Pour la énième fois depuis qu’elle était arrivée, Casey observa son reflet dans le miroir en pied qui lui faisait face. Combien de robes avait-elle essayé jusque là ? Dix ? Vingt ? Sûrement plus que ce qu’elle n’avait jamais eu en tout cas. Courtes, longues, moulantes, avec un dos nu, un décolleté plongeant, sombres, claires, de quoi habiller toutes les filles des Opérations Clandestines et peut-être même de la CIA tant qu’à faire, mais aussi de quoi barber sévèrement la brunette qui soupira fortement. Elle en avait marre, ça devait faire au moins quatre heures qu’elle était là à jouer les poupées pour cette bonne femme qui l’exaspérait au plus au point à chacune de leur rencontre… Jamais elle n’aurait pensé qu’on puisse faire tout un flan pour une simple évaluation même si on ne cessait de lui rabâcher que c’était une étape importante dans sa future carrière.

- Bien on va revoir la bordeaux de tout à l’heure. Lança la grande rouquine en s’arrêtant derrière la jeune femme et en ajustant quelque peu la tenue que son mannequin provisoire portait.

Leurs regards se croisèrent via le miroir. La plus âgée, au regard gris acier affichait un air plus que prétentieux à la limite du supportable pour la plus jeune au regard vert qui se retenait de se retourner pour lui en coller une. Pourtant, elle resta maîtresse de ses émotions comme on le lui avait si bien appris. Elle se contenta alors d’afficher un rapide sourire puis retourna derrière le paravent pour remettre cette fameuse robe qu’elle avait déjà essayé deux fois auparavant.

- L’image que tu vas refléter est très importante. On ne doit pas pouvoir te cerner toi et tes intentions dès le premier coup d’œil, il faut te fondre dans la masse afin d’approcher au maximum la cible.

Cynthia, car c’est ainsi qu’elle s’appelait ne le vit pas mais derrière elle, Casey leva les yeux au ciel tout en offrant une pitoyable parodie de sa personne. Ca faisait combien de fois qu’elle lui répétait ça ? Elle pouvait pas changer un peu de disque ? Ca n’était quand même pas comme si elle était arrivée hier, ça faisait maintenant quelque chose comme deux ans environ… En fait la brune n’en était pas très sûre, elle n’avait pas de calendrier dans sa chambre pour confirmer la chose et à vrai dire, elle avait même perdu la notion du temps à peine une semaine après être entrée en prison. Elle ajusta la robe qu’on lui avait demandé d’enfiler et revint se planter devant le miroir. Rien n’avait changé depuis tout à l’heure contrairement à ce que pensait l’autre, elle avait toujours l’air d’une escorte girl, que ses cheveux soient détachés ou non, qu’elle porte une paire d’escarpins noirs à la place des sandales de la six ou septième robe.

- Finalement peut-être que l’émeraude était mieux…

Le faisait-elle exprès pour tester ses limites ou était-ce purement involontaire de sa part ? Non, ça n’était pas son genre, surtout quand elles étaient en présence l’une de l’autre. Casey avait bien comprit que quoi qu’elle fasse cette grande radasse à la tignasse de feu lui chercherait toujours des noises histoire de se donner des motifs pour pratiquer ses autres passe-temps, la psychologie et la violence. Elle fit alors demi tour pour retourner là d’où elle venait. Le positif, c’est qu’au moins Cynthia avait mis moins de temps à se décider que pour la précédente.

- Attends.
- Oui ? Se stoppa aussi sec la jeune femme en se demandant déjà ce qu’elle avait trouvé de neuf pour lui pourrir ce moment qu’elle trouvait assez laborieux comme ça.

Son interlocutrice s’éloigna quelques secondes pour revenir avec une housse de vêtement noir qu’elle avait récupéré sur un autre portant que celui sur lequel elle prenait toutes les toilettes habituelles. Elle lui tendit sans rien dire et retourna près de son bureau pour y ranger quelques dossiers qui y trainaient. La jeune Ryback haussa légèrement le sourcil mais ne traîna pas pour autant, plus vite cette partie là serait terminée plus vite, elle pourrait passer à autre chose, voir même retourner dans sa chambre pour réviser un peu ce qu’il l’attendait.

La robe qu’elle sortit du plastique la subjugua durant une minute peut-être plus. On était vraiment loin des autres tenues qu’elle avait essayé jusque lors, c’était vraiment du haut de gamme, quelque chose qu’elle n’aurait très certainement jamais porté dans sa petite existence minable qui avait été la sienne avant d’atterrir là. Elle l’enfila non sans difficulté à cause de l’épaisseur du jupon et l’ajusta du mieux qu’elle put sans parvenir à atteindre la longue fermeture éclair qui se trouvait coincée au milieu de son dos. Les couturiers n’avaient vraiment aucune jugeote de placer un élément aussi vital dans un coin si difficile à atteindre même quand on était aussi souple qu’elle.

- Voilà. Lança-t-elle finalement en sortant de derrière le paravent pour que l’œil critique puisse la juger.

En quelques pas à peine, n’oubliant cependant pas de relever son jupon qui trainait d’au moins deux centimètres par terre, elle atteignit le miroir pour pouvoir elle aussi voir ce que ça donnait réellement. Elle n’avait plus l’air de la morveuse junkie qu’elle avait été quelques temps auparavant, là elle avait plutôt l’air d’une princesse sortie d’un conte de fée, celle avec une de ces robes capable de faire rêver toutes les petites filles du monde même au travers d’un simple dessin.

- Je croyais que je devais me fondre dans la foule… Souffla-t-elle.
- C’est le cas. Rétorqua l’autre tout en finissant de fermer la fermeture éclair problématique. Dois-je te rappeler que tu seras à une réception au beau milieu d’une ambassade et que quatre vingt-dix pourcent des personnes présentes ce soir seront des hauts dignitaires venus des quatre coins du monde et que tu es censée être la nièce d’un puissant magnat du pétrole ?
- Non, bien sûr que non…
- Aussi après mûre réflexion, je pense que vouloir faire dans le simpliste serait une grossière erreur. Et puis qui irait soupçonner une aussi jolie jeune fille d’être une meurtrière ?

La rousse afficha un sourire qui n’avait rien de naturel. Casey n’arrivait pas à définir ce que c’était mais ça n’était certainement pas un compliment qu’elle venait d’entendre. Elle lui répondit à son tour par un rapide mouvement des lèvres et retourna se changer pour revenir a son classique survêtement qu’elle jugeait actuellement plus confortable que ce qu’elle avait sur le dos. Si elle avait bien calculé il lui restait moins de deux heures avant sa mission, ce qui lui laissait largement le temps de revoir ce qui était prévu une dernière fois, prendre une bonne douche et se préparer tranquillement.

- J’enverrais quelqu’un te chercher dans une heure et demi afin que nous puissions peaufiner les derniers détails avant ton départ. Déclara la rousse en ne lui prêtant déjà plus attention.
- Entendu. Répondit la recrue avant de regagner ses quartiers sans trainer.

Il fallait qu’elle revoit ses plans. Elle avait beau les connaitre par cœur, on lui avait sans cesse répété qu’il valait mieux être sur-préparé que pas assez, elle voulait cartonner. Elle savait que si elle réussissait son coup ce soir, son statut changerait. Elle ne serait plus la jeune recrue parmi une poignée d’autres, l’élève qui se devait d’être assidue, elle serait agent à part entière, un titre que beaucoup rêvait d’acquérir rapidement pour se la jouer à la James Bond, si elle en croyait ce qu’elle pouvait entendre au réfectoire. Tiens, d’ailleurs en parlant de ça, elle en avait complètement oublié d’aller manger avec les autres. Bah, de toute façon personne ne remarquerait son absence vu qu’elle ne discutait qu’avec très peu de monde en ce moment.

Sa douche finie, ses cheveux secs et brossés, elle reporta une énième fois son attention sur tous les documents qu’elle avait éparpillés sur son lit pour les étudier. Entrées, sorties, caméras, nombres de gardes, armement… Elle n’avait pas le droit à l’erreur, les Russes n’étaient pas des enfants de cœurs et s’ils venaient à la coincer, elle savait pertinemment qu’elle aurait le droit à la totale. De la simple discussion dans une pièce sombre aux électrochocs, sans parler du fait que même si elle parvenait à se sortir de là, ses supérieurs ne la rateraient très certainement pas. Les losers ne faisaient pas de vieux os ici, on les éliminait proprement et on passait à autre chose. On frappa à sa porte, il était déjà l’heure. Dans un silence de mort, elle suivit son escorte jusqu’au bureau de Cynthia. Elle entra mais ne vit personne. Il était fort à parier qu’on avait du l’appeler pour faire une démonstration de ses talents de tortionnaires sous le nez des trois derniers nouveaux venus ou sur un type qui devait déjà être en train de prier le bon Dieu pour qu’on l’achève avant qu’elle ne le fasse à coups de marteau. Casey préféra donc ne pas l’attendre, elle voulait être prête à temps et ne pas avoir à se précipiter dans les dernières minutes parce que son hôte se serait trop fait désirer. Elle commença par la coiffure, un chignon légèrement lâche avec une mèche tombant sur son épaule, puis poursuivit avec le maquillage. Il n’y avait pas à dire, elle était vraiment très loin de celle qu’elle avait été. Jamais au grand jamais elle ne se serait étalé une once de paillettes sur le visage ni même tripoté les cheveux aussi longuement. Plutôt fière du résultat obtenu, elle alla pour finir enfiler sa robe et ses chaussures avant de revenir devant le seul miroir en pied de la pièce et observer son travail qui la satisfit bien qu’elle regretta la présence d’un ou deux bijoux comme elle avait pu en voir chez les riches qu'elle avait dévalisés, pour combler le vide entre son cou et le début de sa robe donc les larges bretelle noires lui tombaient sur le milieu des bras. Peut-être qu’avec un peu de chance Cynthia arriverait pour arranger ça, avant qu’on ne vienne la chercher pour aller exécuter son premier contrat.

♠ L'Orgueil du Puma ♠ (feat. Casey J. Ryback)

Faire des flash-backs, c'est intéressant, n'est-ce pas ? Mine de rien, ça peut servir à tout : revenir à la souce d'un grand évènement, de gros problèmes, bref ... Un souvenir. Bon ou mauvais. En clair, quelque chose qui a marqué votre vie. Ou du moins ici, l'un de ceux qui ont marqué - de près comme de loin - la vie de Shane. En l'occurence ici - pour ceux qui se le demanderait - ce flash-back est un bon de douze ans en arrière. Plutôt loin n'est-ce pas ? Pourquoi donc, si loin ? C'est simple. On remonte à la toute première mission de Casey, à ses débuts. Sa toute première fois ...

Ce matin là donc, Shane se trouvait comme tous les jours au sein de l'Agence des Opérations Clandestines. Une routine à laquelle il s'était fait, bien assez vite après tout. Depuis qu'il était ici, il avait bien rapidement gravit les échelons. Le Grand Manitou qui en était à sa tête - James H. Richardson - un homme froid, hautain et sans aucune sensibilité. Et dire que Shane se disait qu'il lui devait la vie ... Enfin, bref passons. C'pas de ça que je voulais parler maintenant ! Aujourd'hui, était marqué d'un évènement spécial. L'activation d'une des recrues pour une mission. Mais attention : pas n'importe qui. Il s'agissait bien entendu de Casey. Casey oui. Casey Joan Ryback. Celle que Shane avait formé, celle à qui Shane s'était plus ou moins attaché, celle qu'il voulait protéger.

D'un instant à l'autre, il savait que l'heure fatidique approchait. Deux heures. Dans deux heures Casey allait devoir partir. Nerveux, Shane faisait de multiples allées et venues entre la salle de pause pour boire du café, ou s'exciter sur l'une des cibles de la salle de tirs. Et si tout ça ratait pour une raison ou une autre ? Et si quelqu'un ou quelque chose allait tout faire capoter au dernier moment ? Est-ce que James et Brian - notre geek de service - avaient bien vérifiés tous les systèmes de sécurité comme les caméras et le verrouillage automatique des portes ? Étaient-ils vraiment sûr que ça marche vraiment ? Shane lui, avait des doutes ...

Comme à son habitude, il se trouvait dans son lieu de prédilection, vidant un chargeur à la perfection. Il tirait comme il savait si bien le faire. Dans ces moments-là, il ne pouvait faire que ça, se sentant presque impuissant. D'ailleurs, alors qu'il en était à son deuxième chargeur de vidé - et qu'il s'apprêtait à en vider un troisième - Bian l'avait rejoint. Mr Geek - comme le surnommait Shane, en ironisant quelque peu voire pas du tout, finalement. Brian se tenait derrière lui, silencieux, avant de finalement prendre un casque anti-bruit et une boite de munition. Tirant quelques balles, alors que Shane s'était arrêté quelques instants pour installer un quatrième chargeur. (Il tire beaucoup, hein ? Ouais, je sais ...) Brian qui se tenait à sa droite, le fixait, avant de lui poser une question :

« Dis, Shane ... Tu sembles nerveux ... »
« Pourquoi tu me dis ça ? » Lui avait-il répondu, en continuant de tirer.
« J'sais pas ... Tu m'as l'air trop silencieux. Tu nous parles peu depuis que Richardson a demandé d'activer Casey ... » Avait répondu Brian, en imitant son collègue au tir.
« C'est juste que c'est sa première mission. Et j'ai l'impression que c'est trop dangereux. » Continuait-il, en tirant, toujours aussi nerveux.
« Détends-toi, Shane. Tu avais toi-même dit qu'elle était prête pour ... »
« Tais-toi ! Je ne savais pas qu'on allait la fourrer dans cette putain d'ambassade, dès le début. »
« Olà, olà ! Calme-toi Shane. »

Notre agent de la CIA, posa son colt sur la tablette, avant de prendre son collègue par surprise, au niveau du col. Ce qui l'avait légèrement fait sursauter ...

« Je suis calme, Brian. Tu es juste venu m'opportuner. J'te préviens ... Quoiqu'en dise James, j'en ai rien à foutre, tu m'entends ?! Rien à foutre ! Je vais m'occuper de Casey. C'est mon affaire. J'en fais mon cas personnel. C'est moi qui l'ai formée. Si y'a un problème, je m'en charge. C'est tout. Tu as compris ? »
« Je ... Hum, bien ... Mais, euh ... Tu peux me lâcher, s'il te plait ? »

Tout péteux ... Brian était tout péteux. À vrai dire, Shane ne l'appréciait pas plus que ça. Lui et son comportement de geek prétentieux - avec son programme Shadow_Web 1.0, dont il faisait le fier - « Brian le Geek » avait le don d'énerver Shane. Pour sûr. Bref, notre agent relâcha notre premier de la classe en informatique, tandis que ce dernier ramassait son matériel. Là, histoire de se défendre, abordant un autre sujet, Brian répliqua :

« Faudra penser à faire changer c'flingue ... »
« C'est juste toi, qui ne sait pas comment s'en servir. Nuance, Brian ... » Lui avait répondu Shane, en quittant la pièce.

En étant sorti de la salle de tir donc, Shane regardait sa montre. Dans quinze minutes, on allait devoir chercher Casey. Il marchait - toujours un peu nerveux - dans ce dédale de couloir pour regagner la salle de débriefing, concernant les activations. Alors qu'il s'apprêtait à rentrer dedans, il entendit des pas de course, derrière lui. Tournant la tête, il s'était aperçu qu'il s'agissait de Brian :

« Tu dis quoi que ce soit, et je t'explose la tête ... »
Brian s'était contenté de faire un signe de la tête, en déglutissant quelque peu sa salive. De là, ils étaient entrés tous les deux.
« Shane, Brian ! On vous attendait avec Cynthia ... Qu'est-ce que vous foutiez ? » Fit-il, en désignant la rouquine, près de lui, les bras croisés.
« On a légèrement été retardés ... »
« Menteur ! C'toi qui ... »

Brian n'eut pas le temps de finir sa phrase, Shane le fixait déjà « amoureusement » ...
« Il suffit, tous les deux. On a du travail ! »
Le Geek s'était donc mis derrière son ordinateur. James était placé devant la baie vitrée qui donnait sur la salle d'entraînement des recrues. Shane s'en approcha :
« Vous êtes sûr pour Casey, patron ? »
« Comment ça, Shane ? Tu doutes maintenant ? »
« C'pas ça. C'juste que ... »
« Quoi encore ? »
« J'aimerai lui parler un instant. »
« Soit. Va la chercher dans ce cas. Elle ne va pas tarder à partir de toute façon ... »
« Mais ... »
« Fais c'que j'te dis, tu entends ? »

Shane s'était donc dirigé vers la porte, passant derrière le siège de Brian - qui s'était retourné avec le sourire - pour le narguer :

« On change la donne, Shane ... »
« Ta gueule ... » Lui avait-il murmuré, énervé.

