Sursaut, tremblements. Etait-ce les symptômes d’une quelconque maladie qui la clouerait au lit pendant des semaines ? Ou bien juste le stress énorme qui s’était emparé d’elle comme la pulsion qui l’avait poussé à se jeter sur ses lèvres de Hotch ? Elle craignait de savoir la réponse et suivit son supérieur des yeux lorsqu’il s’éloigna. Il voulait la voir. C’était plutôt mauvais signe, non ? Sans doute, oui. Elle se mordit la lèvre inférieure, poussa un profond soupire et laissa sa tête cogner contre le mur une nouvelle fois. Maintenant qu’elle était calme, elle ressentit la douleur et lâcha un « Aïe ! » lui échapper et elle porta une main dans sa chevelure blonde pour vérifier qu’elle ne saignait pas. Bon point : elle ne saignait pas. Mauvais point : elle allait avoir une jolie bosse. Une chance pour elle que son épaisse tignasse dorée la cache. Sentant le regard de certains de ses collègues le dévisager avec suspicion quant à sa santé mentale, Natasha décida de se décoller du mur et retourner derrière son bureau. Elle prit son temps pour remonter, et lutta contre l’envie d’un café. Son regard presque limpide se posa sur les portes du bureau de celui qui fut son sauveur et une drôle de sensation l’engourdie. De nouveau, elle tenta de comprendre sa réaction face à ce qu’il s’était passé quelques minutes plus tôt, mais la réponse lui filait entre les doigts. C’était comme si elle tentait la main et la refermait sur du vide. Elle détestait cette sensation.

La journée s’écoula trop vite au goût de Natasha qui avait réussit à trouver une occupation ; après avoir fait le tour des bureaux de ses collègues, elle avait finit par trouver une âme charitable qui avait accepté de lui donner une dizaine de dossiers à remplir et la jeune femme s’était plongée dans cette paperasserie dont elle avait horreur. Le Behavioral Analysis Unit se vidait peu à peu et l’appréhension prenait place dans l’estomac de la jeune femme. Elle attrapa une de ses longues mèches et joua avec, mordilla l’ongle de son pouce droit, observait ses collègues quitter les bureaux après avoir souhaité une bonne soirée à tout le monde, semblait les supplier de rester mais ne disait pas un mot. Elle n’osait pas dériver les yeux vers le bureau de son supérieur et releva la tête lorsqu’Abigail lui demanda si elle venait.

Non, j’ai encore quelques dossiers, j’aimerai les finir avant demain. J’en serai débarrassée.

Elle ajouta à sa réplique un sourire. Ce devait être son jour de chance ; ce matin-là, elles étaient venues avec deux voitures différentes. Heureusement, d’ailleurs, car elle voyait mal Hotch la raccompagner après ce qu’il s’était passé dans la salle de tirs. Une fois Abigail partie, Natasha attendit encore. De longues minutes durant lesquelles elle tenta de se donner du courage, et contenance. Elle essaya également de se mettre une chanson en tête pour pouvoir la murmurer – ça lui donnait parfois une vague de courage – mais aucun titre ne lui vint en tête. Son regard acier rivé sur son écran d’ordinateur, elle poussa sa chaise, se leva, réajusta son chemisier et, déterminée, elle se rendit vers le bureau de son supérieur. Parvenue devant la porte, elle frappa et entra. Une boule se noua dans sa gorge et après avoir refermée la porte, elle posa ses yeux sur Hotch. L’agent du FBI se mordit la langue et n’attendit pas qu’il prenne la parole pour commencer à parler. Son cœur donnait de grands coups dans sa poitrine et elle savait qu’elle aurait beaucoup de mal à articuler tant allait tout déballer à vitesse grand V.

Je tenais à m’excuser, pour ce qu’il s’est passé tout à l’heure. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je n’aurai pas dût vous embrasser comme ça, je… Je suis désolée. Mais ça n’arrivera plus, je vous le promets. Ca n’affectera pas ma façon de travailler, c’était juste un accident.

Elle priait pour que son opinion vis-à-vis d’elle ne change pas à cause de cette impulsion.

Troublée, le regard n'osant se poser sur son supérieur, la jeune femme avait machinalement esquissé un mouvement de recul, avant de faire deux pas en arrière en voyant son patron en faire pour s'approcher. Pur réflexe. Réflexe qui détait en parti de son viol, où elle craignait lorsqu'un homme faisait mine de vouloir l'approcher. Et depuis qu'elle était agent du FBI, et qu'elle voyait chaque jour ce dont était capable l'être humain, elle était encore plus sur ses gardes. Certes, cet homme, elle avait confiance en lui. Il était même celui qui avait réussit à lui redonner confiance. En elle, et en autrui. Elle ne pouvait que le remercier pour cela, et voilà comment elle réagissait avec lui ! Elle se rétractait, se bloquait, s'interdisait toute proximité. Comme elle l'avait toujours fait depuis ses quatorze ans. Du moins, lorsqu'il s'agissait d'une éventuelle relation amoureuse. Attendez... Elle commençait à perdre la tête ! Comme si, lui, Aaron Hotchner, allait s'attarder sur une jeune femme encore adolescente dans sa tête. Il fallait qu'elle cesse de prendre ses rêves pour une réalité. Elle se gifla mentalement, et retomba lourdement sur terre alors qu'il lui répondait.

Son sang se glaça, ne fit qu'un tour, elle pâlit, leva les yeux pour les planter dans les siens. Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, elle eut peur. Cela était donc si voyant ? Bon, certes, elle devait avouer que lorsqu'on embrasse quelqu'un, c'était rarement sous le coup d'une impulsion. Surtout lorsque ce baiser était remplit de passion. Et qu'on rougissait par la suite, ne sachant rien faire d'autre que bégayer une phrase inintelligible. Elle venait d'avoir sa réponse ; oui, elle ne pouvait pas le cacher. Et maintenant qu'il le savait, qu'allait-il faire ? La virer ? La faire changer d'équipe ? En profiter pour l'enfoncer plus bas que terre ? Il était réputé dans le Département pour sa franchise remarquable, mais entre les rumeurs de couloir, et la réalité, il y avait une grosse différence. Enorme, même. Jamais, elle n'aurait put imaginer qu'il irait jusqu'à la pousser à ce point-là. Elle ne savait plus où se mettre. Et surtout ; ne savait pas quoi répondre à cela. Il n'attendait pas de réponses affirmatives ou négatives puisqu'il s'agissait d'une affirmation, et essayer de le démentir reviendrait à tout avouer. Mais elle n'avait jamais sut comment s'y prendre avec les hommes, ça n'allait pas être maintenant que ça allait changer.

