Ce fut les « bip, bip » régulier de son réveil qui tirèrent Natasha Williams, jeune agent du FBI, de son sommeil sans rêve. Dans un geste aussi lourd que lent, elle sortit un bras hors de sa grosse couverture et tâta sur sa table de nuit afin de trouver l'objet qui l'empêchait de rester dans son lit et l'éteint. Elle se servit ensuite de sa main pour masquer, en vain, le rayon de soleil qui filtrait à travers les rideaux et en profita du peu d'ombre que ça lui procurait pour ouvrir les yeux. D'un coup de pied, elle retira sa couverture, un vent frais vint caresser son corps et un frisson la parcourut. Lentement, elle posa ses pieds sur le sol et se leva tout en s'étirant jusqu'à faire craquer les os de son dos. Entendant du bruit dans la salle de bains, elle en déduit qu'Abigail devait déjà être levée et qu'il devait en être de même pour Allison. Elle se rendit dans la cuisine, ses longs cheveux bouclés pas encore coiffés allant un peu dans tous les sens, elle passa machinalement une main dans sa chevelure et après avoir esquissé un petit sourire à sa meilleure amie, elle s'assit sur le tabouret près de lévier, posa ses pieds sur le repose-pieds et acquiesça à la question d'Abby.

Comme un bébé. Peut-être même trop bien dormit, j'ai peur de ne pas réussir à bosser aujourd'hui.

Un éclat de joie s'alluma dans son regard lorsque ses yeux de posèrent sur sa tasse déjà pleine de café. Elle descendit du tabouret, attrapa sa tasse et déposa un baiser sur la joue de sa colocataire ; Abigail savait comment Natasha aimait son café et pensait toujours à lui faire une tasse. Il n'était d'ailleurs pas rare qu'elle en trouve une posée sur la table le soir lorsqu'elle rentrait, même s'il était parfois près de minuit.

Merci Abby pour le café, t'es décidément la meilleure.

Elle avala une gorgée de café, regarda par la fenêtre et regretta d'être déjà en hiver ; il neigeait peu à Washington DC, mais lorsqu'il neigeait, c'était bien souvent de véritables tempêtes, dignes d'un téléfilm catastrophe comme « Cyclone : tempête de catégorie 6 ». Bien que, pour l'heure, elle n'avait pas à se plaindre, ce n'étaient que quelques flocons qui tombaient et ils fondaient assez rapidement.

Et toi ? Bien dormit ?

Natasha arqua un sourcil ; elle toujours dormir comme un bébé ? Oui... Si on oubliait la semaine du 21 au 29 Juillet où, chaque nuit, de terribles cauchemars venaient la hanter, ou encore lorsque son portable la réveillait de force pour l'obliger à aller enquêter sur un nouveau dossier. Dur dur la vie d'un agent fédéral. Néanmoins, bien qu'Abigail la fasse passer pour une flemmarde invétérée - ce qu'elle était, bien évidemment ! Chaque rumeur était fondée - Natasha avait le sommeil plutôt léger et ne dormait que sur une oreille, ce qui la contraignait à se réveiller au moindre petit bruit inhabituel ce qui était plutôt désagréable. Les inconvénients d'être insomniaque et de boire trop de café ! La jeune femme eut à peine le temps de saluer Allison tant la jeune fille était passée en coup de vent. Elle avala une longue rasade de sa boisson préférée et laissa le liquide encore chaud lui réchauffer la gorge.

Je profite de la chaleur que me procure mes couvertures, voilà pourquoi je me lève plus tard. Sauf bien sûr lorsque le Bureau m'appelle pour une urgence, que je ne dors pas à la maison ou que l'enquête est trop importante pour que je prenne tout simplement le temps de dormir...

Un véritable sourire étira ses lèvres et voyant qu'Allison revenait, prête pour aller à l'école, Natasha se dépêcha de terminer sa tasse de café.

Tu es malade ? s'inquiéta-t-elle en observant attentivement son amie.

Aurais-tu oublié, ma chère Abigail, que j'ai une arme sur moi ? Et que je sais très bien m'en servir ? Très bien même, si tu veux plus de précision. T'as de la chance que je doive aller bosser, moi.

