Assise derrière son bureau, les paroles de son supérieur tournant encore et encore dans son esprit comme une chanson dont elle ne parviendrait pas à se passer, pianotant du bout des doigts un air de la comédie musicale française « Mozart l'Opéra Rock », secouant frénétiquement sa jambe, une de ses longues mèches blondes enroulée autour de son index, l'agent spécial du FBI Natasha Williams était plongée dans une profonde réflexion ; appelle, n'appelle pas. Ce n'était pas qu'elle n'acceptait pas l'idée de recevoir de l'aide, au contraire, sa collègue, Ashley Seaver et elle n'attendaient que ça, juste qu'elle n'osait pas composer le numéro qui faisait jaillir en elle tout un tas de souvenirs dont elle se serait bien passer. Elle poussa un soupire, arracha son index à ses cheveux, et, lentement, comme si elle craignait de se brûler, elle tendit la main vers le téléphone, mais, alors que ses doigts allaient se refermer sur le combiné, elle la laissa brutalement tomber sur le bureau, faisant relever quelques têtes vers elle au passage. Ne se pré-occupant aucunement de leurs soupires exaspérés, elle arrêta de panioter sur son bureau et, poussant avec ses mains, elle recula sa chaise avant de se lever pour ensuite se diriger vers la cafetière. Elle sembla hésiter un court instant puis se servit une tasse de son précieux nectar et en avala une gorgée. Comme si la caféine lui avait donné du courage, la jeune femme blonde retourna près de son bureau et attrapa le téléphone. Elle ne fit rien de plus, restant debout, à côté de son bureau, le combiné téléphonique dans la main gauche, la tasse de café dans l'autre.

C'était l'appeler, ou abandonner l'enquête. Leur supérieur avait été clair ; Ashley et elle avaient 24 heures pour trouver une piste de n'importe quelle façon qui soit. Passé ce délai, il les désaissirait l'affaire, et leur attribuerait un nouveau dossier. Sauf que ni l'agent Seaver, ni l'agent Williams ne voulait laisser tomber cette série de meurtres. Et Natasha avait assuré à sa collègue qu'elle s'occuperait de demander de l'aide, elle n'allait tout de même pas aller la voir et lui dire que, finalement, elle préférait lâcher l'enquête parce qu'elle était trop intimidée et effrayée pour renouer avec une figure de son passé. Déterminée, elle posa sa tasse dans un coin de son bureau et fit glisser jusqu'à elle la carte de visite cartonnée. D'une main tremblante, elle composa le numéro et colla le combiné à son oreille, appréhendant les premières sonneries. Son regard de métal se posa sur la carte de visite qu'elle attrapa du bout des doigts et caressa des yeux le nom qui y était inscrit. Nom qui, pendant longtemps, rendait ses joues rosées et faisait faire à son coeur des bonds immenses. D'ailleurs, aujourd'hui encore ; elle tentait de conserver son calme et de faire reprendre à son rythme cardiaque une vitesse normale. Elle s'assit sur son bureau, laissant ses jambes flotter à quelques centimètres du sol. Elle prenait une grande inspiration et regarda une dernière fois le nom de l'homme qu'elle appelait. Aaron Hotchner.

C'était en début d'après midi qu'Aaron reçut ce coup de téléphone. Il avait passé toute la matinée dans le bureau de l'agent Jennifer Jareau à l'aider à trier les nombreux dossiers qui ornaient son bureau. Quelques fois il l'aidait à choisir une affaire parmi tant d'autres. Cette tâche s'avérait compliqué, ils choisissaient souvent les affaires où les meurtres se succédaient à juste 1 ou 2 jours d'intervalle, ou alors les affaires impliquant les tueurs de masse. Les heures passaient et les dossiers diminuaient, les deux agents notaient leur analyse sur certain dossier et ensuite ils allaient les envoyer au bureau de la police, sur d'autres dossiers, Aaron devait faire un premier profil pour que la police arrive plus facilement à appréhender le tueur, puis d'autres dossiers avaient été mit de côté, c'était surement à ces différentes destinations que l'équipe allait devoir aider la police.

