-vêtements, et n'était donc pas entièrement nue même si elle se sentait gênée.

Son T-shirt enlevé, les blessures de la jeune fille étaient maintenant nettement plus visibles. Il ne s'agissait plus de simples bleus, ceux qu'elle avait sur ses bras, mais de véritables marques encore en sang qui inondaient son dos. Certaines étaient plus ou moins en croûtes, mais elles n'avaient jamais eu le temps de cicatriser puisque l'adolescente était à chaque fois battue par dessus. Elle avait également dû s'accrocher aux brandes des arbres en courant dans le bois pour fuir, puisque certaines blessures étaient de nouveau en sang. Tout ceci n'était donc pas très beau à voir.
De plus, des bleus immenses avaient envahi le ventre de la jeune demoiselle. Ceux-ci étaient également le résultat des diverses maltraitances qu'elle avait subi. A vrai dire, quand l'homme tapait, il ne faisait pas attention à ménager la jeune fille. Il tapait, se défoulait, point barre.

Honteuse, l'adolescente posa donc son T-shirt à côté d'elle, et resserra son poing droit sur celui-ci, comme pour le garder près d'elle, juste au cas où. Mais au moins, l'examen serait peut-être facilité par ce geste. Que l'on ne s'y méprenne néanmoins pas, Jessica restait méfiante. Elle avait ôté son T-shirt, mais pas sa garde...

Suite à la demande de Nolan, la jeune fille avait été rétissante. Elle hésitait. Elle n'avait pas l'air de le vouloir au début. Enlever son t-shirt ? Alors que la pauvre demoiselle avait été largement abusée depuis plusieurs mois ? Autant vous dire que Jessie était très méfiante. Et le chirurgien l'avait remarqué. Elle avait peur. Elle ne pouvait s'empêcher de se retourner, juste histoire de vérifier que la porte se trouvait toujours ouverte. Elle ne voulait pas revivre une fois de plus, ces maltraitances qui l'avait meurtrie totalement. Elle voulait échapper à tout cela, retrouver sa liberté. D'une voix douce et rassurante, Nolan - ou plutôt Mike - lui assurait le fait qu'elle pouvait lui faire confiance. Au bout de quelques instants, d'une voix presque inaudible, Jessica avait finalement cédé. Elle avait enlevé son t-shirt. Cependant, elle gardait son poing renfermé dessus. À la moindre occasion, elle allait s'enfuir et le ré-enfiler. Mais pour le moment, elle n'avait pas de raison de s'inquiéter.

Elle était méfiante, et quelque part, elle avait raison. Quoique si Nolan la tuait ; d'une, la porte était ouverte ; et de deux, il perdrait alors toute sa crédibilité en tant que médecin-chirurgien et une sa fausse identité, qui lui avait permis d'accéder à tout jusque-là. Sa nouvelle vie, la garde d'Aleksandra, son nouveau métier, l'achat de la villa, de sa moto ... Tout. C'était donc vraiment idiot de tout gâcher avec un simple meurtre. Sans compter que, mine de rien, Nolan avait une âme. Tuer lui procurait du plaisir, certes. Mais il le faisait aussi et surtout par principe. Il ne tuait ou agressait que les personnes qui lui faisait de l'ombre. Par exemple, la prochaine vicitime de sa liste, c'était Amanda Keller. Une journaliste crapuleuse qui avait osé se mettre Nika à dos et lui mettre des bâtons dans les roues. Une vraie garce aux yeux de Nolan, qui méritait correction. Cela dit, il allait attendre pour le moment. Il était encore inconnu en Virginie, bien que son dossier en Floride, allait forcément faire le tour de plusieurs États.

« C'est bien, Jessie. Restes tranquille. Inspire et expire maintenant ... Pronfondémment. Tu verras ça va te détendre et en plus, ça va t'aider. » Lui avait-il affirmé, tout aussi calmement.

La jeune fille n'avait plus qu'à s'y mettre. Ça allait peut-être être difficile, mais elle allait certainement y arriver.

[HRP : Je l'ai fait court celui-ci aussi, puisque je n'aime pas trop interagir sur les perso's qui ne sont pas les miens. Dis-moi si je peux le faire dans le prochain, au pire. Je préfère avoir ton autorisation, avant ]