Là, il sorti de la pièce, se dirigeant donc vers la chambre de Casey ... Une fois devant la porte, il hésitait. Mais le temps pressait ... Alors il frappa. Deux fois ... Il entendit une voix, légère. Elle devait être occupée. Il inspira puis expira pronfondémment, avant de se décider à ouvrir la porte :

« C'est moi. Je ... » Commença t-il, presque tremblant. « Je suis venu te chercher. Mais avant, je voulais te voir pour quelque chose. »

Il ferma la porte derrière lui puis s'était assis sur le lit près d'elle. Joignant ses deux mains, regardant le sol, il trouva finalement le courage de la fixer dans les yeux, avant de reprendre :

« Je pense que tu sais pourquoi, je suis là ? J'espère que tu es prête. Je n'ai pas envie de te laisser foirer. J'ai pris mon temps et beaucoup de plaisir pour te former, alors ... »

Il laissa un petit temps, avant de se reprendre, ayant peur de laisser filer quelques allusions :

« Ne me déçois pas. S'il te plait. »

Pour le moment, il ne voyait que ça, à dire. Quand je vous disais que Casey était la seule, l'unique femme qui pouvait faire changer notre homme du tout au tout. La preuve : d'énervé et électrique avec Brian, il passait d'inquiet et d'angoissé avec elle ... Il l'aimait. Et ça s'arrêtait là.

[HRP : Désolé pour la prise de liberté. Mais comme tous mes partenaires, tu n'échappes pas à la règle. Tu m'inspire, malgré toi. C'est tout ^^ J'espère que ça te plaira. J'l'ai même mis en forme pour l'occasion. ]

Terminant de se préparer, Casey avait décidé de revoir une fois de plus son plan pour ce soir aussi, étant seule dans la pièce, elle choisit de réciter à haute voix ce qu’elle apprenait depuis trois semaines maintenant histoire d’être certaine de ne rien négliger qui pourrait lui être fatal. Elle entrerait par la grande porte avec l’invitation qu’on avait réussi à lui dégotter au nom de Miss Tovarek, la fille d’un puissant magnat du pétrole. De là, elle se mêlerait tranquillement à la foule pour se faufiler jusqu’à sa cible, un politicien serbe qu’elle devrait suffisamment charmer pour le faire s’éloigner de la vue de tous et ensuite l’éliminer et ceux sans avoir recours aux armes traditionnelles. Évidemment ça aurait pu être quelque chose de simple dans un endroit classique mais ce n’était pas le cas. Là où elle allait ce soir, c’était l’ambassade de Russie, une forteresse armée jusqu’aux dents prête à engloutir le pauvre fou qui y tenterait quelque chose, et ce soir, le pauvre fou c’était elle. Avaient-ils mis la barre si haut en souhaitant la voir échouer ou parce qu’ils voyaient en elle quelqu’un d’exceptionnel capable de réussir cette mission sans la moindre encombre ? La jeune femme fut sortit de ses pensées par le bruit de quelqu’un cognant à la porte. Elle n’eut même pas le temps de dire « entrez », à quoi bon de toute façon ici l’intimité ça n’existait pas vraiment et tous les hauts placés dans cet endroit pouvaient se permettre de faire ce que bon leur semblait. La poignée pivota légèrement et dans l’encadrement apparut finalement un visage familier, celui de Shane, l’homme grâce à qui elle se trouvait ici plutôt que six pieds sous terre. Instantanément, son visage changea d’expression comme à chaque fois qu’ils se croisaient. Il entra et alla s’asseoir sur son lit tandis qu’elle prit place de l’autre côté en prenant garde de ne pas trop froisser sa tenue. Elle savait que s’il était là, c’est que c’était très certainement l’heure d’y aller. Rien qu’à cette pensée, son cœur fit un bond entre le trac et l’excitation, c’était difficile à définir pour le moment. Une ou deux secondes s’écoulèrent avant qu’il ne se décide finalement à parler et ses propos, il faut l’avouer ne manquèrent pas de la surprendre quelque peu.

- Te décevoir ? Reprit-elle en plongeant son regard dans celui de son interlocuteur. Tu as donc si peu confiance en moi pour me demander de ne pas te décevoir ? Je sais que cette mission est loin d’être facile, j’avoue que quand on m’a parlé de mission d’évaluation je m’attendais à quelque chose de moins… cinglé sur les bords mais le fait est que je suis prête, je vais entrer là dedans, faire mon travail et ressortir point final.

Elle se releva pour mettre un peu de distance entre eux deux. Demoiselle indépendante depuis bien longtemps, elle n’aimait pas vraiment qu’on la couve comme si elle avait encore quatre ans, même si de la part de Shane elle pouvait trouver ça parfois très sympathique, voire même touchant de sa part étant donné sa position. Peu d’agents en charge de la formation des nouveaux voir même personne à part lui ne se souciait réellement de ce qui pourrait leur arriver.

- Tu seras présent ? Demanda-t-elle avec un air qui se voulait désintéressé tout en jetant un dernier coup d'oeil à quelques clichés qu'elle avait laissé trainer sur son bureau.

Ce que Casey voulait, c’était lui montrer de quoi elle était capable, de lui montrer qu’il avait tord de songer qu’elle pourrait le décevoir et aussi pour lui prouver que bientôt l’élève surpasserait définitivement le maître, comme elle l’avait fait en explosant haut la main le record de tir longue distance qu’il avait pu détenir à une époque. Enfin, ça c’était l’une des raisons car au plus profond d’elle-même, même si elle ne voulait pas se l’avouer, le second motif de cette interrogation, c’est qu’elle voulait qu’il soit aussi là au cas où… Evidemment, elle n’était pas stupide au point de croire que si elle se faisait coincer il viendrait la chercher, ça c’était bien entendu exclu mais la jeune femme aimait à croire qu’il plaiderait sa cause si jamais elle parvenait tant bien que mal à se sortir de ce bout de territoire sous immunité diplomatique. A moins qu’il ne fasse semblant de s’intéresser à son sort juste pour lui donner l’envie d’aller plus vite à l’abattoir. Non, non, non… cette anxiété mélangée à cette surcharge d’adrénaline était en train de lui faire perdre les pédales, elle devait se recentrer et ne penser qu’à sa mission et sa complète réussite.

Elle revint s’asseoir mais cette fois-ci à ses côtés, prenant toujours soin de sa robe qui l’encombrait quelque peu et profitant du nouveau silence dans le peu de temps qu’ils leur restaient, elle finit par lui poser une question qui lui avait trotté dans la tête depuis qu’elle savait où on l’envoyait pour son évaluation.

- Ca c’est passé comment pour toi ? C’était aussi compliqué ou c’est juste Cynthia qui a fait en sorte de m’envoyer dans un coin bien merdique parce qu’elle a comprit que je pouvais toujours pas l’encadrer depuis notre première rencontre dans son fabuleux bureau ?

[HRP: Ta réponse m'a énormément plu, par contre j'espère que ça sera le cas aussi pour la mienne, j'avoue que j'avais pleins d'idées en commençant la réponse, mais je me suis un peu perdue en chemin...(Ca arrive des fois u_u') Je me rattraperais c'est promis !!]

♠ L'Orgueil du Puma ♠ (feat. Casey J. Ryback)

Lorsqu'il allait la voir dans sa chambre, Shane semblait toujours nerveux. En fait, il n'avait pas réellement besoin de le sembler, puisqu'il était vraiment. À chaque évènement qui touchait de près ou de loin Casey, il s'en sentait affecté. Et aujourd'hui il s'agissait de sa première mission. Il s'en trouvait même plus stressé qu'elle. C'était vous dire. Dans la confusion, il avait même dit quelque chose à la jeune femme, qui l'avait interpellée. Il avait demandé à ce qu'elle ne le déçoivent pas. Pourquoi le décevoir ? La jeune brune sur coup, se demandait s'il avait réellement confiance en elle. Là, Shane s'en était trouvé confus. Évidemment qu'il avait confiance en elle. C'était juste que ... En fait il avait peur que la mission dégénère pour une raison X ou Y. Un accident pouvait si vite arriver et c'était ce qu'il voulait éviter à tout prix. De tous les agents qu'il avait pu former, Casey était de loin la meilleure - voire la plus jolie aussi - mais ce n'était pas le sujet. En bref, Casey était la seule femme dans son entourage qui lui restait. La seule. Il ne voulait pas perdre celle qui le faisait avancer - l'air de rien - jour après jour. Oui, oui. Ça n'avait pas l'air comme ça peut-être, mais ce boulot était barbant suivant les jours. Shane se retrouvait à chaque fois sérieux, inexpressif, silencieux ... Il n'y avait que Casey qui pouvait lui arracher un sourire. À chaque fois qu'ils se retrouvaient seuls, Shane se sentait comme transporté. Ils étaient là, assis l'un à côté de l'autre. Et cette question résonnait dans sa tête ...

« Non. Je ... Enfin ... Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en toi, au contraire. Tu es le meilleur agent que j'ai formé. C'est juste que ... Tu sais, une balle perdue peut si vite arriver dans une confusion. J'espère que tu vas t'en sortir. La difficulté de la mission est reflétée par l'endroit surtout. Le fait que cette Ambassade soit un lieu, gardé par des gorilles armés jusqu'au dent ; alors que tu dois dessouder un politicard. C'est ça qui m'inquiète. Les supérieurs ont joués gros sur le coup. J'espère que tu vas y arriver. Du moins, je t'en sens parfaitement capable. »

Elle s'était relevée - et à ce moment là - Shane ne l'avait plus près d'elle. Comme s'il se sentait perdu. Il avait besoin de croiser son regard, mais en même temps pour ne pas faiblir, il éviter de le croiser de trop. Depuis le début de sa formation, il voyait que peu souvent. Et plus les mois étaient passés, plus Shane voyait que quelque chose, qu'un sentiment, était en train de s'installer. Mais quoi ? Pour le moment, il ne savait pas encore. Alors que Casey fouillait sur son bureau, les quelques photos qu'elle avait laissé, la jeune brune posa une question à son formateur. Allait-il être présent. Oui, et non. En vérité, il allait être là. Mais son ordre, allait être de réagir, seulement si la situation se corserait. Et uniquement dans ce cas précis :

« Et bien, seulement si l'on est dans la merde. Mais autrement non. C'est ta mission, c'est toi qui doit nous prouver que tout ce que tu as appris, t'as servi. Mais je doute que tu foires en réalité. C'est juste que ... Je flippe un peu trop. »

Beaucoup trop, même. Mais ça, c'était parce qu'il avait l'impression de l'aimer. Enfin, en toute franchise, il l'aimait déjà. La seule chose qui lui manquait, c'était le fait d'en être sûr. C'était très ambigüe pour le moment. Il avait seulement des doutes à ce sujet pour l'instant. Il essayait de se persuader que tomber amoureux d'une femme qu'on avait formé, c'était impossible. Et pourtant ...

« Du moment que tu te sens prête, c'est le principal. C'est tout ce qu'on te demandes. En plus de faire attention à toi, bien entendu. »

Cela dit, « Faire attention » ; c'était plutôt Shane qui le demandait. En fait, il était partagé dans ses pensées. Il se persuadait sur le fait qu'elle puisse réussir ; mais en même temps, il n'était pas impossible qu'elle échoue non plus, et qu'elle doive battre en retraite. C'était les risques du métier, que chacun de leur agent, entraînait au fil des mois. Il regarda rapidement sa montre. Elle allait devoir se présenter au bureau du Directeur, dans approximativement cinq minutes. Enfin, trois très exactement. Les dirigeants de ce service, privilégiait les agents ponctuels et motivés, aux retardataires pas très sûr d'eux ...

« Il va être l'heure. Viens ... J'vais t'accompagner. »

En lot de consolation, Shane pouvait se dire qu'elle allait réussir. Elle avait l'air sûre d'elle, il fallait que lui aussi le soit pour que la mission fonctionne.

Les mots que prononça Shane pour la rassurer quant à la confiance qu’il avait en elle lui firent afficher un petit sourire, ce qui en soit était quelque chose d’extrêmement rare habituellement. Non pas qu’elle ne le faisait jamais, simplement ça ne lui arrivait qu’en de rares occasions et surtout en la présence de son interlocuteur. Les autres recrues avec qui elle vivait étaient sympa mais ça n’avait absolument rien avoir avec ce sentiment, ce truc indéfinissable qu’il y avait entre eux deux. De la complicité ? De l’amitié ? Un peu des deux ? En tout cas, pour Casey une chose était certaine, elle lui devait énormément. Si elle était là aujourd’hui, encore en vie c’était grâce à lui. Si on lui confiait enfin sa toute première mission afin de faire d’elle officiellement un agent à part entière, c’était encore grâce à lui au moins en partie. Si les journées de cours n’étaient pas trop ennuyeuses, car elles pouvaient l’être en fonction de la matière étudiée, c’était aussi grâce à lui, ou tout du moins quand ils avaient l’occasion de se croiser cinq minutes, mais ça elle le gardait pour elle. Il était évident dans sa tête que si ça venait à se savoir on pourrait essayer de la mettre dans les pattes d’un autre agent moins conciliant et ça en serait fini de ce petit truc. Elle deviendrait alors un de ces zombies remplissant un tailleur, faisant absolument tout ce qu’on lui dit sans rechigner jusqu’à ce que mort s’en suive et c’était aussi enchantant pour elle que de devoir supporter Cynthia deux heures durant dans la même pièce. Revenant sur terre, loin de ses nombreuses pensées en tout genre, elle écouta Shane lui expliquer le rôle qu’il aurait dans l’histoire, autrement dit celui qui devrait rattraper le coup si ça tournait mal. Sincèrement, elle espérait que ça n’arriverait pas, mais comme il lui avait, dit il y avait toujours la possibilité que quelque chose d’imprévu se produise durant sa mission. Le risque zéro n’existait pas et pour la première fois où elle allait devoir tuer quelqu’un, qui plus est au beau milieu d’un territoire souverain, la jeune femme trouvait ça un peu dommage.

- Ca va bien se passer… Souffla-t-elle au fait qu’il venait de lui avouer flipper un peu trop à la fois pour le rassurer mais aussi comme pour conjurer tout mauvais sort qui pourrait lui tomber dessus une fois qu’elle serait à l’intérieur.

Oui, ça allait marcher comme sur des roulettes, elle n’avait pas travaillé si longtemps et si dur pour échouer le jour où l’on attendait énormément d’elle. Casey voulait sa liberté, elle voulait leur montrer qu’ils ne pourraient plus se passer d’elle, qu’ils avaient fait le bon choix en venant la trouver dans sa cellule de deux mètres par trois. C’était son let motive dans les moments délicats et jusqu’à ce qu’elle parvienne à son but, elle ne cesserait de se le répéter pour trouver le courage qu’il pourrait lui manquer ou même l’assurance nécessaire. Elle se savait prête c’était tout ce qui comptait à l’heure d’aujourd’hui, là maintenant tout de suite, et justement c’était l’heure.

- Ok, alors allons-y… Lança la brune en gagnant la porte de sa chambre.