Je pourrai vous retourner la remarque ; après tout, la deuxième fois, ce n'était pas moi, lança-t-elle plus fadement qu'elle ne l'avait voulu.

Elle se sentit honteuse d'avoir été si direct, mais ne s'était jamais laissé marcher sur les pieds. Oui, ce n'est pas qu'une impulsion. Mais lui, pourquoi lui avait rendu son baiser ? Ce point-là l'intriguait, et elle ne voyait aucune réponse. Ou plutôt, aucune qui le semblât possible et réaliste.

Aaron sentait que Natasha était sur la défensive. Le fait qu'elle reculait tout doucement signifiait qu'elle semblait plutôt mal à l'aise avec cette conversation. Elle savait qu'elle avait fait une faute et se rétractait, et pourtant Aaron aussi, il le savait et espérait vivement que Natasha ne parle pas de ce baiser rendu. Ou peut être que justement si, ils devaient en parler. Ils travaillaient désormais dans la même équipe et ils n'allaient pas sans arrêt s'éviter ou ne plus se regarder quand ils n'étaient que tous les deux.

Natasha semblait avoir peur. Peur de donner une réponse ou peur de ce qui allait se passer, ou même surement les deux. Tout ce qu'Aaron voulait c'était une réponse, même si ce n'était qu'une impulsion ou alors si réellement ce baiser signifiait quelque chose. Il n'allait pas la mettre à la porte pour un incident, il n'allait pas non plus en faire part à qui que ce soit. Non, une réponse lui suffirait.

La réponse que Natasha venait de donner ne le satisfaisait pas. Certes, elle marquait un point sur ce coup, mais encore une fois elle essayait de se distancer de la remarque qu'il avait faîtes quelques secondes plus tôt. Ils n'allaient pas jouer longtemps au chat et à la souris et tourner autour du pot pendant encore longtemps -Aaron détestait ça. Il décida de tout lui avouer à se risques et périls.

C'est vrai dit-il en s'approchant lentement d'elle, Depuis la dernière fois où nous nous sommes vus, j'aime être avec vous, discuter, travailler ensemble...

Aaron ne savait vraiment pas exprimer ses sentiments, il s'insulta intérieurement de ne pas avoir su trouver une autre formulation. Natasha n'allait sans doute pas comprendre ses intentions.

Immobile, comme paralysée, la jeune femme attendait, la peur au ventre, que son patron lui réponde. Instinctivement, après sa remarque fade, elle s’était mordue la lèvre, sachant pertinemment qu’elle avait dépassé les limites et s’était mise à appréhender une quelconque réponse. S’il le voulait, il pouvait dès à présent rédiger un rapport sur son comportement et son manque de professionnalisme. Ce qui mettrait probablement un terme à sa carrière. Les personnes faisant preuve d’insolence, et étant impulsive et une boule de nerf n’ayant jamais été favorisées pour faire des agents fédéraux. Il ne lui resterait plus qu’à retourner dans le journalisme. Heureusement, elle avait conservé quelques contacts dans son ancienne profession, et savait de source sûre qu’il manquait toujours de rédacteurs pour le New York Times. Comme elle avait déjà bossé pour le journal, si elle était mise à la porte, elle pourrait toujours retrouver sa place. Mais ce serait avec un immense pincement au cœur ; aucun job au monde ne pourrait jamais égaler celui-ci. Elle se savait faite pour un tel métier, elle avait les nerfs plus solides qu’il n’y paraissait. A vrai dire, à part les enquêtes concernant un viol qu’elle refusait catégoriquement, elle avait déjà résolu un peu de tout. Depuis toujours, les métiers ayant un rapport avec la justice l’avaient indéniablement attiré, mais son choix s’était penché vers le journalisme. Ecrire, elle adorait ça. Il n’était pas rare de la voir avec un stylo à la main, en train de gribouiller quelques phrases sur tout ce qu’elle trouvait ; mouchoirs, feuilles d’arbre, nappes, serviettes, vêtements, elle s’était toujours débrouillée pour avoir un support. Elle allait même jusqu’à se griffonner les mains et les bras ! Oui, le journalisme était sa passion. Et son envie pour se métier s’était développée avec son goût prononcé pour la photographie. Une fois qu’elle avait un appareil photo en main, il était quasiment impossible de le lui retirer jusqu’à ce qu’il soit plein, ou vidé de toute sa batterie. Aujourd’hui encore, il lui arrivait d’être obnubilée par les photos.

Mais son viol avait tout fait basculer. Avoir été victime avait fait d’elle sa principale motivation pour entrer au sein du FBI ; à chaque psychopathe arrêté, elle se souvenait du jour où l’agent Hotchner était venu lui annoncer qu’il avait attrapé Tyler. Ce sentiment de confiance l’avait envahi, et elle s’était laissé glisser le long de son lit d’hôpital pour le prendre dans ses bras. Il avait été la première personne avec qui elle avait osé le contact, mais aussi le premier à qui elle s’était adressée. « Merci ». Rien de plus. Mais ce simple mot avait été le plus décisif ; il avait marqué un tournant dans son orientation. Le journalisme ne l’avait, dès lors, plus intéressé. Non. Dès lors, elle avait sut qu’elle deviendrait l’agent spécial Williams. Parce qu’elle voulait que d’autres personnes connaissent cette impression de sécurité après avoir vécut dans la peur. Et voilà qu’elle bousillait sa carrière à cause d’un fanatisme d’adolescente ! Et, comme si cela ne lui suffisait pas, il avait fallut qu’elle s’enfonce en l’accusant, lui, Aaron Hotchner, de lui avoir rendu ce baiser. Et si… Si elle l’avait rêvé, ce deuxième baiser. Si c’était bel et bien elle qui était retournée le voir pour l’embrasser une seconde fois. Comme s’il avait lu ses doutes, il prit la parole. Son cœur manqua à la fois un battement, et s’emballa. Elle allait mourir. Arrêt cardiaque et il pourrait tout remettre sur son addiction au café ! Non, ce n’était pas possible. Elle devait mal entendre, son cerveau ne comprenait que ce qu’elle rêvait d’entendre, rien d’autre. Non, ce n’était pas possible. Sous ce cumul de stress inattendu, la jeune femme attrapa une de ses mèches blondes, joua avec quelques instants, ses yeux devenant humides sans qu’elle ne comprenne pourquoi. La peur de se réveiller et de s’apercevoir que ce n’était qu’un rêve, sans doute. Il s’approchait encore, à pas de loup, mais elle était, cette fois-ci, incapable de bouger. Elle avait perdu possession de ses moyens.

