Beaucoup de traits de caractères peuvent décrire les enfants. La plupart du temps, ils sont tous bien dans leurs baskets. Ce n'est pas le cas d'Aleksandra. Ou du moins, ça tend à aller mieux dans sa petite tête, mais c'est pas encore le top du top.

>> Malgré son jeune âge, Aleksandra connaît le mot sentiment. Du moins, elle sait ce que ça veut dire. Peut-être qu'elle n'en comprend pas tout le sens, mais elle éprouve de forts sentiments envers son paternel. Oui, la petite russe est amoureuse de Nolan. Peut-être pas comme deux grandes personnes peuvent s'aimer. Mais il représente tous à ses yeux. Dans sa petite tête, il l'a sauvée. Il l'a aidée, ce jour là. Son amour pour lui grandit jour après jour. Ce n'est peut-être pas une bonne chose mais il est difficile de faire changer d'avis une fillette de neuf ans. Allez donc essayer. Vous risqueriez de vous y casser les dents dessus.

>> Qui dit amoureuse de Nolan dit, forcément, ou dans la plupart des cas, un léger complexe d'Oedipe. Késako vous me dites ? Vous n'avez jamais lu Freud ou entendu parler de lui ? Bah, disons, pour faire simple, que les autres femmes dans la vie de Nolan, Aleksandra ne les apprécie pas forcément. D'accord, Nika, la fiancée de Nolan, est super sympa avec la petite. Mais Aleksandra ne l'aime pas beaucoup. Y'a des jours où elle a envie de l'éliminer. Ouais, ouais, déjà à son âge. C'est grave quand même. Peut-être qu'inconsciemment, elle a peur qu'on lui vole son père. Doit y avoir du vrai là-dedans.

>> Quelque chose s'est brisée en elle depuis son arrivée aux Etats-Unis. La pauvre est ... perturbée. Grandement perturbée. Ca doit venir de ses parents biologiques, sans aucun doute. De toute manière, c'est de leur faute à eux si elle est comme ça aujourd'hui et si elle ne se sent pas bien dans ses baskets.

>> Avant son départ de Russie, Aleksandra était une grande extravertie. Mais maintenant, elle est plutôt renfermée sur elle même, et donc plutôt timide et silencieuse. Elle ne va pas facilement vers les autres. Elle ne parle pas beaucoup avec les autres. Les seuls avec qui elle accepte d'avoir une discussion, c'est Nolan. Et parfois Nika, mais c'est plus rare. Faut vraiment lui forcer la main quand elle parle. Et encore, parfois, rien que pour vous embêter, elle fera preuve de mutisme durant des heures et des heures. Difficile de lui faire décrocher le moindre mot quand elle n'a vraiment pas envie de parler.

>> Si, encore une fois, Aleksandra était plutôt du genre calme avant son départ, ce n'est plus vraiment le cas à présent. Elle fait preuve d'impulsivité parfois. Elle agit, comme ça, sans réfléchir, sans se soucier des conséquences que ça pourrait avoir sur elle, sur son entourage. Tant pis, advienne qu verra. Elle a une grande difficulté à gérer ses émotions.

>> Mais malgré tout cela, malgré ces petites imperfections, Aleksandra reste une petite fille qui fait preuve d'une grande innocence. Quand elle vous regarde avec son petit air triste, en penchant la tête, nul doute qu'elle arrivera à vous faire craquer. Son innocence est peut-être la seule chose qui la garde encore du côté du bien, ou du moins, ce qui fait qu'elle n'a pas totalement basculé du côté obscur. Bien qu'elle ait l'impression que son côté meurtrier tente de revenir à la charge.

>> De façon générale, Aleksandra n'est qu'une enfant de neuf ans. Elle n'est donc pas bien grande. Normal en même temps. Tout juste un petit mètre vingt-cinq, légèrement au dessous de la taille des autres filles de son âge. Et un poids plume, à peine vingt-trois kilos. Mais bon, Aleksandra a le temps de grandir, non ? De pousser et de prendre un peu de poids. Quoi que, pas trop non plus. Elle est bien comme elle est, dans l'immédiat. Et puis, on dit d'elle qu'elle est mignonne. Donc, hein, autant ne pas trop changer. Et puis, Aleksandra se fiche de sa petite taille. Elle s'aime bien comme ça. Et puis surtout, plus important, Nolan l'aime bien comme elle est .