Si tout se passa plutôt bien, les premiers mètres franchis, voir toutes les autres recrues la regarder avec des airs parfois à la limite du compatissant, lui donnèrent l’impression qu’on était en train de la mener directement à l’abattoir. Ils auraient tous portés des combinaisons orange fluo qu’elle se serait subitement crue revenue en prison le jour de son exécution. Heureusement, son regard se porta sur Shane qui la devançait et elle parvint finalement à faire taire ses dernières angoisses, faisant le vide dans sa tête comme si le reste du monde n’existait plus. Elle releva la tête et marcha droit devant sans se soucier de ce qui n’avait aucun rapport avec la mission qui l’attendait, récitant mentalement tout ce qu’elle devait connaitre sur le bout des doigts de son personnage au cas où les invités qu’elle serait amenée à croiser seraient un peu trop curieux. Eleanor Tovarek, fille d’Alexander Tovarek, le roi du pétrole comme certain l’appelaient. Une mère décédée peu de temps après sa naissance, un père pas toujours présent mais toujours au petit soin avec sa seule et unique progéniture à qui il ne refuserait jamais rien bien qu’elle n’ait jamais réclamé quoi que ce soit au-delà du raisonnable. Ayant suivit une éducation à domicile puis plus tard dans une grande université du pays, ses meilleurs amis sont uniquement des gens de son milieu, également fils et filles de businessman populaires dans les domaines qui sont les leurs. Elle espère devenir un jour avocate en droit internationale ou pourquoi pas ambassadrice et c’est justement pourquoi son très cher géniteur l’a envoyée à cette réception en son nom plutôt que d’envoyer les habituels délégués payés de le remplacer quand il était trop occupé dans les pays du Moyen Orient à débattre sur les prix de l’or noir. La jeune femme s’interrompit lorsqu’elle reconnu le couloir menant au bureau du directeur des Opérations Clandestines, un type assez prétentieux qu’elle avait du mal à supporter, mais ça c’était peut-être à cause du fait qu’elle le voyait tout le temps fourré avec cette grande radasse de Cynthia. Ils entrèrent après en avoir reçu l’autorisation et la jeune femme alla se planter devant le bureau derrière lequel se trouvait son patron même en étant encore une simple recrue.

- Tu es ravissante Casey. Lança-t-il en la regardant de la tête aux pieds. Cynthia à vraiment fait des merveilles sur toi…
- Merci… Répondit-elle en se retenant de dire qu’elle avait sans doute plus fournit d’effort elle que cette emmerdeuse.
- Tu es prête ?
- Oui bien sûr que oui.
- Tu sais ce que tu as à faire ?
- Tuer Nikola Ianovic, futur candidat aux élections présidentielles en Serbie.
- Bien. Et évidemment, si jamais tu échoues tu sais ce qui va se passer ?
- Les Russes feront de moi leur prisonnière et me tortureront pour me soutirer des informations sur mes intentions et s’ils n’y parviennent pas ils me tueront.
- Tu n’as donc aucun intérêt à rater ton coup. De nombreuses personnes comptent sur toi ce soir…

Bien sûr, il ne mentionna pas le fait que si elle ne parvenait pas à réussir cette tâche mais qu’elle arrivait à s’extraire de l’ambassade sans encombre, on la raierait de la carte de manière définitive mais ça Casey le savait depuis un moment. C’était comme une rumeur qui voyageait dans toute l’agence et qui se faisait toujours très intense à chaque fois qu’une nouvelle recrue était activée.

- N’oublie pas qu’une fois à l’intérieur, tu ne pourras compter que sur toi, il n’y aura aucun agent à l’intérieur pour te venir en aide si besoin. Tu devras agir seule quoi qu’il arrive.

La brune acquiesça d’un mouvement de tête tandis que l’homme regarda sa montre. L’heure était venue pour celle qui lui faisait face de faire ses preuves.

- Eh bien dans ce cas, bonne chance. Lança-t-il finalement en lui tendant la main pour la lui serrer.
- Merci. Répondit-elle en lui rendant sa poignée de main.

Le pire n’était très certainement pas ce geste qu’ils venaient d’échanger, c’était ce qu’il venait de lui dire. Dans sa formation on lui avait appris à observer le comportement des gens, leurs expressions et ce qu’elle avait vu sur le visage de ce type n’était pas très brillant malgré qu’il essayait de le dissimuler autant que faire ce peut. Il voulait qu’elle se plante. Ca ne devait pas être un sentiment dominant en lui, mais il était quand même présent. A quoi ça lui servirait si elle n’y arriverait pas ? Cela faisait-il si longtemps que lui et ses précieux nettoyeurs n’avaient pas eu de personne à refroidir, effacer, rayer du globe ? A moins qu’il ne voulait faire la leçon à Shane ? Elle avait bien vu comment parfois ils les observaient quand ils étaient en présence de l’autre, à la limite entre la colère et le dégout. Elle lui fit un rapide sourire et sortit du bureau bien décidée à le contrarier pour une bonne raison, la réussite de sa mission.

- Si je réussis cette mission et que je passe agent, une fois dehors tu m’offres un verre pour fêter ça. Lança-t-elle à Shane histoire de briser cette ambiance un peu trop solennelle voire pesante.

♠ L'Orgueil du Puma ♠ (feat. Casey J. Ryback)

Pour tout vous dire, Shane avait une grande confiance en Casey. D'ailleurs, il se basait entièrement là-dessus. Il se disait que s'il avait s'agit d'une autre recrue d'affiliée à sa place, concernant l'infiltration de l'Ambassade, et bien ... Ça aurait mal tourné. Très mal tourné. En ce temps là, la jeune brune était bien le seul agent compétent, capable d'exécuter son contrat de façon correcte. Sans la moindre bavure ou presque. Parce que là aussi où Shane admirait Casey, c'était le fait qu'elle puisse toujours trouver un système D pour se tirer d'affaire. Lui dans tout ça, il allait servir de dernier recours avec les quelques hommes envoyés sur le terrain. Le but, c'était justement de ne pas agir. De laisser faire Casey. Elle avait été formée pour, après tout. Nerveux ? Oui, Shane l'était. Mais ça, c'était parce qu'il tenait à elle. En toute sincérité, c'était bien la seule qui avait tout appris au fur et à mesure, sans la moindre contestation. La demoiselle s'était pliée aux règles, sans rechigner. Une qualité qui n'avait pas laissé les dirigeants indifférents. Casey était décidemment considérée comme une graine de talent.

Le temps passait peu à peu avec leur discussion et il était temps d'y aller. Casey était prête. Shane s'y était résigné lui aussi.

« Bien ! Je te suis ! »

Rétissant, inquiet ... Certes. Mais notre agent de la CIA n'avait pas le choix. Tout avait été soigneusement préparé. Tandis qu'ils passaient dans les couloirs, ils étaient tombés sur le Directeur. Directeur qui avait rapidement briefé Casey. Sans trembler, sans bafouiller, la jeune femme avait tout récapitulé. Aucun doute, elle semblait belle et bien prête. Après quoi, ils avaient pris l'ascenseur, en direction du parking qui allaient les mener dans la limousine. Limousine dans laquelle Casey allait prendre place. Le véhicule allait être escorté par des 4x4 noires, aux vitres tentées. Dans l'un deux justement, Shane allait s'y trouver. Que des hommes de la CIA. Évidemment, personne n'allait soupçonner quoi que ce soit. Casey était censée être la fille d'un riche caïd contrôlant une gigantesque raffinerie de pétrôle. Le cortège était arrivé à destination en quelques minutes. Trois quart d'heure tout au plus. Certes un peu monotone, mais il fallait s'y faire pour ce genre de mission. La lignée de véhicules avançait, puis Shane avait donné une dernière recommandation :

« Souviens-toi, Casey. Tu n'as pas d'arme, excepté ton cerveau. Sers t'en du mieux possible. Ianovic doit mourir. Par tous les moyens. Oublies pas de dégoter la moindre informations papier ou logicielle, si tu en as l'occasion. On veut savoir avec qui, cet enfoiré fricote pour sa campagne. Clair ? »

Les voitures s'étaient arrêtées devant le bâtiment énorme de l'Ambassade. Décidemment, comme ils pouvaient s'y attendre, c'était plus que bien gardé. Voilà pourquoi, Casey allait devoir sacrifier son imagination pour tuer sa cible, avec les moyen du bords.

« C'est à toi de jouer. Bonne chance ! »

De là où ils étaient, Shane et ses hommes allaient tout passer au peigne fin, concernant leur recrue. Elle était prévenue et briefée maintes et maintes fois sur une interdiction : l'échec.

Assise seule à l’arrière de la limousine, Casey ne put s’empêcher de regarder toute la route défiler lorsque le véhicule accompagnée de son escorte quitta les locaux de la CIA pour l’Ambassade de Russie. Cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas vu ne serait-ce qu’un brin d’herbe que même la vision de flaques de boue sur le bord de l’asphalte, lui firent esquisser un léger sourire. Bientôt elle pourrait respirer l’air frais de la nuit et tant pis si ça ne durait que le temps qu’elle entre dans le bâtiment administratif, c’était toujours ça de prit. Machinalement, son cerveau se remit en état de travail, et alors que le paysage avançait, la jeune femme se mit de nouveau à réciter mentalement tout ce qui l’attendait sur place, la position exacte des caméras, le nombre de gardes en présence à l’extérieur mais aussi à l’intérieur, les armes qu’ils auraient en leur possession, les personnalités puissantes présentes à cette réception, l’histoire de son personnage, l’emplacement exact de chaque pièces dans le bâtiment, les issues de secours conventionnelles et celles qui ne l’étaient pas, elle connaissait tout sur le bout des doigts au point d’être capable de pouvoir le réciter les yeux fermés et même en partant de la fin. Comment elle se chargerait de sa cible, ça elle le déciderait sur place. Les seuls plans qu’elle avait mis au point concernaient le moyen de séparer Ianovic du reste de la foule et ses multiples sorties une fois que le travail serait terminé. Tout défilait dans sa tête à une allure folle, comme dans le cerveau d’un génie en pleine séance de créativité. Jamais elle ne se serait cru capable de penser ainsi un jour. Le trajet dura en tout et pour tout trois quart d’heure à vue de nez. Elle n’avait pas la moindre montre à ses poignets mais on lui avait appris à faire des estimations pour les circonstances extrêmes et aussi durant les cours où ils avaient été amenés à manipuler des explosifs en tout genre. La limousine stoppa devant l’entrée principale. Une fois les pieds dehors elle savait que les trois mètres devant le portail étaient également considérés comme territoire souverain et que par conséquent, être ressortie de l’immense propriété ne suffirait pas à sa survie si jamais il venait à se passer quelque chose. Sa seule chance de ne pas être inquiétée par les Russes c’était donc de descendre du trottoir pour se retrouver à même sur la route. Là, ils ne pourraient rien contre elle sans prendre le risque d’avoir des problèmes avec leur hiérarchie et les Etats-Unis. Elle ne pouvait même pas envisager de sortir avec une voiture qu’elle aurait piqué dans les garages, elles aussi étaient considérées comme territoires souverains et donc protégé par l’immunité diplomatique. C’était dingue tout ce qu’on pouvait mettre à l’abri rien qu’avec une mention pareille, véhicules, bâtiments, valises, personnalités… Shane lui adressa ses dernières recommandations, qu’elle écouta bien entendu avec attention même si c’était du remâché. Faire attention, prendre des informations, éliminer la cible, ne pas se faire prendre… Casey acquiesça d’un mouvement de tête tandis que son cœur semblait avoir gagné en pulsations. Elle inspira, expira, entendit le brun lui souhaiter bonne chance et descendit finalement quand le chauffeur vint lui ouvrir la porte. Là, la jeune femme remit son étole en place avant de jeter un coup d’œil en arrière. Non pas sur les véhicules avec lesquels elle était venue, mais sur la longue allée qu’ils avaient remontés après avoir franchi le portail. Il devait y avoir à vue de nez, deux cents ou trois cents mètres et elle ne devait impérativement pas oublier les trois mètres qui feraient d’elle ou non une personne en danger si ça venait à mal tourner. Le vent fit voler la seule mèche qu’elle avait délibérément laisser libre dans sa coiffure. Durant une seconde, elle profita de cette liberté retrouvée allant jusqu’à même observer les étoiles dans le ciel. Ceci fait, elle se joignit à la foule des invités qui arrivaient. Devant elle se trouvaient le vice consul Argentin accompagné de sa nouvelle épouse une femme plutôt jolie et très certainement plus jeune que lui. Derrière, à la voix elle reconnu le Président Baptiste, un homme qui avait, en creusant bien, la réputation de découper en morceaux tout ceux qui s’opposaient à lui et non loin à sa droite, elle vit le cheik Amal un puissant homme d’affaire Saoudien. Effectivement tout le gratin de la planète s’était donné rendez-vous ici et les diverses robes qu’elle avait patiemment essayés n’auraient vraiment pas convenu au style actuel. La file avança lentement mais sûrement à l’intérieur de l’Ambassade. Une première équipe était charger de fouiller les invités afin de s’assurer qu’ils ne possédaient pas d’armes sur eux et une deuxième équipe s’occupait de la vérification des invitations. Ce qui sortit la jeune femme de ses pensées, ce ne fut pas les incessant bip qu’émettait le détecteur de métaux au passage d’une vieille dame bardée de bijoux en tout genre, mais bien les imposants Rottweiler que tenaient en laisse quelques gardes. Cinquante kilos de muscles répartis sur quatre pattes, une mâchoire puissante, un regard tout sauf compatissant. Mais bon sang, pourquoi oubliait-on de mentionner les chiens dans les rapports de sécurité fournis aux recrues ? Était-ce si évident que ça ne méritait pas d’être mentionné ou bien était-ce volontaire afin de voir comment les petits jeunes allaient s’en sortir face à l’imprévu ? A chaque problème sa solution.

- Madame ? L’appela l’un des gardes.

Elle sortit définitivement de ses diverses pensées, offrit un charmant sourire à son interlocuteur qui en perdit presque son sérieux, déposa son sac dans une corbeille et franchit le détecteur de sécurité sans le moindre problème pour ensuite récupérer ses affaires qu’on lui tendait bien gentiment. Elle gratifia les hommes qui l’observaient avec des yeux assez brillants d’un nouveau sourire puis se dirigea vers la seconde étape de son entrée dans l’ambassade.

- Bonsoir. Lui lança une dame d’un certain âge quand son tour fut venu devant la table sur laquelle se trouvait divers listes où figuraient les noms des invités présents ou non actuellement.
- Bonsoir. Répondit Casey en accompagnant toujours ses propos par un sourire qui dévoilait sa dentition parfaitement blanche et impeccablement alignée.

La brune tendit le carton d’invitation qu’on lui avait remis pour la mission. L’autre l’examina avec attention pour trouver le nom de l’invitée parmi toute cette calligraphie en lettre d’or puis jeta un œil aux listes, ce que fit aussi furtivement la recrue de la CIA afin de savoir si sa cible était déjà arrivée ou si elle devrait patienter. Par chance, elle trouva rapidement le nom en question suivit d’un petit symbole signifiant qu’il était bel et bien là.

- Mademoiselle Tovarek, ravie de vous compter parmi nous ce soir.

Nouveau sourire accompagné d’un léger mouvement de tête.

- En espérant que vous passerez une agréable soirée.
- Merci beaucoup. Vous de même.

La brune ne se félicita même pas d’avoir réussi ce premier morceau du plan, c’était toujours relativement facile d’entrer quelque part quand on avait les papiers nécessaires, le plus dur c’était d’en ressortir et vivante de préférence. Suivant la foule qui arrivait tout comme elle, elle remonta un couloir finement décoré, descendit quelques marches avant de franchir d’immenses portes menant à l’immense salle de de réception de l’Ambassade, digne des grandes pièces que l’on pouvait trouver dans les palais Royaux. Si elle n’avait encore été qu’une vulgaire cambrioleuse, elle aurait très certainement trouvé son bonheur dans toutes ces babioles qu’on avait sans aucun doute fait briller pour l’occasion. Ses yeux verts se portèrent instinctivement sur l’ensemble de la pièce. Pas de tables particulières juste un immense buffet où se restaurer donc la possibilité de dérober un couteau pour faire la peau à sa cible étaient minces. Tant pis, de toute façon l’égorger était une manière trop classique à son goût sans parler du fait qu’il y avait de grandes chances que sa robe finisse tâchée de sang réduisant ainsi à néant ses possibilités de se fondre dans la foule une fois le travail terminé. Ceci examiné, elle chercha du regard sa cible parmi les invités qui se faisaient de plus en plus nombreux. Politiciens américains, diplomates étrangers, grands noms de la finance internationale, il y avait très certainement de quoi fournir des cibles pour les recrues des Opérations Clandestines durant une dizaine d’années au moins.

- Puis-je vous offrir un verre ? Demanda soudainement quelqu’un à proximité de sa position.