Non… Non, on… On ne peut pas…On ne doit pas…, murmura-t-elle, le regard de nouveau fuyant.

Elle essayait de se résonner. D’une, ce n’était guère du genre de Hotch de mettre ainsi à nu ses sentiments, de deux, il y avait une loi qui leur interdisait toute relation plus que professionnelle ou amicale. Et elle savait que son supérieur n’enfreignait pas les règles, même si ça lui coûtait de devoir l’admettre. Ca la confortait dans son idée que ça ne pouvait être qu’un rêve, reflet subtil de ses plus profonds désirs envoyés par son subconscient pour la torturer. Elle se soupçonnait d’être sociopathe envers elle-même et de prendre un malin plaisir à se faire souffrir. Oui, inconsciemment, elle devait être folle. Folle et psychopathe. Au moins sadique. Mais ses tremblements et les larmes qui la menaçaient lui indiquaient qu’elle ne pouvait rêver. L’agent Hotchner était donc en train de s’approcher. Et ses paroles se répétaient en boucle dans son esprit. Il aimait être avec elle. Lui parler, bosser en sa compagnie. Il aimait être avec elle. Et elle, alors ! Quand elle s’était blottie contre lui, elle avait sentit qu’il était différent des autres hommes. Il s’était accaparé son cœur et ne l’avait plus quitté. Métaphore on ne peut plus réaliste en ce qui la concernait. Mais lui, il aimait être avec elle. Cette phrase résonnait si fort dans son inconscient qu’elle lui en donnait mal à la tête. Tout semblait tourner, sauf lui. Il était le seul à se tenir droit, son regard si profond, si ténébreux, plongé dans le sien, presque remplis par les larmes causées par le stress émotionnel dont elle était à présent la victime. Il était devenu sa bouée, à laquelle elle s’accrochait, comme si elle allait, non pas se noyer, mais se perdre si elle le lâchait. Il ne riait pas, semblait même très sérieux en cet instant précis. Il aimait être avec elle. Que pouvait-elle répondre ? Que devait-elle répondre ?

Je veux dire… Il y a cette loi, de non fraternisation… Et si quelqu’un venait à l’apprendre, ça mettrait un terme à nos carrières, je sais que vous êtes très attaché à la vôtre, et je m’en voudrai si vous la perdiez, par ma faute. Et puis, je… Je ne veux pas être celle qui « couche avec le patron » pour avoir un avenir… Je… Les autres pourront croire que ça affecte votre jugement vis-à-vis de mes capacités, de mon stage ici… Et y a Strauss… Si elle l’apprenait, il ne fera aucun doute qu’elle trouvera un moyen radical pour se débarrasser de nous sans laisser de preuves…, balbutia la jeune femme blonde, la voix serrée par l’émotion et coupée par des tremblements incontrôlés.

Malgré tous les arguments qu’elle avançait, elle ne pouvait s’empêcher de se traiter d’idiote. Son cœur lui hurlait de n’avoir que faire de ces fichues règles stupides et inutiles, de lui sauter au cou, profiter de ses avances, mais son cerveau, lui, lui assommait de faire appel à la raison ; si cette loi existait, c’était avant tout pour protéger les agents, et leurs co-équipiers. Les sentiments les rendaient sensibles, et si l’un était exposé à un trop grand danger, l’autre ne saurait faire preuve d’objectivité. Ce qui pouvait entraîner la perte d’un ou plusieurs collègues. Mais pouvait-on aller contre ses sentiments ? Natasha était bien placée pour savoir que non ; depuis qu’elle était adolescente, elle essayait de mettre son admiration pour Hotch de côté, faisait un rempart, voulait se convaincre qu’il y avait juste de la reconnaissance dans tout ce qu’elle éprouvait. Mais elle devait se rendre à l’évidence sans se mentir ; elle espérait qu’il n’écouterait pas ses tentatives pour le repousser. Elle voulait goûter au bonheur, avec le seul homme qu’elle eût jamais aimé. Plus que tout le reste, ce furent ses paroles, à lui, qui la poussèrent à faire un pas vers lui. Un seul. Mais qui les rapprochèrent. Elle se voyait obligée de lever la tête pour continuer à le regarder dans les yeux, et malgré ses talons, elle n’atteignait pas le mètre soixante-dix ; il avait donc deux bonnes têtes de plus qu’elle, mais, lui la tête baissée, et elle levée, il n’y avait plus que quelques centimètres qui les séparaient. Enfin, ça, plus la loi. Son souffle s’accélérant doucement, elle hésitante quant à son geste prochain, l’agent Williams ne savait plus quoi faire. Impossible de faire marche arrière, mais aller de l’avant signifiait beaucoup, et il n’était pas certain que Hotch soit vraiment prêt à jouer sa carrière. Mais il aimait être avec elle. Cette simple idée lui réchauffait le cœur, inexorablement.