Arrivé l'heure du midi, Aaron laissa JJ et alla chercher un petit quelque chose à manger et remonta à son bureau. Pour l'heure, Aaron devait s'attaquer à autre chose. Quand il entra, il s'étonna de voir que son bureau était bien rangé, aucun dossier ne trainait dans un coin, enfin aucun... Il en avait juste un, il était là depuis plusieurs mois déjà, ce dossier le hantait... Il s'avança vers son bureau et à peine était-il assis que le téléphone se mit à sonner. Il prit le combiné du téléphone, le mit près de son oreille.

Hotchner ?

Natasha avait attrapé une mèche blonde et l'enroulait autour de son doigt à l'instant même où son interlocuteur décrochait. Elle tira dessus machinalement, tant et si bien qu'elle risquait de finir par l'arracher, avant de finalement prendre la parole.

Agent Hotchner, c'est Natasha Williams...

Elle laissa un blanc. C'était exactement comme la première fois qu'elle l'avait appelé, trois ans après qu'il soit parti à Brooklyn. La même phrase, mot pour mot. Sauf qu'à l'époque, elle était hésitante, intimidée, bouleversée, terrorisée et fascinée par cet agent qui l'avait, en quelque sorte, sauvé. Elle se souvenait encore de s'être demandé s'il allait se souvenir d'elle après les années qui s'étaient écoulées. Depuis, ils avaient gardé contact, même s'ils ne pouvaient pas s'appeler à leur guise - au plus grand malheur de Natasha ! - à cause de leur travail très prenant. Voyant qu'elle laissait la nostalgie l'envahir, la jeune femme reprit ;

Je suis sur une affaire et si ma collègue et moi-même sommes à peu près sûres qu'il s'agisse d'un tueur en série, nous avons beaucoup de mal à trouver des pistes qui pourraient nous guider... Je peux, si vous préférez, envoyer le dossier à votre bureau, ce que j'aurai dû faire d'ailleurs, mais je...

Elle retint de justesse un juron qui lui était destiné ; avec toutes ses hésitations et son ton paniqué, elle faisait tout, sauf professionnelle ! Fermant les yeux quelques secondes, elle se força à respirer calmement pour continuer à expliquer à l'agent Hotchner l'enquête sur laquelle elle travaillait ;

Depuis environ trois semaines un mois, des meurtres ont lieu, et à part le mode opératoire, les victimes n'ont absolument rien en commun, et mon supérieur commence à s'impatienter... J'ai pensé que, peut-être, vous pourriez étudier le dossier et établir un profil psychologique...

Elle se mordit la lèvre. On aurait dit une adolescente qui n'osait pas demandé au garçon le plus populaire de son lycée de l'accompagner au bal de fin d'année. Certes, l'agent Hotchner était plutôt intimidant - du moins, selon ses souvenirs, il ne ressemblait en rien à tous ces agents du FBI charmeur que présentent les séries télévisées - mais elle ne comprenait pas pourquoi elle ne parvenait pas à recouvrer un peu de calme.

Après la proposition d'Aaron, les yeux de Natasha brillèrent comme s'ils voulaient acquiescer sans qu'il ne le voit. Elle se laissa glisser de son bureau lentement et s'assit sur sa chaise ; que répondre ? Elle était tiraillée entre l'envie de le revoir et la peur de se retrouver face à lui une fois de plus. C'était risqué de rougir à chaque fois qu'il la regarderait, ou regretter son choix. Elle dériva ses yeux gris vers le bureau de sa collègue, mais, malheureusement, Ashley était plongée dans un dossier et Natasha savait que Bradford, leur supérieur, la pressait pour qu'elle les lui rende au plus vite. Elle devrait donc faire sans elle aujourd'hui, en espérant que la jeune femme soit du même avis qu'elle. Elle prit son temps pour réfléchir ; si ça ne tenait qu'à elle, elle leur demanderait de venir, mais, bien que l'enquête soit difficile et complexe, était-ce réellement nécessaire ? Certes, Quantico était à peine à une heure de Washington DC, mais elle ne pouvait pas se permettre de les déranger et leur faire faire ces quelques kilomètres pour assouvir son désire de revoir l'agent Hotchner.

Eh bien, je pense qu'un simple profil nous suffirait, mais j'ai peur que le temps que le dossier n'arrive à Quantico et que vous nous fassiez parvenir le profil, nous ayons d'autres cadavres sur les bras.