>> La petite fille a pris les cheveux châtains de sa maman. Ils sont plutôt longs d'ailleurs. Ils lui arrivent au milieu du dos à peu près, plus ou moins. Aleksandra les tient de différentes manières. Tantôt des tresses que Nika aide à lui faire. Tantôt des queues de cheval plutôt basses. Et tantôt, elle les laisse détacher. Mais c'est plutôt rare. Pourquoi ? Parce que dans ce cas là, elle est sans cesse en train de réajuster ses mèches, et c'est pénible parfois. Il lui arrive de temps en temps de mettre un serre-tête. C'est joli, et ça lui évite de mettre une plombe pour se coiffer.

>> Au niveau du visage, beaucoup disent qu'Aleksandra a un visage d'ange. Une petite poupée, ou presque. On lui donnerait le bon dieu sans confession. Du moins, dans la plupart des cas. Mais peut-être que derrière cet adorable minois se cache une future psychopathe en puissance, qui sait ? Du fait qu'elle est russe et que le soleil, c'était pas tous les jours, Aleksandra a le teint plutôt pâle. L'air et le soleil de Quantico n'ont pas encore réussi à la faire bronze. Son mignon petit visage au teint peu hâlé fait ressortir ses yeux vert noisette. Des yeux qui font un peu pailletés, parfois.

>> Poursuivons avec ses fringues. Alors, là, c'est divers et variés. On trouve de tout ! Des robes, des jupes plus ou moins longues, des pulls, des shorts, des pantacourts, des pantalons longs. Brèfle, tout et rien ! Quand elle fait les boutiques avec Nika ou Nolan, et bien, Aleksandra est pratiquement certaine de revenir dudit magasin avec des jolies petites choses qui lui vont parfaitement bien.

>> Les chaussures, Aleksandra préfère, de loin, les ballerines, ou bien les petits bottillons. Du moins, pour l'hiver, c'est pratique, ça tient chaud aux pieds. Les ballerines, c'est léger, pratique à mettre, et à enlever. C'est top selon elle. Les baskets, c'est moins top. Elle n'aime pas trop. Quant aux chaussons, pour traîner à la maison, elle préfère encore une bonne vieille paire de chaussettes. Comme ça, c'est pratique de faire du "patin à roulettes" dans la grande villa de Nolan. Ca glisse super bien !

>> Les chapeaux ! Aleksandra est dingue de chapeaux en tout genre. Casquettes normales ou Kangol, bérets en tricot, bonnets, chapeaux chapka, bonnets lapons, j'en passe et des meilleurs. La petite russe en a plein des chapeaux. Va savoir pourquoi elle les aime bien. Peut-être que ça la protège, en quelque sorte. Ou du moins, elle croit que c'est le cas.

Il y a une part de mal en chaque personne. Mais chacun est libre de cultiver cette part de mal, ou bien de la combattre.


Westside Primary School, Virginie

Une fillette était agenouillée à une table. Ou plutôt, penchée en direction de cette dernière. Crayon en main, elle était en train de dessiner tandis qu'une femme finit par pénétrer dans la pièce, bloc note en main, et stylo dans l'autre. Elle en vint à s'asseoir dans une espèce de fauteuil, non loin de la fillette, qui ne lui porta aucun regard, du moins, dans l'immédiat. Elle se contentait de dessiner. Quoi ? Hmmm ... Difficile de dire. Faudrait s'en aucun doute s'y pencher un peu plus dessus pour savoir ce qu'elle faisait. La jeune femme, qui avait sans doute une trentaine d'années, plus ou moins, inscrivit quelques notes sur ses feuilles de papier, avant de se pencher en direction de la fillette. "Dis-moi Aleksandra, est-ce que tu es prête à me parler ?" Elle ne répondit rien. Elle ne lui jeta même pas un regard en sa direction. Elle l'ignorait totalement. Elle se fichait bien de ce qu'elle pouvait lui dire. La petite russe ne voulait pas l'écouter, encore moins lui parler. "Parle-moi de toi. De tout ce que tu as envie." Encore une fois, elle resta dans son mutisme. Elle ne voulait pas être là. Elle n'attendait qu'une chose : s'en aller. Loin de cette école, loin de ce maudit Ted Carver qui était la cause de tous ses ennuis. Ce maudit crétin l'avait mis en rogne en lui volant son jeu, et elle avait répliqué. "Je sais que tu ne veux pas être là. Mais si on arrive à parler, tu pourras rentrer." Ah, la psy avait réussi à capter le regard de la fillette. Rentrer, c'était une bonne chose. Mais fallait parler. C'en était une autre.