[ HJ : Oulààà ~ Désolée Sev, les voyages de Marco Polo & Christophe Colomb m'ont vachement inspiré O.O Je me choque moi-même x) Bref, désolée pour ce loooooong poste - où il ne se passe presque rien, en plus - promis, la prochaine fois, je fais plus bref x) ]

Un silence glacial s'abattit soudainement entre les deux agents. Aaron attendait une quelconque réaction de la part de Natasha, mais elle ne bougeait pas, ne parlait pas et Hotch se demandait vraiment si c'était une bonne idée de lui avoir exposé ses sentiments. Soit il avait rêvé quand Natahsa l'avait embrassé ou soit elle n'était pas du tout intéressée par ses avances. Il s'imaginait déjà le froid qu'il allait y avoir quand ils allaient devoir travailler que tous les deux. Il pouvait bien sûr éviter de se retrouver avec elle, mais leurs collègues allaient surement se poser des questions. Il avançait encore. Que faire maintenant ? Essayer de lui faire comprendre que tout était faux -chose qu'elle ne croira surement pas, Aaron n'était pas du genre à dévoiler ses sentiments, et ici tout le monde le savait-, lui dire que ce n'était qu'une plaisanterie -chose encore moins plausible, Hotch n'a pas le sens de l'humour.

Il réfléchissait, mal à l'aise par cette situation, il frottait son pouce contre son index, cherchant la moindre idée à lui faire avaler. Il n'eut pas besoin de chercher très longtemps, Natasha murmura un "Non" et croyant qu'elle ne voulait rien tenter, il essaya de se justifier, mais elle prit la parole avant. Et ces paroles l'ont abasourdi. Donc tout était vrai, Natasha n'était pas contre cette idée. Elle n'avait pas encore donné la raison de ce refus, mais Hotch le savait déjà : la loi de non-fraternisation. Cette foutue loi qui interdisait à deux agents de la même équipe de se fréquenter. Certain réussissait à garder leur relation secrète, mais à force, ce secret finit par être découvert à un moment ou à un autre. Mais le pire ce n'est pas que ce secret soit révélé à tout le monde, c'est que Strauss le sache. Elle avait déjà Aaron dans le collimateur, mais si jamais elle apprenait qu'il fréquentait l'une de ses agents, il était sûr qu'elle fera tout ce qu'il faut pour le faire virer.

Les yeux de Natasha devinrent brillants par les larmes. A cet instant il aurait tant voulu la prendre dans ses bras et la rassurer. Elle s'avança d'un pas, il n'y avait que quelques centimètres qui les séparait. Il savait que Natasha avait raison et qu'il n'était pas du genre à enfreindre les règles et pourtant il eut un curieux désir de tenter le coup. Il ne put résister à l'envie de prendre Natasha dans ses bras en voyant son regard si triste. Alors tout doucement, il s'approcha encore un peu et enroula ses bras autour d'elle.

Oui... je sais dit-il en soupirant

Ce n'était peut être le seul instant où il pouvait la prendre dans ses bras. Et une fois qu'elle allait s'en aller de son bureau, il allait devoir ravaler ses sentiments, et faire comme si rien de tout ça ne s'était passé, qu'il n'y eu aucun baiser, aucun moment passé dans ce bureau, rien...

Percevoir le malaise de son supérieur avait rendu Natasha encore plus angoissée qu'elle ne pouvait l'être. Son regard acier avait été attiré par les doigts qui semblaient glisser l'un contre l'autre, et le coeur de la jeune femme avait voulu sortir de sa poitrine. Elle savait que le long silence qu'elle avait imposé entre eux était la cause de la bourrasque glaciale - voire polaire - qui avait envahit la pièce. Puis elle avait commencé à parler, d'abord sans vraiment réussir à s'exprimer clairement, refoulant au fond d'elle ses sentiments, ce qui avait presque fait pâlir Hotch. S'apercevant de ceci, l'agent du FBI avait comprit qu'elle n'était pas assez claire et s'était complétée, maladroitement. Les hésitations venaient s'interposer dans chacune de ses phrases, l'empêchant de paraître crédible face à son patron. Oui, elle avait peur de s'engager, peur de devoir renoncer à son rêve, peur de mettre fin à la carrière si réputée du grand Aaron Hotchner, peur qu'il le lui reproche plus tard... Mais oui, elle l'aimait. Et savoir que ses sentiments étaient réciproques lui faisaient monter les larmes aux yeux ; toute relation entre eux était impossible, à cause d'une règle. Et plus que la loi de non-fraternisation, c'était Strauss qui, effrayante comme elle l'était, pourrait trouver là un prétexte pour se débarrasser d'eux. Ce qui était sans doute son plus grand rêve.

Le regard brillant, Natasha maudissait sa sensibilité. La voilà dans le bureau de son supérieur, presqu'en larmes, pour une broutille. Enfin, ce n'était pas une broutille. Comment pouvait-on réagir dans un tel moment ? La gorge serrée par cette nouvelle perturbante, les yeux plongés dans ceux de Hotch, la jeune femme blonde ne savait plus quoi faire. Perdue dans un océan de pensées, elle le laissa la prendre dans ses bras, et le même sentiment de sécurité la parcourue de nouveau. C'était comme quand elle avait quatorze ans et qu'il l'avait serré contre son torse. Elle se sentait tellement bien. Le noeud de son estomac de dénoua, et, lentement comme hésitante, elle passa ses mains dans le dos de son supérieur, nichant sa tête à la fourrure dorée contre l'épaule de son patron. Dans cette position, elle pouvait entendre le coeur du profiler battre, et sa lèvre inférieure tremblait. Elle ne supportait pas l'idée de pleurer devant quelqu'un, et devait lutter contre elle-même pour ne pas craquer. Elle resserra un peu plus ses bras, s'enivra de son parfum, absorba sa chaleur, calqua sa respiration sur la sienne. Et tout se passa ensuite très vite. Elle ne sut pas quel fût le déclencheur, mais elle se décolla de son étreinte pourtant agréable. Pour la troisième fois en une après-midi, leurs lèvres se scellèrent dans un baiser. Natasha ne voulait plus rien savoir. Elle ne comprenait pas pourquoi tout le monde pouvait vivre leur histoire d'amour, et pas elle. Histoire d'amour ? Non, elle savait que c'était plus. Pour elle, en tout cas, ça représentait tellement plus. Un mélange entre plusieurs sentiments. S'ils s'autorisaient cette relation, elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance, que ça durerait. Sans qu'elle puisse l'expliquer, c'était une impression. Ce qu'ils pouvaient vivre, ce ne serait pas banal. Cet amour était bien plus qu'une idylle.