Elle insista bien lourdement sur le dernier mot et, un sourire illuminant son visage elle se rendit dans la salle de bains pour s'habiller à son tour. Un chemisier blanc qui épousait avec harmonie sa fine silhouette, un pantalon tailleur noir, et une veste qui s'accordait au tout. Avec son métier, elle avait appris à ne plus mettre de jeans (à son plus grand malheur, elle qui adorait !) ce qui n'était vraiment pas pratique pour courire. Néanmoins, là, elle serait dans les bureaux, à remplir divers dossiers, mais elle s'était mise à apprécier cette tenue. Comme chaque jour, elle ne prit pas la peine de se maquiller - du moins, un simple touche de gloss et un rapide coup de crayon sous ses deux perles grises, assez pour les mettre en valeur, mais pas trop pour que ce ne soit pas trop voyant - un agent du FBI n'avait pas vraiment que ça à faire, se maquiller. Elle ressortit de la salle de bains et, alors qu'elle enfilait ses chaussures à talons, elle scruta sa meilleure amie.

Si ça ne va pas, tu rentres, d'accord ? Tu m'appelles et j'irai chercher Allison ce soir. Je ne suis pas sûre d'être là cette nuit ; on n'avance pas sur l'enquête.

Une fois les chaussuses mises, elle se dirigea vers son amie et l'embrassa sur le front avant de faire de même avec sa filleule.

Bonne journée à toutes les deux.

Levant la main droite et croisant son majeur avec son indexe, elle adressa un clin d'oeil en direction de son amie de toujours. Elles se connaissaient depuis leur plus tendre enfance, avaient grandies ensemble, tant et si bien que beaucoup les prenaient pour des soeurs. Et comme elles ressemblaient physiquement, certains pensaient même qu'il s'agissait de deux soeurs ! Ce qui était étrange, c'était leur façon de rester enfants en présence de l'autre ; toutes deux pouvaient faire preuve de beaucoup de sérieux, mais bien souvenant, si l'autre étaient dans les parages, elles redevenaient les enfants qu'elles avaient étées.

Tu vas être prise ; qui résisterai à ta petite tête angélique aux cornes démoniaques et à tes petits yeux de chiens battus ? plaisanta Natasha. Et oui, je ferais attention t'en fais pas... Je suis Tasha quoi ! ajouta-t-elle après une pause de quelques secondes.

Elle attrapa habilement sa veste, l'enfila en moins de temps qu'il en faut pour le dire, vérifia qu'elle avait son arme et sa plaque et à l'instant même où elle allait passer la porte d'entrée, Abigail la rappela, l'obligea à jouer les contorsionniste pour pouvoir la voir.

Je n'y manquerai pas. Et toi, détends-toi un maximum, je peux très bien faire le ménage plus tard, il faut que tu te reposes un maximum.

Un rire s'échappa des lèvres de Natasha, un petit rire cristallin avec une sonnorité enfantine. Abigail savait pertinemment que jamais elle ne lui ferait aucun mal, au contraire ; la jeune femme blonde du FBI avait tendance à être un peu surprotectrice, surtout en ce qui concernait son amie d'enfance qu'elle considérait comme une soeur. Elles passaient leur temps à se taquiner, cherchant à avoir le dernier mot, sans jamais créer de disputes, et toujours sous l'oeil amusé d'Allison. Elle leva les yeux au ciel en voyant que son amie insistait ; elle était incorrigible ! Ca ne servait à rien d'essayer de négocier, Abigail était trop têtue pour entendre raison. Natasha pensait parfois qu'elle allait finir par l'attacher à une chaise pour qu'elle arrête de bouger !

D'accod, j'abandonne ! Tu gagnes.

Ce que Natasha ne disait pas à sa meilleure amie, c'était qu'elle se doutait que ce n'était pas une simple indigestion ; elles se connaissaient trop pour se mentir l'une à l'autre, mais l'agent du FBI avait trop de respect pour sa colocataire pour le lui faire remarquer et préférait attendre que son amie se décide à lui avouer la véritable raison plutôt que d'essayer de lui tirer les vers du nez.