Casey tourna la tête et observa l’homme qui venait de l’aborder. Petit, corpulent limite bedonnant, souffrant d’un début de calvitie peu flatteuse, portant un costume gris visiblement trop grand pour lui au moins au niveau des épaules et des manches, des chaussures qu’on avait probablement cirées à plusieurs reprises pour cacher quelques malencontreuses rayures, en somme rien de ressemblant avec celui qu’elle recherchait ou même l’homme de ses rêves. Malheureusement pour elle, la brune ne pouvait cependant pas l’envoyer sur les roses directement afin d’éviter de se faire trop vite remarquer aussi elle choisit de faire ce qu’elle faisait depuis le début de la soirée c’est-à-dire lui adresser un de ses sourires qu’elle avait travaillé des heures durant avec Cynthia la maniaque des expressions, docteur ès torture, psychologue à ses heures perdues. Bien sûr, l’autre en face prit ça pour un oui et après avoir arrêté l’un des nombreux serveur qui déambulaient dans la foule, il lui tendit une flûte de champagne, qu’elle accepta sans rechigner. Pourvu qu’elle ne doive pas se le farcir trop longtemps…

- Oh pardonnez-moi j’en oublie mes manières devant une telle beauté qu’est la votre. Je me présente Herald Johnson, sous secrétaire d’Etat à la Défense. Lança-t-il en faisant une légère courbette pour saluer son interlocutrice.
- Enchantée Monsieur Johnson. Eleanor Tovarek… Répondit-elle alors qu’il lui faisait un baisemain plutôt loupé.
- La fille d’Alexander Tovarek ? La coupa-t-il.
- C’est exact.
- Eh bien, le bougre, il s’est bien caché de me dire qu’il avait une fille aussi belle.

Elle sourit de nouveau bien qu’intérieurement elle lui aurait bien fait regretter l’éclair lubrique qui était passé dans son regard. Il était évident qu’il ne lui avait jamais dit ce genre de chose, le vrai Tovarek qui avait accepté de prêter son nom et de collaborer avec les Opérations Clandestines sous peine de se retrouver face à des problèmes de taille, n’avait jamais eu d’enfant malgré le fait qu’il ait passé beaucoup de temps dans les bras de femmes de tout les niveaux sociaux existants.

- Comment va-t-il à ce propos ? Ca fait un petit moment que je ne l’ai pas vu et il me doit toujours une caisse de Sauternes…
- Il va bien, merci. Il est actuellement en déplacement mais je ne manquerais pas de lui transmettre vos amitiés.
- Bien…

Grâce à Dieu, ou à un coup de chance quelconque, ils furent interrompus dans leur conversation par madame Johnson qui avait du mal à voir d’un bon œil le fait que son mari soit en train de discuter avec une femme trente ans plus jeune que lui. Elle prétexta qu’elle souhaitait lui présenter quelqu’un de très important et l’importun repartit presque aussi vite qu’il était arrivé au grand soulagement de celle qui était encore en mission. Ses yeux repartirent automatiquement à la recherche de celui qu’elle devait éliminer sans trop trainer. Plus elle tardait, plus il serait difficile pour elle d’accomplir ce pourquoi on l’avait entrainée ainsi que de sortir sans encombres, elle le savait, on lui avait répété des heures durant lors de nombreux cours. L’orchestre placé dans un coin de l’immense salle commença à jouer un morceau, une valse plus précisément et évidemment, une poignée d’invités se mit à danser, ce qui en soit arrangea quelque peu la jeune femme qui repéra enfin son client, installé près du buffet, entouré par un couple de russes. Elle avala cul sec le verre de champagne qu’on lui avait offert avant de se saisir de deux nouvelles flutes sur le plateau d’un autre serveur qui évitait soigneusement les quelques danseurs, puis sans perdre une seconde de plus, elle se dirigea vers lui, nouveau sourire aux lèvres bien que celui-ci était plus charmeur que les autres, un de ceux qu’elle n’aurait voulu adresser qu’à quelqu’un comme Shane plutôt qu’à ce type, bien qu’il était loin d’être repoussant contrairement à celui qui l’avait abordée un peu plus tôt.

Il était comme on lui avait tout d’abord décrit avant de finalement lui montrer des photographies. Brun, un mètre quatre vingt, assez maigre, la quarantaine, des yeux couleur acier, un style élégant bien que parfois un peu trop clinquant comme cette Rolex en plaqué or qu’il portait au poignet gauche, ses boutons de manchette taillé dans de l’ivoire, sa ceinture arborant les initiales d’une célèbre marque ou ses chaussures tellement brillantes qu’une femme aurait pu aisément s’y remaquiller sans faire la moindre faute. D’ailleurs, en parlant de femmes, on ne pouvait pas dire qu’il ne les aimait pas. D’après les informations qu’elle avait reçu, il avait un penchant pour tout ce qui portait des jupons avec bien entendu une préférence pour les brunes plus jeune que lui et ça tombait bien, Casey entrait justement dans cette catégorie. Ce qu’elle savait également, c’était qu’il avait du mal avec l’alcool. Quelques verres suffisaient à lui faire tourner la tête cependant, il ne fallait pas non plus qu’il en abuse car il avait une forte tendance à devenir incontrôlable au point de frapper sans la moindre hésitation une femme. Sobre, il ne savait pas véritablement se défendre. Il avait toujours été quelqu’un de désintéressé aux cours d’escrime où son père l’avait inscrit quand il était plus jeune et c’était en partie pour ça qu’il ne se déplaçait jamais au grand jamais sans un service de garde rapprochée composé d’au moins six à sept hommes, enfin ce soir était une exception étant donné que les Russes avaient bien mentionné à tout le monde qu’aucun homme armé hormis les gardes travaillant pour l’Ambassade ne serait toléré.

- Puis-je vous offrir un verre ? Lança-t-elle une fois arrivé à sa hauteur.

Elle aurait eu plus de temps, il était évident qu’elle y aurait mis un peu plus de forme mais ce n’était pas le cas aussi elle avait choisit d’attaquer avec la technique basique. Après l’avoir ouvertement examinée de la tête aux pieds, l’homme afficha un sourire satisfait. Il était évident que si sa robe n’avait recouvert que le minimum syndical il en aurait été qu’un peu plus comblé, sans parler du fait que Casey était loin d’être une fille simple qui se fond facilement dans une foule de femmes toutes plus ou moins dans la même tranche d’âge. On la repérait facilement par son allure, ses longues jambes ou même ses traits vietnamiens, tout dépendait après de la situation. Sans rechigner, son interlocuteur accepta le verre qu’elle lui tendait et il en but plus de la moitié en une seule fois alors qu’elle n’avait fait pour sa part que tremper furtivement ses lèvres dans le liquide doré et pétillant. Elle tenait bien l’alcool, très certainement mieux que la drogue, mais il fallait tout de même qu’elle reste réactive et alerte pour la suite des opérations. Evidemment, ils échangèrent les banalités habituelles. Elle se présenta, il fit de même, ils parlèrent des affaires de celui qui était censé être son père, de sa future candidature à la présidentielle Serbe, ils échangèrent même quelques futilités dans sa langue natale que la jeune femme avait appris parmi tant d’autres, avant qu’il ne finisse par l’inviter à danser l’énième valse que jouait l’orchestre. Heureusement qu’elle avait été une élève sage qui ne séchait pas les cours qu’on donnait aux recrues des Opérations Clandestines, sinon la chose aurait été bien plus compliquée. Ils se dirigèrent au milieu de la piste parmi d’autres couples déjà présents et commencèrent à esquisser quelques pas tranquillement. Il la dévorait du regard, elle lui lançait des sourires, il se collait un peu plus à elle, elle le laissait faire, il faisait glisser la main le long de son dos pour s’arrêter à la naissance de ses fesses, elle se retenait de lui en coller une pour le bien de la mission. Tuer des gens, se battre, vivre dangereusement, elle était parfaitement d’accord, en revanche et elle l’avait dit clairement à Cynthia et autres, jamais elle ne terminerait dans le lit de quelqu’un pour atteindre ses objectifs. Il n’était pas question pour elle, et ça même si on lui avait répété un bon millier de fois que de toute façon elle n’aurait pas le choix, de vendre son corps à qui que ce soit qu’elle ne connaissait pas le moins du monde juste pour faire plaisir à une grande radasse rouquine et un type qui n’avait sans doute jamais du respirer l’air extérieur à son immense bureau. Si droguée elle avait réussi à s’y tenir, il n’y avait aucune raison pour qu’en bonne santé elle trahisse sa conviction. Elle n’était pas une prostituée, elle était une femme avec des sentiments, des émotions et tout le reste, point à la ligne.

- On pourrait peut-être s’éloigner de tout ce monde… Lui souffla-t-il soudainement du bout des lèvres.

Effectivement, l’alcool et lui faisaient une mauvaise combinaison. Il n’avait bu que trois verres en sa compagnie, un de champagne, un de whisky et un de vodka, qu’il voulait déjà aller faire des galipettes avec la première venue. Bon peut-être fallait-il accorder une marge de deux ou trois verres supplémentaires avant qu’elle ne l’approche mais même avec ça, c’était vraiment minable. Comme quoi, les aristos devraient sortir bien plus souvent de leur tour d’ivoire, il leur arriverait sans doute moins de problème liés à leurs faiblesses. Elle lui accorda un énième sourire. Une telle occasion ça ne se refusait franchement pas…

- Hum… pourquoi pas…. Répondit-elle avec cet air si innocent qu’elle lui servait depuis le départ.

Bien entendu, il fut plus que ravi par la réponse que la brune lui fournit et quand la valse fut enfin terminée, après avoir salué quelques diplomates comme si de rien n’était, il lui fit signe de la suivre. D’abord, il voulu simplement l’emmener dans un coin sombre sous l’escalier à double révolution qui menait aux étages supérieurs du bâtiment mais changea bien vite d’idée lorsqu’il manqua de se faire surprendre par un vieux couple de diplomates Chinois, alors il l’emmena dans ce qui semblait être un local à balais, ce qui fit presque sourire intérieurement la jeune femme. Les mecs et leurs pseudos coins tranquilles et leur notions du romantisme…

- On serait peut-être mieux dans l’une des chambres qui se trouve au deuxième vous ne pensez pas ? Lança-t-elle finalement. Là au moins, il y a peu de chance qu’on soit dérangés par quelqu’un… Mon père a dormi ici il y a quelques années de ça, alors qu’il était en affaire avec les Russes…

Les yeux de son interlocuteurs brillèrent plus que jamais, faisant se demander à Casey si le cerveau des hommes se trouvait véritablement au même endroit que celui des femmes où si ce n’était qu’une simple idée.

- Excellente idée, très chère… Répliqua-t-il avec un sourire qui se voulait plutôt carnassier.

Et, profitant que les gardes russes, qui faisaient au même moment leur ronde habituelle, avaient le dos tourné tous deux gravirent rapidement une cinquantaine de marches peut-être plus, pour arriver à destination. Evidemment, Casey fit en sorte que les caméras mises en place ne puissent pas distinguer son visage, soit en se collant tout près de son cavalier provisoire, soit en l’embrassant carrément, option qu’elle aurait largement voulu éviter étant donné que les baisers de sa cible avaient plus le gout d’alcool que des cacahuètes pourtant mises à disposition. Personne ne devait pouvoir l’identifier clairement que la mission soit une réussite ou un échec. Elle était un fantôme, un caméléon, personne ne devait la remarquer, tous devaient l’oublier aussi rapidement qu’ils l’avaient vue, c’était le moyen le plus efficace pour rester le plus longtemps possible au sein des Opérations Clandestines. Ils remontèrent alors le couloir assez rapidement, laissant derrière eux un bureau, une bibliothèque, un petit salon et s’arrêtèrent finalement devant la dernière porte à disposition.

- Et si c’est pas une chambre ? Demanda-t-il tout en déposant quelques baisers dans le creux du cou de sa charmante interlocutrice.
- Je pense que rien ne nous empêchera de faire avec… Répondit-elle en fronçant légèrement le sourcil pour appuyer son sous entendu.

Elle qui était contente de sortir, profiter ne serait-ce qu’une minute de l’air frais, elle n’avait plus qu’une hâte maintenant, c’était de rentrer pour prendre une bonne douche et faire partir toutes traces de ce type et de ses mains baladeuses.

- Merveilleux…

Non, ce qui était merveilleux là tout de suite, c’est qu’elle allait enfin pouvoir se débarrasser de lui et ce de manière définitive, il ne restait plus qu’à trouver avec quoi, bien que les idées ne lui manquaient pas le moins du monde. Il fallait de préférence que ça soit rapide et propre, surtout si elle envisageait de ressortir par la grande porte comme si de rien n’était. Elle ne pourrait pas non plus laisser trainer le corps au risque que quelqu’un ne le découvre avant qu’elle ne soit dehors, mine de rien elle avait un petit trajet à faire avant d’être libre et si elle ne voulait pas éveiller les soupçons, il fallait qu’elle sorte comme elle était entrée, de manière tranquille et presque nonchalante. La plaquant contre la porte, il fit glisser sa main droite sur elle comme si de rien n’était avant de se saisir de la poignée et de la faire pivoter très lentement afin de profiter de la proximité qu’il avait avec la demoiselle qui lui faisait face. Déjà dans sa tête il se voyait faire des galipettes avec elle sous les draps de satin, ce qui lui permettrait en plus de fuir les mondanités qu’il aurait du affronter deux étages plus bas, la vie était vraiment belle…

- On ferait mieux de ne pas trop trainer ici, on ne sait jamais qui pourrait passer… Suggéra la brune en poussant la porte et s’offrant ainsi un peu de distance avec sa cible.
- Oui c’est vrai….

Ils entrèrent dans la pièce qui, comme l’avait prévu Casey, était une chambre puisqu’en principe l’étage était réservé au séjour des hôtes de marque de l’Ambassade. Spacieuse, parfaitement rangée, meublé avec des pièces qui avaient du couter relativement cher, elle était loin du modeste quinze mètres carré à tout casser qu’elle occupait à la CIA. Ses yeux se mirent aussitôt à examiner tout ce qui était à sa disposition et qui pourrait lui servir d’armes. Les rideaux du lit à baldaquins, le fil électrique de la lampe de chevet, une statuette en bronze, des crayons…il n’y avait rien d’inédit et c’en était presque dommage car quitte à tuer quelqu’un pour la première fois et montrer à ses supérieures qui elle était, Casey aurait vraiment aimé faire dans l’original histoire qu’on s’en souvienne longtemps après son passage en tant qu’agent…

- Nous voilà enfin seuls… Souffla le serbe tout en se servant un verre de la bouteille de Whisky posée sur un petit meuble afin que les invités puissent se servir librement.
- Exactement…

Il avala l’alcool cul sec puis se dirigea sans attendre vers celle qu’il pensait être sa proie alors qu’en vérité c’était plutôt lui qui était le chassé ce soir. Il l’embrassa à plusieurs reprises, fit glisser ses mains un peu partout sur le corps de la jeune femme avant de venir s’amuser avec la fermeture éclair de sa robe.

- Je vais aller me rafraichir un peu… Murmura-t-elle en le repoussant légèrement. Vous n’avez qu’à vous mettre à l’aise en attendant…

Evidemment pour le rassurer dans ses ardeurs, elle lui donna un nouveau baiser avant de se diriger vers la salle de bain et de s’y enfermer une petite minute. Son cœur battait comme un dingue dans sa poitrine. Pas parce qu’elle était effrayée, mais bien parce qu’elle savait que le moment où elle allait devoir passer à l’action était de plus en plus proche. Et si elle se loupait ? Et si ça tournait mal ? Elle ouvrit le robinet d’eau froide, passa l’une de ses main en dessous pour ensuite se rafraichir la nuque et se calmer. Elle prit une profonde inspiration et pensa à Shane qui attendait dehors. Il avait confiance en elle, elle ne pouvait pas le décevoir. Son rythme cardiaque redescendit à mesure qu’elle songeait à lui. Elle voulait vraiment qu’il soit fière d’elle et lui montrer aussi qu’elle était loin d’être la grosse nulle qu’il avait découvert lors de leur première rencontre.

- Eleanor ? Appela le Serbe de l’autre côté.
- J’arrive. Répondit-elle aussi sec.