Toutes ses pensées se percutant dans son esprit, la jeune femme glissa une main sur la nuque de son supérieur, sans se détacher de ses lèvres. A travers ce baiser, elle faisait passer toute cette foule de sentiments. Elle voulait lui prouver qu'elle l'aimait, qu'elle était prête à tout abandonner pour lui, parce qu'elle voulait leur donner une chance, elle voulait vivre à ses côtés, même si cela devait mettre un terme à sa carrière. Elle se sentait prête à tout plaquer, pour lui, s'il lui demandait. Oui, ce n'était pas qu'une amourette. Lorsque leurs lèvres de décollèrent l'une de l'autre, Natasha repassa son regard métallisé dans celui ténébreux de son supérieur.

Je me fiche de la loi, de toutes ces règles qui nous interdisent de suivre nos sentiments. Je veux juste pouvoir nous donner une chance, essayer de vivre ça, de goûter au bonheur. Je me fiche de ma carrière, si ça peut me permettre d'être avec toi... Je t'aime, et c'est tout ce qui compte. Je préfère quitter le Département plutôt qu'ignorer cette conversation, qu'oublier ce qu'il s'est dit ce soir, qu'aller à l'encontre de mes sentiments.

Le tutoiement était venu naturellement, mais elle ne l'avait pas réellement remarqué. Ce qui lui importait, c'était d'avoir enfin put mettre son coeur à nu, avoir réussit à lui avouer ce qu'elle ressentait pour lui.

Décidément, Aaron était un homme plein de surprise ; tout le monde le disait froid, presqu’insensible, mais là, elle voyait une tout autre facette de sa personnalité. Ce qui, elle devait l’avouer, n’était pas pour lui déplaire. Ca lui laissait croire qu’elle était spéciale à ses yeux, assez en tout cas pour qu’il se permettre de montrer son vrai visage. Après le baiser qu’ils avaient échangé, elle avait tendrement glissé sa main sur la joue de l’homme qu’elle caressait du bout du pouce, le regard attendri dans ce moment si doux, et s’était expliqué quant à son geste. Oui, elle voulait leur donner une chance. Parce que si elle ne le faisait pas aujourd’hui, alors jamais elle n’aurait le courage de le faire, et, sachant les sentiments de l’agent Hotchner, jamais, elle n’aurait put tourner la page. Alors qu’en essayant cette relation, malgré tous les risques qu’elle impliquait sur leur travail et leurs carrières au sein de ce Département. Certes, la loi qui leur barrait le passage n’était pas là juste pour faire office de décoration, mais bel et bien parce qu’avoir une relation dans une équipe pouvait s’avérer dangereux. Les sentiments pouvaient parfois vous poussez à agir sans réfléchir, mais ceci était vrai du moment que les membres d’une équipe étaient proches ; bien qu’elle les connaisse encore peu, Natasha savait qu’elle était prête à défendre chacun de ses co-équipiers avec ardeur et n’hésiterait pas à tuer s’il le fallait. La tirant de ses pensées, la voix d’Aaron lui répondit ce qu’elle avait toujours rêvé d’entendre. Il ne s’était pas formalisé sur le tutoiement – de toute manière, ça pouvait paraître logique, après tout, ils se connaissaient depuis longtemps maintenant ! – et acceptait cet essai. Enfin, elle pourrait se permettre d’aimer comme elle ne pourrait jamais aimer qu’une fois dans sa vie.

Le sourire qu’il lui offrit ensuite fit chavirer son cœur qu’elle sentit s’envoler comme s’il s’était soudainement doté d’ailes. Un diction dit ; l’amour donne des ailes, une publicité dit ; Red Bull donne des ailes, Natasha, elle, disait ; Aaron donne des ailes. Ca pouvait paraître absurde, mais c’était l’impression qu’il lui donnait pour le moment. Elle volait sur son petit nuage, elle était aux anges, plus heureuse que jamais. Et puis, la réalité revint la tirer brutalement sur Terre ; même si la question du « Est-ce qu’on arrête-là ? Ou est-ce qu’on continue, à nos risques et périls ? » était réglée, il restait encore quelques détails qu’il fallait éclaircir. Comme par exemple ; qu’est-ce qu’ils faisaient, maintenant ? Avec la loi, ils ne pouvaient décemment pas mettre tout le Département au courant de leur relation, mais d’un autre côté, est-ce qu’il serait de le leur cacher ?

Hm, mais… On ne va pas le dire aux autres ? Enfin, à l’équipe, je veux dire, si ? C’est pas que je n’ai pas confiance en eux et que j’ai peur qu’ils avertissent Strauss, non, c’est juste que… En fait, si, j’appréhende un peu ça, en fait. Mais, en même temps, si on leur cache, ils peuvent le prendre mal. Certes, notre vie privée ne les regarde pas, si on réfléchit bien, mais ils sont nos amis, aussi. Enfin, je sais que moi, je ne pourrai pas mentir – déjà parce que je suis une très mauvaise menteuse – surtout pas à Abigail. Enfin, elle me connaît par cœur, elle sait quand je mens… Après, si on se dit qu’ils l’apprendront bien un jour ou l’autre, c’est vrai qu’on peut le leur dire maintenant…

Elle bafouillait, se perdait dans ses explications, était incompréhensible… Mais elle trouvait ce point-là plutôt important pour eux. A présent nerveuse, elle se mordit la lèvre inférieure avant d’attraper une mèche blonde et de jouer avec. Elle la tourna, l’enroulait autour de son long index blanc, recommençait ce petit manège sans cesse. Un tic qu’elle avait depuis toujours et qui indiquait qu’elle était nerveuse. Le pire survenait lorsqu’elle prononçait ces quatre mots fatidiques ; « J’ai besoin d’un café ». Généralement, cette simple phrase signifiait qu’elle était tellement tendue que seule sa boisson préférée pourrait la calmer, l’apaiser.