Maigre argument et très peu convaincant, cependant, Bradford avait été formel ; elles devaient régler cette enquête au plus vite, et comme la neige avait eu la bonne idée de venir décorer les rues de la capitale, les voitures de la poste mettaient parfois beaucoup de temps à arriver. Natasha espérait juste qu'elle ne les ferait pas venir pour rien.

Penchant la tête sur le côté gauche, coinçant ainsi le combiné entre son oreille et son épaule, Natasha attrapa le dossier du l'enquête. Mauvaise pioche, ce n'était pas lui. Elle retint de justesse un juron qui allait filtrer ses fines lèvres roses et, éparpillant la pile de dossier jaunes sur son bureau qui était parfaitement rangé, faillit faire valser sa tasse de café avant d'enfin trouver l'objet de ses recherches. Rapidement, elle l'ouvrit et relut en diagonale ce qu'elle connaissait déjà.

Les victimes n'ont en rien en commun, du moins, d'après nos recherches, et elles ont toutes été tuées d'une balle dans la tête chez elle ; on pense qu'il s'est renseigné sur elles, parce qu'elles étaient seules alors que certaines étaient mariées et avaient des enfants.

Ses yeux gris parcourant les lignes à une vitesse effrayante, oui, elle pouvait lire vite lorsqu'elle le voulait, ce qui était assez rare, elle rencontra un détail qui pouvait s'avérer intéressant pour les profilers car assez inhabituel. Même si, en réalité, ce n'était pas la première fois qu'elle entendait parler d'un fait pareil ; en effet, lors de la seconde guerre mondial, un nazis, nommé Klaus Barbie, c'était amusé à torturer ses victimes de n'importe quelle façon dans l'ancienne capitale de la France.

Notre légiste a aussi remarqué qu'il y avait des traces d'agressions sexuelles.

Elle ferma les yeux quelques instants ; depuis quatre ans qu'elle était agent du FBI, elle avait toujours refusé les enquêtes sur des viols, ne se sentant pas encore capable de repenser à toutes ces images qui la hantaient la nuit. Elle se força à prendre une grande inspiration pour se changer les idées et arrêter d'y penser. Elle savait que si elle pensait à lui, les mêmes souvenirs noirs reviendront et l'empêcheront de bosser sérieusement, voire même de bosser tout simplement. Elle commencerait à paniquer et c'était bien la dernière chose qu'elle désirait ; céder à la panique.

Mais on a aussi la preuve qu'elles ne sont pas humaines... Elles sont animales.

Pendant que Natasha cherchait le dossier, Aaron vérifiait que son sac était prêt, le combiné du téléphone d'une main, et l'autre qui fouillait dans le sac.Chaque matin, Aaron ramenait un sac, au cas où ils avaient une enquête de dernière minutes et qu'ils avaient à se déplacer, il n'avait pas besoin de retourner chez lui pour tout préparer. Il pouvait gagner un peu de temps. Une fois que Natasha ai retrouvé son dossier et qu'elle l'informait sur l'enquête, Aaron l'écouta attentivement.

Le tueur surveillait surement ses victimes, il savait à quelle heure elles étaient seules et en profitait pour commettre son meurtre.

Natasha lui annonça qu'ils avaient également retrouvé des traces d'agressions sexuelles. Aaron ferma les yeux quelques secondes. Il savait très bien que Natasha était vulnérable face à une affaire telle que celle là à cause de son passé. Néanmoins elle rajouta que ces agressions sexuelles étaient animales, ce qui est -fort heureusement- peu courant pour un tueur en série.

Animales ? lança t-il

Il n'attendait pas forcément de réponses sur cette interrogation, il ne laissa même pas Natasha le temps de répondre qu'il reprit

Très bien, merci pour ces explications. J'en informe mon équipe sur le champ, nous serons surement là dans quelques heures où nous pourrons voir ensemble plus en détails les scènes de crimes.

Après l'avoir salué, il reposa le combiné du téléphone. Il parcouru tout les bureaux de ses collègues pour les prévenir qu'il les attendait le plus rapidement possible dans la salle de débriefing.