Refermant le robinet, elle arrangea ses cheveux et sa robe grâce au miroir qui se trouvait en face d’elle et sortit pour trouver Ianovic installé confortablement sur l’immense lit dont il avait repoussé les premières couvertures. Dans le genre gentlemen, il se serait mis directement tout nu ça aurait été pareil mais bien entendu la brune ne fit rien pour exprimer ce qui venait de lui traverser la tête afin qu’il continue à n’y voir que du feu. Elle le rejoignit tranquillement, toujours souriante et l’attirant vers lui sans plus tarder pour finir à l’horizontale, il recommença à l’embrasser, laissant ses mains trainer là où il le pouvait avant de revenir s’attaquer à la fermeture de sa robe. Il n’avait vraiment que ça en tête… La brune le laissa faire, pendant qu’il était occupé avec ça, il ne la verrait pas arriver… L’entourant de se jambes, elle le fit basculer pour qu’il se retrouve au dessus d’elle (ce qui le fit fortement sourire) et l’enlaçant au maximum de ce dont elle était capable, elle parvint à l’immobiliser par la seule force de ses cuisses.

- Bon fini de rigoler, mon vieux, je me suis bien éclatée, mais maintenant j’ai autre chose à faire. Lança-t-elle non sans une certaine hargne.

Et alors qu’il affichait une expression plus qu’incrédule et légèrement terrifiée, de ses mains encore libres, Casey lui brisa la nuque d’un coup violent et sec avant de relâcher sa prise qui glissa comme un vulgaire chiffon pour atterrir lamentablement sur le sol. Rapide, propre, un vrai boulot de professionnelle qui lui procura une immense satisfaction alors qu’elle se relevait du lit, et refermait tant bien que mal sa robe. En revanche, ce qu’elle était loin d’imaginer c’était que ce crétin qui gisait maintenant à ses pieds n’avait pas bouclé la porte de la chambre correctement et quand elle entendit des pas approcher dans sa direction…

- Fais chier.

Instinctivement, elle s’approcha de l’entrebâillement pour voir de qui il s’agissait et à cet instant précis, son cœur qui n’avait pas cessé de lui jouer des tours ce soir, manqua cette fois-ci un battement. Là, sous son nez il y avait un garde qui faisait une ronde, chose qui n’était absolument pas prévue, elle en était certaine. Elle revit mentalement tout ce qu’elle avait retenu sur cette affaire mais ne trouva rien qui confirmait sa présence ici. Mince, si même maintenant la sécurité ne faisait plus ce qu’elle était censée faire… La phrase de Shane au sujet des imprévus lui revint immédiatement en tête et durant un quart de secondes, elle le maudit intérieurement. Il aurait pas pu se taire non ? Elle réfléchis à vive allure comme on lui avait appris. Que faire ? Planquer le corps dans l’armoire ou sous le lit et ressortir comme si de rien n’était ? Non, s’il la voyait, il allait trouver ça suspect et irait fouiner dans la pièce qu’elle quittait. Attendre qu’il reparte ? Oui ça c’était une bonne idée… Se faire discrète, se fondre dans la masse, cesser de respirer, patienter jusqu’à ce qu’il fasse demi tour et redescende… Lentement, elle ferma la porte complètement et retourna ensuite près du cadavre qu’elle se permit de fouiller. De ses poches de veste elle extirpa un portefeuille, quelques cartes de visites qu’on avait sans doute du lui données durant la soirée, un paquet de chewing-gums qu’il aurait peut-être du utiliser avant de se permettre de l’embrasser et un trousseau de clés qu’elle engouffra dans son petit sac à mains après avoir reconnu au moins une clé de coffre et une clé pour ouvrir une consigne à la gare. S’attaquant ensuite aux poches de son pantalon, ce qu’elle y trouva la conforta fortement dans la première impression qu’elle avait eu de lui en lisant toutes les informations qu’on avait regroupées pour le bien de sa mission, ce type était vraiment lamentable à la limite du pur porc et avec ça il voulait devenir président… Elle fronça le sourcil, se retenant de lui en coller une malgré le fait qu’il soit déjà mort. Le parquet grinça, elle sursauta. Rapidement elle fit glisser le corps sous le lit et s’y engouffra à la suite lorsqu’elle vit la poignée pivoter. La porte s’ouvrit sur un silence parfait. L’homme qui venait d’arriver resta sur le seuil, il devait probablement juste jeter un œil au cas où puis après une minute ou deux qui parurent pour Casey une éternité, il repartit en refermant derrière lui. Elle soupira fortement. Une fois sortie dehors elle ne manquerait pas de demander à Shane pourquoi diable on ne l’avait pas prévenue des rondes aux étages. La brune sortit de sa cachette, laissant le macchabé là où il se trouvait, remit de l’ordre à sa toilette, récupéra son sac et se faufila sur la pointe des pieds jusqu’à la porte qu’elle entrebâilla doucement afin de voir s’il y avait encore du monde dans le couloir. Par chance la voie était libre aussi, elle en profita pour sortir de la pièce et jouant au chat et à la souris avec les diverses caméras en présence elle se dirigea rapidement vers les escaliers qui la mèneraient à la salle de réception, proche de la sortie.

- Mademoiselle ? Lança une voix à fort accent russe derrière elle.

Bien entendu, elle s’arrêta aussi sec et se tourna en direction de celui qui venait de l’alpaguer, continuer sa route en faisant la sourde oreilles aurait très certainement été une bien plus grosse source de problèmes.

- Oui ? Répondit-elle innocemment avec toujours un sourire presque débile sur le visage.
- Puis-je savoir ce que vous faites à cet étage ?
- Oh euh… à vrai dire je cherchais les petits coins… je sais qu’il y en a en bas, mais je voulais être tranquille cinq minutes… vous comprenez j’ai la tête comme une pastèque et depuis que je suis enceinte je passe mon temps à recracher tout ce que j’avale alors je ne voulais pas non plus incommoder les autres….

Le mensonge était sortit tout seul, réflexe patiemment conditionné durant des heures et des heures d’entrainement intensif avec ses camarades de la CIA. L’homme en face, haut d’un mètre quatre vingt environ et large d’un bon mètre, n’afficha même pas la moindre once de compassion envers la pseudo future maman, mais sembla pourtant croire à la version des faits qui lui avait été donnée.

- Je vois. Je vous demanderais tout de même vos papiers s’il vous plait.
- Oh oui, bien sûr.

Elle sortit de son sac sa superbe fausse carte d’identité que même un œil avertit n’aurait pas reconnu comme étant une contrefaçon et la tendit à l’homme qui après avoir lu le nom dessus, se renseigna via son talkie walkie auprès des gens de l’entrée probablement, pour vérifier si elle figurait bien sur la liste des invités, le tout en Russe bien entendu. Une fois de plus, le temps qui s’écoula lui parut durer le double de la réalité voire même le triple, mais ça ne l’empêcha pas de garder un air serein. L’autre écouta attentivement la confirmation qu’on venait de lui donner, acquiesçant de quelques mouvements de tête en même temps ce qui lui donnait un air légèrement crétin.

- C’est bon, vous pouvez y aller, mais je vous demanderais à l’avenir de rester dans les parties réservés aux invités pour votre sécurité
- Entendu. Répondit la brune en récupérant sa carte qu’elle glissa dans son sac, elle allait pouvoir enfin se tirer d’ici.

Casey fit quelques mètres supplémentaires, se réjouissant presque de voir enfin arriver les escaliers qui la rapprocheraient un peu plus de la clôture de sa mission quand l’homme qu’elle venait de quitter, reçu une nouvelle communication sur sa radio. De ce qu’elle put comprendre, car le Russe faisait aussi partie des langues qu’elle avait apprises, l’Ambassadeur en personne était à la recherche de son prestigieux invité Serbe qu’il n’avait pas vu depuis une demi heure et d’après les renseignements qu’il avait obtenu un peu par hasard en discutant avec un certain couple de Chinois, il était occupé quelque part dans le bâtiment à fricoter avec une grande brune aux traits asiatiques. Bingo. Elle qui voulait sortir par la grande porte pour se donner un maximum de prestance une fois de retour à la CIA, elle pouvait d’ores et déjà passer au plan B. Elle fit demi tour et avant même que l’autre n’ouvre la bouche pour dire qu’il avait la fille en question à portée de mains mais pas Ianovic, ce qui pourrait être très suspicieux, elle lui colla une droite qui le fit lâcher sa radio et reculer dans le salon de l’étage, dont elle ferma soigneusement la porte après être également entrée à l’intérieur. Le malabar, légèrement sonné, mis quelques secondes à comprendre ce qui lui arrivait mais lorsqu’il retrouva ses esprits, il n’hésita pas à foncer dans le tas même si son adversaire était une femme. Son style n’était pas du tout fin. Il privilégiait largement des coups de bourrins que des prises d’un art martial particulier aussi la brune choisit d’employer la même méthode, terminant de se relever des décombres d’un meuble sur lequel il venait de la balancer. Il voulait la jouer hard, elle allait la jouer hard. De là, s’en suivit un affrontement plus que violent et dénué de toute la finesse qu’on avait pu lui enseigner à la CIA. C’était à celui qui balancerait l’autre le plus fort, à celui qui trouverait l’objet le plus lourd à balancer au visage de l’autre. Téléphone, vase, bouteille, tiroirs pleins, tout y passa y comprit la table basse. Elle appliqua même le conseil avisé que lui avait donné Shane avant qu’elle n’entre, se servir de sa tête. Le coup de boule qu’elle lui mit la fit probablement autant chanceler que lui avant qu’ils n’en reviennent aux mains et aux pieds. A cet instant, Casey aurait largement préféré avoir une robe plus courte, mais elle se débrouilla avec ce qu’elle avait. Le coinçant dans une prise bien à elle qui faisait appel à ses jambes, elle n’hésita pas à lui déboiter l’épaule avant qu’il ne parvienne une énième fois à se dégager. Des mecs, elle en avait affronté, elle s’était même entrainée contre Shane mais un malabar pareil c’était bien plus compliqué surtout avec sa tenue. Elle se releva alors une énième fois, lui administra de nouveaux coups qui le firent violement chanceler mais lorsqu’il parvint enfin à récupérer son révolver coincé dans les débris d’un meuble qu’ils avaient sacrifié, elle préféra prendre la fuite plutôt que de poursuivre. Non seulement, le mettre KO lui paraissait trop long mais en plus elle n’allait certainement pas arrêter les balles avec les dents pour les beaux yeux de son supérieur. Tant pis, elle avait fait le maximum, elle avait même tué sa cible alors maintenant il fallait passer au plan C. Elle ouvrit la porte rapidement, échappa à un premier coup de feu, sortit dehors sous les tirs suivants dont un eut malheureusement raison de son épaule droite et arrivant au bout du couloir, elle activa le signal d’alarme le plus proche histoire de faire un bon mouvement de foule dans lequel elle pourrait se glisser, descendant rapidement au premier étage où elle fut contrainte de se planquer dans un placard, le temps que des gardes passent sous son nez.

♠ L'Orgueil du Puma ♠ (feat. Casey J. Ryback)

L'heure fatidique approchait. Le cortège de notre pseudo fille de Tovarek s'était arrêté devant l'imposant bâtiment de l'Ambassade. Une règle était bien stricte sur le sujet de cette petite réception. Mise à part les gardes qui encadraient les lieux, personne n'était toléré à porter une arme. Cette enceinte - quelle qu'en soit la journée ou la soirée - était surprotégée. Aucune arme était autorisées. Question de sécurité. C'était dans le règlement. Ce soir là par contre, était un soir très spécial. Tout le gratin de la planète, la crême de la crême y avait rendez-vous. Un détail que Casey ne devait pas négliger. C'était surtout grâce à eux, que la jeune femme pouvait aisément se fondre dans la masse, dans le but ultime d'atteindre sa cible. Cela dit pour le moment, rien n'était encore fait. Avant que la portière de la limousine ne s'ouvre, Shane s'était occupé des dernières recommandations. Plutôt du rabachage, qu'autre chose. Mais c'était pour prévoir les conneries. Si Casey était là, c'était avant tout parce que ses supérieurs lui faisait confiance sur cette mission. En effet selon eux, c'était la seule recrue capable d'accomplir toutes les tâches ardues de cette soirée, par tous les moyens possible et inimaginables. Bref ... Revenons-en à nos moutons !

Suite aux dernières recommandations de Shane donc, Casey avait acquiescé d'un moment de tête. Notre beau gosse ténébreux ne l'avait pas dit à sa recrue - mais pendant toute la durée de la mission - il n'allait pas la voir, mais allait l'entendre. Elle était équipé d'un système de télécommunication discret. Le brevet de fabrication, avait été piqué à l'armée il y avait quelques années de ça. Et depuis, la CIA s'en servait pour des missions aussi complexes que celle-ci. Casey le savait pertinemment : aucune erreur, aucun échec allait être toléré. Enfin ... L'erreur était humaine après tout, mais sans, c'était bien mieux. Au bout de quelques secondes, la jeune brune était sortie de la limousine. La petite file d'attente avançait petit à petit. Des gardes étaient à l'entrée. Un petit groupe se chargeait de leur faire passer le portillon électique - prevenant toute menace terroriste - et le second, vérifiait les cartons d'invitation. Mise à part les rondes intérieures et les chiens à l'extérieur - de gentils rottweilers - parfaitement bien éduqués contre tous les vilains-méchants-pas-beaux. D'ailleurs, Casey fut quelque peu déçue. Shane aurait dû lui en parler. Mais que voulez-vous ? Il s'était concentré sur les objectifs majeurs de la mission, et pas sur des détails comme celui-ci, considéré comme mineur pour lui. Après tout, elle allait bien faire avec.

Ce fut donc au tour de la recrue de passer au crible. On avait pris son sac à main et on l'avait fait passer par le portail. Voilà pourquoi elle ne devait porter aucune arme. Vous imaginez si ça avait été le cas ? Elle se serait faite démasqué sur le coup, et là : « Misson failed. Try again ? » Non, bon ... Je reprends mon sérieux. Casey passa sans mal le premier seuil de sécurité du bâtiment et présenta ses faux papiers, parfaitement en règle. Ça avait du bon parfois, de bosser pour la CIA et faire passer n'importe quel membre de sécurité pour un pigeon. Ça mettait un brin d'humour dans ces missions, parfois bien trop compliquées, qui rendaient l'atmosphère plus que tendue. Casey - sous le nom d'Eleanor Tovarek - fille d'Alexander Tovarek, puissant propriétaire d'une raffinerie. À ce moment-là, elle s'était avancé vers la grande salle des invités et la mission pouvait commencer. Shane, lui, était toujours dans la voiture avec Jack au volant, un collègue. Notre agent de la CIA, allait maintenant se concentrer sur tous les dires de sa recrue et toutes les réponses qu'on allait lui fournir. À cet instant, Monroe était loin de se douter qu'il se préparait à un sacré spectacle. Un sacré spectacle qui commença très fort d'ailleurs ...

À peine le rideau s'était-il levé, que le premier personnage mis en scène fit son apparition. Shane n'en avait pas l'aspect physique sous les yeux, et valait mieux pour lui. En effet, l'homme en question, avait tout fait pour essayer d'être le plus présentable possible. Costume trop grand pour lui, chaussures cirées tant bien que mal, coiffure des plus dévaloristantes avec cette calvitie dont Shane n'en n'avait rien à envier. Cependant, il allait devoir se taper toutes les conversations. Même les plus chiantes, comme celle qui allait arriver. L'homme, proposa un verre à Casey. Tellement pressé qu'il en avait oublié de faire les présentations. Cela avait déjà mis la puce à l'oreille de Shane, qui se doutait du genre d'homme que ce gars pouvait être. Notre agent en eut même un hochement de tête et un soupir, qui traduisait son mépris. Après quoi, cet homme avait fini par se présenter. À ce qu'il disait, c'était le Secrétaire d'État à la Défense. Ah ... Un Secrétaire d'État ? Qui se permettait d'agir de cette façon ? Shane en avait bien eu l'illustration : ce Monde était vraiment gouverné par des abrutis. Y'avait pas d'autre mot. Ensuite, Casey se présenta, comme elle l'avait si bien fait, pendant ses longues heures d'entraînement. L'homme fut d'ailleurs très étonné. Il ne savait pas du tout qu'Alexander avait eu une fille. Surtout que le type en question avait eu l'un de ces regards lubriques, plein d'envie. Si Shane avait vu ça, il aurait bien eu envie de lui coller une droite. Cela dit, même s'il avait été présent, cela n'aurait pas été possible, sans éveiller les soupçons. Le Secrétaire d'État donc - puisque telle était sa fonction - avait demandé à notre femme asiatique, comment allait son « père ». Apparemment, ce dernier devait à notre gugus une caisse de pinard français. Quand Shane avait entendu ça, il ne s'en était pas douté. Ce gars là avait l'air de faire des paris stupides, dans le seul et unique but de se bousiller le foie. Un ivrogne en somme. On pouvait même se demander comment faisait-il pour ne pas perdre son emploi ...