Aaron n'arrêtait pas de regarder Natasha. Enfin, regarder n'était pas le mot le plus approprié, mais plutôt admirer. Il admirait ses yeux gris étincelant, ses longs cheveux blonds et lisses qu'elle enroulait autour de ses doigts fins quand elle était stressée, sa bouche qui laissait apparaître des dents d'une blancheur incomparable. Oui, Aaron l'aimait vraiment, et il la connaissait par coeur, il savait tout d'elle, son comportement quand elle était nerveuse, quand elle était triste, quand elle était joyeuse. Il connaissait même des détails de son passé que personne ici ne savait comme son viol d'il y a quatorze ans, sa toute première affaire en tant que simple profiler. La peur de se retrouver en face de cet homme qui lui avait fait tant de mal, ce qui la rendait encore plus vulnérable, l'appel qu'elle lui a passé en pleurs six ans après son viol, morte de peur après d'incalculable cauchemar... Pleins de détails enfouis en elle que seul lui connaissait et que seul lui les a vécu en même temps qu'elle.

Depuis que Natasha lui avait téléphoné pour lui rendre service sur une enquête, Aaron avait un sentiment protecteur : il voulait à tout prix la protéger, que rien ne puisse lui arriver, et surtout pas un autre viol, et maintenant qu'il était avec elle, ce sentiment s'intensifier en lui. Il ne voulait pas qu'on lui fasse du mal, mais ce sentiment pouvait être dangereux pour eux surtout au cours d'une enquête où ils ne pourraient plus penser de façon objective. Et pourtant ils allaient prendre le risque.

Puis comme si Natasha avait lu dans son regard la question qu'il se posait intérieurement, elle aussi eu des doutes concernant une éventuelle relation cachée ou non. Aaron ne savait pas encore quelle solution était la plus adaptée pour eux. Pour lui, les deux solutions comportaient des risques, mais d'un autre côté, il n'avait pas envie d'exposer cette partie de sa vie privée au reste de son équipe. Il souriait en voyant la réaction de Tasha, bafouillant, se lançant dans des explications incompréhensibles. Délicatement, il lui prit ses mains pour tenter de la calmer et lui proposa :

Je ne sais pas pour toi, mais je n'ai pas envie de faire part de cette partie de ma vie à l'équipe. Ils vont le savoir un jour ou l'autre mais pour le moment et si tu es d'accord... nous nous verrons qu'en dehors du travail.

Ils allaient devoir faire d'énormes sacrifices si ils étaient d'accord pour cette solution : ne pas se tutoyer, ne pas s'appeler par leurs prénoms ou surnoms et surtout ne donner aucun signe d'une quelconque relation.

Alors qu’elle continuait à s’enfoncer dans ses semblants d’explications cafouilleuses et incompréhensibles, la jeune femme blonde avait dérivé son regard sur le sol, jouant toujours avec sa mèche de cheveux, fébrile, ses sourcils se fronçant à chaque contradiction qu’elle émettait. C’était comme si elle se parlait à elle-même, comme si elle avait oublié la présence d’Aaron et qu’elle réfléchissait à voix haute en imaginant elle-même un propre scénario. Dans tout ce qu’elle racontait, elle ne comprenait pas un mot ; la question à poser dès lors, c’était « Comment Aaron pouvait-il saisir un traître mot de ce cafouillis ? ». Ce ne fut que lorsque ce dernier lui attrapa délicatement les poignets avant de lui faire lâcher ses cheveux. Elle posa alors ses yeux de métal sur lui, s’offusqua légèrement de son sourire qui, elle le savait, se moquait tendrement de son attitude trop nerveuse, et elle l’écouta. L’idée, bien qu’elle soit sans doute l’unique solution pour l’heure, lui faisait mal au cœur ; ça signifiait se cacher, ne pas pouvoir mettre leurs amis au courant, devoir être sur ses gardes, ne pas avoir l’air niaise en présence d’Aaron – hm hm, dur dur ! – éviter les sourires tendres, ne pas être trop complices… Ce n’étaient pas des détails insignifiants, et ils pouvaient, à tout moment, mettre leurs collègues sur la piste. Néanmoins, même si l’idée de se cacher ne figurait pas dans le manuel des meilleures options, elle était, au contraire, dans celui des plus sages. Et puis, elle pourrait toujours le voir en dehors, passer du temps dans ses bras. De toute manière, ils n’étaient pas au bureau pour passer du bon temps – non, ça, Strauss faisait pour les en empêcher et on pouvait compter sur elle dans ce domaine-là – mais pour bosser.

Oui, je pense que c’est aussi ce qui le plus sage à faire… Même si je ne te cache pas que ça va être dur…

Elle ne pouvait pas lui mentir sur ce point, et même si elle avait pris un ton doux, on pouvait sentir sa déception de ne pouvoir parler de cette relation avec l’homme qu’elle aimait. Mais toute bonne chose avait un prix, et si c’était le prix qu’elle devait payer pour pouvoir vivre le bonheur, alors elle était prête à faire de tels sacrifices. Par amour. Ses yeux étincelaient d’ailleurs de cette lueur, reflétant le sentiment qu’elle éprouvait pour son supérieur.

Aaron avait perçu de la déception dans la voix de Natasha. Et lui ne pouvait que confirmer cette idée car lui aussi était extrêmement déçu de ne rien pouvoir tenter au bureau. Mais en même temps pendant les enquêtes et étant en pleine réflexion, il serait peut être plus facile de ne pas être déconcentré. Du moins Aaron essayait de se le convaincre mais il s'imaginait déjà les longues journées de travail sans un regard complice, sans un sourire... Tout qui pourrait mettre sur la piste. Et sans parler de Strauss, c'était surtout pour elle que les deux agents allaient devoir être prudent et garder ce secret pour eux. Si elle était au courant, tous deux savaient ce qui allait se passer : la directrice allait les convoquer dans son bureau, que ce soit seul ou tous les deux présents en même temps, elle allait essayait de leur faire cracher le morceau en avouant leur relation cachée, leur rappelait que dans les locaux, il existe une loi de non-fraternisation qui consiste à ne pas avoir de relation entre collègue et enfin elle allait les sanctionner tous les deux, surement les rétrograder ou les faire muter dans deux endroits différents pour qu'ils ne travaillent plus ensemble. Cette règle était imposé à tous et déjà quelques agents se sont fait taper sur les doigts pour avoir enfreint cette règle. Il existait un risque, mais Aaron et Natasha allaient le prendre. Même s'ils devaient tous les deux abandonner leur travail pour être ensemble, ils le feraient tous les deux, même si intérieurement, Aaron espérait vivement que Strauss ne le découvre jamais. Il était attaché à son travail et à son équipe et il aurait du mal à quitter tout le monde si Strauss l'apprenait et le sanctionnait. Il éloigna cette pensée de son esprit. Il embrassa Natasha sur le front, comme pour la rassurer, que tout allait bien se passer même si ça allait être dur pour eux deux. Et comme pour appuyer ses pensées il lui dit :

Je sais, mais on va y arriver

Il tenait toujours les mains de Natasha, il les regarda quelques secondes et releva la tête en encrant ses yeux sombres dans ceux de Natasha. Il était tard et à moins de dormir ici -ce qu'Aaron ne comptait absolument pas faire- il voulait lui proposer de la raccompagner jusqu'à chez elle. Demain allait surement être une longue journée et il leur fallait un minimum d'heures de sommeil pour qu'il soit frais et disponible le lendemain matin et de plus il pourrait en profiter un peu plus de la compagnie de Natasha.

