Tirée du lit brutalement, à six heures trente, Ashley avait grogné : pourquoi son réveil faisait-il ce son strident ? C’était un peu le principe, aussi. Courageusement, elle avait quitté les couettes chaudes de son lit pour aller déjeuner. Bien qu’elle n’avait pas faim. Mauvaise habitude qu’elle avait prise à son adolescence. Ne pas manger le matin. Maintenant son corps c’était habitué et ne réclamait même plus de nourriture. Selon sa mère, c’était mal, elle allait finir anorexique, et après qu’elle ne s’étonne pas qu’elle n’ait plus d’amis et… Mais c’était sa mère. Et elle était loin d’être anorexique ! De plus, aujourd’hui, c’était son deuxième jour, et elle allait enfin découvrir l’agent qui aurait sa charge. Elle priait silencieusement pour que ça soit quelqu’un de bien : pas comme Morgan ! Pas qu’elle ne faisait pas confiance au jeune homme, mais plutôt qu’elle avait peur de ne pas assez apprendre, que ça soit trop de la rigolade. Elle serait beaucoup plus rassurée si c’était l’agent Prentiss ou le Docteur Reid. Bien que ce dernier soit peut-être un peu trop génie pour elle. Bien qu’elle se sentait de bonne humeur et fraîche, la boule qu’elle avait au creux de la gorge lui disait le contraire. Elle finit par simplement saisir une barre de céréales pour déjeuner, maigre repas mais amplement suffisant pour la jeune femme. Enfilant un pantalon noir et une chemise, elle avait pris la peine de se brosser les cheveux, et de mettre un touche de gloss cerise ainsi qu’un peu de fond de teint. S’admirant dans la glace, elle hocha la tête : c’était rare qu’elle s’habille aussi bien et se maquille « autant », mais c’était pour faire bonne impression. Saisissant des hauts-talons noirs et une veste, de la même couleur que ses chaussures, elle sortit enfin de son loft. Sept heures vingt. Avec un rapide calcul, elle devina qu’il lui fallait plus ou moins, à pieds, vingt-cinq minutes pour arriver au FBI, ce qui lui laissait une marge de plus ou moins dix minutes. Flânant dans les rues qui se réveillaient, elle regarda les visages crispés des gens qui se bousculaient. Ils devaient certainement travailler au même endroit qu’elle. Se rendant soudainement compte qu’il n’y avait rien à faire ici en cette heure si matinale, elle soupira. S’ennuyant, elle prit déjà la route vers le bureau. Certains la diront masochiste. Ses talons claquaient contre le bétons et elle se concentra sur les bruits de la vie de tous les jours : klaxons, paroles, voitures. Le bruit du café qui tangue dans le gobelet de quelqu’un. Les chaussures qui claquent. Les injures de certains automobilistes. Alors qu’elle apercevait les bâtiments du FBI, elle percuta quelqu’un qui, visiblement renversa son café. En l’entendant s’excuser, ses joues prirent une teinte rouge. Elle détestait être remarquée ! Avec sa petite taille en plus, malgré les talons, elle n’était jamais de taille contre la personne qui lui faisait face. Mis à part Natasha qui elle aussi était… petite. Elle se demandait même si elle n’était pas un peu plus grande qu’elle. L’homme qu’elle avait bousculé dans avoir passé la barre des trente-cinq ans, et avec son journal à la main et son café à terre, il se fondait parfaitement dans la masse. Se rendant compte qu’elle n’ajoutait rien et qu’elle commençait un début de profil, bien qu’il se soit à peine excusé, elle ouvrit la bouche, pour répondre, et entre deux gestes, remit une de ses mèches d’or derrière son oreille.

- Oh, euh… Ce n’est pas grave. C’est de ma faute, je crois. Vous ne vous êtes pas fait mal ?

Puis, alors qu’elle vérifia qu’il ne se tenait pas quelques part, elle remarqua le café au sol. Relevant ses yeux bleus vers lui, elle reprit :

- Je suis désolée pour votre café…

A sa voix, on aurait dit qu’elle réconfortait la famille d’un décédé. Son travail, sans doute. Lui tendant une main qu’elle voulait enthousiaste, un sourire étira ses lèvres cerise et elle semblait déjà avoir oublié l’incident. Certainement pour rassurer l’homme que ce n’était pas grave, ou alors, pour se rassurer elle-même. Des fois, elle se détestait, avec sa maladresse… Et sa timidité, par-dessus le marché.

- Ashley Seaver !