« Espèce d'abruti ... Tu vois pas que tu gènes ? On en a rien à cirer, de tes paris à la con ... »

Remarque que Casey avait entendu. Mais bon ... Elle, lui avait tout simplement répondu de façon plus neutre. Son père était censé se trouver en déplacement. Et elle allait lui transmettre le message. L'homme donc, fut quelque peu satisfait. Cependant, sa femme l'avait vite dérouté de ses intentions, prétextant que quelqu'un de très important était arrivé pour eux. Casey donc, fut tirée d'affaire. Elle avait fini son verre et cherchait du regard sa cible. Quelque chose de pas si facile que ça, en y repensant. Tout un tas de personne, était entassé dans l'Ambassade. Heureusement pour elle, Casey avait consulté maintes et maintes fois, des photographies qu'on lui avait refilé, pendant l'étude de cette mission. Le visage de Ianovic lui était donc resté en mémoire. Un homme brun, d'un mètre quatre vingt, maigrichon, âgé approximativement d'une quarantaine d'années, avec des yeux aussi clairs et sondant que l'acier. Bref, quelqu'un de plutôt classe sur lui. En même temps, il s'agissait là d'un des plus prestigieux invité de cette réception spéciale. Au bout de quelques minutes, Casey l'avait croisé et s'était dirigée vers lui, attrapant deux flûtes de champagne au passage. Accostant donc cet homme - Nikola Ianovic - et lui proposer un verre. Verre qu'il avait accepté volontiers. Dans ce genre de situation, on ne pouvait pas dire que le charme de la belle recrue, ne passait pas inaperçu. Buvant alors, l'homme lui avait déjà siphonné la motié de son champagne. Après quoi, ils échangèrent tous les deux, quelques paroles en russe. Rien de bien intéressant après tout, mais de très utile pour faire comme si de rien n'était, afin de se mettre la cible dans la poche. D'ailleurs, ils avaient fini par aller danser tous les deux. Là, encore valait mieux pas que Shane soit dans les parages. Un meurtre aurait pu avoir lieu, plus tôt que prévu. La cible lors de leur petite valse, s'était permis de descendre sa main jusqu'au creux de reins de Casey. Nan, mais vous imaginez ? Ce mec là la branchait comme pas possible. Il la chauffait. Il était complètement pété, déjà. Remarquez, même si la jeune brune sur le moment avait voulu lui flanquer une bonne râclée, elle s'était abstenue. La mission. Il fallait penser à la mission.

Comme on aurait pu s'en douter, les pulsions perverses du gars, le menait lui-même, droit dans le panneau. Après ce champagne, le charme de l'asiatique avait fait son effet, et l'homme voulait d'elle. Tout de suite. Il proposa donc à Casey - ou Eleanor plutôt - de l'accompagner dans un coin tranquille ...

« Pervers ... Si seulement je ne me retenais pas de lui ... »
« T'aurais bien voulu être à la place de Ianovic, hein ? »
« Ta gueule, Jack ! »
« Oh, hé ... Je blaguais, c'est bon ... »

Au bout de quelques minutes, ils s'étaient finalement dirigés dans une chambre au second étage. Chose sur laquelle Casey avait insisté. Si elle s'était laissée faire, l'homme aurait bien essayé de faire sa petite affaire dans une pièce complètement inappropriée, comme ce local vide dans lequel il voulait l'emmener. En rentrant donc dans la chambre, elle avait tout parcouru du regard, cherchant d'office quelque chose d'assez coriace et silencieux pour le buter. Après quoi - alors que cet ivrogne se servait encore un verre - Casey lui avait dit de se mettre à l'aise, et l'embrassa furtivement - jouant le jeu - avant de se diriger vers la salle de bains, pour s'y enfermer. Shane avait entendu la porte et le robinet.

« S'il tente quoi que ce soit sur elle ... »
« Relax, Shane. Tu connais bien Casey non ? Elle ne va pas se faire avoir comme ça ... »
« C'est vrai ... » Fit-il, avant de relancer une connexion avec sa recrue. « Casey ... Casey, tu m'entends ? Tu es seule ? C'est bien jusque-là. Tu te débrouilles. Continues comme ça, tu es sur la bonne voie. »
Qu'elle ne lui réponde ou pas, pour lui c'était pareil. Il savait qu'elle l'entendait de toute façon. D'ailleurs, le gars en question - attendant sur le lit - s'inquiétait de l'absence de la jeune femme, et l'avait appelée. Casey lui avait répondu, coupant finalement l'eau et était sorti de la salle de bain pour le rejoindre.

Elle s'approcha donc l'air de rien, puis avait fini par le maîtriser au bout d'un moment pour le neutraliser. Shane en avait même entendu le craquement léger de la nuque, via le système de communication. Tout comme Jack d'ailleurs, qui ne s'était pas prié de faire une remarque pertinente ...

« C'est qu'elle n'y va pas de main morte, la p'tite ... »
« Faut c'qu'il faut ... » Répondit simplement Shane.

Cependant, rien n'était encore fait, et ce, même si Ianovic était mort. En effet, Casey avait entendu des pas. Des pas qui présageaient rien de bon. Quelqu'un était sur le point d'ouvrir la porte. Elle s'empressa de cacher le corps et de se planquer, elle-même. La personne qui était là, avait fini par ouvrir la porte. Elle était restée là, pendant un instant, le temps de vérifier si la chambre - comme toutes les autres, en fait - ne présentait rien d'anormal.

« Merde ! Qu'est-ce que ... »

Et oui ! Quand on faisait des missions comme celle-ci, on ne pouvait pas tout prévoir à l'avance, même avec des plans minutieux comme celui-ci. Finalement, l'homme en tant qu'élément perturbateur, s'était éclipsé et Casey n'avait pas perdu de temps pour en faire de même. Elle ouvrit discrètement la porte puis jeta un oeil dans le couloir, avant d'emprunter les escaliers et rejoindre la grande salle de la réception. Cela dit - Casey tout comme Shane - étaient encore loin de leurs surprises. L'homme qui avait vérifié la chambre quelques secondes plus tôt, avait repéré la jeune asiatique et l'avait interrogée sur sa présence en cet étage, non réservé à des intrus comme elle. D'un ton tout naturel - essayant de ne pas stresser - elle lui avait répondu qu'elle avait des nausées et qu'elle voulait utiliser des toilettes, loin de tout le monde. Un mensonge qui était plus ou moins, bien passé. Méfiant tout de même, le garde lui avait demandé ses papiers. S'en était alors suivi une conversation via talkie walkie - en russe, bien évidemment - pour vérifier qui elle était. Chose qui ne faisait plus de peur que de mal, puisque son identité d'Eleanor Tovarek entrait encore une fois dans le jeu. Après une mise en garde, l'homme l'avait finalement laissé partir. On pouvait presque penser que tout était fini ... Qu'elle allait pouvoir se diriger vers la sortie, l'air de rien. Sauf que non. En effet, la CIA n'avait pas prévu ce qui allait suivre.

Le garde avait eu vent par des collègue que l'Ambassadeur s'était plaint. Il chercher Ianovic depuis plus d'une demie heure quasiment et ne savait pas où il se trouvait. Soit. C'était pas bien inquiétant ça. Non. C'qui fichait la trouille, c'était que des balances de chinois, avaient signalés que pour la dernière fois, ils l'avaient vu en compagnie d'une brune aux traits asiatiques. Là, il était clair que ça ne sentait pas bon du tout. Et comme on pouvait se l'imaginer le garde en question avait malheureusement fait le rapprochement. N'importe quel imbécile ne pouvait pas se tromper et ne pas faire le lien. S'en était alors suivi un affrontement des plus musclés. Shane était inquiet. Très inquiet. Son arme était chargé, planquée sur lui. Il avait fait mine de poser sa main sur le loquet de la portière pour l'ouvrir. Là, Jack l'avait retenu par le bras, et lui avait signalé :

« Si tu sors maintenant, tu fais tout foirer imbécile ... »

Shane resta donc à sa place, quoique toujours bien stressé. Casey elle, était bien préoccupée. Elle balançait la sauce, comme elle pouvait. Des coups et les moindres objets qu'elle avait sous la main, dans la tronche de celui qui voulait la mettre hors d'état de nuire. Même s'il avait quand même confiance en elle, Shane était anxieux. Un affrontement compliqué, mais Casey se débrouillait. Elle lui avait placé un bon bourre-pif. Seulement voilà, l'homme bien portant n'était pas resté sonné, indéfiniment. Il s'était relevé et n'avait pas hésité à foncer dans le tas, pour en finir une bonne fois pour toute. Cela dit, Casey n'avait pas l'intention de déclarer forfait, elle non plus. La jeune femme avait même fini par déboîter l'épaule du mec en question. Comme quoi, il était aussi possible de briser des armoires à glace. Enfin, briser ... Tout était relatif. Casey continua donc sa course, coursée par d'autres gardes qui lui tirait dessus. Elle évita, une puis deux balle ... Avant qu'une troisième ne lui atteingne finalement l'épaule. Justement, Shane s'en inquiétait toujours autant :

« J'espère qu'elle sait ce qu'elle fait, et qu'elle rentrera vivante au bercail. J'pas envie d'avoir de problèmes avec le direction. » Il s'énervait ou du moins, serrait les dents, avant de reprendre : « En tout cas, ces connards n'avaient pas pensé aux dommages que cette mission pouvait causer. Voilà où en est maintenant ... Génial ! Merci Richardson ... » Avait-il lancé ironiquement, dans le dos de son supérieur.

Casey elle de son côté, jouait toujours au gibier pourchassé et avait atteint une alarme, dont elle avait tiré le sigal. Un long bruit assourdissant et répétitif s'était fait entendre de l'extérieur :

« Bordel de merde ! C'est quoi, ça ? » S'était étonné Shane ... « Casey ! Casey ! » Avait-il appelé, alors que la connexion s'était malencontreusement coupée. « Putain de système à la con. Si je retrouve Brian au retour, j'lui tord le cou. » Avait il dit, avant d'ouvrir la portière, mainteant entrouverte. Jack s'était exclamé :

« Putain, mais qu'est-ce que tu fous, Shane ?! Restes là ! »
« Les ordres sont les ordres, Jack. J'interviens en cas de problèmes. Alors tu la fermes et tu bouges pas d'ici. Je vais récupérer Casey. » Répondit-il, en sortant de la voiture et s'approchant de l'entrée, sortant le grand jeu, aux gardes maintenant en face de lui :

« Matthew Donovan. Agent du FBI. Mes hommes affiliés à la SWAT arrivent dans quelques minutes pour sécuriser la zone. J'ai pour ordre de mes supérieurs de récupérer celle qui vous cause du tord. »

L'homme voyait bien qu'il était inutile de protester, puisque son badge était bien réel. Il pénétra donc l'enceinte, passant par le petit coin lui épargant les sons incessants du portique de sécurité. Arme au poing, il chechait Casey du regard. Pendant ce temps, on essayait de rétablir une connexion pour retracer la jeune brune. Chose faite au bout de quelques temps. Le sigal était donné ...

« Casey ... Casey ! Tu es où bordel ? »
Elle lui avait donné sa position, toujours planquée dans son armoire.

Shane n'avait pas perdu de temps, tandis que l'escouade de la SWAT était arrivée, comme couverture de plan B, en envahissant l'air de rien les lieux et suivre Shane, qui avait informé le chef d'équipe, sur la positition de sa recrue. Les agents de la SWAT en fait, n'étaient autres que des agent des Opérations Clandestines, entraînés pour l'occasion. Au bout d'un moment, Shane était tombé sur Casey ...

« T'en as foutu un beau merdier. Laisses-moi faire ... »

Shane l'avait sortie de là, et lui avait passé les menottes. La SWAT s'était occupée de désactiver l'alarme. Peu à peu, quoique toujours paniqués, les invités de la réception se demandait ce qui se passait. Les faux agents de la la SWAT les réorganisaient au fur et à mesure pour les calmer et les faire sortir, aidés des gorilles de l'Ambassade. Ce qui allait prendre du temps, et permettre à notre beau monde de s'éclipser. Regagnant la sortie, Shane s'était dirigé vers le van de la SWAT avec Casey.

Mine de rien, ils en avait profiter pour s'eclipser. Tout le monde était parti.

« C'est bon, on rentre ... » Avait-il lancé à Jack et aux autres. Le cortège avait suivi. Heureusement pour eux, les gardes étaient bien trop occupés avec les invités pour essayer de tout remettre en ordre. Pendant ce temps sur la route, Shane n'avait pas pu s'empêcher de faire un briefing, pas très satisfaisant sur la fin ...

« Qu'est-ce qui t'as pris ? Tu m'as foutu une sacrée trouille. »

Un léger blanc commençait à s'installer, mais il avait repris :

« Nan, c'est rien. Oublies ... T'as trouvé, quoi au juste ? »

Oui. La cible était morte, mais il fallait aussi des informations sur le gugus en question. Ils étaient venus pour le mettre hors d'état de nuire mais aussi pour récolter tout ce qui semblait bon à prendre. Maintenant, Shane retrouvait sa sérénité. Elle était saine et sauve, mise à part cette épaule qui lui faisait certainement serrer les dents ; mais ça aurait pu être pire ...

« Oh, montres voir ... » Il s'approcha quelque peu d'elle pour regarder la blessure de plus près, avant de continuer : « Évites de bouger de trop. La balle n'est pas totalement entrée. Si tu bouges ça va empirer, et on aura plus de mal à te l'enlever. On le fera en rentrant, ne t'en fais pas. Je te l'avais pas encore dis, mais même si tu m'as fait peur ... T'as fais du bon boulot. » Lui avait-il avoué, en gratifiant son compliment d'un sourire charmeur.