Tu veux que je te raccompagne jusqu'à chez toi ? proposa t-il avec un léger sourire.

Elle tenta un léger sourire, mais il ne trompait personne et laissait ressentir sa tristesse de ne pas pouvoir vivre son histoire d’amour, au grand jour. Petite, elle avait crut aux contes de fées, comme tout enfant je pense, et nourrissait depuis le rêve illusoire de rencontrer le prince charmant qui saurait la sauver et faire d’elle la femme la plus comblée. Et jusqu’à présent, tous les princes qui avaient croisé son chemin s’étaient heurtés au souvenir de l’agent Hotchner. Malheureusement, le conte de fées était loin de se terminer pour elle ; les princes et les princesses n’étaient pas entravés par la loi de non-fraternisation, le dragon périssait toujours et, aux dernières nouvelles, Strauss était toujours en vie. Natasha ferma les yeux et un frisson la parcourut lorsque les lèvres d’Aaron se posèrent sur son front. Elle savoura cet instant et ce fut Hotch qui la tira de ce doux moment. Elle hésita ; s’il la raccompagnait, on verrait que sa voiture avait passée la nuit sur le parking… Et leur relation « secrète » ne le serait d’ores et déjà plus. Néanmoins, elle ne voyait pas pourquoi elle n’aurait pas le droit de profiter de cette première soirée en tête à tête… S’ils étaient appelés sur une enquête, ils ne pourront pas en profiter avant un moment.

Je ne veux pas te faire faire un détour, j’habite à Washington tu sais…, répondit-elle avec un tendre sourire.

Elle le regarda attraper sa veste, l’enfiler et tous deux quittèrent son bureau. En passant devant le sien, Natasha prit son blouson qu’elle mit rapidement. Comme d’habitude, l’ascenseur mit une éternité avant d’arriver à destination, et ils purent atteindre le parking. Il faisait déjà nuit noir et sans les lampadaires, ils auraient eu du mal à se repérer. Marchant côte à côte, ils parvinrent à la hauteur de leurs deux voitures. Avant de monter dans sa Mustang GT, une question vint à l’esprit de la jeune femme blonde, qui se retourna ;

Et si, un jour, on croise quelqu’un ? Je veux dire, reprit-elle, consciente que sa question n’était pas claire. Quantico n’est pas une ville si grande que ça… Et si, un jour, on sort et qu’on croise quelqu’un de l’équipe ? Ou du bureau ?

Sa question n’était pas existencielle, mais était bonne à prendre en considération.

Aaron sourit tristement à Natasha également. Il aurait voulu faire partager à tout le monde que maintenant il était avec Natasha, mais devoir se cacher en permanence, devoir se voir que le soir où ils rentreraient tous les deux du travail... Certes ils se verraient toute la journée, mais ce ne serait qu'en tant que collègues de travail et rien de plus. C'était déjà pas mal qu'ils pouvaient se voir en dehors du bureau, il ne devait pas en espérer tant, surtout si Strauss était toujours derrière les profilers pour qu'ils n'enfreignent pas le règlement. Elle était vraiment dur pour ces lois mais on ne peut pas lui en vouloir, c'est sans doute un peu grâce à elle que dans les locaux règne la bonne humeur et une merveilleuse entente entre tous les agents, même si la plus grande frayeur était de se faire attraper par la directrice, et ça, bon nombre d'agents s'en méfier car se faire passer un savon par Strauss pendant quinze minutes vous suffisez largement pour ne plus jamais recommencer. Pas étonnant qu'elle avait toutes sortes de surnoms comme l'horreur ou la terreur. Bref il valait mieux suivre les règles.

Oui c'est vrai

Il aurait voulu l'inviter à passer la soirée à son appartement, mais c'était juste le premier soir et c'était peut être encore un peu trop tôt, du moins c'est ce qu'il pensait, mais il y réfléchissait toujours. Il attrapa sa veste et l'enfila et raccompagna Natasha jusqu'à sa voiture. Le mieux à faire était d'en rester là pour ce soir. Il lui vola un baiser pour lui dire bonsoir et se retourna pour se diriger vers sa voiture, mais au moment même où il s'avança, Natasha le prit au dépourvu en lui posant une question que lui même était dans l'incapacité de répondre. Il se retourna alors vers Natasha et réfléchit quelques instants. En réalité, il n'avait absolument pas penser à cette éventualité qui, il fallait l'admettre, risquait surement d'arriver un jour ou l'autre.

Il faudra faire comme si on s'était croisé par hasard

Il espérait intérieurement que personne du bureau ne les croiserait quand ils sortiraient tous les deux car il n'était même pas convaincu de sa réponse lui même, alors comment Natasha pouvait l'être également ? Il regarda le sol quelques secondes, il réfléchissait toujours à la possible invitation qu'il allait proposer à Natasha. Il était tard déjà et savoir Natasha sur la route à une heure pareille l'inquiétait légèrement, alors il décida de se lancer.

Tu... Tu veux venir chez moi cette nuit ?

La formulation de sa phrase pouvait laisser entendre beaucoup de choses, alors il se reprit en moins de deuxen ajoutant :

Il est tard et je te préférerais savoir dans mon appartement que sur la route, surtout que tu as un trajet d'une heure jusque Washington DC.