Aleksandra posa son crayon sur la table. "De quoi parler ?" Ces tournures de phrases pouvaient paraître bizarres. En même temps, elle n'avait pas encore réussi à gommer totalement son accent russe. Et elle n'avait pas non plus une maîtrise parfaite de l'anglais. Mais ça viendrait. "De toi. Par exemple, je note un fort accent. D'où tu viens ?" - "Moscou." - "Bien. Parle-moi de ta vie là-bas. De ton ancienne vie. Tu étais heureuse ? Tu avais des amies ? Tu t'entendais bien avec tes parents ?" Aleksandra eut un léger haussement des épaules et regarda l'adulte. Y'avait tellement de choses à dire. Tellement de choses à se souvenir. Le voulait-elle vraiment ? Voulait-elle remuer le passé ? Pas vraiment. Mais elle savait que la psy n'allait pas la laisser filer comme ça. Alors, autant parler. Du moins, de ce qu'elle pouvait se souvenir. Y'aurait probablement des zones d'ombre, mais qu'importe. "Mes parents me lisaient une histoire tous les soirs. Ou ils inventaient. J'aimais bien. Maman amenait toujours à la maison des livres bien. J'les lisais. Enfin, quand j'ai appris à lire." La lecture, ça lui avait toujours permis de s'enfuir quelque part. Dans un autre monde, en quelque sorte, une autre dimension. Quelque part où Aleksandra se sentait bien, où elle ne risquait rien. Quoi que, avec son père adoptif à ses côtés, elle ne risquait plus grand chose. "Et tes parents ?" - "Ils sont morts." La psy parut quelque peu surprise par cette affirmation. En fait, Aleksandra ne savait pas ce qu'ils étaient devenus depuis son départ. Et puis, à dire vrai, elle s'en fichait. Ses parents, c'était Nolan et Nika à présent. Enfin, sa relation avec Nika restait encore à être définie. Katerina et Grigori n'étaient plus rien pour elle. Surtout Grigori. "Mais tu étais proche d'eux à l'époque, non ?" - "Un peu. Surtout de maman. Elle me laissait l'aider à faire des ptitchie moloko. Et elle faisait aussi de bonnes vatrouchka." Bien évidemment, l'adulte ne savait pas vraiment de quoi parlait Aleksandra. Mais elle semblait plutôt contente que la fillette lui parle finalement.

"Et l'école ? C'était comment ?" - "J'avais de bonnes notes. Et mes professeurs m'aimaient bien." Encore une fois, la psy parut étonnée de cette affirmation. Ca semblait tellement différent de maintenant. Adulée à l'époque par ses profs qui étaient conquis par l'intelligence de la fillette, ce n'était plus le cas à présent. Ses notes avaient chuté, mais tous s'accordaient à dire que c'était à cause de son ancien environ familial et qu'elle avait besoin de temps pour se reconstruire. La psy pensait que d'ici à quelques temps, chez Mike Davis, elle arriverait à remonter la pente. Mais rien n'était moins sûr, et qui sait si elle ne tournerait pas psychopathe à son tour. "J'avais des copines aussi." - "Qu'est-ce qui a poussé ta famille à venir aux Etats-Unis ?" Aleksandra haussa des épaules. "Papa a perdu son travail. Il buvait beaucoup et il était méchant avec maman. Alors, elle a décidé qu'on devait partir. On était bien, au départ, même si mes amies me manquaient. Et puis, il nous a retrouvés. Et il a cassé toutes les assiettes. Ils ont beaucoup crié." La psy notait les informations qui lui semblaient importantes. Elle croisa le regard de la fillette durant une fraction de seconde. Ca lui faisait mal d'en parler. Elle voyait une certaine détresse dans le regard de la petite russe. "Qu'as-tu ressenti ?" Aleksandra se braqua. Et au lieu de répondre, elle avait repris son crayon pour griffonner quelques trucs sur sa feuille de papier. Sur ce sujet, la discussion était close et elle ne lui en dirait pas plus. Elle ne lui en parlerait pas. La psy avait gaffé. Peut-être qu'elle ne lui parlerait plus du tout.