[HRP : Tu m'as violemment inspiré, et je t'en remercies. Voilà ton pavé en cadeau ! ]

Enfermée dans le noir de son providentiel placard, Casey se demanda combien de temps elle devait encore attendre avant d’oser ne serait-ce que sortir le nez de là et voir si la voie était libre, mais aux martèlements des chaussures sur le parquet, elle comprit bien vite qu’elle en avait pour un moment et qu’il y avait de grandes chances qu’il finisse par la trouver. Mais comment en était-elle arrivée là ? Il était évident que s’il n’y avait pas eu ce garde, ça ne serait certainement pas terminé de cette façon. Elle s’appuya un instant contre le mur derrière elle, histoire de reprendre complètement ses esprits mais n’en eut pas vraiment la possibilité à cause de sa blessure qui la rappelait à l’ordre. Génial, en plus maintenant elle avait un trou dans l’épaule. Elle essaya d’y jeter un rapide coup d’œil malgré l’obscurité mais ce fut un échec, ce qui eut pour conséquence de la faire bouillir un peu plus. Un grésillement se fit entendre dans son oreille malgré le brouhaha de l’extérieur mêlant la panique des invités au chant disgracieux de l’alarme incendie. Pendant un instant, elle avait presque oublié ce truc dans son oreille et lorsqu’elle y perçu la voix de Shane, la brune se sentit un peu mieux, bien qu’au fond, elle aurait préféré terminer ça toute seule. Là, maintenant, alors qu’elle indiquait sa position au brun, elle avait plus que la simple impression d’avoir échoué sa mission. Elle aurait tellement aimé tout gérer jusqu’au bout, et voilà que celui qui l’avait formée intervenait pour venir l’extirper de ce merdier sans nom. Sa colère remonta d’un cran mais avant qu’elle ne puisse s’en prendre à ce qu’elle avait sous la main, la porte du placard s’ouvrit presque à la volée, la faisant sursauter. Bien sûr, il lui fallut une minute pour que ses yeux se réhabituent à la lumière de l’extérieur de sa cachette et quand elle reconnu enfin son « sauveur », elle fut plus que soulagée bien qu’elle s’abstint de montrer quoi que ce soit. A sa remarque, elle esquissa un rapide sourire. C’est vrai que pour un merdier, c’en était un, et maintenant ils allaient devoir en sortir sans se faire coincer ni même éveiller le moindre soupçon. Qu’est-ce que le directeur allait dire ? Qu’allait-il penser de se cafouillage monumental ? Elle était certaine qu’il allait lui reprocher l’intervention de Shane, le mettant lui aussi en danger… Avec ça si elle devenait agent, ça relèverait du miracle, elle pouvait plutôt déjà envisager les punitions en tout genre et même la pire. Cynthia ne se priverait pas de la recommander pour l’élimination, vu comment elles s’appréciaient mutuellement, elle prendrait à coup sûr son pied quand ils seraient rentrés. Il lui passa les menottes, mains derrière le dos pour bien entendu montrer aux yeux extérieurs qu’il était maitre de la situation. Casey émit une légère grimace en sentant son épaule la tirailler de nouveau. Une balle ne faisait pas un simple trou, elle tournait sur elle-même à une vitesse monstrueuse pour ensuite déchiqueter lentement mais sûrement la peau avec laquelle elle entrait en contact, les tissus des muscles, les trucs visqueux qui pouvait se trouver là selon l’endroit visé, et pulvériser le moindre bout d’os sur le même passage. Au coup d’œil qu’elle s’attribua, la brune pu voir que par chance ça n’était pas arrivé jusque là et que le fait qu’elle ait pris la fuite l’avait probablement sauvée d’une douleur plus atroces ou de dégâts plus grands. Une fois tous les deux prêts, ils se dirigèrent le plus calmement du monde vers la sortie tandis qu’autour d’eux la panique redescendait peu à peu grâce aux gorilles russes et aux faux membre du SWAT qui étaient arrivés avec Monroe. Bien sûr, personne ne s’intéressa à eux, tous étaient trop occupés à rassurer diplomates de tel pays, chef de tel parti et fournir des explications qui changeaient selon la personne qui venait en réclamer. Ils remontèrent les quelques marches qu’avait gravit Casey à l’aller, passèrent devant les tables vides sur lesquelles ne se trouvait plus le listing des invités qu’on avait du emporter lors de la rapide évacuation et ils furent même dispenser de passer par l’étape du détecteur de métaux grâce à la fausse identité que Shane avait revêtue pour l’occasion afin de venir récupérer la trouble-fête qui avait la tête baissée afin que personne ne puisse l’identifier formellement. C’en était presque trop facile. Le cœur de la jeune femme se desserra quelque peu une fois qu’ils se retrouvèrent à l’air libre, le vent venant mordre les parcelles de sa peau dénudées, elle le savait plus que quiconque parmi tous ses hommes qui regagnaient l’escorte et le van, la liberté avait un gout unique pour lequel on était prêt à tout même tuer un diplomate Serbe au beau milieu d’une Ambassade pleine à craquer d’hommes armés jusqu’aux dents. Sans trainer, ils grimpèrent à leur tour dans le van et tout ce petit monde repartit comme si de rien n’était, car tant qu’on avait pas trouvé le cadavre que la brune avait laissé derrière elle, personne ne savait qu’un meurtre avait eu lieu, juste un coup de panique plutôt bien maitrisé qui ne sortirait probablement jamais de ces murs pour s’étaler sur les journaux. Tout serait enterré, mieux valait éviter la mauvaise pub. L’un des membres des Opérations Clandestines débarrassa la fausse prisonnière de ses menottes et évidemment, le temps des reproches arriva très vite. Qu’est-ce qui lui avait prit ? Un tas de reproches fusa subitement dans sa tête mais elle n’en formula pas un seul se demandant si étant donné les événements, s’en prendre à celui qui l’avait formée serait une bonne idée. Elle n’en releva même pas le fait qu’il avait eu peur, trop occupée à ruminer et à faire en sorte que sa colère ne transparaisse pas ou tout du moins pas tout de suite.

- Outre le fait que c’était un mec trop porté sur l’alcool et le sexe ? Répondit-elle directement à la question de Shane sur ce qu’elle avait trouvé. Un portefeuille plein à craqué de billets de cents dollars, six cartes de crédit dont une gold et une platine, une photo de sa mère, des cartes de visites, de la petite monnaie, cinq dollars soixante pour être précise, un paquet de chewing-gum à la chlorophylle truc dont il aurait du apprendre à se servir au lieu de le laisser au fond de ses poches, un trousseau de clés et n’oublions pas le plus extraordinaire, un paquet de préservatifs goût fraise ou banane.
- Des préservatifs ? Reprit l’un des types présents dans le van avec eux en affichant un sourire et un regard bourrés de sous entendus
- Oui des préservatifs. Je te les aurais bien ramenés mais vu que leur première utilité c’est de s’en servir, avec toi ça aurait été du pur gaspillage. Répliqua-t-elle aussi sec avec le plus grand sérieux du monde.

Le silence tomba. Les deux protagonistes se fixèrent droit dans les yeux avec un air froid jusqu’à ce que l’adversaire de la brune décide de passer à autre chose. Elle savait qu’elle en aurait très certainement des échos mais vu la soufflante qu’elle allait se prendre en rentrant, elle n’était franchement plus à ça près. Son regard se porta de nouveau sur Shane à qui elle tendit le fameux trousseau qu’elle avait récupéré.

- Il y a une clé de coffre et une clé de consigne, avec un peu de chance il aura plaqué des trucs pas très jolis dedans ou des informations importantes. Lança-t-elle avec ce ton qu’elle n’arrivait pas à faire redescendre.

Plus ils avançaient dans la nuit sur cette route qui l’avait tant fascinée à l’aller, plus un mauvais pressentiment l’envahissait, elle savait que contre Cynthia et ses avis, elle n’avait pas la moindre chance face au directeur. A coup sûr c’était cette grande radasse qui avait oublié de mentionner les rondes aux étages et elle se ferait un plaisir de balancer que si elle avait été vraiment bien entrainée, parfaitement prête et professionnelle rien de tout ça ne serait arrivé. Pendant ce temps, le brun près d’elle jeta un œil à son bras pour lui dire qu’on la soignerait une fois rentrée et bien si elle avait été pressée de revenir tout à l’heure, maintenant elle ne l’était plus vraiment, bien au contraire. Elle perçu son sourire, ce qui la réchauffa quelque peu mais dans un coin de son esprit elle était en train de se demander si son avis à lui aurait vraiment du poids quand le débat serait ouvert. De ce qu’elle savait tout ceux qui étaient devenus agents avant elle, avait réussi l’intégralité de leur mission et n’avait pas compromis la sécurité de ceux qui les accompagnaient.

- Tu parles, comme tu l’as dit j’ai foutu un beau merdier. C’est l’autre qui va être contente, elle va se faire une joie de casser du sucre sur mon dos sous le nez de Richardson, et franchement plus j’y réfléchis, plus je me dis qu’elle aura pas tord.

Elle posa sa tête contre la paroi du van et se permit de faire ce qu’elle n’avait pas encore fait, soupirer fortement bien que ça n’eut aucun effet sur la pression qu’elle ressentait plus ils approchaient des locaux de la CIA. Fermant alors les yeux cinq secondes pour essayer de faire le vide et redescendre sa colère, elle visualisa le sourire charmeur que Shane lui avait envoyé, qu’est-ce qu’elle n’aurait pas donné en cet instant pour n’être qu’en sa compagnie ? Ses paupières se soulevèrent à nouveau et tout ses problèmes revinrent aussitôt avec et bien qu’elle ne l’avouerait pas ouvertement devant tout le monde, elle commençait vraiment à avoir peur de ce qui allait se passer pour son avenir proche.

♠ L'Orgueil du Puma ♠ (feat. Casey J. Ryback)

Bon ... On pouvait dire que tout était rentré dans l'ordre. Enfin, plus ou moins. Nikolai était mort, Casey était saine et sauve et en plus de ça, le plus important avait été récupéré, comme Shane l'avait demandé. Soit dit en passant, elle avait récupéré tout un tas d'autres choses aussi. Sur le moment, notre homme semblait tourmenté, tellement inquiet qu'il s'était légèrement emporté. Il se demandait ce qui était passé par la tête de sa recrue en essayant de savoir, toujours aussi perturbé, ce qu'elle avait pu trouver. Bien que tout était fini, tout était classé, il avait bien cru qu'elle s'était jetée toute seule dans la gueule du loup. Qu'elle avait agit imprudemment. Pour preuve, elle avait terminé sa mission avec une balle dans l'épaule. Chose que Shane n'avait pas de suite remarqué. Casey avait demandé à Shane, s'il parlait de choses, mise à part le fait que sa cible était porté sur l'alcool et le sexe ... Oui, bien évidemment. Ce qui intéressait notre agent de la CIA, c'était des preuves matérielles, des indices. Et non pas des constatations. Rapidement donc, Casey en avait fait l'inventaire : un larfeuille rempli de billets de cent dollars, six cartes de crédit différentes, une photo, des cartes de visite, cinq dollars soixante cents en petite monnaie, un paquet de chewing-gums neuf, un trousseau de clés - et pour la touche d'humour - un paquet de préservatifs goût fraise ou banane.

Shane aurait bien aimé en savoir sur ce trousseau de clé, mais Kyle le coupa, avant qu'il ne pose sa question. Un peu pervers et salace sur les bords, l'autre agent s'était de suite intéressé à la boîte de préservatifs ... Ce gars-là ? Un collègue ? À vrai dire, Shane aurait bien aimé dire non. Tout comme Casey sûrement, qui s'était fait un plaisir de l'envoyer paître, en répliquant qu'elle ne lui aurait pas donné la boîte de contraceptifs, puisqu'avec lui, ça aurait été du pur gaspillage. Bien envoyé, ma foi ... Avec ça d'ailleurs, Kyle avait préféré la fermer. Enfin, Shane voulait en venir au fait. À croire avait pu le lire dans ses yeux. Elle lui avait tendu le trousseau en question, et lui avait expliqué ce qu'il contenait : la clé qui était la gardienne probable d'un coffre, et une autre, appartenant à une consigne de métro ou d'aéroport. Après tout, ils verraient bien, une fois rentrés.

« Beau boulot, Casey. C'est impressionnant. J'sui sûr que l'on va pouvoir en trouver des trucs, grâce à toi. Même si ça a merdé sur la fin, j'te cache pas que le résultat final reste bénéfique pour la CIA, Merci ! » Avait-il dans un sourire.

Sourire qui réconforta Casey, quelque peu. Dans un sens, Shane lui avait fait comprendre que même si la fin de la mission avait cafouillée, elle n'avait pas échoué pour autant. Certes, vu comment notre agent l'avait formée, elle était devenue perfectionniste. Elle préférait la victoire totale et irréprochable plutôt que de tâcher le plan. C'était bien mieux quand la copie était impeccable, sans la moindre trace. Ça lui garantissait une bonne note, au final. Et là, la jeune brune était bien persuadée d'avoir foutu un beau bordel, malgré le réconfort de Shane. Elle avait l'air déçu, et appréhendait déjà les remarques de Cynthia et de Richardson. Shane s'était alors levé pour se placer à côté d'elle. Il la fixait dans les yeux, d'une mine rassurante et réconfortante. Il avait pris sa main, avant de lui répondre :

« On a récupéré le plus important, Nikolai est mort et toi, tu es revenue saine et sauve. C'est tout ce qui compte pour moi. Après ... Pour ce qui est du reste, j'en ai rien à faire. Tu fais partie des agents que j'ai formé. Je les forme pour qu'ils se battent ... Jusqu'au bout. Qu'ils donnent le meilleur d'eux-même. Et c'est ce que tu as fait. Je le sais. Personne n'aurait pu faire mieux. C'était difficile, je le conçois. Et toi, tu l'as fait ... »

Il serrait toujours sa main pour la rassurer, lui faire comprendre qu'il serait là. Toujours. Quel que soit le moment. Il aurait bien voulu faire plus. Le problème, c'était qu'ils n'étaient pas seuls dans le van et que Kyle, les écoutaient l'air de rien.

Tout en fixant un point dans le vide, Casey se remémora minute par minute tout ce qui s’était passé durant la soirée. Tout s’était très bien passé jusqu’à la mort du Serbe, s’il n’y avait pas eu ce garde, tout se serait déroulé comme prévu. Pouvait-elle franchement dire ça à Richardson et Cynthia ? N’allait-on pas lui dire qu’elle aurait du se débrouiller malgré ce contretemps et faire en sorte que ça ne tourne pas au bordel sans nom ? Après tout ils ne gardaient que les meilleurs et si elle n’avait même pas été foutue d’anticiper et de gérer cet élément alors elle n’en faisait forcément pas partie…Elle ne pourrait même pas protester, se défendre que durant sa préparation il n’avait aucunement été prévu qu’il y ait des gardes aux étages pour surveiller car elle était certaine qu’on lui dirait qu’il fallait toujours savoir faire face aux imprévus ce qu’elle n’avait pas fait. Alors peut-être que le mieux était tout simplement qu’elle se taise et les laisse débattre de son sort en parlant d’elle sous son nez comme si elle n’était déjà plus là. Sentant un léger mouvement près d’elle, la jeune femme sortit de ses pensées pour voir Shane venir s’installer à ses côtés. Visiblement elle n’arrivait même pas à cacher convenablement qu’elle était assez anxieuse quant à ce qui allait se passer quand ils seraient rentrés. Il lui prit la main, des frissons lui parcoururent le dos et quand leurs regards se croisèrent ce fut pour la brune les secondes les plus agréables qu’elle avait vécues depuis le début de la soirée et cette fois-ci, elle aurait vraiment aimé que ça dure une éternité. Il la réconforta comme il le pu, elle lui répondit d’un fin sourire mais aucun des deux ne lâcha la main de l’autre une fois qu’il eut terminé. Le silence revint et pendant tout le reste du trajet, Casey ne songea plus vraiment aux problèmes qui l’attendaient mais plutôt au fait qu’elle aurait aimé qu’il n’y ait pas autant de regards autour d’eux, qu’il n’y ait qu’eux dans ce van. Ils seraient probablement restés comme ça un bon moment sans rien de plus, mais ce n’était pas grave, c’était largement suffisant pour elle. Shane représentait énormément pour elle, il avait été sa bouée de sauvetage quand elle se noyait, sa lumière quand elle était dans les ténèbres mais aussi un ami, son seul et unique ami. C’est vrai qu’ils ne se croisaient pas souvent, ne discutaient pas ensemble des heures durant comme le ferait des gens normaux, mais il n’y avait qu’avec lui qu’elle se sentait bien et en confiance. Ah ça oui, elle lui faisait entièrement confiance, elle était même prête à mettre sa vie entre ses mains si la situation l’exigeait. Machinalement, elle se mit à caresser le dos de sa main avec son pouce d’un petit mouvement court et rapide qu’elle répétait sans interruption, comme une sorte de tic nerveux. Certains avaient l’une de leur jambe qui se mettait à trembler, elle c’était son pouce mais d’un autre côté sentir la peau du brun contre la sienne était assez relaxant. Il n’y aurait pas eu tout ces types avec eux, elle aurait très certainement fini par poser sa tête sur son épaule comme une vraie gamine, sans penser à mal, mais malheureusement ils étaient là, et cet abrutit de Kyle bien qu’un peu plus loin tendait l’oreille à son maximum pour essayer de récolter un maximum d’infos à faire rentrer dans son esprit perverse. Plongée dans tout un tas de pensées, lorsque le cortège s’arrêta une première fois pour passer le point de contrôle habituel, elle ne put s’empêcher de légèrement sursauter, dans quelques minutes maintenant, elle allait être fixée sur son sort, chose qui la tracassait plus que le trou qu’elle avait dans l’épaule qui ne la lançait pas encore véritablement à cause de son taux d’adrénaline qui n’était sans doute toujours pas redescendu à son niveau normal. La jeune femme profita une dernière fois de la mince vue qu’elle avait sur le ciel étoilé depuis sa place et après cinq minutes de trajet supplémentaires, ils se retrouvèrent de nouveau sur le parking souterrain, là où elle avait prit sa limousine pour se rendre à la soirée. Les moteurs arrêtés, tous les agents descendirent les uns après les autres des véhicules y compris la brune qui après avoir fait un mètre à peine, s’arrêta net, retenant au passage Shane par le poignet et laissant ainsi une bonne distance s’installer entre eux et le reste du groupe. Elle le savait, ils avaient très peu de temps avant qu’on vienne à s’apercevoir qu’ils ne suivaient plus, mais de toute façon ça n’avait pas d’importance vu qu’elle n’en avait pas pour très longtemps.