Intérieurement, elle se traitait d’idiote ; pourquoi avait-il fallut qu’elle refuse sa proposition ? Quand il lui avait demandé pour la raccompagner, le refus lui avait semblé être la seule réponse, mais maintenant qu’elle avait répondu par la négative… Elle le regrettait. Se tournant vers sa Ford Mustang, la jeune femme blonde se mordit la lèvre inférieure, et sa main droite alla chercher réconfort dans sa tignasse dorée avant de capturer entre ses longs doigts fins une mèche à torturer. Elle avait déjà ouvert la portière côté conducteur lorsqu’une question était venue lui effleuré l’esprit. Et, comme elle ne pouvait pas apporter de réponse, elle avait jugé utile d’en faire part à Aaron ; après tout, il était, lui aussi, concerné. Une réponse, il lui en fournit une. Qui la fit sourire. D’un faible sourire mi-figue, mi-raisin. Faire semblant de s’être croisé par hasard. Elle n’était pas certaine que leurs collègues – profilers, ne l’oublions pas – les croiraient s’ils leur donnaient cette excuse pour justifier le fait qu’ils soient ensemble, à se promener dans la rue. D’autant plus que Natasha vit à Washington DC, et qu’il est rare qu’elle traînasse à Quantico.

Très crédible, répondit-elle sur un ton ironique. Mais je suppose que c’est la seule explication qu’on pourra donner.

Elle laissa un blanc de quelques secondes, comme si elle allait ajouter quelque chose, mais se ravisa au dernier moment. Son regard gris posé sur son supérieur, elle lui lança faiblement un « Bonne soirée » accompagné par un de ses nombreux sourires destinés à Aaron. Car oui, sans qu’elle ne sache pourquoi, elle s’était aperçue que Hotch faisait partie de ces personnes privilégiées et qui avaient droit à un sourire spécial. On aurait presque put l’appeler le « sourire spécial Hotch ». Cette idée lui tira un doux sourire sur les lèvres, et Natasha allait s’engouffrer dans sa voiture lorsque la voix qu’elle aimait tant la retint. Avant de faire volte face pour se retrouver, de nouveau, face à Aaron, les yeux de l’agent fédéral étincelèrent.

J’en serai ravie.

Elle n’avait pas pris la peine de réfléchir correctement à sa réponse. Etait-ce raisonnable ? Sans doute pas ; ils allaient devoir arriver au Behavioral Analysis Unit les premiers le lendemain afin que personne ne s’aperçoive de sa voiture restée sur le parking, et aussi pour ne pas éveiller les soupçons. Mais c’était trop tard, elle venait d’accepter. Et de toute façon, c’était dans son droit ; après tout, il s’agissait là de sa vie privée, et personne ne pouvait lui faire la moindre remarque ! Refermant la portière de sa Mustang, et enclenchant l’alarme, Natasha se rendit lentement vers celle d’Aaron ; la seule autre voiture présente sur tout le parking.

T’a-t-on déjà dit à quel point tu peux être attendrissant quand tu t’inquiètes ?

Un nouveau sourire mi-sérieux, mi-moqueur était venu rajeunir son visage de quelques années. Oui, Aaron s’embellissait lorsqu’il laissait les sentiments prendre le dessus. Malheureusement, c’était rare. Enfin… Malheureusement était un bien grand mot ; le fait qu’il ne montre jamais, ou que très rarement, ses sentiments, donnait à Natasha l’impression d’être réellement importante. D’être quelque d’exceptionnel. Alors qu’il n’en était rien ; elle était tout à fait banal. Mais elle pouvait toujours rêver d’avoir cette importance. Après tout, l’espoir fait vivre.

[ HJ : Désolée Sev pour cet énooooooooooorme retard T_T Surtout qu'en plus avoir prit touuuut mon temps pour répondre, je ponds un truc... Assez médiocre et minuscule itou T_T Encore désolée ]

Aaron venait de repenser à la réponse qu'il avait donné. Il était vrai que niveau crédibilité, il méritait un beau zéro pointé. C'était digne d'une réponse type tiré d'un film où les deux amoureux devaient également cacher leur amour l'un pour l'autre pour ne pas être dévoilé par leur famille ou leur collègue. C'est du vu et revu et surtout c'est trop cliché, personne n'avalerai cette explication. Mais donner une raison valable pourrait servir un jour à ne pas être repéré et ne pas devoir aller dans le bureau de la directrice pour se faire sermonner. Surtout qu'en y réfléchissant, Aaron vivait à Quantico et Natasha à Washington DC, il n'y aurait donc aucun moyen pour qu'ils se croisent à un moment donné. Oui, ils allaient devoir réfléchir à une explication et au plus vite.

Pour le moment, c'est la meilleure explication que j'ai pu trouvé

Aaron attendait la réponse de Natasha concernant le fait de passer la soirée chez lui. Il espérait qu'elle accepte, il n'allait pas avoir beaucoup l'occasion de se voir le lendemain au travail et se retrouver ensemble qu'une heure ou deux tous les soirs étaient vraiment peu compte tenu des heures passées aux bureaux. Mais peut être que ce n'était pas très raisonnable, il venait de se mettre ensemble, peut être que Natasha voudrait laisser passer un peu de temps pour se retrouver dans le logement de l'un ou de l'autre. Aaron regretta presque d'avoir posé cette question, mais quand Natasha accepta un sourire se dessina sur son visage. Pour finir, il avait fait le bon choix en lui demandant. Certes, ils allaient avoir pas mal d'inconvénients, comme le lendemain ils allaient devoir venir les premiers aux bureaux pour que personne n'ai de soupçons, mais finalement, ils allaient pouvoir passer la soirée ensemble. Aaron monta dans la voiture côté conducteur et Natasha côté passager. Ils bouclèrent leur ceinture, Hotch démarra le véhicule et sortit du parking. Aaron sourit à la remarque de Natasha.

Je ne m'inquiète pas, c'est juste que...

Aaron n'avouait jamais vraiment ses sentiments et personne n'y prêtait attention, ou du moins lui en parlait avec lui. Mais Natasha y faisait attention, ce qui était l'une des rares personnes à le faire, mais en même temps, c'était aussi l'une des rares personnes à qui il exposerai ses sentiments.

D'accord... C'est juste que je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose sur la route.

Il la regarda quelques secondes et reprit l'attention sur la route.