"Ton papa ... Il était gentil avec toi ?" Aleksandra haussa, une nouvelle fois, des épaules. Techniquement parlant, il ne l'avait jamais touchée. Mais il lui avait fait du mal. Il l'avait profondément blessée. Et c'était peut-être quelque chose dont elle ne s'en remettrait jamais. D'ailleurs, le pauvre chat, Douchka, en avait subi les frais. Du fait qu'Aleksandra s'était renfermée sur elle même, qu'elle avait des envies plutôt malsaines, elle avait trouvé une manière de les assouvir. Le chat avait été dépecé. Et ce fut là le début de la fin puisque sa mère avait décidé de l'éloigner de son père, pensant que c'était lui le responsable. "Il était méchant." A nouveau, la fillette n'en dirait pas plus. Parler de son père, de celui qui était son géniteur, elle ne voulait pas. Il n'était plus de sa famille. Son père, c'était Nolan, et personne d'autre. Si elle n'avait pas eu le courage, ce jour là, de fuir sa tante, Aleksandra ne serait, sans aucun doute, pas là.

"Et tu aimes ta nouvelle famille ?" La fillette releva la tête et sembla retrouver le sourire. "Oui. Mon papa ... Il est génial." Elle se rappelait encore du jour de leur rencontre. Elle était là, assise sur le trottoir, repliée sur elle-même. Il faisait froid. Elle avait peur. Peur que sa mère, ou son père ne lui mette la main dessus et qu'elle reçoive la raclée de sa vie pour être partie. Son petit manteau ne suffisait pas pour lui tenir chaud. Elle sanglotait, elle grelottait. La peur, le froid, tout un mélange qui faisait qu'elle n'était pas bien. Elle était fatiguée mais elle ne voulait pas s'endormir. Par peur ... de ce qui pouvait lui arriver. Et il était arrivé. Oui, Nolan était arrivé, tel un ange. Il s'était dressé devant elle. Aleksandra avait redressé la tête lorsqu'il lui avait adressé la parole. La peur se lisait sur son visage. Etait-il là pour lui faire du mal ? Pour la ramener chez elle ? Il lui avait parlé. Il lui avait donné de quoi se réchauffer. Et il avait fini par la prendre dans ses bras pour la ramener chez lui. Il lui avait fait une bonne soupe de pâtes. Et elle avait réussi à s'endormir. Parce qu'elle se sentait en sécurité. La première fois ... depuis que son père avait perdu son boulot. Un sentiment de sécurité qu'elle aurait cru ne jamais retrouver. Son père, c'était toute sa vie à présent. Il l'avait sauvée.

"Je peux rentrer à la maison maintenant ?" - "Une dernière chose. Pourquoi tu as blessé ton camarade ?" - "Il a pris mon jeu et il ne voulait pas me le rendre." Et elle l'avait tapé. Un coup dans les joyeuses. Là, Ted avait été obligé de lâcher le jeu d'Aleksandra, histoire ... Bin, histoire de gémir et de se rouler par terre de douleur. Fallait dire que sur ce coup là, la fillette n'avait pas été tendre. Mais bon, hein, elle ne voulait pas se laisser marcher sur les pieds non plus. "Je peux rentrer maintenant ?" - "Il faudra qu'on se revoie." - "Il faudra que vous en parliez à mon papa." Et si la gentille petite psy était un peu trop fouineuse, Nolan s'occuperait d'elle. Du moins, ce fut ce que pensa très fort Aleksandra.