- Je voulais juste te remercier… Souffla-t-elle doucement. Pour ce soir…et pour le reste aussi…

Un ange passa. Casey émit un léger sourire, seule chose qu’elle trouva à ajouter à ses propos. Si elle était douée pour mettre des raclés à ses camarades, arriver dans les cinq premiers dans chaque matière enseignée, capable de repousser des gros lourds essayant de tourner autour d’elle, elle avait toujours un mal fou à être « normale » auprès de celui qui lui avait tout appris.

- Il faut y aller. Reprit-elle finalement. Ils vont se demander ce qu’on fait et je voudrais pas que t’aies des ennuis à cause de moi.

Elle sourit et reprit son chemin, ne tardant pas à rattraper les autres comme si de rien n’était. Comme lors de son départ quelques heures auparavant, elle put croiser les regards de certains de ses camarades bien qu’ils furent moins nombreux vue l’heure qu’il était. Elle choisit de n’afficher aucune expression particulière et poursuivit jusqu’à l’infirmerie où elle fut immédiatement interceptée par Cynthia.

- Richardson veut te voir, tout de suite. Lança la rousse sans détour avant de repartir aussi rapidement qu’elle était apparue.

La brune soupira se disant que de toute façon, elle ne pourrait pas y échapper très longtemps alors autant que ça soit fait tout de suite plutôt que de la laisser dans le doute sur ce qui allait résulter de son cas. Elle grimaça s’étant malencontreusement appuyée sur son épaule blessée puis prit la direction du bureau du grand chef ou bien entendu elle retrouva sa grande amie, plantée à la droite du fauteuil dans lequel trônait son supérieur, tel Jésus à la droite de Dieu sauf qu’elle n’avait vraiment rien du Messie. Il ne manquait plus que deux hyènes allongées par terre et le tableau aurait été parfait, quoi que la rousse remplissait très bien aussi cette fonction. Comme on ne lui proposa pas, Casey resta debout devant juge et bourreau.

- Comment s’est passé la mission ? Demanda-t-il finalement bien qu’il était évident qu’il connaissait déjà la réponse.
- Nikola Ianovic est mort. Répondit-elle simplement.

Elle le vit jeter un coup d’œil en direction de Shane, probablement pour avoir une confirmation de ses dires avant de reporter toute son attention sur elle.

- Et ?
- Et j’ai pu récupérer un trousseau de clés lui appartenant sur lequel se trouvaient une clé de coffre et une autre destinée à ouvrir une consigne.

Nouveau regard en arrière. S’il voulait qu’on lui dise directement ce qui s’était passé autant directement demandé au brun plutôt que de jouer à ce petit jeu à la con.

- Et ? Appuya soudainement Cynthia comme à son habitude.
- Et l’Ambassadeur Russe qui s’inquiétait de ne pas trouver son invité de marque à demandé à ce qu’on le recherche auprès de ses gardes. Il tenait d’un couple de diplomate Chinois qu’il avait été vu au bras d’une brune de type asiatique. Ayant été approchée par l’un d’eux alors qu’il faisait une ronde dans les étages, j’ai jugé bon d’intervenir avant que ça ne dégénère.
- Et ?
- Ca à dégénéré, ce qui a obligé Shane et les autres à intervenir pour me sortir de là.

Il y eut un silence qui sembla durer une éternité jusqu’à ce que finalement, Richardson n’émette une légère moue qui n’augurait rien de bon.

- Bien. Lança-t-il. Attends dans le couloir.
- Entendu. Répondit-elle en sachant que ça sentait assez mauvais pour elle.

S’il n’y avait eu aucun souci avec les faits même négatifs, il l’aurait directement envoyée à l’infirmerie afin qu’on lui retire le morceau de métal qu’elle avait dans l’épaule, mais si on lui demandait de patienter dehors c’était très certainement parce que sa vie ne tenait qu’à un fil alors autant économiser des soins s’il se décidait à la faire éliminer.

♠ L'Orgueil du Puma ♠ (feat. Casey J. Ryback)

Pour être franc, tandis qu'ils étaient sur le chemin du retour, Shane était très inquiet. Inquiet quant à la réaction de Richardson et de Cynthia. Honnêtement, ça sentait mauvais. Notre agent tout comme sa recrue, étaient déjà au courant et redoutaient les remontrances qu'ils allaient subir. Pour sûr. Nikolai était mort - certes - le plus important était récupéré - certes - mais pour en arriver là, ils avaient terminé par foutre un trouble énorme dans l'Ambassade. Et ça, les dirigeants n'allaient pas l'apprécier. Pourquoi ? Tout simplement parce que les recrues que Shane formait, étaient censés mener à bien les missions qu'ils leur donnait. Du début à la fin. Il fallait exécuter les tâches sans la moindre faille. Voilà la difficulté. Cela dit, Shane était très satisfait du boulot de Casey. Avant de partir en fin d'après-midi, notre homme l'avait bien dit à son collègue geek, newbie au stand de tir. Shane n'était pas très confiant au début, et ce, même sans mettre de doute sur les compétences de Casey. C'était juste qu'au départ, et bien, il trouvait que pour une première mission, l'Ambassade, c'était un peu ... Gros. Trop gros.

Mais bon ... C'qui comptait pour lui, c'était qu'elle ai réussi. Pendant ce trajet, la jeune femme semblait préoccupée. Et Shane avait décidé de s'asseoir près d'elle. Lui prendre la main, lui adresser un regard, un sourire ... Puis avec quelques mots, il l'avait rassurée. Sur le moment, Casey n'avait rien répondu. Elle lui avait juste adressé un sourire, pour montrer qu'elle était soulagée, sûrement. Heureuse que tout cela soit terminé - et que finalement - tout était plus ou moins rentré dans l'ordre, en attendant l'avis des deux autres gigolos. Parlant de la mission justement, Shane qui avait remarqué sa blessure, espérait qu'elle puisse s'en remettre. Qu'on puisse lui retirer la balle sans trop la faire souffrir. Au bout du compte, ils avaient finis par rentrer au bercail. Le cortège s'enfonçait dans les parkings souterrains et - un à un - ils sortaient tous des véhicules, avançant petit à petit vers l'entrée du bâtiment. Jusqu'au moment ou Casey avait retenu Shane, les écartant peu à peu du groupe. Elle voulait tout simplement le remercier. Pour son intervention ce soir, et pour le reste également. Après quoi, elle afficha un sourire. Un sourire plutôt communicatif, puisque l'homme lui en avait fait retour, avant de lui répondre :

« Ce n'est rien, Casey. Je prends soin de toi, c'est normal. Tu es l'une des seules qui a pu apprendre si vite ce que je peux enseigner ici. Tu es tout simplement remarquable. »

Et il pensait vraiment ce qu'il disait. De loin, Casey était nettement la préférée de Shane. Dans tous les sens du terme. Cette femme était vraiment exceptionnelle. Puis finalement, la jeune brune avait fait remarqué à notre agent - en souriant - qu'il fallait mieux y aller. Sinon, ils allaient prendre trop de retard, et ça n'allait pas être bon. Pas être bon du tout. Surtout parce qu'ils devaient très rapidement se rendre chez leurs supérieurs pour un débrief de la situation. Il avait donc emprunté l'ascenseur puis étaient arrivés dans la salle principale de l'étage. Deux-trois recrues étaient encore là. Sur le chemin, Shane et Casey avait croisés Cynthia, qui demandait à ce que la brune aille illico-presto dans le bureau du directeur. Quand j'vous disais que ça sentait pas bon ... Casey et Shane y étaient donc allés au bout de cinq minutes, tandis que Cynthia avait déjà rejoint Richardson. Shane avait fermé la porte derrière eux, puis le directeur avait commencé son speech. Bien entendu, il avait eu un oeil sur l'opération de l'Ambassade avec Cynthia - mais histoire de - il voulait la version des faits de Casey.

Sans trop trembler, ni laisser paraître quoi que ce soit, la brune fit donc un topo de la mission. Comme première réponse, elle avait bien confirmé la mort de Ianovic. Ensuite, le directeur avait demandé qu'elle continue. Là, elle avait expliqué qu'elle avait trouvé un trousseau de clés, avec deux passes intéressants. Puis ce fut au tour de la rousse de faire la fouineuse, alors qu'elle savait pertinemment ce qui c'était passé. En guise de réponse, Casey avait expliqué que la disparition de Ianovic avait été remarquée et qu'à cause de diplomates chinois qui trainait dans le coin, on avait balancé que sa dernière appartition fut localisée dans des couloirs au bras d'une femme de type asiatique. Et comme Shane pouvait s'y attendre, c'était pas suffisant. Richardson voulait la fin de l'histoire alors qu'il la connaissait déjà. Casey avait fini par dire que son formateur était intervenu avec le reste de l'équipe pour la sortir du merdier dans lequel elle s'était mise. À ce moment-là, le directeur en avait eu sa conclusion, et avait demandé à Casey d'attendre dehors, avant de continuer :

« Quoi ? Y'a un problème ? »
« Tu sais très bien c'qu'il y a ... »
« Écoutes, Cynthia je ... »
« Ce n'est la peine de te justifier ... Elle-même l'a dit : ça a dégéré. Point. »
« Aurais-tu quand même zappé le fait que l'on a c'que vous vouliez ? »
« J'croyais que tu étais le premier à dire qu'elle était prête ? »
« Elle l'était ! C'est juste que ... »
« Ça suffit, Shane ! Arrêtes de te trouver des excuses. D'accord, elle a tué Ianovic, elle a trouvé un indice, qui se trouve être intéressant ... Mais à quel prix ? Pour moi, elle a échoué, c'est tout. » Avait coupé Richardson, quelque peu énervé.
« Je l'avais dit à Brian, et j'ai voulu vous le dire à vous aussi, mais vous n'aviez pas voulu m'écouter. L'Ambassade comme première mission, c'était trop dangereux. »
« Pas plus dangereux qu'une autre. Les tâches restaient simples. » Avait reprit la rousse.
« Peut-être. Mais la sécurité était bien trop énorme pour une seule personne. Vous vouliez l'envoyer six pieds sous terre ? C'est ça ? C'est votre objectif de supprimer nos agents un à un, en les envoyant tous au casse-pipe ? »

Shane était enervé. Dans ses propos, il serrait les dents. Comme boss on pouvait avoir mieux. Et en effet, notre agent de la CIA détestait son patron. Il était arrogant, égocentrique et imprudent. Mais dans le fond, Shane la fermait, depuis bien longtemps. C'était grâce à lui, s'il avait ce poste aujourd'hui. Mais ce n'était pas l'envie qui manquait à Shane de lui donner le fond de sa pensée.

« On en reparlera, Shane. J'ai à faire pour ce soir. Crois-moi ... J'en ai pas fini avec cette affaire. Loin de là. »

Malgré que Shane ne disent rien, il n'en pensait pas moins. Il avait donc pris la porte et avait quitté la pièce pour rejoindre Casey. Histoire de voir comment ça allait, au niveau de son bras.

[HRP : Je l'ai fini comme ça, histoire de te laisser clôturer, si tu en as envie. Comme ça, on pourra continuer sur autre chose, après ]

La porte du bureau à peine fermée, Casey se mit un instant à faire les cents pas en attendant qu’on se décide sur son sort. La curiosité qui la dévorait lui hurlait qu’elle devait écouter à la porte histoire d’en savoir plus, mais c’était une option trop risquée. Non seulement quelqu’un pouvait ouvrir et la surprendre mais en plus vu qu’il y avait des caméras partout dans les locaux, il était fort à parier que ça ne jouerait pas en sa faveur si c’était rapporté en haut lieux. Elle soupira, resta plantée quelques secondes devant cette maudite porte en espérant qu’elle s’ouvre sur de bonnes nouvelles mais rien ne se produisit. Résignée, elle alla s’appuyer contre le mur et se laissa lentement glisser jusqu’au sol. Tant pis si on la trouvait comme ça, elle commençait à être vraiment fatiguée de cette journée qui ne semblait pas vouloir finir et encore moins sur une note positive. Elle détacha ses cheveux qui tombèrent mollement sur ses épaules, retira ces foutues godasses qui commençaient à lui faire mal aux pieds et attendit, encore et encore. Mais qu’est-ce qu’ils pouvaient bien se dire ? Shane était-il en train de se faire passer un savon pour être intervenu ? A moins qu’ils soient simplement en train de lui reprocher l’inefficacité de sa recrue… La brune s’en voulu encore plus à cet instant précis. Ce n’était certainement pas à lui d’essuyer les remontrances à sa place, c’est elle qui avait foiré pas lui.

- Bah alors, on a foiré sa mission ? Lança une voix presque nasillarde non loin d’elle.
- La ferme, Brian. Répondit-elle aussi sec.
- Hey, un peu de respect j’te prie. T’es encore qu’une recrue, je te rappelles, t’es au plus bas de l’échelle.
- Et alors ? Toi t’es que le geek de service, ça veut pas dire pour autant que t’as plus de liberté que moi. Le jour où ils trouveront meilleur, ils te rajouteront à la longue liste des victimes des Opérations Clandestines.
- Aucun risque, personne n’est meilleur que moi.
- T’en es bien sûr ?

Il y eut un petit silence. Les deux interlocuteurs se fixèrent droit dans les yeux un instant avant de finalement passer à autre chose.

- Sinon, que me vaut le déplaisir de ta visite ? T’as toi aussi des trucs à ajouter quant à ce qui s’est passé à cette soirée ?
- Non, désolée de te décevoir mais tout ne tourne pas autour de toi dans cet univers princesse, il y a des gens qui bossent vraiment ici et qui non seulement obtiennent des résultats mais en plus ne se plantent pas… Alors tu m’excuses mais j’ai rendez-vous avec le boss…
- Je serais toi, je serais pas si pressé de rentrer là dedans. Richardson est en rogne et Shane quant à lui à une dent contre toi et le fait qu’il y ait eu un raté dans les communications au moment le plus important de la mission… Alors comme je suppose qu’en plus il est en train de se faire allumer à cause de moi, y a de grandes chances qu’il sorte de là très remonté, vraiment très remonté et si t’es sur son chemin….ouch….

Casey grimaça tandis que le jeune homme qui avait la main posée sur la poignée de la porte s’arrêta net et considéra la jeune femme assise par terre. Au moins, si elle n’avait pas pu exprimé sa façon de penser à sa grande copine rousse, elle s’était bien amusé avec l’informaticien qui semblait maintenant se demander s’il ne devrait pas repasser beaucoup plus tard. Le bluff était vraiment une technique fascinante. Il suffisait de coller certaines évidences les unes derrière les autres, d’y ajouter une ou deux suppositions, de mélanger le tout avec le ton adéquat et le résultat était plus que parlant. La brune se retint de sourire, au moins si son temps de survie ici était bientôt écoulé, elle aurait au moins réussi à pourrir quelqu’un avant de partir et ce sans avoir à subir la moindre remontrance.

- Maintenant tu m’excuses, je suis assez fatiguée de jouer au planton devant cette porte en attendant qu’ils se décident sur le meilleur moyen de m’éliminer, je vais jusqu’à l’infirmerie me faire ôter le souvenir en neuf millimètres que j’ai dans l’épaule, fraichement ramené de Russie. Dit-elle en se relevant assez rapidement. Il ne me reste plus qu’à te souhaiter bon courage si t’es encore là quand la porte s’ouvrira et je compte bien entendu sur toi pour leur dire où je suis.

Elle se pencha, récupéra sa paire de chaussures et marcha tranquillement pieds nus en direction de la salle de soins laissant son interlocuteur en plan. Si elle survivait à ça, il y avait de grandes chances pour que Cynthia lui reproche d’avoir tâché sa si jolie robe avec son sang. Elle prit place sur la table après avoir expliqué ce qui l’amenait ici bien que cela semblait assez évident et le médecin de garde à cette heure-ci s’occupa patiemment de son cas tandis qu’elle se demandait combien de temps elle allait encore devoir attendre avant de savoir ce qui allait lui arriver. Il lui retira le projectile, elle serra des dents, c’était la soirée des premières fois. Première fois qu’elle tuait quelqu’un de sang froid, première fois qu’elle se faisait tirer dessus et première fois qu’elle allait avoir une cicatrice à cause de son orientation professionnelle. Elle était loin de se douter à ce moment là que ça ne serait pas la dernière fois.