Ashley rageait. Littéralement, elle était en colère. La veille, alors qu’elle remplissait ses dossiers comme une bonne agent docile, avait reçu un coup de fil de sa mère. Cette dernière disait ne pas assez la voir. Et évidemment, avec son tact habituel, elle avait dit avoir congé le lendemain - quelque chose avec ses supérieurs, mais elle ne savait trop quoi. Mais elle comptait profiter de cette journée de congé pour se remettre en ordre dans ses dossiers ou réviser, et pas aller voir sa mère à Washington. Surtout que la route serait longue : on serait un vendredi, un vendredi ensoleillé ce qui voudrait dire qu’il y aurait du trafic pour les gens qui allaient en vacances. En weekend. Sa mère avait alors explosé, lui disant qu’elle se préférait à sa mère qui l’avait élevée de ses propres mains, et tout le blabla habituel. Elle avait tenté tant bien que mal de lui dire qu’elle était désolée - chose vraie - mais la furie n’avait rien voulu entendre et lui avait raccroché au nez. Et ses tentatives pour la rappeler était vaine ; elle semblait réellement en colère cette fois. Ce qui était étrange de sa part. Généralement, leurs « disputes » duraient maximum deux heures. Elle espéra que tout allait bien chez elle et s’en voulut tout de suite de ne pas être allée. Mais ça l’avait mise de mauvaise humeur et même le café ne la calmait pas. Et ce matin, vers six heures, son téléphone avait résonné, c’était sa mère. Elle s’était empressée de décrocher, commençant à s’excuser, lui disant que s’il fallait elle partirait tout de suite, mais sa génitrice lui avait dit sur le ton le plus froid qu’elle n’ait jamais entendu que ce qui était fait était fait et que si elle préférait son boulot à elle, c’était son choix. Cette phrase avait mis la jeune femme dans une colère noire au point qu’elle envoie son téléphone contre le mur de sa chambre et celui-ci se brisa. Elle se mettait rarement dans une colère noire, mais quand ça arrivait, il valait mieux la laisser. Donc le résultat, elle broyait du noir, et n’avait plus de téléphone. Heureusement que la carte Sim était intacte ! Elle trouverait bien un téléphone d’occasion en attendant de s’en racheter un digne de ce nom. Elle était en plus, levée depuis six heures du matin. Elle avait sauté dans des vêtements, avalé un bol de céréales, attrapé un livre et son sac avant de foncer sur le parc. C’était le seul endroit qui pouvait la calmer maintenant et donc, depuis sept heures, elle était assise à la même place en lisant. Elle lisait vite, mais son livre était assez épais ce qui lui mis du temps.
Elle ne se rendit compte qu’il était tard lorsque quelqu’un l’interpella et qu’elle vit que le parc était déjà bien rempli. Mais ses yeux océan se posèrent sur la personne en question. Son visage la frappa en plein fouet et elle coupa sa respiration. Edward Cooper. Cet homme qu’elle aimait plus que tout et en qui sa confiance était absolue. Sans y faire vraiment attention, elle lâcha son livre, et lui sauta à la gorge, enroulant ses deux bras fins autour de son cou, plongeant son visage au creux de sa nuque. Ça avait été un réflexe car à l’Université, elle avait pris l’habitude de le serrer dans ses bras ou lui prendre la main sans raison apparente. C’est littéralement toute sa jeunesse qui la prit à la gorge en le sentant contre elle. Détail qu’elle avait négligé, c’était qu’il était grand et elle pas tant que ça, elle était donc sur la pointe des pieds. Un instant elle crut même qu’elle se soulevait de terre. Elle sentit les larmes brouiller sa vie mais les ravala avec courage, toujours nichée contre son ami. Elle finit par se décoller de lui, exerçant toujours une emprise sur ses bras.

- Edward ! Oh mon Dieu ! dit-elle, en posant ses mains sur sa bouche.

Son vieil ami, son frère de cœur. Le seul qui savait vraiment réveiller des sentiments étranges chez elle.