Ses joues prirent une teinte rouge en entendant la première remarque de Thomas. Elle entendait rarement des compliments de quelqu’un, surtout pas de quelqu’un de la gente masculine. Généralement, les seuls « Que tu es jolie ! », elle les recevait de sa mère. Bien que son père aurait bien du mal de lui dire des compliments. Ses poings se fermèrent par automatisme. Quand elle pensait à son père, elle avait envie de frapper dans un mur. Au début, elle laissait libre court à ses pulsions, mais un jour elle s’est cassé la main et depuis elle ne le faisait plus. Par contre, quand elle cassait tout, elle ne faisait pas de cauchemars… Tandis que maintenant, presque chaque nuit, elle se réveillait en proie à de violents tremblements et des sueurs froides. Bien qu’elle arrivait souvent à se rendormir, c’était avec peine. Elle ne voulait plus en entendre parler, de son père. Il n’existait plus. Il était rayé de sa vie, et elle parle de lui comme s’il n’a jamais existé. Mes les souvenirs sont présents. Ils vous rongent, vous déchirent, vous étouffent de l’intérieur.

- Ne vous inquiétez pas, ça fait toujours plaisir.

Un sourire éclaira son visage et masque presque ses yeux vitreux perdu dans ses souvenirs. Elle plongea ses yeux métalliques dans les siens, comme si elle pouvait lire au fond de lui, ce qui n’était pas le cas.

- Sans paraître indiscrète, où travaillez-vous ?

Sa nature curieuse et sans-gêne refaisait surface. Avant ce qu’il s’était passé avec son géniteur, elle était sage, gentille, studieuse et après elle avait carrément pété les plombs : elle s’habillait en noir, frappait tout ce qu’elle voyait. C’est de là que ses deux traits de caractères venaient. En entendant la proposition de Hall, elle jeta un regard à sa montre noire : il lui restait du temps avant de commencer. Acquiesçant alors à l’attention de l’homme, elle plongea sa main dans sa poche et lui sourit.

- Pourquoi pas ? Je ne commence que dans vingt bonnes minutes…

- Avid Technology… Je connais juste de nom, pour être franche. Enfin, vous vous plaisez à votre travail ?

Ses joues s’empourprèrent en se rendant compte que sa question était peut-être un peu déplacée. S’il n’aimait pas son travail, il allait quand même lui répondre « Oui bien sûr ; il est génial ». Rare était les gens qui répondaient franchement à cette question si la réponse était négative. Passant sa main dans ses cheveux par automatisme, un sourire se dessina sur son visage.

- Si ce n’est pas trop indiscret… Je suis vraiment trop curieuse.

Quand il lui ouvrit la porte et la laisse entrer, ses joues devinrent à nouveau vermeille. Les hommes galants, elle aimait ça, bien sûr… Comme toutes les filles. D’ailleurs, pourquoi restait-elle si… Interdite face à la gente masculine ? Depuis son père, rare était ceux en qui elle avait su faire confiance, de peur qu’il se passe « la recherche du père ». Donc elle se méfiait. Tous les psychopathes qu’elle traquait, elle ne pouvait s’empêcher de se dire : et si elle en était tombée amoureuse, en le croisant dans la rue ? Et si ? Elle savait que les « Et si » ne menaient à rien. Ils ne faisaient avancer personne. Cependant… Se tournant alors vers Thomas, elle le scruta. Ressemblait-il à un sociopathe ? Non pas vraiment. Elle souffla un « Merci » en réponse à son acte galant et s’engouffra dans le Starbuck. L’odeur des pâtisseries et boissons chaudes lui virent l’effet d’un remontant, elle se sentit bien mieux. Devant la serveuse, elle demanda un simple café, noir, sans sucre. Elle trouvait ça bien meilleur. Répondant ensuite à la question de sa nouvelle connaissance, un sourire jusqu’au oreilles, fière de pouvoir enfin dire un endroit digne de ce nom :

- Au Département des Sciences du Comportement du FBI… J’étudie les criminels, je fais leurs profils. Enfin, je ne suis qu’une apprentie pour l’instant… Mais je compte bien faire mes preuves... Même s'il faut y aller par la force !

Un léger rire lui échappa. En voyant l’air surpris de Thomas, elle ajouta :

- Mais si ! Vous devez connaître ! Je suis dans l’équipe du célèbre Aaron Hotchner… Et David Rossi… Non ?

[ HS : Désolée encore pour le temps de réponse ><' ]